Suite et fin du jour 33 (20/10/2022)

Le voyage en bus après avoir quitté Adana pour rejoindre la ville de Şanlıurfa est un peu long avec les trois cent soixante kilomètres à parcourir, j’ai préféré limiter les étapes en ne m’arrêtant pas à Gaziantep car il me reste encore beaucoup de route à faire. Nous arrivons en fin de journée, peu de temps après avoir traversé le fleuve Euphrate donc nous entrons dans l’ancienne région historique de la Mésopotamie. 

La ville de Şanlıurfa est proche de la Syrie et on peut constater un changement d’architecture par rapport aux précédentes villes de Turquie que j’ai visitées avec des anciennes maisons en pierre blanche qui forment d’étroites ruelles sinueuses et un château sur les hauteurs d’une colline. J’ai l’impression d’être au Moyen Orient d’après les images que j’en ai, notamment de la ville de Jérusalem.

Ruelle du centre-ville de Şanlıurfa

Le ciel s’est couché, les éclairages de couleur chaude pour les rues et vertes pour les minarets des mosquées mettent en valeur les beaux édifices en pierre de cette ville. Les muézins chantent l’appel à la prière, ce qui renforce mon sentiment d’être en Orient. On peut se déplacer facilement à pied dans les ruelles du vieux centre-ville et on pourrait presque se perdre dans ce dédale lorsque l’on s’éloigne des voies principales.

Puis, mon cheminement me fait accéder au bassin de poissons qui a fait en partie la renommée de la ville. Selon la légende, Abraham aurait été jeté dans des braises qui se seraient transformées en un bassin rempli de poissons et dont ces derniers auraient des pouvoirs de guérison. Quelle que soit la vérité, le bassin et l’édifice autour avec des arches et des cours sous formes de cloîtres sont très agréables à visiter. Ensuite, je monte sur les hauteurs de la ville à proximité du fort pour apprécier la vue sur l’ensemble de la vieille cité. Il y a encore plusieurs groupes de touristes qui se promènent, principalement des turcs.

Il est temps que je rentre dans ma chambre que j’ai à nouveau louée via Airbnb mais, cette fois-ci, je sens que mon hôte a peu de disponibilité même s’il a eu l’amabilité de m’indiquer comment me rendre au site néolithique de Göbekli Tepe qui date de plus de dix millénaires !  

Début du jour 34 (21/10/2022)

Je me lève tôt le matin pour me balader à nouveau dans le vieux centre-ville de Şanlıurfa avec la lumière du soleil cette fois. Le spectacle est toujours aussi saisissant, j’ai l’impression d’être transporté mille ans en arrière dans l’Orient historique.

Mosquée avec un cimetière dans le centre historique de la ville
Le célèbre bassin aux poissons

Puis, je prends un bus qui m’emmène sur un des plus anciens sites de l’humanité qui a été découvert jusqu’à présent (entre le dixième et le neuvième millénaires avant Jésus Christ). Il n’y a pas de certitude exacte sur la nature de ce site mais il semble que c’était un lieu de réunions des différentes tribus nomades de la région pour célébrer leurs dieux à des périodes importantes de l’année. Il est situé sur une moyenne montagne qui domine les plaines environnantes donc facilement repérable pour les visiteurs qui viennent de loin. Malgré son ancienneté, on peut observer assez nettement des édifices relativement élaborés pour l’époque avec des murs de pierres taillées plus ou moins grossièrement et empilées les unes sur les autres pour créer des salles ou des couloirs qui ont la forme d’une coquille d’escargots. Il y a encore également quelques larges piliers qui tiennent debout et sur certaines pierres on peut voir des sculptures d’animaux. C’est très impressionnant.

Le site de Göbekli Tepe

D’après les explications du musée sur place, la Mésopotamie qui était située entre les fleuves du Tigre et de l’Euphrate et plus largement la zone du Croissant Fertile ont bénéficié du réchauffement climatique lors de la fin de l’ère glaciaire combinée à des sols fertiles pour permettre progressivement les débuts de l’agriculture et donc de la sédentarisation pendant l’époque du Néolithique. Il y a même une hypothèse émise qui est que l’organisation de célébrations religieuses avec un grand nombre de participants sur ce type de site aurait pu finalement inciter l’Homme à faire des provisions et donc à mieux maitriser la récolte et le stockage de nourriture qui aurait peut-être amené progressivement à l’agriculture.

Sur le chemin du retour vers Şanlıurfa, je remarque d’ailleurs qu’il y a beaucoup de champs de culture dans les plaines, notamment du maïs mais aussi du coton.

Je récupère mon sac à dos dans ma chambre et je pars à la station de bus pour me diriger dans les montagnes afin de visiter le célèbre monument funéraire avec ses statues majestueuses datant de l’Antiquité au sommet de la montagne Nemrut.

Comme à chaque fois, les turcs à qui je m’adresse pour trouver mon chemin et la bonne ligne de bus se rendent disponibles pour m’aider, ils sont très serviables et la grande fréquence des bus fait que finalement j’attends peu entre chaque correspondance.