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Eskişehir

Fin du jour 24 (11/10/2022)

La route de Bursa vers Eskişehir se passe sans encombre, on traverse une succession de plaines avec de nombreuses cultures qui sont séparées par des collines aux pentes raides que les bus remontent péniblement.
Une fois arrivée à la station de bus, je rejoins assez facilement l’appartement de Seren qui m’héberge pour ce soir dans une chambre séparée que j’ai réservée via Airbnb. L’après-midi touche à sa fin et mon hôtesse ayant terminé sa journée de télétravail, elle me propose, après avoir discuté autour d’un café, de me faire visiter le centre-ville et d’aller boire un verre, ce que j’accepte avec plaisir.

Eskişehir est une ville d’environ neuf cent mille habitants, elle m’a été conseillée par Özlem car c’est un lieu dynamique avec ses nombreux étudiants universitaires et aussi parce que le maire de la ville entreprend de nombreuses initiatives pour rendre attractive Eskişehir sur le plan culturel et via aussi l’aménagement des espaces publics. Effectivement, il y a de nombreuses rues piétonnes, des parcs et un canal avec des ponts qui sont bien éclairés le soir et facilement accessibles pour les piétons. Nous nous installons dans un bar qui dispose d’une arrière-cour à l’abri du bruit et avec une lumière tamisée dans une ambiance assez intimiste. C’est l’occasion de pouvoir discuter plus en détails de nos projets et de nos centres d’intérêts et notamment nos goûts musicaux et cinématographiques. Nous partageons ensemble le plaisir de participer à des concerts de groupes de musique rock dont Seren a de nombreux posters dans son salon et on se met d’accord pour aller à l’un d’entre eux qui aura lieu le soir même dans un bar en deuxième partie de soirée.

En attendant, nous allons dîner dans un restaurant et son copain nous rejoins lors de sa pause avant de reprendre son travail de designer pour des jeux vidéos sur mobiles qui se termine tardivement. Assez fréquemment, nous sommes dérangés par le bruit des moteurs d’avions de chasse qui survolent à basse altitude car il y a une base aérienne militaire à proximité de la ville mais c’est étrange que ce soit aussi souvent et surtout en soirée. Nous arrivons au bar et il est déjà bien remplis par une clientèle principalement de jeunes étudiants alors que nous sommes un mardi soir, je retrouve l’ambiance de Belgrade. Le concert commence à vingt-deux heures et la foule se masse en demi-cercle dans la salle étroite du bar à proximité du comptoir. Comme sur la péniche à Belgrade, le groupe reprend des classiques anglo-saxons mais aussi leurs propres chansons en turc qui sont repris en cœur par la jeune audience survoltée. J’adore cette ambiance des concerts où le temps semble s’arrêté et tout le monde entre en communion autour de la musique sans se soucier du reste, en chantant, en dansant ou tout simplement en appréciant le son. Le concert dure quasiment quatre heures avec un entracte au milieu, les verres de bières se succèdent et les cendriers se remplissent. Le copain de Seren nous a rejoints pendant la pause et nous discutons avec d’autres personnes assez naturellement, je fais même la connaissance à la fin du concert du chanteur du groupe qui est très sympathique. Il me fait part de la difficulté d’être musicien professionnel en Turquie à cause de la précarité économique que cela entraine, surtout depuis la pandémie et il a dû à contrecœur vendre sa guitare préférée. Nous finissons par rentrer à pied à l’appartement vers trois heures du matin, je ne m’attendais pas à une telle soirée un mardi soir : c’est une belle surprise !

Seren et moi-même au concert de rock dans un bar d’Eskişehir

Jour 25 (12/10/2022)

Je me réveille forcément plus tard qu’habituellement après cette longue soirée et je pars me promener dans le centre historique de Eskişehir qui a des quartiers entiers d’anciennes maisons ottomanes avec des poutres en bois apparentes et des peintures extérieures de multiples couleurs (cf photo de couverture de l’article). C’est très agréable de s’y promener, il y a également d’anciennes fontaines à disposition des habitants et qui sont souvent bien décorées comme par exemple avec du marbre. Le motard allemand Daniel qui avait traversé la Turquie récemment avec sa compagne Anna m’avait dit qu’il avait tout le temps bu de l’eau de ces fontaines sans jamais acheter de bouteilles d’eau donc je me risque à remplir ma gourde pour tester si mon estomac le digère bien et ce sera concluant.

