Fin du jour 24 (11/10/2022)

La route de Bursa vers Eskişehir se passe sans encombre, on traverse une succession de plaines avec de nombreuses cultures qui sont séparées par des collines aux pentes raides que les bus remontent péniblement.
Une fois arrivée à la station de bus, je rejoins assez facilement l’appartement de Seren qui m’héberge pour ce soir dans une chambre séparée que j’ai réservée via Airbnb. L’après-midi touche à sa fin et mon hôtesse ayant terminé sa journée de télétravail, elle me propose, après avoir discuté autour d’un café, de me faire visiter le centre-ville et d’aller boire un verre, ce que j’accepte avec plaisir.

Eskişehir est une ville d’environ neuf cent mille habitants, elle m’a été conseillée par Özlem car c’est un lieu dynamique avec ses nombreux étudiants universitaires et aussi parce que le maire de la ville entreprend de nombreuses initiatives pour rendre attractive Eskişehir sur le plan culturel et via aussi l’aménagement des espaces publics. Effectivement, il y a de nombreuses rues piétonnes, des parcs et un canal avec des ponts qui sont bien éclairés le soir et facilement accessibles pour les piétons. Nous nous installons dans un bar qui dispose d’une arrière-cour à l’abri du bruit et avec une lumière tamisée dans une ambiance assez intimiste. C’est l’occasion de pouvoir discuter plus en détails de nos projets et de nos centres d’intérêts et notamment nos goûts musicaux et cinématographiques. Nous partageons ensemble le plaisir de participer à des concerts de groupes de musique rock dont Seren a de nombreux posters dans son salon et on se met d’accord pour aller à l’un d’entre eux qui aura lieu le soir même dans un bar en deuxième partie de soirée.

En attendant, nous allons dîner dans un restaurant et son copain nous rejoins lors de sa pause avant de reprendre son travail de designer pour des jeux vidéos sur mobiles qui se termine tardivement. Assez fréquemment, nous sommes dérangés par le bruit des moteurs d’avions de chasse qui survolent à basse altitude car il y a une base aérienne militaire à proximité de la ville mais c’est étrange que ce soit aussi souvent et surtout en soirée. Nous arrivons au bar et il est déjà bien remplis par une clientèle principalement de jeunes étudiants alors que nous sommes un mardi soir, je retrouve l’ambiance de Belgrade. Le concert commence à vingt-deux heures et la foule se masse en demi-cercle dans la salle étroite du bar à proximité du comptoir. Comme sur la péniche à Belgrade, le groupe reprend des classiques anglo-saxons mais aussi leurs propres chansons en turc qui sont repris en cœur par la jeune audience survoltée. J’adore cette ambiance des concerts où le temps semble s’arrêté et tout le monde entre en communion autour de la musique sans se soucier du reste, en chantant, en dansant ou tout simplement en appréciant le son. Le concert dure quasiment quatre heures avec un entracte au milieu, les verres de bières se succèdent et les cendriers se remplissent. Le copain de Seren nous a rejoints pendant la pause et nous discutons avec d’autres personnes assez naturellement, je fais même la connaissance à la fin du concert du chanteur du groupe qui est très sympathique. Il me fait part de la difficulté d’être musicien professionnel en Turquie à cause de la précarité économique que cela entraine, surtout depuis la pandémie et il a dû à contrecœur vendre sa guitare préférée. Nous finissons par rentrer à pied à l’appartement vers trois heures du matin, je ne m’attendais pas à une telle soirée un mardi soir : c’est une belle surprise !

Seren et moi-même au concert de rock dans un bar d’Eskişehir

Jour 25 (12/10/2022)

Je me réveille forcément plus tard qu’habituellement après cette longue soirée et je pars me promener dans le centre historique de Eskişehir qui a des quartiers entiers d’anciennes maisons ottomanes avec des poutres en bois apparentes et des peintures extérieures de multiples couleurs (cf photo de couverture de l’article). C’est très agréable de s’y promener, il y a également d’anciennes fontaines à disposition des habitants et qui sont souvent bien décorées comme par exemple avec du marbre. Le motard allemand Daniel qui avait traversé la Turquie récemment avec sa compagne Anna m’avait dit qu’il avait tout le temps bu de l’eau de ces fontaines sans jamais acheter de bouteilles d’eau donc je me risque à remplir ma gourde pour tester si mon estomac le digère bien et ce sera concluant.

Ancienne fontaine à eau dans le centre historique de la ville de Eskişehir

Un autre motif d’étonnement dans les villes en Turquie que j’avais déjà remarqué à Istanbul et Bursa est qu’il y a beaucoup de chiens errants. Ils ont l’air plutôt en bonne santé et de vivre paisiblement en faisant des siestes dans les jardins publics où ils reçoivent de nombreuses caresses des habitants. Il y a même certains chiens errants populaires qui ont eu droit à leur statue à leur mort comme dans le quartier de Moda à Istanbul que m’avait montré Ozlem. Mais je suppose qu’ils ne doivent pas toujours avoir la vie facile et pour autant je ne les ai jamais vu agressifs en ville.

En début d’après-midi, je retourne chercher mon sac chez Seren pour prendre un train vers la capitale Ankara afin de tester ce moyen de transport en Turquie et parce que la gare est à proximité de l’appartement de Seren. La suite dans le prochain article !