Jour 47 (03/11/2022)
Je prends un minibus tôt le matin, juste à côté de mon logement à Doğubayazıt, qui m’emmène à la frontière de l’Iran en une vingtaine de minutes (35 kilomètres) qui me paraissent très courtes. Puis, je suis les piétons pour passer les différents points de contrôle, turcs d’abord puis iraniens. Cela m’a pris en tout environ une cinquantaine de minutes pour passer la frontière avec plusieurs temps d’attente car il y a du monde mais quasiment aucun touristes visiblement et on me pose assez peu de questions finalement (la raison de mon voyage, ma profession et aussi le justificatif de ma vaccination anticovid). Une fois de l’autre côté de la frontière, je profite d’avoir encore du réseau via la Turquie pour prévenir mes proches puis je change mon argent turc en argent iranien auprès d’un vendeur à la sauvette (je n’ai pas trouvé de bureau officiel et le taux avait l’air correct). Je me retrouve millionnaire avec des énormes liasses de billets de cent milles rials, je ne prends même pas le temps de compter tellement il y a de billets qui sont regroupés par centaine, je fais confiance.
Ensuite, je prends un premier taxi pour franchir les deux premiers kilomètres (apparemment il n’y a pas le choix) avant de prendre un autre taxi pour une vingtaine de kilomètres jusqu’à la gare routière de Maku qui a un fonctionnement assez similaire aux gares routières turques avec des guichets, quelques magasins et de la restauration rapide puis les quais d’embarquements.
Même si j’étais déjà au courant et que je m’y étais préparé, je m’embrouille quand même entre les rials et les tomans iraniens surtout avec l’énormité des sommes en jeu (environ 330 000 rials pour 1€ ! ou 33 000 tomans qui est la nouvelle monnaie) mais au final les tarifs sont très faibles (environ 2,5€ le taxi et 2€ le bus). J’attends une trentaine de minutes à la gare de Maku le bus pour Tabriz, le temps de prendre un déjeuner et ensuite nous avons quatre heures de route dans un bus assez confortable. Comme lorsque j’arrive dans un nouveau pays, et en particulier en Iran dont j’en ai tant entendu parler, je suis curieux de tout observer : le physique des gens, leurs vêtements, leur manière de se comporter puis les véhicules qu’ils utilisent, les immeubles, les paysages, tout est source d’intérêt et je passe une grande partie du trajet en bus à regarder par la fenêtre, soulagé d’avoir pu passer la frontière rapidement et d’avoir trouver un bus qui m’emmène à la destination prévue. C’est l’occasion de découvrir plusieurs anciens modèles de voitures dont des marques françaises mais il y a aussi des modèles récents.
La température est plus douce qu’à Doğubayazıt même si on reste dans une région montagneuse, je découvre également les symboles énigmatiques de l’alphabet persan qui est en réalité un alphabet arabe modifié. Cependant, les principaux panneaux de signalisations ont également une traduction en anglais avec l’alphabet latin ce qui est bien pratique pour les occidentaux comme moi.
Une fois arrivé à la gare routière de Tabriz, je prends un bus pour le centre-ville où je ne passe pas inaperçu auprès du chauffeur, de son jeune collègue qui s’occupe de la caisse et des usagers qui sont très curieux et sympathiques. L’un d’entre eux est étudiant à l’université et il parle bien anglais donc il nous sert d’interprète. Les passagers du bus me montrent sur le trajet les quelques points d’intérêts de la ville ainsi qu’ils me conseillent d’aller me promener dans un grand parc en périphérie de la ville. A la demande du jeune homme en charge de la caisse je lui donne une pièce de cinquante centimes d’euro en souvenir et il m’offre le trajet en bus.
Ensuite, je retrouve sur place un contact qui parle français et qui m’a été recommandé par des voyageurs francophones en Iran. Il s’appelle Nasser et il gère une sorte d’office de tourisme dans la ville avec son frère Mohamed. En sortant du bus, je suis accompagné par un passager du bus que je n’avais pas vu avant, je lui fais comprendre que je peux me débrouiller seul grâce à une application qui permet de me géolocaliser sur une carte de manière précise avec le GPS même sans réseau téléphone (iOverlander) mais il insiste pour me montrer le chemin qu’il ne semble pas bien connaitre lui-même car il interroge des passants dans la rue donc je prends les devants. Nasser a été prévenu de ma visite par les passagers du bus qui l’ont appelé de ma part et il m’attend gentiment dans la rue devant la porte d’entrée de son bureau. Il m’accueille en m’offrant un thé dans un bon français, ce qui me met tout de suite à l’aise. Nasser congédie poliment mon accompagnateur du bus un peu encombrant puis il me donne quelques conseils sur l’Iran, des bonnes adresses pour la ville (hôtel, magasin pour acheter une carte Sim iranienne…), il m’échange des euros à un bon taux et il me propose d’organiser la visite d’une ville troglodyte le lendemain avec un chauffeur de taxi pour une demi-journée à un prix raisonnable (12€) donc j’accepte volontiers.
