Je n’ai pas grand-chose à partager pour ces deux dernières journées au Viêtnam. Je prends un bus pour m’emmener à la ville de Châu Dôc d’où je prendrai un bateau le lendemain sur le Mékong pour rejoindre la capitale du Cambodge, Phnom Penh. Pour mon dernier soir au Vietnam, je déambule autour du marché à côté de mon hôtel et j’écoule la monnaie qui me reste en savourant une dernière fois les différents plats vietnamiens.
Nous partons tôt le matin sur un bateau avec une quarantaine de touristes voyageurs, notre embarcation suit la rivière Hau au bord de Châu Dôc puis nous empruntons un canal perpendiculaire à la rivière qui nous permet de rejoindre le célèbre fleuve Mékong qui traverse en serpentant tous les pays d’Asie du sud-est en commençant par la Chine et en terminant par le sud du Viêtnam.
Ce sera mon premier passage de frontière sur l’eau, le personnel est bien rodé à l’exercice, il se charge de collecter l’argent pour le visa à l’arrivée et de remplir les documents, nous n’avons plus qu’à passer individuellement à la douane cambodgienne pour faire tamponner nos passeports sans problème.
Voilà, c’est parti pour la découverte d’un treizième pays dans ce voyage!
Départ depuis la rivière Hau avant de rejoindre le fleuve du MékongContinue reading
Après encore un long voyage en bus mais dans des conditions confortables, j’arrive en début de soirée à Saïgon qui a été renommée Ho Chi Minh ville après la réunification. J’arpente la rue dénommée « Walking street » avec mon sac sur le dos pour rejoindre mon auberge, c’est une zone entièrement dédiée pour le divertissement des touristes avec des restaurants et des bars collés les uns aux autres qui diffusent chacun de la musique à tue-tête, de jeunes danseuses sur des tables tentent d’attirer les passants et de nombreux rabatteurs cherchent à vous faire assoir à leur terrasse pour profiter du spectacle. Il y a des néons de toutes les couleurs, des enseignes illuminées, des écrans géant diffusant de la publicité, c’est bruyant et sans charme, bref je n’y reste pas longtemps.
Walking street de Ho Chi Minh
Le lendemain matin, je me promène en ville en tâchant de passer par des parcs car il fait déjà très chaud. Je découvre un couple de quinquagénaires vietnamiens qui s’échangent à la main ou au pied une sorte de volant en forme de ressort avec des plumes à l’arrière. Je m’arrête pour les observer par curiosité et ils me font signe de la main de les rejoindre puis d’autres passants se joignent à nous et nous formons un cercle pour nous échanger le volant. Après renseignements sur internet, il s’agit d’un jeu traditionnel vietnamien datant du XIIIème siècle et qui s’appelle le Da Câu.
Initiation au Da Câu
Puis, je me rends au musée de la guerre qui est un grand complexe carré avec plusieurs niveaux. Il est bien documenté avec beaucoup de photos pour mieux se rendre compte de l’atrocité de cette guerre pour les militaires et surtout les civils. Il y eu des bombardements massifs par les américains et notamment en utilisant l’agent orange dans le but de faire disparaitre la végétation afin de couper les vivres et réduire les cachettes pour le Viet Cong (armée de libération du sud) mais les effets furent effroyables sur les humains avec des répercussions sur plusieurs générations à cause de malformations génétiques.
Il y a également une reconstitution d’une prison avec des « cages de tigres » très étroites et recouvertes de barbelés où étaient entassés certains prisonniers vietnamiens qui étaient exposés en plein air au soleil et au froid. J’en avais déjà entendu parler dans un musée à Hanoï mais de voir une reconstitution on se rend compte davantage de l’horreur de ces conditions de détention.
A la fin de la visite, une exposition présente les bombardements massifs américains du nord Vietnam et particulièrement de Hanoï au mois de décembre 1972 qui était une sorte de coup de poker pour affaiblir le nord Vietnam alors que des pourparlers étaient prévus juste après. Finalement, le nord Vietnam résista et parvint même à abattre des bombardiers américains malgré tout leur déploiement d’équipements massifs et modernes et cela devint finalement un échec de l’armée américaine qui renforça la position du Vietnam du nord et entérina le départ progressif des militaires américains lors des accords de paix en 1973. Les vietnamiens appellent cette bataille le « Diên Biên Phu des airs » car, même si ce ne fut pas réellement une défaite des américains, ce fut tout de même un échec compte tenu des objectifs fixés et le résultat fut similaire : le départ des troupes du Vietnam.
Il n’y a pas que la guerre à Ho Chi Minh ville, je découvre également un marché où il y a une présentation de plusieurs types de baguettes et de pâtisseries qui me font très envie et je passe ensuite par la « rue des livres » avec ses étals de bouquinistes.
Exposition de pâtisseries et bouquinistes
Je découvre également plusieurs anciens bâtiments à l’architecture française qui sont bien entretenus, finalement la ville de Ho Chi Minh n’est pas si désagréable à visiter, je m’attendais à ce que ce soit davantage bruyant et très moderne.
Ancien bureau de poste à gauche et l’opéra à droite
Le soir, je m’offre un verre sur le toit d’un immeuble avec une belle vue sur les gratte-ciels illuminés. C’est bientôt la fin de mon voyage au Vietnam et je tâche de me régaler au maximum de la « street food » vietnamienne qui me plait beaucoup, il y a du choix à Ho Chi Minh et je suis fier de moi quand un client du restaurant que j’avais choisi me dit que c’est l’un des meilleurs restaurants de la ville.
Je termine par une balade digestive le long d’une grande avenue qui était auparavant un canal qui a été ensuite comblé par les français, il y a notamment un opéra et un bâtiment ressemblant à l’hôtel de ville dans le style du Paris Haussmannien. Cette avenue piétonne est très fréquentée, il y a plusieurs groupes qui font du karaoké, des propriétaires de caniches et de roquets qui amènent leur toutou coiffé et parfois même habillé pour rencontrer leurs congénères et, bien entendu, il y a de nombreux stands de nourriture.
Cette ville m’avait été conseillée par une vietnamienne rencontrée à Diên Biên Phu et je l’ai ajoutée à mon itinéraire car son emplacement géographique permet de faire une étape dans le sud entre les villes de Hoï An et Saïgon qui sont très éloignées.
Après quasiment quatorze heures de bus dans une couchette trop petite pour moi et à l’étage supérieur donc sans possibilité de déplier mes jambes dans le couloir, j’arrive enfin à Da Lat vers six heures du matin. Je prends un scooter taxi pour rejoindre mon auberge, il fait beau et je me sens malgré tout suffisamment en forme pour partir dès maintenant à la découverte de la région pour profiter du beau temps. Ainsi, je note sur la carte les quelques points d’intérêts que j’ai trouvé sur internet ou dans des prospectus et je loue un scooter à la journée.
Je commence par faire un tour du grand lac situé en centre-ville puis je pars sur la route. La flore a bien changé, la jungle a été remplacé par des forêts de pins et les rizières par des champs de café. Il y a également de nombreuses fleurs aux couleurs vives sur le parcours qui embellissent les jardins des maisons et des édifices. Mais, même à l’extérieur de la ville, le secteur est fortement urbanisé ou du moins modelé par la main de l’Homme et j’éprouve un peu de nostalgie des paysages de montagnes de calcaires recouvertes de végétation au milieu de la jungle.
Changement de décor
A cette heure matinale, il n’y a pas beaucoup de touristes dans les lieux que je visite sur la route : des temples bouddhistes dont l’un a une immense statue à côté d’une cascade d’eau, c’est très paisible même s’il commence à faire chaud.
Premier temple bouddhiste visitéDeuxième temple bouddhiste visité avec une immense statue et une cascade
En fin de matinée, je visite une grande et belle cascade qui n’est pas très fréquentée et dont les alentours sont assez sauvages. C’est très beau et je reste de longues minutes à observer les chutes d’eau dans ce décor de quasi paradis perdu ou monde originel comme aux Foz do Iguaçu même si c’est quand même moins grandiose.
