Fin du jour 25 (12/10/2022)
Le voyage en train s’est très bien passé, c’était assez facile de réserver un billet au guichet, les sièges sont confortables, c’est moins cher que le bus et il va plus vite avec une vitesse de pointe à deux cent quarante kilomètres à l’heure donc le trajet fut rapide pour atteindre Ankara.
Une fois arrivé à la capitale, je prends le métro pour rejoindre mon auberge de jeunesse qui est située dans un quartier animé avec de nombreux magasins, restaurants et cafés. Ankara est une ville très étendue avec ses cinq millions et demi d’habitants et la grande majorité des bâtiments sont modernes. Elle a été choisie comme capitale du pays par Atatürk après la création de la république de Turquie en 1923 car elle plus éloignée des frontières, contrairement à Istanbul qui avait été occupée par les Forces de l’Entente à la fin de la première guerre mondiale.
C’est une ville qui a donc un lien fort avec l’ancien dirigeant charismatique de la Turquie et il y a un monumental mausolée qui a été édifié dans le centre de la capitale à sa mort que je prévois de visiter le lendemain car j’ai réservé deux nuits sur place afin d’avoir le temps de découvrir la ville et préparer la suite. Pour la fin de cette journée je me balade au hasard des carrefours qui se présentent à moi en essayant de trouver des parcs ou des rues piétonnes.
Puis je retourne à l’auberge où je fais la rencontre d’un voisin de dortoir qui est turc et s’appelle Ugurcan. Il loge toute la semaine dans l’auberge afin de passer des tests afin de pouvoir donner des cours de tennis. Ugurcan parle difficilement anglais donc nous échangeons grâce à Google traduction, il m’offre gentiment un jus de fruit et des parts de gâteau au chocolat tout en discutant. Etant donné qu’il a déjà dîné et qu’il doit se coucher tôt pour être en forme pour ses examens, je finis par quitter le dortoir pour chercher un restaurant dans les environs.
En franchissant la porte de l’auberge, je me fais interpeller par un résident qui est assis à une table à l’extérieur avec d’autres occupants qui me demande par curiosité qui je suis. Nous nous présentons et je finis par m’assoir avec eux pour discuter. Je ne me souviens plus des noms mais la première personne qui m’a adressé la parole est un jeune russe de vingt ans qui a tout quitter du jour au lendemain à l’annonce de la mobilisation partielle dans son pays. Ce fut un choix très difficile car cela signifiait de devoir se séparer de ses proches et de sa petite amie pour une durée indéterminée et revoir complètement ses projets personnels et professionnels avec un avenir incertain. Néanmoins, il s’estime déjà heureux d’avoir pu quitter à temps la Russie et il a au moins une piste pour demander un visa en Autriche où il a de la famille après avoir pris des cours d’allemand à Ankara et c’est la raison de sa présence dans cette ville et dans cette auberge car c’est apparemment très difficile de louer un appartement. Il y a également un jeune étudiant turc qui attend son visa pour continuer ses études en république Tchèque puis un français dénommé Jules nous rejoint. Il a quitté son travail comme moi, passé la trentaine, et il compte rejoindre en deux ans l’océan pacifique à pied, en auto-stop ou en autre moyen de transport terrestre ou maritime. Nous discutons ensemble de nos options d’itinéraires pour la suite du voyage. Visiblement notre anglais avec l’accent français est difficile à comprendre pour les turcs comme nous le fait remarquer notre jeune voisin de tablée et il n’est pas le premier ni le dernier à m’en faire la remarque. Cela me surprend car moi je comprends très bien les français qui parlent anglais 😊 Pourtant j’ai travaillé pendant une dizaine d’années dans une entreprise américaine et j’arrivais à me faire comprendre mais c’est peut-être spécifique à la Turquie, je vais essayer quand même de faire plus d’efforts.
Notre table étant placée proche de la porte d’accès à l’auberge nous rencontrons d’autres résidents avec qui nous discutons brièvement : des jeunes turcs qui sont là pour leurs études ou des procédures administratives, un jeune anglais de vingt-trois ans qui fait un long voyage et qui attend son visa pour l’Inde. Il commence à se faire tard et je n’ai toujours pas mangé contrairement aux autres donc je pars à la recherche d’un petit restaurant que je trouve facilement à proximité puis je rentre me coucher.
Jour 26 (12/10/2022)
Ce matin, je me rends à l’Anitkabir qui est le mausolée en l’honneur de Atatürk qui est le personnage le plus important de l’histoire moderne turque. Si vous vous rendez en Turquie vous verrez sa représentation sous toutes les formes (statues, photographies) et quasiment dans toutes les rues, tous les magasins, c’est impressionnant. Le mausolée qui a été bâti en son honneur après sa mort est donc à la hauteur de sa popularité : immense. Il est situé en plein cœur de la capitale et entouré d’un grand parc qui est ouvert au public seulement pendant la journée et gardé sous haute surveillance. Quand j’y suis allé, il y avait des cars entiers d’écoliers, également beaucoup de touristes mais aussi des militaires en uniformes. Le mausolée est situé en haut d’une colline dont on accède à pied par une large route à faible pente puis par de grandes marches d’escalier qui mène vers une immense esplanade de forme rectangulaire dont le revêtement clair devient éblouissant en réfléchissant la lumière du soleil. Le mausolée est en surplomb de cette esplanade, c’est un immense monument au toit plat soutenu par des colonnes carrées comme un temple de l’Antiquité.
