Du 19 avril au 22 avril 2023
Après un bus de nuit, j’arrive tôt le matin à Byron Bay qui est un lieu très apprécié par les surfeurs car il offre de bonnes conditions de glisse dans un joli cadre. Je me pose sur la plage à proximité de mon auberge en attendant que la réception ouvre pour laisser mon sac. Je suis à moitié assoupi, pas facile de dormir dans un bus bondé avec un siège semi inclinable…
Le ciel est à moitié couvert, la plage est très longue et assez large, on doit-être à mi-marrée. Le bord de mer a peu de relief, sauf à la pointe est de la plage avec un cap rocheux dominé par un phare. Aux premiers abords, ce paysage me charme moins qu’à Port Macquerie qui était plus varié avec de nombreuses criques et il y avait moins de touristes. Byron Bay est un lieu très connu donc il y a davantage d’habitations et de commerces même si cela reste une petite ville paisible et sans immeubles à plusieurs étages.
Après m’être libéré de mon sac à dos, je me promène sur le chemin côtier qui fait le tour du cap tandis que les nuages se dégagent, ce qui me permet de mieux apprécier la belle couleur turquoise de l’eau et les points de vue depuis les rochers sont plus jolis que sur la plage. Il y a un site d’observation sur l’un d’entre eux, légèrement détaché de la côte, qui permet d’observer au plus près les nombreux surfeurs qui font la queue dans l’eau pour prendre une des vagues qui se succèdent à intervalles réguliers en formant de hauts rouleaux. Ils surfent tout près des rochers et en esquivant les têtes des surfeurs qui attendent leur tour, c’est un spectacle impressionnant à regarder.
Soudain, je vois au large des dauphins qui bondissent des vagues en se rapprochant du rivage, c’est magnifique, j’ai tout juste le temps de prendre en vidéo la fin de leur exercice de natation synchronisée sous les yeux ébahis des spectateurs.
Je continue mon chemin vers le cap en découvrant de belles plages protégées de part et d’autre par des murs de roches, comme à Port Macquarie.
Puis, le soleil se couvre à nouveau mais la visibilité reste bonne et je peux découvrir de l’autre côté du cap, plus au nord, une belle et grande plage quasi déserte sur laquelle j’irai me promener un autre jour. Il y a quand même deux sauveteurs qui surveillent cette plage mais c’est de toute manière déconseillé de se baigner en raison des forts courants.
Le vent finit par chasser les nuages en fin de journée et je peux admirer un beau coucher de soleil depuis la plage centrale de Byron Bay tandis que des surfeurs continuent sans relâche de prendre des vagues, ils sont infatigables, de vrais passionnés. Ils sont présents dès le petit matin et jusqu’à la tombée de la nuit, lorsqu’ils arrivent sur la plage avec leur planche sous le bras, ils se mettent aussitôt à courir pour ne pas perdre une minute !
Etant donné que j’ai du temps pour découvrir la côte est de l’Australie, je décide de rester quatre jours à Byron Bay afin notamment de prendre des cours de surf et faire une pause après quasiment une quinzaine d’heures de bus depuis Sydney.
Mon auberge de jeunesse est pratique car elle est en plein centre-ville et proche de la plage, elle est également bien équipée et il y a même un repas offert le soir bien que ce ne soit pas aussi convivial que les « family dinners » du Vietnam car le service est en mode self donc c’est plus compliqué de faire connaissance. Par ailleurs, la clientèle est très jeune et une bonne partie voyagent en groupe donc c’est plus difficile pour moi de faire connaissances.
J’arrive quand même à sympathiser avec un irlandais puis, de fil en aiguille, on se retrouve en équipe avec des anglaises et des américains pour jouer à un quizz. C’est là que je me rends compte que j’ai beaucoup de mal à comprendre des conversations rapides en anglais avec des mots parfois techniques ou spécifiques. L’animateur parle vite et prononce certains mots à l’australienne en coupant certaines syllabes donc c’est plus difficile pour repérer même les mots que je connais, de plus tous mes coéquipiers sont anglophones donc la conversation de groupe fuse dans tous les sens dans un brouhaha global et j’ai du mal à intervenir. J’arrive au moins à utiliser mes connaissances en géographie grâce à mon voyage pour donner le nom du second plus haut sommet : le K2. Finalement, nous arrivons premiers avec un peu d’aide de Google en toute discrétion et nous recevons un bon pour consommer des boissons sur place : pas mal !
Pour le dernier soir à Byron Bay, je dois changer d’auberge car il n’y a plus de place, je n’avais pas prolongé en avance en pensant que j’avais le temps mais en Australie la demande est visiblement forte par rapport à l’offre donc il faut que je réserve en amont mon bus et mon logement. Finalement, c’est une chance car ma nouvelle auberge est bien plus sympathique que la précédente, elle est éloignée du centre et de la plage mais elle est en pleine nature avec de hauts arbres, un petit étang recouvert de plantes d’eau. On peut même apercevoir des « dragons d’eau » qui ressemblent à de gros lézards.