La cascade de Pongour
En me promenant autour, je découvre un bassin plus isolé face à des falaises d’où se jettent de fines cascades et il n’y a pas de gardien à proximité. C’est très tentant pour une baignade, je n’ai pas pris ma serviette et mon maillot de bain mais l’air est sec et le soleil radieux donc je devrais pouvoir assez facilement me sécher le corps. Allez, je me lance à l’eau et c’est un vrai bonheur de pouvoir nager au milieu de ce décor magnifique, en plus cela me permet de me rafraichir.
Je me suis baigné devant la cascade de droite
Sur le chemin du retour, je me trouve un nouveau « bon routier » avec un bon plat unique et pas cher, je suis le seul occidental et les locaux sont agréablement surpris de me voir arrivé. Je commence à avoir le coup d’œil pour les repérer sur la route, mon principal critère est qu’il y ait un nombre important de locaux avec un mobilier plutôt modeste et des grands récipients de nourritures cuisinées qui signifient généralement qu’il y a peu de plats différents, ce qui permet de diminuer les coûts.
Le temps commence à se couvrir et en fin d’après-midi je me fais complètement rincé par une pluie tropicale tandis que des éclairs foudroyants éclatent à proximité, le contraste est saisissant avec le grand ciel bleu de la matinée, c’est impressionnant ce changement aussi rapide de météo.
Après le soleil, place à la pluie tropicale
Je découvre mon auberge en m’y installant en fin de journée, elle offre un logement peu onéreux avec de grands dortoirs et le petit déjeuner est inclus mais on sent que le personnel cherche ensuite à rentabiliser au maximum en poussant les résidents à consommer sur place ou réserver une excursion guidée.
Du fait que l’auberge est excentrée du centre-ville, cela limite la concurrence et je trouve la nourriture et les boissons un peu chers. Par contre, les espaces communs sont très agréables avec une belle vue sur des collines verdoyantes et un grand billard. En début de soirée, la sono diffuse des tubes de musique à un niveau sonore très élevé et un membre du personnel organise des animations : shot collectif gratuit, tournoi de beer pong, de billard puis soirée karaoké jusqu’à 22h où ils coupent la musique et proposent aux plus fêtards de continuer la soirée dans un bar ou un club du centre-ville.
Même si je rencontre quelques voyageurs sympathiques, je n’aime pas trop cette ambiance où tout me semble cadré même si c’est pour s’amuser et le son de la musique est trop fort pour bien s’entendre. De plus, une grande partie de la clientèle est très jeune et on ne partage pas vraiment les mêmes envies surtout que je suis déjà sorti tard à Hoi An donc j’ai aussi envie de profiter de la journée et je pars me coucher.
Le matin, je pars à pied rejoindre la ville pour retrouver mon autonomie et me déplacer à l’instinct, au hasard de ce que je vois ou des lieux intéressants que je trouve sur la carte et je ne vais pas être déçu. Je repasse par le lac, je traverse plusieurs jardins fleuris, il y a même dans la ville des parcelles de terre où des agents d’entretien de la ville plantent des légumes, ou plutôt je devrais dire des agentes car, comme j’ai pu le voir également dans le nord du Vietnam, une grande partie des personnes entretenant les cultures sont des femmes et, assez régulièrement, je vois les hommes discutant entre eux à côté.
Cultures en ville et marché aux poissons
Je fais quelques courses au marché puis je suis un petit canal dont les abords sont piétonisés, c’est très agréable. Il y a des petits commerces et des habitations avec parfois des verrières qui permettent aux plantes grimpantes de se développer. C’est une balade très agréable et je suis content d’avoir suivi mon instinct. Je fais une pause chez un coiffeur comme le veut désormais la tradition dans chaque pays.
Mon coiffeur vietnamien et le passage sous verrière près du canal
Puis, je tombe par hasard sur un restaurant végétarien bouddhiste qui sert gratuitement des plateaux de légumes cuisinés. La gérante de l’établissement m’invite à m’installer et me sert les plats de légumes qui sont extrêmement bons et sains. Cela fait plaisir de manger des légumes frais, je déguste même avec confiance la salade assaisonnée, cela faisait une éternité que je n’en avais pas mangé par crainte de tomber malade mais j’ai pu faire des tests progressifs au Vietnam et je n’ai jamais eu de problèmes. Je tente d’en savoir plus sur ce restaurant, ils servent des repas gratuits tous les midis du lundi au vendredi, apparemment le propriétaire possède également un hôtel avec des potagers et il voulait partager les récoltes, je suppose en raison de sa foi.
Super resto végétarien
Ensuite, je continue ma balade mais avec moins de points d’intérêts. Je réserve directement mon billet de bus pour Saïgon (appelée également Ho Chi Minh ville) à la gare routière sans passer par l’auberge, ce qui me permet de constater qu’ils prennent une commission importante et, d’ailleurs, ils me seront un peu rancuniers quand je leur indiquerai que j’ai pris mon billet par mes propres moyens.
Pour rejoindre la ville de Hoi An depuis Hué, j’ai opté pour les services d’une agence qui propose d’acheminer mon sac en bus à Hoi An et de me louer un scooter qu’ils récupéreront à destination sans que j’ai besoin de le ramener à mon point de départ. C’est plus cher mais c’est bien plus pratique et cela me permet de découvrir la côte qui a de beaux points de vue sur ce trajet avec notamment le passage du col Hai Van.
Mon itinéraire rejoint rapidement le bord de mer où je peux découvrir mes premières plages du Vietnam, il n’y a quasiment personne et peu d’infrastructures touristiques mais je ne suis pas non plus très attiré pour m’y baigner. C’est une simple longue bande de sable rectiligne et la couleur de l’eau est un peu sombre.
Ma route va continuer de longer la mer et de l’autre côté il y a de larges bassins avec de nombreuses maisons en bois sur pilotis et des cultures de fruits de mer que les pêcheurs ramènent sur le rivage depuis leurs barques en bois dans de longs filets. Ce sont de nouveaux paysages du Vietnam que je découvre après les montagnes de calcaire et la jungle du nord.
Maisons sur pilotis et aquacultures
Sur la route, je suis surpris de découvrir de nombreux cimetières avec de grandes tombes richement décorées, je n’en avais pas vu autant depuis mon séjour au Vietnam. Il y a même une ville surnommée « the city ghosts » (cimetière des fantômes) car elle a un cimetière immense avec des tombes les unes à côté des autres qui rivalisent en taille et en luxe des décorations. J’aperçois des croix au milieu de dragons, c’est assez insolite.
La raison de ce faste funéraire est que lors de la réunification du pays, de nombreux habitants de cette région fuirent le communisme pour se réfugier aux Etats-Unis et en Europe d’où ils envoyèrent des fonds pour aider leurs familles restées sur place. Cela contribua à enrichir cette région et permis de construire ces somptueuses tombes puis il y eut une sorte de concours à ceux qui auraient la plus grande et la plus belle, certains faisant construire leur sépulture avant même leur mort !
Cimetières vietnamiens somptueux
Il fait beau, le trajet est agréable sans trop de circulation et il est possible d’emprunter des bifurcations sur des petites routes calmes et bien entretenues. C’est une route très connue des touristes et je croise de nombreux occidentaux en scooter qui font le trajet dans un sens ou dans l’autre.
Je passe le col Hai Van en début d’après-midi, la vue est belle mais légèrement voilée par une fine brume qui ne permet pas de bien observer les paysages éloignés. Je prends le temps d’admirer les différents points de vue sur la côte, la végétation est dense et verdoyante et la route forme de beaux lacets.
Le passage du col de Hai Van
Je repère quelques plages isolées formant un arc avec une belle couleur de l’eau, cela me donne envie d’y aller mais je suis désormais plus réticent à emprunter une route en terre après nos déboires avec Antoine à Sa Pa, sachant que mon scooter est encore automatique donc moins adapté pour les routes en pente ou en mauvais état.