Ancienne fontaine à eau dans le centre historique de la ville de Eskişehir

Un autre motif d’étonnement dans les villes en Turquie que j’avais déjà remarqué à Istanbul et Bursa est qu’il y a beaucoup de chiens errants. Ils ont l’air plutôt en bonne santé et de vivre paisiblement en faisant des siestes dans les jardins publics où ils reçoivent de nombreuses caresses des habitants. Il y a même certains chiens errants populaires qui ont eu droit à leur statue à leur mort comme dans le quartier de Moda à Istanbul que m’avait montré Ozlem. Mais je suppose qu’ils ne doivent pas toujours avoir la vie facile et pour autant je ne les ai jamais vu agressifs en ville.

En début d’après-midi, je retourne chercher mon sac chez Seren pour prendre un train vers la capitale Ankara afin de tester ce moyen de transport en Turquie et parce que la gare est à proximité de l’appartement de Seren. La suite dans le prochain article !

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Bursa

Jour 23 (10/10/2022)

J’arrive à la station de bus de la ville de Bursa en début d’après-midi. Il y a un tramway qui permet de rejoindre le centre et la ville dispose du même système de carte de transport qu’à Istanbul mais c’est un peu plus compliqué quand on veut acheter un seul trajet quand on reste peu de temps comme moi car il n’y a pas toujours l’option sur les bornes de recharge de carte ou ce n’est pas toujours traduit en anglais. Je finis quand même par trouver un commerçant qui en vend et je rejoins mon hôtel que j’ai choisi cette fois-ci à proximité du centre-ville.

Mon choix pour cette destination s’était fait sur les conseils de Caan et Ecem que j’avais rencontrés à Belgrade et qui vivent dans cette ville. On avait prévu de dîner ensemble mais Caan a eu une urgence à son travail donc il n’était finalement plus disponible.

La ville de Bursa a été choisie pour quelques décennies comme capitale de l’empire ottoman avant d’être détrônée par Edirne puis par Istanbul suite à l’expansion des ottomans en occident. La ville de Bursa a néanmoins bénéficié de son prestigieux statut bien qu’éphémère pour être dotée de nombreux bâtiments administratifs et édifices religieux qui étaient protégés par d’épaisses murailles. L’ancienne capitale était également située sur une des routes de la soie et avait donc de nombreux marchés et rues commerçantes, elle était également un site important de production de soieries. Fort heureusement, Bursa a conservé en bon état une grande partie de ses anciens monuments, ce qui permet de plus facilement se représenter l’activité de cette ville à l’époque ottomane. Désormais, la ville compte environ 3 millions d’habitants et elle est la quatrième ville de Turquie après Istanbul, Ankara et Izmir.

Après avoir déposé mon sac, je me promène dans les nombreuses rues piétonnes du centre-ville qui se croisent en formant un maillage serré. Elles sont remplies de multiples étals de fruits, légumes, épices, fromages, et poissons dont la variété des produits et leurs couleurs vives me rappellent les marchés en plein air de Pondichéry. La foule y déambule en jetant un regard d’un étal à l’autre et dont le commerçant essaye de capter l’attention à renforts de slogans qui vantent, je suppose, la qualité de leurs produits pour des prix raisonnables. Je cède à ces réclames publicitaires en achetant quelques fruits secs afin de compléter mes repas puis les étals de nourriture sont suivis par des brocantes de vêtements bons marchés et ensuite, je rejoins des passages couverts qui ressemblent au grand bazar d’Istanbul. Les boutiques sont plus luxueuses, on y vend des robes et des foulards de soie aux couleurs vives et aux motifs raffinés qui me font penser également à l’Inde. A ces vêtements somptueux s’ajoutent des bijouteries dont les articles brillent de milles feux et il y a même une galerie marchande qui vend des meubles, bref on y trouve de tout.