Après avoir arpenté l’esplanade en long et en large pour m’imprégner des lieux, je rentre dans le mausolée où défilent avec respect les nombreux visiteurs pour lui rendre hommage et prendre une photo souvenir puis je rentre dans le musée Atatürk et de la guerre d’indépendance dont l’entrée est située sur une des longueurs de l’esplanade. Le cheminement de la visite rejoint la base inférieure du mausolée pour faire le tour du monument avant d’en ressortir par l’autre longueur.
Mustafa Kemal a reçu le nom de Atatürk (« père des turcs »). Il a commencé sa carrière en tant qu’officier militaire sous l’empire ottoman où il s’est notamment illustré lors de la première guerre mondiale en participant activement à la défense du détroit du Bosphore lors de la bataille des Dardanelles face aux armées de l’Entente. Après l’Armistice qui actait la défaite des forces de la Triple-Alliance dont l’empire ottoman était allié, il s’est opposé à l’occupation de la Turquie par les forces de l’Entente qui avait été acceptée par le sultan ottoman et a mené un front de résistance nationale pour récupérer les territoires occupés. De là ont découlé plusieurs années de conflits meurtriers principalement contre l’armée grecque étant donné que les autres pays alliés se sont progressivement retirés et ont signé plus tard de nouveaux traités de paix qui ont reconnu les territoires de la Turquie actuelle après que les armées turques aient repoussées les armées grecques des côtes méditerranéennes de l’Anatolie.
Ensuite, Atatürk s’est concentré avec son gouvernement à la création de la république de Turquie en remplacement de l’empire ottoman et il a mené de nombreuses réformes très ambitieuses dans quasiment tous les domaines qui ont profondément changé la société turque et demeurent encore à ce jour bien qu’il y ait eu depuis des ajustements en fonction des nouvelles orientations politiques des partis élus.
Le musée commence par l’exposition d’objets personnels du leader historique de la nation turque sans grand intérêt pour ma part puis on passe à la présentation de la guerre d’indépendance avec des fresques panoramiques représentant les grandes batailles ce qui permet de bien visualiser l’intensité de ces combats sur de larges fronts.
Ensuite, on suit une galerie qui fait le tour de la partie basse du mausolée avec des espaces dédiés à chaque réforme afin d’expliquer leur contenu et les résultats obtenus grâce à des textes claires et synthétiques qui sont illustrés de photographies, de tableaux ou de citations. Cela permet de mieux apprécier l’ampleur des changements qui ont été mis en œuvre dans un temps très court sur le plan économique, militaire, sociétal et culturel comme pendant la période de la Révolution française qui a apparemment beaucoup inspiré le leader de la nation turque. Je trouve que ce monument reflète très bien la fierté et la reconnaissance des turcs à l’égard d’Atatürk et de ce qu’il a accompli. Je ressens dans ce lieu un sentiment puissant et émouvant de fierté patriotique mais qui est peut-être un peu trop poussée avec des chants qui sont diffusés en continue dans la galerie du musée et qui ne facilitent pas la concentration sur le contenu.
Après cette matinée chargée d’Histoire, je me change les idées en me promenant dans la ville puis, après avoir déjeuner, je rejoins l’auberge pour récupérer des affaires et m’installer ensuite dans un parc à proximité afin de me reposer, lire et continuer la mise à jour du blog.
Le soir, je discute un peu avec Ogulcan et d’autres résidents de l’auberge tout en profitant de la connexion wifi pour passer des coups de fil ou regarder des publications sur les réseaux sociaux de voyageurs qui sont dans des pays où je compte aller afin de prendre des renseignements. Je peux même échanger avec certains via messagerie pour avoir plus de détails sur certaines informations, ce qui est très pratique.
Jour 27 (13/10/2022)
Pendant la matinée, je profite d’avoir un peu de temps avant de prendre mon bus pour la Cappadoce pour visiter le centre historique de Ankara qui abrite d’anciennes maisons de couleur blanche qui sont bien conservées et décorées de nombreuses plantes vertes. Il y a aussi un joli petit parc avec une mosquée et vous pouvez voir sur la photo de couverture de cet article que les chiens errants y sont très heureux 🙂
De retour à l’auberge, je m’allège petit à petit en laissant le livre de Nicolas Bouvier que j’ai fini de lire et le clavier externe dont je n’ai plus besoin puis je vais à la station de bus, direction Gorëme en Cappadoce !
Le gâteau au chocolat d’Ugurcan valait-il celui de Mamoune? 😜
Ah non impossible, Mamoune est imbattable! 🙂