Cela donne envie mais comment y accéder?
Je continue de scruter la côte tout en descendant le col pour tenter de trouver un accès à cette plage magnifique. Je vois au loin deux occidentaux allongés sur leurs serviettes donc ce doit être possible d’y aller et j’aperçois un petit chemin de randonnée en terre pour y accéder qui n’est pas si éloigné de la route. En continuant plus loin, je trouve un chemin qui bifurque dans la bonne direction et je m’y engage. C’est le bon endroit pour accéder à la plage, il faut payer un ticket d’entrée à un hôtel restaurant situé sur les hauteurs mais ce n’est pas trop cher et cela vaut vraiment le coup car il n’y a personne et le décor est très sauvage.
Je descends à pied le chemin de randonnée tout joyeux comme un enfant en voyant cette belle plage qui m’attend. C’est parfait pour me rafraichir après cette route au soleil, il n’y a quasiment personne, la plage est bordée par un cirque de montagnes couvertes de végétation et, au large, on peut apercevoir les tours modernes de la ville de Da Lat. J’ai bien fait d’attendre avant de me baigner car c’est de loin la plus belle plage que j’ai vue sur le parcours. L’eau est bonne, je ne vois pas de méduses donc je me baigne sereinement en admirant la vue sur les montagnes puis sur la mer. Je finis par reprendre la route quand des nuages apparaissent et viennent couvrir progressivement le soleil.
Heureux comme un enfant sur la grande plage déserte
Un dernier regard avant de partir
Ensuite, le reste du trajet est moins intéressant, je traverse la ville de Da Lat qui est très grande et moderne avec de larges plages qui sont cette fois-ci très fréquentées par les touristes vietnamiens et occidentaux, c’est la première fois que je vois des vietnamiens se baigner. Il y a des surveillants de plage pour délimiter les zones de baignades autorisées car il y a des vagues et du courant. Un surveillant est debout sur une embarcation en forme de bol inversé qui flotte sur l’eau au milieu des baigneurs et qui se manie à l’aide d’une rame, c’est surprenant.
Puis je rends mon scooter au point de dépose à Hoi An, je récupère mon sac et je rejoins mon auberge, c’est un service encore impeccable des vietnamiens très bien organisés. Le soir, je fais la rencontre de nouveaux voyageurs lors d’un verre offert à l’auberge puis je pars découvrir le centre-ville de Hoi Ann.
C’est une ville très touristique et cela se comprend car le centre est très joli avec une succession d’anciennes maisons colorées et collées les unes aux autres avec de nombreuses décorations. Le soir, il y a beaucoup d’illuminations dans les rues, c’est très chaleureux, beaucoup de touristes occidentaux et vietnamiens déambulent dans les rues où il y a de nombreux commerces, notamment des tailleurs où l’on peut commander des robes, chemises, pantalons et autres vêtements sur mesure. Pour ma part, je m’achèterai un simple short copie d’une célèbre marque de vêtement de sport de montagne car il fait très chaud en journée depuis que je suis arrivé à Hué. Il y a également un canal ou de nombreuses barques promènent les touristes avec des lampes de toutes les couleurs. C’est très beau mais cela ressemble un peu à Disneyland.
C’est une ville très touristique et cela se comprend car le centre est très joli avec une succession d’anciennes maisons colorées et collées les unes aux autres avec de nombreuses décorations. Le soir, il y a beaucoup d’illuminations dans les rues, c’est très chaleureux, beaucoup de touristes occidentaux et vietnamiens déambulent dans les rues où il y a de nombreux commerces, notamment des tailleurs où l’on peut commander des robes, chemises, pantalons et autres vêtements sur mesure. Pour ma part, je m’achèterai un simple short copie d’une célèbre marque de vêtement de sport de montagne car il fait très chaud en journée depuis que je suis arrivé à Hué. Il y a également un canal ou de nombreuses barques promènent les touristes avec des lampes de toutes les couleurs. C’est très beau mais cela ressemble un peu à Disneyland.
Le lendemain matin, je me balade à nouveau dans le centre pour le découvrir de jour, c’est toujours aussi sympathique. Je me balade au marché avec ses étals de légumes, de fruits, de poissons et de viandes et ses commerçantes (la majorité sont des femmes) qui portent toujours le célèbre chapeau conique.
Les rues du centre de Hoi An de jour
Le marché de la ville
Il y a également plusieurs temples dans le centre dont notamment un qui a été financé par la communauté japonaise qui est fortement implantée dans cette ville depuis de nombreux siècles car Hoi An était un point de passage important sur les routes maritimes du sud-est asiatique et de nombreux commerçants étrangers s’y installèrent.
En fin de matinée, je loue un scooter avec une voyageuse polonaise que j’avais rencontrée à Hué et qui m’a proposé de visiter l’ancien sanctuaire My Son du royaume hindou de Champa qui est situé à une cinquantaine de kilomètres à l’intérieur des terres. Je n’avais jamais entendu parler de ce sanctuaire ni de ce royaume hindou sachant que la pratique de cette religion a quasiment disparue dans cette région donc j’étais très curieux de la découvrir.
Nous empruntons des routes secondaires qui nous font passer au milieu des champs et de petites villes, c’est agréable et on se trouve un « bon routier » pour déjeuner avant la visite.
Il fait très chaud, le soleil tape fort et il faut s’hydrater régulièrement mais la visite du sanctuaire vaut le détour. Même si les monuments ont souffert de dégradations, ils ont gardé leur physionomie d’ensemble et la couleur rouge de leurs briques s’allient parfaitement avec la verdure des herbes qui s’immiscent entre les interstices des édifices et de la végétation tout autour. Le sanctuaire est également entouré de montagnes et le temps est bien dégagé donc c’est un très beau site qui me fait oublier temporairement la chaleur.
Le sanctuaire My Son
Toujours le sanctuaire My Son
Sur la route du retour on aperçoit un immense monument catholique avec de grands escaliers qui mènent à un autel d’où l’on a une belle vue sur les montagnes avec le soleil couchant. En redescendant les escaliers, nous croisons une foule relativement importante avec des femmes habillées d’une robe d’un bleu marial, changement de décor mais on reste dans le spirituel.
Centre religieux catholique avec la vue sur les montagnes
Le soir, l’auberge organise un « family dinner » et je retrouve le groupe de français dont j’avais fait la connaissance la veille. L’ambiance est bonne et nous continuons la soirée dans le centre de Hoi An où il y a de nombreux bars. C’est samedi soir, tout le monde est à la fête et on s’y met aussi en commandant des girafes de bière à partager tout en écoutant un bon concert de musique live avec des tubes de rock anglo-saxons toujours aussi entrainants. On continue plus tard dans un dernier bar pour chauffer la piste de danse puis nous rentrons à l’auberge tard dans la nuit, ravis de la soirée.
On fait la fête à Hoi An avec un groupe de français
Le lendemain c’est repos, on se retrouve avec quelques-uns à la plage qui est proche de la ville où l’on se baigne puis l’on fait la sieste sur les transats.
Puis je rentre à l’auberge en fin d’après-midi pour récupérer mon sac et prendre un nouveau bus de nuit qui va durer 14h (il n’y avait pas d’autres options à par l’avion) pour m’emmener à la ville de Da Lat.
J’ai hésité à louer un scooter pour me rendre à Hué depuis Phong Nha car la route par les montagnes semble très intéressante via l’ancienne piste Ho Chi Minh comme j’ai pu en découvrir une partie la veille et, par ailleurs, il y a un service proposant d’emmener mon gros sac à dos en bus pour que je le récupère à Hué et ils récupèrent mon scooter. Ainsi, je n’ai pas besoin de le ramener au point de départ. C’est tentant mais c’est au moins deux fois plus cher que le voyage en bus donc finalement je décide d’économiser quelques sous sachant que j’ai entendu que la route en bord de mer entre Hué et Hoi An est très belle donc je ferai sans doute appel à ce service pour ce tronçon.