Les étals colorés des marchands de la ville de Bursa

Ma déambulation aléatoire me mène au quartier historique avec des anciens marchés de la soie qui ressemblent à des cloitres sous formes de cours carrées entourées de murs dont l’étage supérieur est couvert d’un toit et abrite différentes boutiques qui vendent principalement des étoffes de soie et donnant vue sur les terrasses de café dans la cour intérieure qui sont protégés du soleil par des parasols ou des arbres. Il y a également des mosquées à proximité dont on peut apercevoir les minarets et d’imposantes anciennes portes de la ville en pierre.

Ancien marché de la soie

J’aperçois un escalier qui permet d’accéder à un beau point de vue depuis les hauteurs de la ville où ont été bâtis des mausolées et qui sont encore ceinturées à certains endroits par d’imposantes murailles de pierre. On peut observer nettement l’autre muraille naturelle de la ville qui est la montagne Uludağ et qui culmine à 2543 mètres d’altitude. On peut y faire du ski l’hiver et le thym qui y pousse sert d’arôme pour le plat local, l’Iskender kebap servi avec du yaourt.

Ce sera d’ailleurs mon dîner avant de rejoindre mon hôtel pour consacrer ma soirée à la mise à jour du blog et de la lecture.

Vue sur les hauteurs de la ville de Bursa avec ses murailles de pierre et de montagnes

Jour 24 (11/10/2022)

Au matin, je me promène une nouvelle fois dans les rues commerçantes qui sont bien plus calmes et je prends mon petit déjeuner sur la terrasse d’un café dans la cour d’un ancien marché de la soie.

Ensuite, je vais chez un coiffeur barbier que j’ai repéré à proximité de mon hôtel car mes cheveux et ma barbe font désordre et puis les températures sont encore douces donc ça me permettra d’avoir moins chaud. J’arrive au bon moment car il n’y a pas d’autres clients et le coiffeur a l’air enthousiaste de recevoir un touriste, j’espère ne pas me faire tondre. On arrive à échanger approximativement avec l’aide de Google traduction et je lui montre une photo de moi peu de temps après mon dernier passage chez le coiffeur. Ces informations semblent lui suffire et il commence son œuvre armé de ses ciseaux et de sa tondeuse. Mehmet est son nom si je me souviens bien, ses gestes sont mesurés et il s’applique dans l’exercice de sa fonction, ce qui me rassure. Par contre, j’ai l’impression qu’il me fait la formule complète car, à mon grand étonnement, il me rase partiellement tous les poils du visage dont les sourcils et il me masse même la tête, le cou et les épaules après m’avoir plongé la tête sous l’eau du robinet plusieurs fois. Cela aura pris en tout une cinquantaine de minutes pour la coupe de cheveux et la barbe, je suis plutôt satisfait du résultat même si je me retrouve encore avec une mèche de Tintin mais ça partira avec le temps. Cela m’a coûté onze euros, apparemment un peu élevé d’après l’avis de ma future hôtesse Airbnb mais pour moi cela me semble honnête au vu du travail accompli : merci Mehmet !

Sur les coups de midi je quitte mon hôtel pour prendre un bus en direction de la ville de Eskişehir qui m’a été recommandée par Özlem.

Tintin en Turquie
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Istanbul

Fin du jour 18 (05/10/2022)

En arrivant à la frontière turque, nous passons un premier poste dédié aux bus où tous les passeports des passagers sont récupérés par la douane turque qui nous les rend au bout d’une dizaine de minutes mais sans tampon de passage. Puis nous avançons vers un deuxième poste où il nous faut descendre et présenter notre passeport individuellement. Enfin, nous récupérons nos sacs pour les déposer sur un tapis passant dans une machine de contrôle aux rayons X mais l’agent de sécurité discute paisiblement avec un collègue et porte une attention distraite aux contenus de nos bagages donc, au final, cela nous a pris une bonne quarantaine de minutes pour passer la frontière en bus sans encombre.

Le paysage n’a pas grand intérêt dans cette partie de la Turquie, ce sont de grandes plaines plates entourées de collines, sans herbe, la plupart des terres semblent en friche ou alors on aperçoit des champs avec des sillons mais sans pouvoir identifier la culture. Il y a également quelques troupeaux de vaches ou moutons qui cherchent péniblement de quoi brouter : on est loin des champs verdoyants d’herbes fraiches et grasses de la Bavière !

