Jour 99 (25/12/2022)
Ce matin, je fais une nouvelle toilette à la bassine d’eau chaude puis je range mes affaires avant de prendre le petit-déjeuner car je pars pour la ville de Chitral. Ishfaq m’y emmène avec un chauffeur et son 4 x 4. Laura nous accompagne également pour la première partie du trajet afin de récupérer un taxi collectif sur la route principale pour ensuite aller visiter la vallée du Swat.
C’est l’occasion cette fois-ci de découvrir de jour la route que j’avais empruntée à l’aller quelques jours auparavant dans la nuit obscure. Les paysages montagneux sont très beaux et la route étroite de terre au bord de précipices d’au minimum une dizaine de mètres est impressionnante. Il faut faire confiance au chauffeur et à la solidité de la route mais je n’ai toujours pas peur et je prends de nombreuses photos et vidéos de ce périple que vous avez pu voir dans la vidéo à la fin de l’article sur les Kalash.
Au bout d’environ une heure de trajet, nous découvrons la vue sur la vallée avec la route principale et nous pouvons apercevoir au loin l’immense sommet du Tirich Mir qui culmine à sept milles sept cent mètres au milieu d’un beau massif montagneux enneigé. Là, c’est de la très haute montagne en comparaison avec notre modeste Mont Blanc d’Europe.
Nous nous quittons avec Laura en nous souhaitant, comme c’est d’usage entre voyageurs, une bonne continuation de voyage et en échangeant nos coordonnées.
Chitral est une modeste ville de cinquante milles habitants avec principalement des habitations individuelles et peu d’immeubles. Le bazar du centre-ville est petit également et nous faisons un arrêt à proximité pour prendre un deuxième petit-déjeuner avec une sorte de bouillon de viande de chèvre où l’on trempe des galettes de pain et une tasse de thé. Ce n’est pas mon plat préféré mais cela réchauffe.
C’est dimanche et de nombreux passants viennent à ce café pour s’assoir et boire un thé en silence, comme pour commencer en douceur cette journée de repos. Le peuple des pachtounes, qui sont majoritaires dans cette région, a généralement une couleur de peau et des yeux plus claires et un visage plus fin que dans le sud du Pakistan. Ils sont aussi nombreux à être coiffés du chapeau traditionnel pachtoune en forme de galette surélevée par un petit coussin circulaire en forme de boudin.
Puis, nous allons visiter le musée de Chitral mais il est bien moins fourni que le musée de la vallée Bumburet en ce qui concerne le peuple des Kalash et de même pour le reste de la collection.
La région offre également au printemps et en été de beaux gazons verts et plats permettant la pratique du polo et de grands tournois y sont organisés en plein air dans des décors montagneux ravissants.
Ensuite, Ifshaq m’emmène visiter l’extérieur du fort du roi de Chitral dont la fonction a été conservée même s’il ne s’agit désormais que d’un titre honorifique puis nous nous rendons dans la mosquée qui est située juste à côté du fort, au milieu de cette belle vallée montagneuse. Ces bâtiments sont peints en blanc immaculé, on croirait qu’ils sont neufs.
Pour rappel, j’avais fait la rencontre de Mutlab dans le bus de nuit partant de Peshawar en direction de Chitral mais je m’étais arrêté plus tôt afin de rejoindre la vallée Bumburet et nous avions échangé nos numéros pour rester en contact.
Lorsque je préviens Mutlab que je suis arrivé à Chitral, il me propose de venir me chercher pendant la pause déjeuner de ma visite avec Ifshaq afin de m’emmener avec un ami à lui dénommé Alamgir et son fils aîné à une fête de mariage. Nous y allons donc sans que je sache trop en quoi cela va consister et, finalement, il s’agit d’un grand repas offert aux amis de la famille en l’honneur des mariés. Il y a une grande table dressée à l’extérieur avec de nombreux invités et nous allons à l’intérieur d’un bâtiment dont les pièces sont recouvertes de tapis et où les invités déjeunent en étant assis en tailleur. Nous rejoignons un groupe et on nous sert assez rapidement de grands plats de riz avec de la viande et des légumes que nous mangeons en nous servant de la main droite comme c’est d’usage dans cette région. Je regarde d’abord comment font mes voisins en compressant légèrement une portion de riz avec leurs doigts pour en faire un morceau plus compacte puis ils approchent leur main de leur bouche et ils y introduise la boulette de riz en poussant délicatement avec leur pouce. Je m’y essaie en faisant des petites boules de riz et en gardant ma main gauche sous la main droite en cas de perte lors du mouvement délicat du pouce. Le plat est bon et nous avons des portions copieuses, nous discutons un peu avec Mutlab, son fils ainé et son ami Alamgir qui se débrouille plutôt bien en anglais. Je leur demande où sont les mariés et apparemment ils sont dans un autre endroit pour célébrer leur mariage, ils m’expliquent également que les femmes se réunissent dans un lieu séparé de celui des hommes.