Le voyage en bus est très confortable, peut-être trop d’ailleurs et je repense à cette route que j’aurais pu prendre en scooter au milieu des montagnes et de la jungle, j’aurais pu avoir les moyens de m’offrir ce service mais j’essaie quand même de rester dans un budget, l’idéal aurait été de le faire à deux pour partager les frais.
J’arrive en fin d’après-midi à mon auberge de Hué et j’ai le temps de me balader au bord de la rivière des Parfums dont la rive est très bien aménagée pour les piétons. De nombreux passants déambulent à pied pour apprécier la vue sur le coucher de soleil qui est un immense disque rouge flamboyant.
Coucher de soleil sur la rivière des Parfums à Hué
Le soir, je trouve un restaurant vietnamien remplis de locaux qui sert uniquement des plats végétariens qui sont très bons, je partage ma table avec une voyageuse allemande car il y a peu de places libres et nous dînons ensemble. Ensuite, je rencontre une autre voyageuse polonaise dans mon auberge et nous échangeons nos coordonnées car nous comptons aller dans la même ville juste après Hué.
Le lendemain, je loue un vélo pour la journée et je pars à la visite de l’ancienne cité impériale qui fut utilisée pendant le XIXème siècle et la moitié du XXème siècle. Il fait déjà très chaud en début de matinée. Sous un soleil de plomb, je déambule dans l’immense enceinte qui entoure les différents palais impériaux avec leurs bassins et leurs jardins. Beaucoup d’édifices ont été détruits pendant la guerre et n’ont pas été reconstruits ou sont en cours de rénovation. Le bruit des insectes est assourdissant, c’est impressionnant. Je bois beaucoup d’eau et je m’abrite à l’ombre dès que je peux.
L’entrée de la cité impériale de Hué
Jardins entre les différents palais de la cité impériale
Il n’y a pas suffisamment d’explications sur l’Histoire de ce palais et de ses résidents à mon goût mais quelques photographies permettent de mieux se représenter la vie de palais à cette époque avec ses cérémonies et ses habits traditionnels qui semble un peu anachronique face à la modernité de l’occident dès cette époque.
Comme lorsque j’ai visité des anciens palais à Hanoï, je remarque que l’éducation est depuis très longtemps une priorité au Vietnam en développant des formations avec des examens exigeants pour avoir des serviteurs de l’empire de grande qualité, les mandarins notamment qui étaient plus ou moins l’équivalent des hauts fonctionnaires en France. Et j’ai pu constater que c’est toujours un domaine pris très au sérieux où même dans les petits villages au milieu des montagnes autour de Hà Giang je voyais de nombreux jeunes écoliers sur le chemin de l’école.
Ensuite, je longe à vélo la rivière des Parfums puis je quitte la ville assez facilement pour visiter un ancien parc aquatique désormais abandonné qui m’avait été recommandé par plusieurs voyageurs. Il y a notamment une immense structure en forme de dragon au bord d’un lac dans laquelle on peut rentrer à l’intérieur et observer les alentours depuis la gueule de la bête.
Ancien parc aquatique abandonné
Je bois des litres d’eaux et je fais une petite pause déjeuner dans un « bon routier » comme je les aime. Puis, je pars visiter le tombeau d’un ancien empereur vietnamien qui est situé dans un grand palais richement décoré que l’on accède par de grands et longs escaliers avec des esplanades intermédiaires où sont disposées des statues de serviteurs et des animaux légendaires comme le Dragon ou le Phénix.
Ancien tombeau d’un empereur
En reprenant mon chemin, je négocie un peu fermement le prix d’une bouteille d’eau qui a doublé depuis que j’ai quitté la ville de Hué et la commerçante me fait un geste du bras sans équivoque avec une moue de la tête signifiant « dégage ». Là, ça ne rigole pas et cela m’arrivera une deuxième fois dans une autre ville du sud du Vietnam donc les sourires ne sont pas non plus tout le temps présent.
Puis je rentre sur Hué en suivant une petite route longeant la rivière des Parfums ce qui me permet de limiter le dénivelé et d’avoir parfois un peu d’air frais.
J’ai découvert par hasard l’existence de points d’intérêts touristiques dans le parc naturel de Phong Nha en feuilletant rapidement un Guide du Routard sur le comptoir de mon auberge à Diên Biên Phu quand j’avais dû abandonner mon projet d’excursion au Laos et je suis bien content finalement d’avoir pu découvrir cette région : merci le Routard ! 😊
Je passe quasiment toute la journée dans le train qui est plutôt confortable mais qui se traîne. En arrivant à la gare de Dong Hoi, je propose à un couple de touristes danois de partager les frais de taxi pour rejoindre Phong Nha qu’ils avaient déjà réservé et finalement ils m’offrent gracieusement le trajet, ce sera en quelque sorte mon cadeau en ce jour de mes 36 ans !
J’arrive tout juste avant la tombée de la nuit à mon auberge et j’ai le temps de me baigner au bord de la rivière qui passe juste à côté, ça fait du bien pour se détendre après mes neuf heures de trajet ! Le soir je prends un simple plat de riz avec du poulet et une bière en guise de repas d’anniversaire mais cela ne me dérange pas, mon voyage est en quelque sorte un grand cadeau donc je n’ai pas vraiment besoin d’autres présents même si ce serait une bonne occasion pour retrouver ma famille et mes amis qui me manquent.
Le lendemain, je profite à fond de la journée en louant un scooter pour visiter la région. Il fait beau et chaud, je commence par une balade dans un jardin botanique qui s’avère plutôt être une randonnée dans la jungle entrecoupée de baignades dans des bassins de rivières avec des cascades qui sont des pauses rafraichissantes bien venues alors qu’il fait déjà très chaud dès le début de matinée. C’est la nature sauvage, la végétation est partout, des lianes épaisses s’entortillent et me font penser à des corps de serpents, le bruit des insectes est assourdissant.
Baignade et balade dans le “jardin botanique”
Il y a peu de touristes sur les chemins de randonnées et sur la route donc c’est plus calme qu’à Ninh Binh. De plus, le ciel est bien dégagé, cela me permet de mieux apprécier ces magnifiques paysages sauvages de verdure, je suis impressionné par la densité de la végétation, ouvrir des routes dans ce secteur doit demander beaucoup d’efforts. D’ailleurs, une partie servait à l’époque de la guerre pour acheminer des armements depuis le Laos et le nord Vietnam vers le sud Vietnam. La zone a été fréquemment bombardée par l’armée américaine et la terre en porte encore des séquelles avec des trous d’obus même si la nature, surtout ici dans cette jungle luxuriant, reprend rapidement ses droits.
Sur la route il y a des sites de commémoration pour le personnel qui maintenait l’état de la piste pour permettre le ravitaillement parfois au péril de leurs vies comme ce groupe de huit personnes, quatre femmes et quatre hommes qui se sont réfugiés dans une grotte pendant des bombardements et qui furent bloqués par un éboulement, il n’était pas possible de les secourir malheureusement.
Je parcours une dizaine de kilomètres d’une portion de cette route qui mène au Laos et c’est impressionnant car je suis seul au milieu des montagnes et de la végétation sauvage, il n’y a aucun village, je croise à peine un baraquement ainsi que quelques voitures et scooters. C’est une belle balade même sans avoir de points de vue panoramiques ou de sentiers de randonnée.
Sur la route perdue en direction du Laos, probablement une ancienne portion de la piste Ho Chi Minh
La végétation est partout
Ces montagnes de calcaires regorgent de grottes comme j’avais pu en voir déjà dans le nord du Vietnam et à Ninh Binh mais il y en a une immense à Phong Nha qui fait plusieurs kilomètres de long, on ne peut en visiter qu’une partie mais c’est déjà très impressionnant par sa taille en longueur et en hauteur.