 Sur les hauteurs des collines se dressent de nombreuses éoliennes et il y a peu d’habitations, ce sont généralement de petites villes denses avec des immeubles uniformes en béton qui semblent être sortis de terre.

Nous arrivons à la station principale de bus d’Istanbul appelée Yenikapi et je trouve assez facilement le métro à la station du même nom qui va me mener à proximité de l’appartement de Özlem qui m’a gentiment proposé de m’héberger pour quelques jours à Istanbul. On se connait depuis presque quinze ans et nous sommes devenus amis lorsqu’elle était en Erasmus dans mon école d’ingénieurs à Grenoble. Avec un autre ami de mon école, Vincent, nous avions passé deux semaines de vacances en Turquie il y a quatorze ans et nous en avions profiter pour passer quelques jours avec Özlem et sa famille à Izmir. Je garde un très bon souvenir de ce voyage où nous avions visité également Istanbul et la Cappadoce.

A mon arrivée, Özlem me propose de commencer par un bon restaurant kebap dans son quartier qui est proche d’un milieu d’affaires avec de grandes tours où elle travaille. Cela me convient tout à fait car j’avais évité de manger des kebaps sur ma route pour attendre de redécouvrir ce plat dans son pays d’origine et je n’allais pas être déçu ! Özlem m’explique que ce que nous avons l’habitude d’appeler kebap en France c’est en fait un dönner où la viande est déjà servie dans du pain alors que le kebap est généralement servie dans une assiette avec du pain séparément et d’autres condiments comme des cornichons, du yaourt ou des tomates à part. Le restaurant est spacieux, à la fois moderne mais aussi avec des éléments de décorations traditionnelles dont notamment une grande cheminée dans laquelle sont cuites les viandes au-dessus des braises. La clientèle est dans la trentaine, travaillant probablement en tant que cadre dans le milieu d’affaires à proximité et ils se retrouvent en groupe après leur journée pour se détendre. Les bouteilles de raki sont fréquentes et en nombre sur les tables tandis que les cendriers se remplissent rapidement.

Nous rentrons ensuite à l’appartement de Özlem que je trouve grand en comparaison de nos cages à lapins parisiennes et je dormirai dans le salon de manière très confortable.

Jour 19 (06/10/2022)

Au réveil, Özlem prend gentiment le temps de cuisiner un bon petit déjeuner à la turque avec des œufs, des rondelles de saucisses sèches de boeuf grillées à la poêle, une salade de tomates et concombres, du fromage, du pain, du beurre et bien entendu du thé !

Petit déjeuner turc chez Özlem

Puis, Özlem part au travail tandis que je rejoins le centre historique de Istanbul appelé Eminönü où se situe Sainte Sophie, le grand bazar et la Mosquée bleue (ou Sultanahmet). Lorsque le métro qui me transporte sort des profondeurs pour rejoindre la lumière et traverser un pont enjambant la Corne d’Or je suis saisi par la vue qui s’offre soudainement à mon regard avec les nombreuses mosquées couronnées de leurs multiples coupoles et entourées de leurs minarets pointant vers le ciel. L’ancienne capitale de la Sublime Porte s’ouvre à moi et, à ce moment, je sens que je suis arrivé dans un nouveau continent et une nouvelle civilisation même si on verra plus tard que Istanbul a beaucoup de points communs avec les autres capitales européennes.

Je me promène au milieu d’une foule compacte dans le grand bazar avec ses boutiques serrées les unes à côté des autres et vendant tout type de marchandise puis j’arpente les rues autour des nombreux palais et mosquées du centre. Pour le début de ce voyage je préfère flâner dans les rues à l’extérieur et éventuellement entrer dans des monuments sans longue file d’attente d’autant plus que j’ai déjà visité plusieurs musées et palais à Istanbul lors de mon voyage précédent.

Je zigzague donc dans les ruelles en essayant de trouver de beaux points de vue sur les hauteurs de la ville mais, finalement, je trouve que le meilleur endroit est de l’autre côté de la Corne d’Or où se trouve la tour Galata. Je finis par repérer une terrasse d’un café sur le toit d’un immeuble pour faire une pause thé tout en ayant une belle vue sur Sainte Sophie, la Mosquée bleue et sur la Mer de Marmara.