Il fait déjà nuit et je préfère aller rapidement à l’hôtel réserver une chambre donc nous nous donnons rendez-vous avec Nasser le lendemain matin à son bureau. L’hôtel conseillé par Nasser est à cinq minutes à pied, en plein centre-ville et à un bon prix (environ 8€). Je dépose mes affaires puis je pars acheter une carte Sim iranienne avant la fermeture du magasin (12€ pour 50Gb de données) sachant que le lendemain ce sera fermé car c’est vendredi. Enfin, je mange une sorte de sandwich döner puis je rentre dans ma chambre d’appartement me reposer après cette journée riche en découvertes !
Je n’arrive pas à me connecter avec le réseau wifi donc j’utilise exceptionnellement mon forfait Free pour envoyer un sms à ma famille.
Jour 48 (04/11/2022)
Le lendemain matin, j’arrive enfin à me connecter au réseau wifi, ce qui me permet d’envoyer quelques messages pour rassurer mes proches puis je retrouve Nasser à son bureau qui m’emmène prendre un petit déjeuner à base de yaourt et de miel chez un petit commerçant à proximité, c’est très bon. Les rues sont quasiment désertes et la plupart des magasins sont fermés car le vendredi est un jour non travaillé en Iran comme le dimanche en France.
Nous continuons notre discussion avec Nasser au sujet de l’Iran et notamment de la suite de mon voyage et il me propose de me prêter un guide de voyage en français afin de m’aider à le préparer, je le lui rendrai le lendemain matin avant de quitter Tabriz.
Puis le chauffeur de taxi vient me récupérer et nous faisons environ une heure de route pour rejoindre le village troglodyte de Kandovan. C’est l’occasion pour moi de mieux découvrir cette partie de l’Iran avec des montagnes où l’on peut apparemment skier l’hiver et aussi beaucoup de champs de noyers qui alimentent les nombreux marchés des environs. Mon chauffeur me montre également en périphérie de la ville une immense usine de tracteurs qui est très connue et qui a même donné le nom à l’équipe de football de la ville de Tabriz. Nous sommes proches de la Turquie et cela se ressent car de nombreux habitants parlent à la fois le turc et le persan, étant issus de la minorité ethnique des azéris. Cela me permet de réutiliser quelques mots turcs quand je ne connais pas ou je ne me souviens plus du mot persan.
En ce vendredi, il y a de nombreuses familles qui se retrouvent pour faire un picnic dans la nature, c’est visiblement une grande tradition en Iran. Le village de Kandovan est agréable à visiter même s’il y a beaucoup de touristes locaux en ce début de week-end et puis, après avoir visité la Cappadoce, je suis forcément moins impressionné mais c’est quand même intéressant car il y a encore des habitants qui vivent réellement dans ce village troglodyte avec des maisons aménagées donc c’est plus authentique qu’à Gorëme. J’en profite également pour monter un peu sur les hauteurs afin d’avoir un meilleur point de vue sur le village et la nature autour.
Puis, mon chauffeur me dépose à l’entrée de la ville au parc « El Goli » qui m’avait été recommandé par les passagers rencontrés dans le bus. En effet, il est grand et bien aménagé avec un large lac dont la foule du vendredi après-midi fait le tour à pied en famille ou entre amis. Il y a également un promontoire qui permet d’accéder au centre du lac avec au bout un café chic où l’on peut se désaltérer devant les passants qui déambulent avec curiosité.
Ensuite, je monte sur les hauteurs du parc où il y a plusieurs terrasses aménagées visiblement pour faire des picnics puis sur les hauteurs je suis attiré par de la musique et je découvre des chanteurs qui se succèdent au micro sous un étroit préau avec des bancs de chaque côté pour le public. Il y a également plusieurs groupes de joueurs de volley qui improvisent des parties sans filet ni marquage au sol, ce qui ne les empêchent pas de faire des smashs de temps en temps que les joueurs d’en face tente de rattraper tant bien que mal.