Grotte de Phong Nha
Lors de la visite de cette grotte, je fais la connaissance d’un allemand appelé Karl qui fait le même itinéraire que moi à scooter donc nous passons le reste de la journée ensemble. Nous cherchons un autre site touristique pour nous baigner dans une rivière mais ils ferment tous bizarrement tôt dans l’après-midi, ce qui s’avère être un mal pour un bien car nous trouvons un accès gratuit à la rivière dont l’eau est vert émeraude et nous nous y baignons avec bonheur pour nous rafraichir.
Baignade dans la rivière avec Karl
Ensuite, la route est magnifique avec le coucher de soleil sur les montagnes de calcaire recouvertes de végétation, on en prend plein les yeux et nous faisons de nombreuses pauses photos.
Sur la route du retour
Cette étape fut un coup de cœur de mon voyage au Vietnam même si elle fut brève, beaux paysages sauvages, moins touristiques, baignades dans ces magnifiques décors, ciel bien dégagé et bonne visibilité. Voilà, c’était ça mon cadeau d’anniversaire!
Je tiens à prévenir les personnes qui sont peu ou pas du tout intéressées par la guerre et les militaires que c’est le thème central de cet article en raison de l’histoire de cette ville, en espérant que vous y trouviez quand même un peu d’intérêt ou sinon n’hésitez pas à passer à la suite.
Je suis venu dans cette ville car j’étais très intéressé pour visiter le site de la célèbre bataille perdue par l’armée française face à l’armée vietnamienne communiste pour l’indépendance du Vietnam (Viet Minh) après une résistance acharnée en 1954. J’avais envie de voir de mes propres yeux cet endroit pour m’en imprégner après avoir lu ou écouté plusieurs récits qui en parlaient avec émotion. Je pensais également profiter de ce détour pour passer au Laos afin de faire un parcours rapide d’une semaine avant de retourner au Vietnam plus au sud mais j’ai découvert que ce n’était pas possible d’obtenir un visa à la frontière donc je continuerai au Vietnam, ce qui n’est pas plus mal finalement car j’ai pu découvrir d’autres villes intéressantes.
J’ai pris par habitude dans ce voyage de lire un livre en lien avec le pays que je visite, souvent il s’agit de biographies car j’aime beaucoup l’Histoire et j’ai donc commencé la découverte du Vietnam par une biographie du leader Ho Chi Minh qui contribua grandement à l’indépendance de son pays ainsi qu’à sa réunification entre le nord et le sud malgré les dissensions internes et l’ingérence de grandes puissances étrangères.
Mes récents voyages en avions et en bus m’ont permis de terminer cet ouvrage assez rapidement et, pour me mettre dans l’ambiance de Diên Biên Phu, j’ai lu l’autobiographie du général Marcel Bigeard. Ce fut passionnant, à la mesure de son parcours de combattant exemplaire dans une période trouble pour la France.
Voici un rapide résumé de son histoire que j’ai retenu : il fut fait prisonnier par les Allemands lors de la Débâcle de 1940 puis, il parvint à s’évader après une troisième tentative et il rejoignit l’Afrique du Nord pour continuer le combat. Il fut parachuté en Ariège à l’été 1944 afin d’organiser avec succès la libération de la région avec l’aide des réseaux résistants. Ensuite, il gravit les échelons militaires au sein des parachutistes pendant la guerre d’Indochine et il comprit qu’il était nécessaire d’adapter le combat militaire à la guérilla mené par le Viet Minh en appliquant des méthodes similaires de contre-guérilla avec notamment du renseignement, des troupes légères, des attaques rapides puis des replis stratégiques. Il obtint plusieurs succès et il fut lancé avec son bataillon de parachutistes sur Diên Biên Phu pendant la bataille alors qu’elle était déjà bien mal engagée mais cela ne suffit pas à inverser la tendance malgré quelques contre offensives victorieuses. Il fut fait prisonnier puis libéré après les accords de paix quelques mois plus tard.
Ensuite, il participa à la guerre d’Algérie et il fit à nouveau preuve d’adaptation et d’innovation en utilisant pour la première fois les hélicoptères comme des moyens de transport de troupes et aussi en réappliquant avec succès ses méthodes de contre guérilla déjà employées en Indochine. Il participa également activement à la bataille d’Alger pour faire cesser les attentats à la demande du gouvernement français, ce fut probablement son action la plus controversée avec un fort soupçon d’emploi de la torture dans ce contexte très particulier même s’il le nie. Il fut également blessé par balles pendant cette période mais il survécu à ses blessures. Ensuite, dans la situation politique explosive de la fin de la guerre d’Algérie avec certains militaires et une grande partie des européens vivant en Algérie qui étaient contre la politique d’autonomie de De Gaulle, il fut transféré en Afrique subsaharienne suite à une prise de position publique mal perçue.
Il continua sa carrière militaire qu’il termina en tant que général dans une période de paix revenue. Il exerça ensuite de hautes responsabilités dans le ministère de la Défense sous le président Giscard d’Estaing puis il fut député pendant de nombreuses années avant de prendre sa retraite.
J’ai déjà beaucoup écrit à son sujet dans cet article pour le présenter, je suis conscient que c’est un sujet sensible car les guerres d’Indochine et d’Algérie étaient menées par la France contre l’aspiration légitime de peuples à leur indépendance et qu’il y eu dans chacune de ces guerres non conventionnelles son lot d’atrocités des deux côtés mais je ne peux m’empêcher d’admirer les valeurs militaires et humaines de Bigeard qui fit preuve d’un courage et d’une intelligence exemplaires. D’ailleurs, la lecture de sa biographie me permis de découvrir que ce n’était pas un militaire assoiffé de combats meurtrier et qu’il avait bien conscience de la juste cause de libération de leur pays menés par les vietnamiens puis les algériens, sachant qu’il avait était auparavant dans la même situation pour libérer son propre pays. Mais il mettait un point d’honneur à remplir son devoir de militaire et à le faire bien sachant que les situations étaient parfois complexes avec notamment le risque de totalitarisme communiste au Vietnam contre lequel des vietnamiens eux-mêmes luttaient. Aux responsables politiques et militaires d’utiliser ces forces militaires de la meilleure des manières.
Certainement, s’il était né dans une autre période moins controversée il aurait peut-être été mieux reconnu. Bien entendu, je ne cherche pas à glorifier la guerre et je suis bien heureux d’être en période de paix dans mon pays et avec nos voisins, néanmoins il me semble nécessaire d’avoir ce type de personnes pour préserver la paix et garantir notre indépendance en cas de conflit.
Donc, je commence par la visite des collines fortifiées par les français avec des tranchées et des abris souterrains qui permettent de se représenter en partie la physionomie des combats âpres qui ressemblèrent pour beaucoup à la Première Guerre mondiale. De ce que j’ai retenu, la guerre d’Indochine durait depuis presque huit ans à la fin de l’année 1953 mais c’était principalement de la guérilla et l’armée française cherchait à obtenir une victoire décisive lors d’un affrontement frontal avec le Vietminh qui se dérobait souvent pour harceler ensuite les garnisons et les convois.
La stratégie française visait à se retrancher dans la cuvette de Diên Biên Phu qui dispose d’un plateau de cultures entouré de collines qui seraient transformés en forts avec des tranchées, des canons, des barbelés et des abris sous-terrain. Cependant, ces collines sont elles-mêmes entourées par des montagnes plus hautes d’où il pourrait être théoriquement possible de placer des pièces d’artillerie pour pilonner les positions françaises mais le commandement français jugea ce risque faible ou possible à contrecarrer avec leurs propres pièces d’artillerie.
Un an auparavant, l’armée française avait infligé une lourde défaite au Vietminh dans un scénario similaire et elle espérait le rééditer à une plus large échelle. L’emplacement géographique du camp était censé couper les approvisionnements du Vietminh au nord tout en étant éloigné de ses bases donc rendant l’attaque plus risquée. La France misait sur un ravitaillement quasi uniquement par un pont aérien, ce qui semble assez surprenant.