Pause thé devant la Mosquée bleue

Ensuite, lorsque je redescends de la colline pour traverser la Corne d’Or à pied, je suis surpris de découvrir des quartiers miséreux dans cette partie de la ville avec des maisons délabrées ou parfois même en ruine.

Le soir nous dînons chez Özlem à son retour du travail puis nous prenons sa voiture pour rejoindre le Bosphore et se balader à pied le long du détroit près du quartier d’Ortaköy. Il y a de riches immeubles modernes avec balcons et grandes baies vitrées et aussi de nombreux yachts luxueux qui sont amarrés et où quelques propriétaires dînent avec leurs amis en face des promeneurs. Nous sommes à proximité du premier des trois immenses ponts qui permettent de relier la rive européenne du Bosphore à sa rive asiatique. Il est tout illuminé de rouge, on pourrait se croire à San Francisco. Le quartier d’Ortaköy est connu pour sa spécialité culinaire qui s’appelle le Kumpir et qui est une grosse pomme de terre cuite ouverte en deux et que l’on peut garnir avec de multiples garnitures et sauces suivant son envie.

Puis nous rentrons nous coucher car Özlem doit travailler le lendemain.

Vue sur le premier pont traversant le Bosphore dans le quartier de Ortaköy

Jour 20 (07/10/2022)

Sachant que je reste plusieurs jours à Istanbul, cela me permet de consacrer la matinée à la mise à jour du blog afin de ne pas accumuler trop de retard et il me restera toujours assez de temps pour visiter.

Après le déjeuner, je pars en escapade dans Istanbul en commençant par la place Taksim, proche du logement de notre précédent voyage avec Vincent. Je retrouve la rue commerçante où il y a toujours autant de monde et je m’efforce rapidement de fuir cet attroupement en suivant des rues parallèles qui me permettent de découvrir quelques passages couverts abritant des galeries commerçantes.

Passage couvert dans le quartier de la place Taksim

Puis je descends vers le Bosphore afin de prendre un ferry pour rejoindre la rive asiatique dans le quartier de Üsküdar. La vue sur Istanbul est belle mais sinon il n’y a pas grand-chose à voir dans ce quartier, il y a peu d’anciennes habitations et les seuls monuments que je trouve intéressants d’un point de vue architectural sont des mosquées ou des mausolées. Donc je reprends un ferry pour revenir vers le quartier de la vielle ville Eminönü et cette fois ci je franchis le pont pour me placer de l’autre côté de la rive de la Corne d’Or afin de pouvoir profiter pleinement de la vue au coucher de soleil en cheminant le long de la voie sur berge aménagée pour les piétons et j’en profite pour faire une petite pause car je marche longtemps en faisant peu d’arrêts.

Vue sur le quartier d’Eminönü depuis l’autre rive de la Corne d’Or

Ensuite, je rejoins Özlem pour aller à une soirée chez une de ses collègues et amies. Nous nous retrouvons près de la tour où elle travaille pour aller ensemble avec ses amies à la soirée. Nous faisons connaissance dans la voiture, on repasse du côté asiatique en traversant le deuxième des trois ponts du Bosphore. La vue de nuit avec les illuminations sur cet immense pont est très impressionnante, on prend réellement conscience de l’immensité de cette ville à cheval sur deux continents.

En entrant dans l’appartement, chacun enlève ses chaussures comme chez Özlem et je pourrai constater par la suite que cette règle d’hygiène et de respect est largement suivie dans les autres logements turcs dans lesquels j’ai séjourné. La soirée se passe bien, j’arrive à m’insérer petit à petit même si ce n’est pas très pratique que je ne puisse pas parler le turc mais nous arrivons à échanger grâce à la langue universelle de l’anglais. On commande des kebaps que l’on accompagne avec des bières ou cocktails maisons.

Soirée chez une amie de Özlem

Ensuite, nous raccompagnons en voiture une amie dans son quartier de Kadiköy (note : köy signifie village en turc) et Özlem me propose d’y boire un verre car c’est un quartier très animé de la ville d’Istanbul, situé au bord de la Mer de Marmara toujours du côté asiatique. En effet, les cafés restaurants, bars et clubs sont au coude à coude dans de nombreuses rues qui sont très fréquentées par l’innombrable jeunesse turque. Il y en a pour tous les goûts musicaux et de décoration comme dans les grandes capitales européennes.