J’arrive pile pour un tournoi de volley avec des voyageurs de tous les pays, ils sont plus proches de mon âge et ils sont nombreux à voyager avec leur propre véhicule. Il y a une très bonne ambiance, tout le monde est détendu, naturel, sans soucis des apparences, la maturité a pour avantage de mieux connaitre ses préférences et de vivre comme tel avec moins de pression sociale, ou du moins en étant capable de mieux la gérer. La musique est dynamique et entrainante, les personnes sont globalement en bonne forme physique même s’ils sont déjà plusieurs à fumer et boire dès l’après-midi.
Il y a un pensionnaire qui dénote un peu avec sa bedaine sur laquelle est éparpillé à la hâte de la crème solaire ou du plâtre je ne saurais dire. Il doit avoir la quarantaine, il mesure au moins deux mètres, il a une barbe hirsute et le teint rouge, pas seulement à cause du soleil au vu des canettes de bières et des cigarettes qu’il consomme sans modération. Lorsque je vois qu’il s’inscrit au tournoi de volley, je souris en imaginant ses coéquipiers, désignés au tirage au sort, découvrir cet énergumène mais finalement c’est moi que me retrouve avec lui avec deux autres jeunes hommes plus affutés, un italien et un israélien. Je suis un peu dépité car j’étais motivé pour aller le plus loin possible dans ce tournoi et j’ai de gros doutes sur les capacités physiques de notre géant scandinave, surtout qu’il continue de boire et fumer en attendant notre premier match. Mais, à ma grande surprise, il s’avérera être notre meilleur joueur pour le premier match, il rattrape toutes les balles avec ses grosses mains et les renvoie de manière peu académique mais efficace dans le camp adverse. On gagne le premier match haut la main et on commence à sympathiser alors que l’on ne se connaissait pas avant. Notre équipe s’appelle « No Wukas » qui est une abréviation australienne pour l’expression « No fuckin’ worries », tout à fait dans l’état d’esprit de l’auberge. Le deuxième match est plus serré mais on parvient à creuser l’écart sur la fin, ce qui nous ouvre les voies de la demi-finale. La nuit commence à tomber, il y a de bons matchs entre les autres équipes avec des gestes collectifs de grande qualité et des sauvetages improbables, beaucoup de suspense mais sans mauvais esprit, tout le monde prend du plaisir et reste fairplay. Malheureusement, notre aventure s’arrête aux portes de la finale après un match étriqué, « good game ».
A force de voir des surfeurs prendre les vagues, j’ai eu envie de me lancer à mon tour mais en prenant des cours car j’ai très peu d’expérience et les conditions sont assez difficiles avec du courant et de hautes vagues. Je m’inscris donc pour trois cours du matin. Les profs sont tous « cools » et diffusent cet état d’esprit dans le groupe. Il y a des règles de sécurité à respecter bien entendu mais, le plus important, c’est de s’amuser, prendre du plaisir. Cette fois-ci, je n’ai pas de mal à les comprendre contrairement à l’animateur du quizz dans mon auberge, ils utilisent des mots connus et il n’y a pas de bruit autour, seulement le roulement des vagues.
Mon premier cours est compliqué, ça a l’air facile en regardant les surfeurs se lever sur leurs planches et glisser sur l’eau mais, malgré l’aide du prof, je tombe souvent avant d’avoir pu avancer sur l’eau debout sur ma planche. Pour le deuxième cours, c’est nettement mieux, je me sens bien et j’arrive la plupart du temps à me lever sur la planche et glisser sur plusieurs mètres, c’est plaisant ! Par contre le prof y contribue beaucoup en m’aidant à me positionner, à sélectionner la bonne vague et à me lancer au bon moment donc, au troisième cours, je décide d’essayer de faire sans aide et là, c’est beaucoup plus difficile. Je n’arrive plus à me lever et glisser sur l’eau avec la planche, il va falloir que je pratique encore.
Participer à ces cours me permet également de sociabiliser et je rencontre notamment deux françaises, Claire et Julia, qui voyagent dans un van qu’elles ont loué pour découvrir la côte est de Melbourne à Brisbane. On se retrouve le soir pour boire des verres dans les deux bars principaux de la ville, l’ambiance est très sympa, il y a beaucoup de locaux de tous âges qui ont le style australien : casquette sur des cheveux longs et une moustache, on se croirait dans les années 70. Il y a de bons concerts de rock qui font bouger les gens, le seul bémol c’est que les bars ferment à minuit, même le week-end, mais comme ça cela limite les excès et on peut se lever pas trop tard le lendemain.
Il est temps de continuer ma route en direction de Brisbane: à suivre!
C’est le moment ou jamais d’arborer la moustache de Magnum Hugues !
Ah ah Louis j’ai hésité à me faire une coupe et une moustache australiennes mais finalement je suis resté sur du classique, peut-être si j’étais resté plus longtemps 😉