Mais le Vietminh parvint au prix d’immenses efforts collectifs et de discrétion à acheminer des pièces d’artillerie sur les hauteurs dans les montagnes dominant les collines en les cachant dans des grottes, ce qui leur permis de bombarder le camp français tout en étant difficiles à être détruites. A ce propos, l’officier français en charge de l’artillerie du camp et qui assurait au haut commandement être en mesure de détruire l’artillerie Vietminh se suicida le premier jour de l’attaque lorsqu’il se rendit compte de la gravité de la situation et de l’impossibilité de contre-attaquer de manière efficace avec ses pièces d’artillerie.
A partir de là, il fut quasiment impossible aux avions français d’atterrir, il fallait envoyer les renforts humains, les vivres et les munitions uniquement en parachutes avec les risques d’interception par le camp adverse. L’armée française, avec notamment ses parachutistes, ses légionnaires, les tirailleurs africains et des militaires vietnamiens anticommunistes résistèrent valeureusement pendant 54 jours du 13 mars 1954 au 7 mai 1954. Ils opérèrent des contrattaques menées notamment par Bigeard qui rencontrèrent certains succès mais ils ne disposaient pas de suffisamment d’hommes pour tenir les positions. Ils cessèrent le combat, épuisés, et furent en détention dans des camps aux conditions déplorables pendant cinq mois où beaucoup moururent de fatigues, de maladies et de faim.
Ce fut une grande victoire de l’armée Vietminh face à l’armée française qui était moins nombreuse mais mieux équipée, l’enjeu de la bataille était très important car des pourparlers de paix étaient en cours à Genève et cela permis au Vietminh d’être largement en position de force pour obtenir le contrôle total du nord du Vietnam et le départ de l’armée française. Cette victoire fut obtenue grâce à l’ingéniosité de l’armée vietnamienne qui était également équipée et conseillée par l’URSS et la Chine communiste mais aussi par les efforts immenses de toute la population pour ouvrir des pistes dans la jungle et acheminer tout le matériel dans une nature hostile avec une végétation dense et beaucoup de dénivelés.
Cela est bien présenté dans le musée de la bataille à Diên Biên Phu que j’ai visité. Il y a également quelques éléments de propagande dans le musée qui m’amusent comme par exemple une photo avec en commentaires un combattant souriant lorsqu’il apprend par courrier les résultats positifs de la nouvelle réforme agricole dans son village alors que les conséquences furent apparemment aussi désastreuses que le Grand Bond en avant de leur voisin chinois…
Je n’ai pas pris beaucoup de photos mais en voici une prise depuis une des collines occupées par l’armée française (dénommée Eliane 2 par les français et A1 par les vietnamiens)
Quelques monuments à la gloire de l’armée de libération du Vietnam
Le jour suivant, je me promène une journée en vélo pour découvrir la région qui est très belle avec les villages de l’ethnie des Thaï noirs qui ont des maisons surélevées en bois et les femmes portent un beau chignon, il y a également de nombreuses rizières même dans les montagnes. Par contre, il fait très chaud et j’ai beaucoup de dénivelé positif à franchir à l’aller afin de rejoindre l’ancien camp de base du général vietnamien Giap qui fut l’un des principaux artisans de la victoire de Diên Biên Phu. Je transpire à grande gouttes et j’ai mal aux cuisses et aux mollets mais je pense aux efforts de l’armée française dans le camp retranché, c’est bien peu de choses en comparaison, on essaye de se motiver comme on peut…
Le poste de commandement est au pied de montagnes et caché au milieu de la jungle, les bâtiments sont en bambous et recouvert de feuillages, c’est bien différent du poste de commandement français creusé dans la terre et recouverts de protections en tôles et en sacs de sables avec des tranchées tout autour. En me promenant sur un chemin pavé, j’entends le bruit des grillons qui est intense et la végétation de chaque côté est très dense. Puis, je vois un long serpent qui passe à quelques mètres de moi et cela me coupe définitivement l’envie de m’aventurer plus profondément dans la jungle.
Rizières et maison de l’ethnie des Thaï noirs dans la région de Diên Biên PhuPoste de commandement français à gauche et vietnamien à droite
Si l’histoire de la bataille de Diên Biên Phu vous intéresse, je vous conseille le film français du même nom par le réalisateur Pierre Schoendoerffer qui fut présent à cette bataille en tant que reporter de guerre. Il est disponible en accès libre sur une fameuse plateforme américaine de streaming en ligne.
Après un long voyage de douze heures en bus de nuit peu confortable car les couchettes sont trop petites pour moi, j’arrive très tôt le matin à mon auberge et, comme à Hanoï, je dors dans l’espace commun car je n’ai réservé un lit que pour le soir. Puis, en début de matinée, je pars à la découverte du quartier. Je fais des petites courses pour mon petit déjeuner dans le marché puis je loue un vélo afin de découvrir les sites touristiques de la région qui sont très fréquentés par les touristes.
Tout d’abord, je fais une belle balade en barque avec un couple de deux japonais pour découvrir les grottes de Trang An, nous passons à travers des grottes sous forme d’immenses tunnels naturels parfois longues de trois cents mètres. Nous ramons au milieu de falaises de calcaire recouvertes de végétation comme à la baie d’Ha Long, c’est très beau même si le ciel est couvert et ne permet pas d’apprécier pleinement tous les reliefs et la palette de couleurs.
Ballade en barque pour découvrir les grottes de Trang An
En tout, l’excursion dure presque trois heures en faisant de temps en temps des haltes pour pouvoir visiter à pied des temples et prendre de la hauteur pour apprécier la vue.
Bassin d’eau naturel entouré par un cirque de montagne que l’on peut rejoindre via des grottes tunnels
Ensuite, j’emprunte à vélo des petites routes à l’écart des grandes voies qui passent en plein milieu de ces falaises et elles sont bordées de chaque côté par des bassins remplis d’eau, c’est très agréable de pouvoir se déplacer librement dans ce milieu naturel exceptionnel, je ne regrette donc pas d’être passé par là plutôt que le Laos. D’ailleurs, je ne peux résister à faire une pause baignade, tout seul face à ces grands blocs de calcaire dans ce paysage si atypique.
Ballade à vélo au milieu des falaises de calcaire
Il y a également un point de vue très touristique que l’on accède en grimpant un escalier aux marches très raide mais, si on fait abstraction de la foule, on peut découvrir un bel ensemble avec une rivière entrelacée au milieu des falaises de calcaires et des champs de rizière.
Beau point de vue à proximité du site de Tam Côc
Plus tard, je visite également un immense site religieux à une quinzaine de kilomètres de la ville qui est protégé par une grande muraille de plusieurs kilomètres de long et qui abrite des statues bouddhistes. Il y a également plusieurs temples avec des statues en or et une très haute tour en forme de pagode qui permet d’avoir une très belle vue sur le site.
Ensemble de temples bouddhistes sur le site de Bai Dinh
Le soir, nous discutons à l’auberge entre voyageurs de pays variés : France, Australie, Inde, Suisse…, c’est très enrichissant. Ninh Binh est proche de l’ancienne ligne de démarcation entre le Nord et le Sud du Vietnam, c’est donc souvent le point de passage entre les voyageurs qui viennent de Hanoï au nord pour rejoindre progressivement Saïgon (appelée également Ho Chi Minh ville) au sud du Vietnam, comme moi, et ceux qui font l’inverse. Cela nous permet d’échanger nos impressions et des conseils sur les étapes à venir sur notre itinéraire, c’est bien pratique.
Dans le bus qui m’emmène à Sapa depuis Ha Giang, je retrouve Eric, un voyageur philippin que j’ai rencontré plusieurs fois sur la route de la boucle de Hà Giang. Nous avons réservé sans nous concerter la même auberge au milieu des collines couvertes de rizières à l’extérieur de la ville de Sa Pa.