Malgré l’inflation galopante depuis de nombreuses années en Turquie et qui impacte durement la vie de la population, on sent quand même une soif de vivre que représente très bien la jeunesse de ce pays. Et pour les étrangers dont je fais partie, cela signifie une situation inverse avec un coût de la vie faible grâce au taux de change largement avantageux.

Nous finissons par rentrer assez tard dans la soirée après avoir testé quelques endroits et la grasse matinée sera la bienvenue pour commencer le week-end.

Jour 21 (08/10/2022)

Pour cette journée, je profite d’être avec Özlem pour chercher un magasin qui pourrait réparer mon clavier d’ordinateur car les touches des lettres « y » et « t » ne fonctionnent plus depuis plusieurs mois tout comme la touche « supprimer » ce qui m’oblige à utiliser un clavier virtuel ou externe et ce n’est pas du tout pratique pour mon voyage. Je n’ai pas cherché à le faire réparer en France car j’en avais moins l’utilité dans ma vie de sédentaire et le prix aurait été probablement bien plus élevé. Après renseignements, Özlem a trouvé un magasin d’équipements électroniques qui peut le réparer ce week-end afin que je puisse continuer mon voyage dès le lundi. J’en profite également pour faire recoudre mon manteau que j’avais légèrement déchiré pendant une session d’alpinisme dans le massif des Ecrins (cf ma photo en présentation). Grâce à Özlem, nous arrivons à expliquer le besoin et discuter des solutions possibles, les commerçants sont aimables et flexibles pour essayer de répondre à nos attentes, c’est très appréciable. Puis nous garons la voiture à proximité de l’embarcadère du quartier de Karaköy situé sur la rive européenne du Bosphore dans le centre d’Istanbul et nous prenons un ferry pour retourner visiter le quartier de Kadiköy de jour cette fois-ci.

A l’arrivée, nous apercevons un attroupement autour d’un jeune guitariste qui chante en plein air des reprises de chansons turcs très connues. Le public, varié en âge à cette heure de la journée, apprécie et fredonne timidement les paroles mais c’est surtout l’intensité de leurs regards qui traduit l’émotion qu’ils ressentent au travers de ces mélodies douces et d’un air mélancolique. Moi-même je me laisse gagné par cette émotion ambiante tout en admirant au loin la vue sur la colline de la vielle ville du quartier d’Eminönü, toujours aussi envoûtante avec ses coupoles gracieuses. Özlem me fournit quelques traductions des paroles, il y est question d’amour dans un langage poétique et dont l’histoire se passe souvent dans cette ville magique d’Istanbul.

Nous continuons notre visite pour profiter encore de la lumière du jour et nous utilisons un ancien tramway afin de parcourir plus rapidement Kadiköy et atteindre le quartier de Moda qui est limitrophe afin d’assister à temps au coucher du soleil au bord de la Mer de Marmara dans un parc. Le rivage est très bien aménagé et on peut y circuler facilement à pied ou à vélo. Puis nous nous réfugions dans un restaurant lors d’un rapide épisode pluvieux pour déguster le fameux plat Kumpir que j’avais découvert dans le quartier de Ortaköy. Je sélectionne les garnitures de ma pomme de terre parmi un très large choix et le résultat visuel ainsi que gustatif est très satisfaisant.

Le Kumpir avec son large choix de garnitures que l’on peut choisir en cochant les cases sur la liste à droite

Ensuite, nous retournons vers l’embarcadère en longeant le rivage, la mer est calme et les éclairages de la ville avec des lumières douces et dispersées donnent un sentiment d’apaisement que nous prolongeons en prenant un verre de thé sur une terrasse. Nous prenons notre temps, plus loin, lorsque nous rejoignons le quartier animé de Kadiköy, nous prenons un verre de bière sur le toit d’un immeuble. Nous avions prévu d’assister à un concert en plein air organisé par la municipalité d’Istanbul sur la rive occidental du Bosphore mais nous nous laissons une nouvelle fois captivés par un nouveau jeune guitariste au même endroit proche de l’embarcadère. Le public est désormais plus jeune et en grand nombre formant un demi-cercle dense autour du musicien. Cette fois-ci, ils chantent à haute voix des reprises de chansons turques populaires et aux mélodies variées mais toujours dans le thème de la mélancolie amoureuse et passionnée. On distingue les étoiles qui scintillent dans le ciel et on pourrait se croire sur la plage autour d’un feu en chantant des chansons à la guitare. Je suis agréablement surpris par le large répertoire de chansons turques qui gagneraient à être connues au-delà de la Turquie si ce n’est pas déjà le cas.