Je profite également pour lire assidûment le guide prêté par Nasser qui est « Le petit futé » de l’édition 2016. Il est très pratique avec de nombreuses informations sur le pays et aussi plusieurs cartes des différentes régions du pays qui pourront me permettre d’affiner mon itinéraire. Comme je m’y attendais, la partie Histoire de ce pays si riche culturellement est très volumineuse en présentant les différentes civilisations qui ont influencé et laissé leurs empreintes en Iran : les perses bien entendu, les grecques, les arabes, les mongols, les turcs ainsi que les pays voisins qui nous sont moins familiers : Afghanistan, Irak, Azerbaïdjan, Arménie…
Puis, je retourne dans le centre-ville avec un nouveau taxi car le métro est fermé le vendredi. Je visite la Mosquée Bleue qui m’avait également été conseillé par les jeunes dans le bus de la veille et, en effet, c’est une bonne introduction à la finesse des décorations des monuments iraniens même si celui-ci est partiellement en rénovation.
Le soleil se couche tôt en ce début d’hiver, vers 17h30, donc je rentre me reposer à l’hôtel et je dîne dans un restaurant à proximité, c’est l’occasion pour moi d’avoir du temps pour lire et bien entendu préparer la mise à jour du blog !
Début du jour 49 (05/11/2022)
Le matin, je me rends à nouveau au bureau de Nasser qui cette fois-ci me fait goûter une autre spécialité locale à base de pain plat sur lequel on écrase un œuf et des patates cuits et mélangés avec du beurre puis on ajoute des tranches de tomates et de cornichons que l’on soupoudre de sel et on peut finalement enrouler le tout avec le pain pour en faire un sandwich. C’est bon et bien consistant pour un petit déjeuner.
Je change à nouveau des euros auprès de Nasser et je lui rachète son guide de voyage en français que je trouve bien pratique. Je fais également la connaissance de son frère Mohamed qui travaille avec lui à l’office du tourisme ainsi que de leur collègue Behnaz qui est ravie de pouvoir pratiquer avec moi le français qu’elle a appris à l’université. Nous discutons tous les quatre de la ville de Tabriz et de l’Iran puis je pars visiter le bazar de la ville qui est très réputé et situé juste à côté de leur bureau.
En effet, le bazar de Tabriz ou plutôt les bazars car ils sont organisés par type de marchandises (les épices, les vêtements, les bijoux, les tapis, il y a même des tableaux…) forment un immense réseau de galeries marchandes sur des kilomètres avec des places ouvertes ou couvertes faisant les jonctions telle une gigantesque fourmilière. Cela me rappelle les bazars de Istanbul et Bursa mais celui de Tabriz est encore bien plus grand et très bien entretenu avec d’anciens murs façonnés à l’aide de petites briques dont l’agencement ressemble à des mosaïques s’élevant jusqu’au plafond sous forme d’arches éclairées grâce à des puits de lumière. C’est un spectacle magnifique qui se renouvelle à chaque passage dans une nouvelle galerie ou une nouvelle place couverte.
On transporte tout à pied avec des diables au vu de l’étroitesse des passages dans une succession de boutiques minuscules vendant les mêmes marchandises à mes yeux mais je n’ai sans doute pas assez d’expérience pour distinguer les différences. Les marchands passent le temps en discutant ensemble et en prenant le café, il y a aussi des mosquées ou des salles de prières avec un accès direct aux galeries marchandes.
Autre motif d’étonnement, le miel est vendu dans des boîtes sous forme de morceaux d’alvéoles de ruches. Ensuite, bien entendu, il y a de nombreuses boutiques de tapis avec toutes les tailles, toutes les couleurs et tous les types de motifs, on pourrait y rester des heures à comparer chaque modèle.
Puis, je retourne à l’office de tourisme afin de récupérer mes affaires et dire au revoir à Nasser, Mohamed et Behnaz. Pour les futurs voyageurs qui passeraient par la ville de Tabriz je vous recommande vivement de passer les voir car ils sont de très bons conseils et très aimables !
En prenant le bus qui m’emmène à la gare routière, je retrouve à nouveau le jeune homme à la caisse que j’avais rencontré deux jours auparavant. Nous nous amusons de cet heureux hasard et je règle à nouveau le trajet avec une pièce de cinquante centimes d’euro en souvenir.
Ensuite, je trouve assez facilement un bus pour la ville de Zanjan que je vous décrirai dans un prochain article.
Merci pour ce nouvel article toujours très intéressant et agréable à lire.
Bonne suite!
Gros bisous
Merci Maman, je t’embrasse!
Mon cher Hugues, je viens de découvrir ton carnet de route, je voyage avec toi, on sent les épices et l’odeur des tapis persans…c’est très intéressant et passionnant. Thanks & travel safety! Bizzz
Merci pour ton message Doru, ça fait plaisir!
Tout se passe bien, bises.
Je rattrape mon retard! Toujours très instructif! Bisous
Merci Maud 😉
Bisous