Des jeunes enfants se présentent spontanément à nous pendant la pause déjeuner dans une petite ville pour pratiquer leur anglais, ils sont très appliqués et ça se voit aussi que leurs parents les poussent à apprendre cette langue tellement importante pour le tourisme qui représente une importante source de revenus pour le pays.
Nous sommes restés en contact avec Antoine que j’avais rencontré lors de mon dernier jour à Hanoï, et nous avons convenu de nous retrouver pour 3 jours à Sa Pa.
Notre auberge est très sympa, on se retrouve chaque soir avec la vingtaine de voyageurs autour d’un « family dinner » sur de grandes tables en bois recouvertes de plats à partager. C’est un très bon moyen pour faire connaissance avec des voyageurs de différentes nationalités et avec différents projets de voyage. Après le dîner, Eric s’improvise animateur de soirée avec un jeu personnalisé qui se joue par groupes où l’on doit répondre à des questions sur différents thèmes, c’est très amusant et chacun se prend au jeu.
“Familly dinner” à l’auberge (Eric et tout devant à gauche et Antoine juste en face)
Par contre, la météo est capricieuse, le premier jour le ciel est couvert, le deuxième il y a une épaisse couche de nuages à basse altitude qui obstrue notre vue, on se balade malgré tout dans Sapa avec Antoine et on en profite pour louer des scooters mais ce ne sera que le troisième jour que la météo s’améliorera progressivement et que nous pourrons découvrir les paysages.
Les moyennes montagnes sont recouvertes par des rizières en étages très étroits formant des ondulations et beaucoup sont gorgées d’eau qui reflète la lumière du ciel.
Rizières de Sa Pa gorgées d’eau
Sur nos scooters, nous nous embarquons avec Antoine sur une petite route à flanc de montagne qui longe les rizières, la vue est très belle, nous suivons la route le plus loin possible en espérant pouvoir rejoindre une route principale plus loin dans le but de continuer notre itinéraire prévu.
Sur les routes de Sa Pa!
Mais la route n’apparait plus sur nos cartes en ligne et il n’y a pas beaucoup de signalisations, lorsque l’on interroge les passants on a du mal à obtenir des informations claires et on se retrouve à devoir faire un premier demi-tour car la route se transforme en un chemin raide et boueux. Lors de notre deuxième tentative pour rejoindre la route principale, nous tombons à nouveau sur une route raide et boueuse mais nous nous obstinons car sinon cela impliquerait de faire un grand demi-tour et on a cru (ou voulu) comprendre en interrogeant un passant que ce chemin pouvait nous permettre de rejoindre la voie principale que nous visions.
Cependant, nos scooters ont un boitier de vitesse automatique et on peine à avancer dans la pente, la roue arrière de mon scooter finit par se bloquer à cause de la boue qui s’est accumulée sous le garde boue. Là, ça devient très compliqué d’autant plus que mon moteur fait des bruits inquiétants et qu’une fumée noire se dégage de mon pot d’échappement. Nous faisons demi-tour mais je galère avec ma roue arrière bloquée même dans la descente, on essaye de retirer la boue avec des morceaux de bois mais c’est laborieux et peu concluant.
Au début ça va mais après c’est la galère!
Finalement, un passant à scooter nous aide à retirer le garde boue avec un tournevis, ce qui nous permet d’enlever plus facilement la boue. Ma roue est enfin dégagée mais mon scooter émet toujours des bruits inquiétants, la roue arrière avance toute seule et m’oblige à éteindre le moteur si je veux m’arrêter. Désormais le ciel est bien dégagé et la vue sur les montagnes et les rizières est magnifique.
Désormais on peut bien apprécier la vue sur les rizières avec le soleil
On décide finalement de retourner au garage où nous avons loué nos scooters pour le réparer et, heureusement, ils le font sans surcharge en à peine dix minutes alors qu’il fallait démonter une partie du scooter et changer une pièce, je lui laisserai un petit pourboire pour le remercier.
Nous continuons ensuite notre itinéraire avec Antoine pour aller en haut d’un col puis nous retournons à notre auberge. Le ciel est désormais complètement dégagé et on redécouvre Sa Pa avec son lac et ses montagnes autour. Clairement, s’il fait beau, cela mérite d’y rester quelques jours pour découvrir la région même si c’est très touristique et on se fait souvent sollicité pour faire des randonnées ou une autre visite.
Vue sur la ville de Sa Pa au coucher du soleil
Cette fois-ci, on se quitte pour de bon avec Antoine avec qui on a bien sympathisé, je fais mes adieux également à Eric et aux autres voyageurs rencontrés à l’auberge pour continuer plus à l’ouest en rejoignant la ville de Diên Biên Phu à la frontière avec le Laos.
Mes deux vols pour rejoindre Hanoï depuis Katmandou se sont bien passés avec une étape dans l’aéroport ultra moderne de Calcutta. J’arrive à 2h du matin à l’aéroport de Hanoï le vendredi 3 juin, le douanier me tamponne sans aucun problème mon visa pour une durée d’un mois puis je propose à un touriste indien de partager les frais de taxi pour rejoindre le centre-ville. Je constate que les routes sont modernes et en bon état avec des feux de signalisation, il n’y a personne sur la route à cette heure matinale donc nous avançons vite.
J’arrive ainsi à mon auberge de jeunesse vers 3h du matin, elle est située près de la « rue de la bière » et il y a encore à cette heure quelques fêtards occidentaux qui trainent dans les rues. De jeunes vietnamiens sont assis sur des tabourets et dégustent une soupe de nouilles servis dans la rue par une jeune femme assisse au milieu de ses marmites. L’ambiance est conviviale, on sent que les gens sont détendus et ils se lancent des plaisanteries d’une table à l’autre, j’observe qu’ils aiment rigoler et je verrai par la suite souvent un beau sourire sur leur visage, loin des stéréotypes que j’avais. Finalement, je prends moi aussi une soupe de nouilles sur un tabouret dans la rue pour profiter de cette bonne ambiance sachant que je n’ai pas réservé de lit pour cette nuit donc je finirai ma nuit allongé dans mon duvet sur un canapé du salon-restaurant de l’auberge comme le gardien de nuit. Je dors tant bien que mal puis je me lève tôt à cause des lumières et du bruit et je pars découvrir Hanoï de bon matin. Je tombe par hasard sur une grande procession de vietnamiens de tous âges avec en tête de jeunes garçons portant à deux un déguisement de dragons et suivis par des tambours puis des dames en costumes traditionnels colorés avec des éventails. C’est très beau et cela me plonge directement dans la culture vietnamienne qui est bien différente de celle du Népal.
Procession dans Hanoï à mon arrivée
Ensuite, je déambule dans les rues du vieux Hanoï qui est remplis de restaurants et de cafés de style plutôt occidental pour les touristes mais il y a aussi beaucoup de gargotes et de restaurants avec des plats typiques du Vietnam qui sont fréquentés par des locaux. Beaucoup de ces établissements disposent des tables basses et des petits tabourets dans la rue, parfois c’est une petite gargote éphémère pour servir un petit déjeuner traditionnel dans des bols avant que les magasins ouvrent. Je teste l’un d’entre eux, le plat est un peu gluant mais appétissant, je suis plutôt sucré pour le petit-déjeuner mais j’aime beaucoup cette ambiance vivante et conviviale avec des choses simples où les gens se parlent et sourient avant de commencer leur journée. Je sens que le Vietnam va me plaire !