Le retour en bateau sur une mer calme permet d’admirer la vue à proximité et sans obstacles visuels sur les majestueux palais et mosquées illuminés, on pourrait se croire dans un conte des Mille et Une Nuits.

Le concert que nous avions initialement prévu d’écouter est terminé mais peu importe, nous en avons trouvé un autre qui nous a plu. Nous déambulons dans les rues piétonnes du quartier de Karaköy dans l’idée de boire un dernier verre mais nous ne trouvons pas de bars intéressants à nos yeux, la plupart ressemblent à des attrapes touristes sans originalité et vociférant de la musique dans un concours assourdissant qui en devient inaudible.

Finalement nous choisissons un petit café dans une ruelle calme et face à une ancienne mosquée. C’est l’occasion pour moi de goûter au café turc qui est préparé de manière traditionnelle avec une toute petite casserole en fer ornée de gravures et qui est à moitié enfouie dans du sable chaud et déplacée délicatement en faisant des ellipses. Je ne suis pas un grand amateur de café mais je le trouve plutôt bon et léger. Le gérant du café met également à disposition un jeu de Backgammon et nous nous lançons dans plusieurs parties avec Özlem. Ce jeu se joue assez rapidement en lançant deux dés qui permettent de déterminer les déplacements possibles des pions afin de les ramener tous dans sa base pour ensuite les faire sortir du jeu un à un sans se les faire intercepter par l’adversaire. Une partie dure environ une dizaine de minutes et je me fais laminer par Özlem, échappant de justesse à une déculottée en ayant au moins tous mes pions dans ma base avant qu’elle ait évacué tous les siens. Après plusieurs parties je finis quand même par en remporter une mais il va me falloir encore de la pratique !

Puis nous rentrons à l’appartement après cette belle journée bien remplie.

Café turc et parties de Backgammon

Jour 22 (09/10/2022)

Après une nouvelle petite grasse matinée, Özlem me propose d’aller prendre un brunch dans un restaurant au bord du Bosphore en s’éloignant plus au Nord. Le lieu est assez chic, il propose des brunchs à la turque qui sont finalement assez proches des petits déjeuners turcs où l’on mange du salé et du sucré. C’est très bon et copieux, Özlem rencontre par hasard une autre de ses amies du travail et nous prenons ensemble un thé ou café dans un ambiance détendue en appréciant la vue dégagée.

Le brunch du dimanche

Puis nous faisons une balade digestive comme un dimanche après-midi en France en longeant le Bosphore via une large voie sur berge aménagée pour les piétons. Il fait doux, le soleil nous réchauffe et il y a peu de vent donc on peut se déplacer en t-shirt. Il y a de nombreux passants qui déambulent comme nous en profitant des rayons du soleil mais aussi un grand nombre de pécheurs faisant preuve d’une patience qui m’a toujours étonné. Néanmoins, je constate dans leur sceau qu’ils ne sont pas venus pour rien même si je n’assiste pas souvent à de belles prises.