Puis, lorsque nous avons terminé notre repas, nous repartons en étant remplacés par d’autres personnes, les plats circulent en continue pour servir les nombreux invités. Cela me fait penser à une fête de mariage indien (de religion catholique) à laquelle j’avais assisté avec mon ami Vincent dans le sud de l’Inde il y a plusieurs années. Il y avait une immense salle avec de grandes tablées et des bancs presque comme dans un réfectoire, les nombreux invités y prenaient un repas après une rapide célébration avec les mariés dans une autre salle puis repartaient.
Ensuite, Mutlab m’emmène dans son magasin de vêtements situé dans le bazar de Chitral. Il vend des vêtements traditionnels à la fois pour les hommes et pour les femmes, la plupart sont fabriqués au Pakistan mais certains sont de Chine. Nous y prenons un thé vert assis en tailleur sur le tapis avec un coussin puis Mutlab et Alamgir me ramènent dans le bureau de Ifshaq à Chitral pour que je continue ma visite et Mutlab m’invite à dîner le soir dans sa maison avec sa famille.
Pour la fin d’après-midi, nous allons avec Ifshaq et le chauffeur de 4 x 4 plus loin dans la vallée afin de nous rendre à un endroit au bord de la rivière qui est souvent utilisé par les boucs sauvages de cette région, appelés Markhor, pour s’y désaltérer en fin de journée. Le décor naturel est très beau et nous scrutons du regard les pentes montagneuses de l’autre côté de la rivière en espérant apercevoir ces fameux animaux. Ça y est, Ifshaq avec son regard affuté en repère un, puis deux, et me les montre du doigt.
Il n’y a plus qu’à espérer qu’ils se rapprochent en descendant vers la rivière. Ils descendent petit à petit la pente raide et rocailleuse en traçant une diagonale et nous découvrons qu’ils sont accompagnés de deux petits. C’est donc un couple de boucs sauvages avec leurs deux petits, belle image !
Nous les suivons du regard en avançant dans leur direction le long de la berge et ils se dirigent petit à petit vers un ruisseau parallèle à la rivière mais un peu plus en hauteur donc plus en sécurité pour eux. Plusieurs personnes sont venus les admirer comme nous et des rangers veillent avec leurs jumelles à ce que nous ne nous approchions pas trop près et surtout à ce que personne n’en profite pour en faire un trophée de chasse comme c’est déjà arrivé.
Ensuite, nous rentrons à Chitral et j’installe mes affaires dans ma chambre d’hôtel puis je remercie Ifshaq pour ses bons services avec notamment la visite du peuple kalash grâce à son réseau qui fut fort intéressante et sympathique.
Mutlab vient me chercher en voiture à l’hôtel avec son fils aîné et Alamgir et nous allons chez lui. Nous accédons directement à son salon par une porte dérobée donnant accès sur la rue sans avoir besoin de traverser d’autres pièces de sa maison. Le salon est recouvert de tapis avec des coussins et je suis accueilli par ses cinq fils ainsi que l’un de ses trois frères et Alamgir nous accompagne.
Mutlab m’invite à s’assoir à son côté et l’un de ses jeunes fils m’apporte une bassine et me verse de l’eau tiède sur les mains à l’aide d’une cruche pour me laver les mains avant le dîner. Puis les plats arrivent et les fils de Mutlab les disposent au centre de la pièce, il y en a une multitude. On les déguste directement avec la main droite ou un utilisant des morceaux des galettes de pain. Les plats sont délicieux, les légumes sont très bien cuisinés et ont du goût, la viande est tendre, le riz bien cuit, il y a même des pâtes, bref c’est un régal. On ne peut malheureusement pas toujours communiquer facilement en anglais mais j’utilise mon album photo pour présenter ma famille et mon blog pour présenter mon voyage. Les photos sont l’occasion de leur faire découvrir d’autres pays mais aussi certaines régions du Pakistan qu’ils connaissent moins bien. On me passe également au téléphone, Moussa, le frère de Mutlab qui habite à Bordeaux, afin de pouvoir s’assurer que j’ai bien mangé et que tout s’est bien passé, ce que je confirme aussitôt.
Après le dîner, Mutlab me propose de me raccompagner à l’hôtel et je le remercie chaleureusement pour son hospitalité et cette belle soirée. Je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer la maîtresse de maison mais je lui transmets également mes remerciements et mes félicitations pour la cuisine !
De retour à mon hôtel, il n’y a pas de chauffage dans ma chambre et elle est mal isolée donc il fait très froid. Je profite quand même de la connexion internet pour appeler ma famille et un ami après les fêtes de Noël puis je prends une bonne douche chaude qui fonctionne heureusement avant de m’emmitoufler dans mon duvet en-dessous d’une couverture puis je continue la lecture de Sylvain Tesson en lutte dans des environnements bien plus hostiles.
Demain, je prendrai un bus qui me ramènera à la capitale Islamabad avant de reprendre mon cap à l’est !
Salut, ça y est tu me bats largement en célébrations de mariage à l’étranger 🙂 et je te souhaite d’en faire beaucoup d’autres. Bises
Ah ah Vincent, on verra si j’en fait d’autres sur le chemin 😉
Quel périple ! Très bonne année à toi Hugues. Je redécouvre ton blog avec beaucoup de plaisir. Merci pour ce partage !
Merci pour ton message Tanguy, bonne année également!