Puis je continue ma découverte du centre-ville avec des petits temples disséminés dans les différents quartiers, un lac que l’on peut longer facilement à pied. Il y a beaucoup de deux-roues dans les rues et ils prennent beaucoup de place sur les trottoirs quand ils sont garés mais après avoir fait l’Inde je trouve que toutes les autres villes sont calmes et harmonieuses…
Je visite la cathédrale Saint Joseph de Hanoï qui a été construite par les français à la fin du XIXème siècle dans un style néogothique et elle possède de beaux vitraux. J’arrive pendant une messe donc je peux apprécier tout en visitant discrètement les beaux chants catholiques vietnamiens. Il y a une proportion relativement importante de catholiques au Vietnam (6% de la population donc environ 5 millions et demi de fidèles), notamment du fait que c’est une ancienne colonie française, et je verrai assez souvent des églises lors de mon voyage dans ce pays.
Je reviens ensuite à mon auberge pour installer mes affaires dans mon dortoir, elle est de très bonne qualité pour un prix correct et ce bon rapport qualité prix sera quasiment la norme tout au long de mon séjour au Vietnam, cela se voit que c’est un pays plus développé et plus touristique que les précédents pays que j’ai visités dans mon voyage.
Quelques vestiges de la présence française à Hanoï: la cathédrale saint Joseph et le Palais de Justice
Ensuite, je visite une ancienne prison construite par les français qui est désormais un musée de l’histoire des guerres d’indépendance du Vietnam. Tout d’abord contre les français de 1946 à 1954 puis contre les américains jusqu’en 1975 sachant qu’il y avait également des divisions au sein même du pays entre les communistes au nord et un agglomérat de royalistes, catholiques et bouddhistes au sud ou tout simplement anti-communistes.
Le musée décrit les conditions de détention des prisonniers politiques vietnamiens très dures à l’époque des français et les tentatives d’évasion parfois réussies puis la prison fut réutilisée par les nord vietnamiens pour y enfermer les prisonniers américains, notamment les pilotes dont les avions avaient été abattus lors de bombardements de Hanoï et sa région dans les années 70. Une exposition photo avec de nombreuses explications permet de présenter dans le détail les atrocités commises par les français puis par les américains notamment sur les prisonniers alors que la détention des prisonniers américains est présentée sous son meilleur jour avec du sport, des animations pour Noël avec de grands sourires sur les visages… Pourtant j’ai des souvenirs de détentions dans des conditions tout autant effroyables de prisonniers français et américains dans la jungle mais bon, passons. Par contre, je remarque sur les photos de la population vietnamienne qui a été durement éprouvée pendant cette longue période de guerres qui s’étale quasiment sur trente ans avec des atrocités, des bombardements intensifs, qu’on aperçoit malgré tout quelques sourires sur leurs visages lorsqu’ils déblaient leurs habitations détruites ou lorsqu’ils travaillent dans les champs tout en gardant une arme à proximité et je ne pense pas que cette fois-ci c’est de la propagande mais sans doute une réelle force de résilience collective. Toute la population était sollicitée dans cette lutte d’indépendance et il semble qu’ils gardaient quand même une bonne humeur et surtout une grande cohésion. Quand les prisonniers nord-vietnamiens seront libérés des camps d’internement du sud, ils enlèveront immédiatement leurs tenues de prisonniers pour rejoindre en caleçons leurs camarades du nord, encore une preuve de leur mental combatif.
Le soir, je découvre l’ambiance folle de la « rue de la bière » avec une succession de bars qui diffusent de la musique et qui ont chacun leurs tables en terrasse qui sont remplis de touristes occidentaux et de vietnamiens, c’est très animé ! Je n’y reste pas très longtemps car je n’ai pas fait de connaissances pour le moment et c’est tout de même plus sympa d’y aller à plusieurs. Il y a également plusieurs concerts organisés en pleine rue donc je ne m’ennuie pas.
La rue de la bière et un concert de musique par des jeunes avec des instruments et habits traditionnels
Le lendemain, je pars en croisière sur bateau pendant deux jours pour découvrir la baie d’Ha Long qui est à environ trois heures de route puis une petite heure en bateau de Hanoï. Je voulais absolument la visiter mais la plupart des agences de voyage proposent des formules assez chers sur des bateaux luxueux, je me serais bien contenter d’un voyage plus simple et moins onéreux avec plus de temps pour nager et faire du kayak mais je manquais de temps pour faire une analyse détaillée et j’avais une opportunité à mon auberge pour partager les frais d’une chambre avec une autre pensionnaire de l’auberge (avec deux lits séparés, je précise) donc j’ai finalement choisi cette option.
Là j’ai découvert le grand sens de l’organisation des vietnamiens qui se confirmera par la suite dans une logistique bien orchestrée et optimisée pour récupérer en bus les touristes à leurs hôtels puis nous déposer au port d’embarcation tandis que notre bus est aussitôt réutilisé pour ramener des touristes à Hanoï. Il en sera de même pour le bateau qui est utilisé dans un roulement de groupes de touristes incessant.
C’est en voyant la nuée de touristes agglutinés dans le port permettant d’accéder à la baie d’Ha Long que je prends conscience que le Vietnam est un pays très touristique et je réalise le plaisir et la chance que j’ai eu de visiter des pays beaucoup moins fréquentés auparavant.
Port d’embarquement à la baie d’Ha Long
Néanmoins, la croisière est plutôt agréable, le bateau a une taille relativement modeste par rapport aux autres avec une quinzaine de passagers et l’équipage est aux petits soins pour nous, avec Abigale, une anglaise avec qui nous partageons la chambre mais pas le même lit je précise à nouveau, nous nous amusons de cet environnement luxueux où l’on nous sert deux entrées puis deux plats bien présentés comme dans un restaurant haut de gamme.
On fait une petite sortie en canoë puis on se baigne au milieu de la baie mais j’aurais aimé avoir davantage de temps pour faire ces activités et explorer les différents îlots de la baie par moi-même.
Le soir, on sympathise avec les autres voyageurs de la croisière lors de l’apéritif, nous sommes un petit groupe donc c’est plus facile pour faire connaissance et l’ambiance est bonne.
Découverte de la baie d’Ha Long en bateau et partie de cartes avec les passagers
Le lendemain matin, on se lève tôt pour faire un petit cours de taï chi tandis qu’un soleil rougeoyant se lève, la baie d’Ha Long à cette heure est d’un calme apaisant. Nous faisons la visite de plusieurs grottes sur une barque puis notre bateau retourne doucement vers le port, cela nous donne du temps pour continuer d’apprécier la vue sur la baie depuis les nombreux transats disposés sur le pont supérieur.
Lever de soleil sur la baie d’Ha Long depuis notre mouillage puis on retourne au port en passant au milieu des ilots
De retour à Hanoï en fin de journée, je prends un verre dans une rue très spéciale où une voie de chemin de fer passe tout au milieu et le train frôle de très près les consommateurs installés en terrasse, il faut avoir confiance.
Le railway café
Le jour suivant, je visite l’ancienne cité impériale qui était basée à Hanoï avant d’être déplacée à Hué au XIXème siècle (photo de couverture). Puis je rentre à l’auberge pour mettre à jour le blog et je fais la connaissance de Antoine, un jeune belge de 23 ans qui vient tout juste d’atterrir au Vietnam pour un voyage d’une vingtaine de jours. Le courant passe bien entre nous et je lui propose de se balader dans le centre-ville avant de revenir pour le happy hour à l’auberge où les bières sont servies gratuitement pendant une demi-heure. Cela nous laisse le temps d’en boire quelques-unes puis on part dîner dans le quartier avec un bon « barbecue » dans la rue qui consiste en une sorte de réchaud sous une casserole dans laquelle on fait cuire des morceaux de viandes et de légumes trempés dans du beurre et de l’huile. C’est très bon et on accompagne tout cela avec de la bière forcément puis on continue sur notre lancée alcoolisée dans la fameuse « beer street » qui est toujours animée même un lundi soir. Nous terminons la soirée dans un bar plein de touristes occidentaux qui dansent au son de tubes de musiques dans une ambiance survoltée : parfait pour conclure mon séjour à Hanoï !
Barbecue avec Antoine dans une rue dans une rue d’HanoïContinue reading