Sur le chemin du retour, je propose à Özlem de faire des courses afin que je lui cuisine un plat français pour la remercier de son hospitalité. L’idée m’est venue en mangeant un Kumpir qui est constitué d’une grande pomme de terre cuite et de fromage fondu, j’ai commencé à parler à Özlem de plats français comme l’aligot et la truffade et je me suis dit que je pourrais essayer de faire une truffade. Cependant, il n’a pas été évident de trouver du fromage qui se rapproche de ceux du cantal. Pour cela, nous avons procédé à une large dégustation au rayon fromage d’un supermarché. Le responsable du rayon nous a proposé de goûter un grand nombre de fromages et il guettait avec une légère anxiété dans l’expression de mon visage si le goût correspondait mais, malheureusement, il est bien difficile de retrouver les saveurs de nos bons fromages français qui me manquent déjà. Özlem me permettait une nouvelle fois de partager mes commentaires et d’affiner les recherches, je trouvais les premiers fromages sans réel goût et un peu trop mou, c’était des équivalents du Gouda. Puis, d’autres avaient un goût plus prononcé mais une texture un peu étrange qui s’effrite dans la bouche. Finalement, nous avons fini par trouver un fromage hollandais qui avait à la fois du goût et une texture plus ferme que les précédents et nous prenons également un fromage turc qui se rapproche vaguement de l’Emmental. Ensuite, nous remplaçons les lardons par des tranches fines de viande séchée de bœuf ou de mouton. Pour le reste, on trouve facilement des pommes de terre, de la crème fraîche, de l’ail et même du vin rouge français mais avec un choix forcément plus réduit et des prix bien plus élevés qu’en France mais ce serait dommage de s’en passer pour l’occasion.

De retour à l’appartement, je me lance dans la préparation avec l’aide de Özlem, la recette n’est pas très compliquée même s’il y a sans doute des détails importants à respecter mais je préfère suivre les grandes lignes et faire le reste à ma façon. Le résultat n’est pas si mal même si ce n’est pas vraiment le goût de la truffade, cela ferait un bon plat d’hiver et nous l’accompagnons d’une salade verte assaisonnée.

On regarde ensuite un film avant d’aller nous coucher pour digérer ce repas copieux.

La truffade à la turque

Jour 23 (10/10/2022)

Nous nous réveillons assez tôt pour avoir le temps de prendre le petit déjeuner ensemble avant qu’Özlem parte au travail et, encore une fois, mon hôtesse me prépare un royal petit déjeuner turc qu’elle a à peine le temps de goûter car elle doit participer à une réunion dans peu de temps. Nous nous serrons dans les bras avec émotion après ces quatre jours passés ensemble qui ont filé très vite, trop vite. Mais j’ai aussi besoin d’avancer dans mon voyage, notamment pour éviter les grands froids dans l’Est de la Turquie. Et puis on se promet de se revoir plus tôt que dans douze ans cette fois !

Je refais mon sac et je retrouve la présence pesante de mon paquetage sur mes épaules, il va falloir s’y faire ou se séparer de certaines affaires. Mais pour le moment je dois même en récupérer, en effet le clavier de mon ordinateur a été remplacé et je suis heureux de constater que les touches des lettres « t » et « y » fonctionnent à nouveau, par contre je n’avais pas pensé à préciser que j’aurais souhaité garder un clavier français AZERTY alors que là j’en ai un QWERTY mais surtout avec des lettres spécifiques de l’alphabet turc ! 😊 Tant pis je le garde comme tel car il n’y a pas tant de différences et finalement j’ai assez bien mémorisé l’emplacement des lettres sur le clavier pour ne pas avoir besoin de le regarder en écrivant. Je récupère également mon manteau qui a été recousu et je suis très satisfait du résultat pour un prix très faible.

Mon nouveau clavier turc 🙂

Il est temps de quitter Istanbul et je me rends en métro à l’embarcadère d’une compagnie qui propose d’aller à la ville de Bursa en moto. Malheureusement, il n’y a pas de places disponibles avant la fin d’après-midi donc il me faut m’y rendre en bus. Après renseignements sur internet et auprès de passants dans la rue, je peux emprunter le métro appelé Marmaray qui passe dans un tunnel sous le Bosphore (grande prouesse technique) pour relier la rive asiatique et rejoindre ensuite une station de bus à son terminus qui me permettra de rejoindre Boursa.

Tout s’enchaine bien et j’arrive à trouver mon chemin grâce à la gentillesse des turcs que j’interroge au hasard mais cela me force à sortir de ma bulle de confort où j’étais pendant ces derniers jours grâce à l’hospitalité de Özlem.

En effet, lors de ce séjour à Istanbul, j’avais retrouvé le confort sédentaire d’avoir un logement confortable, un véhicule mais surtout une guide qui connaît très bien la ville et peut m’aider dans mes démarches, je vais devoir désormais retrouver ma vie de nomade et me débrouiller mais je sais que je peux, ou plutôt je dois, demander de l’aide sur mon chemin. Nous verrons comment se passe la suite dans le prochain article !

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