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Lahore

Jour 100 (26/12/2022)

Je prends un minibus tôt le matin de Chitral pour rejoindre Islamabad avec quasiment onze heures de route mais cela reste supportable avec de la place pour mes jambes, des voisins sympathiques et de beaux paysages de montagne. En arrivant le soir, je retourne dans la même auberge de jeunesse que lors de mon précédent séjour à Islamabad.

Jour 101 (27/12/2022)

Ce jour-là, je ne souhaites pas trop me déplacer ni même rencontrer du monde, j’ai envie de rester dans ma bulle après ces longs trajets et ces nombreuses rencontres. Et puis j’ai envie de prendre du temps pour rattraper mon retard sur la mise à jour du blog tant que j’ai les souvenirs clairs dans ma tête en m’aidant de mes quelques notes. Le blog est devenu le fil rouge de mon voyage, la discipline que je m’impose volontairement de manière quasi quotidienne pour partager mon expérience et garder une trace. Je profite également de cette journée au calme pour appeler des amis.

En fin de journée, je pars quand même faire une balade à pied dans la capitale qui mérite bien son nom de ville verte car je parviens à chaque fois à trouver un chemin dans un parc ou un terrain vague à l’écart des voies de circulation sur au moins cinq kilomètres donc c’est très agréable. Puis, j’en profite pour réserver un billet de bus pour rejoindre Lahore.

Le soir, je me regarde un film dans mon lit et je mange un bon plat de pâtes comme un étudiant, ça fait du bien cette petite parenthèse dans le séjour 😊

Jour 102 (28/12/2022)

J’ai l’habitude désormais du trajet pour rejoindre la gare routière d’Islamabad depuis mon auberge, je prends d’abord un taxi moto pour récupérer la ligne de métro bus qui est toujours très fréquentée. Ensuite, le trajet en bus pour rejoindre la ville de Lahore se passe sans encombre, je retrouve les paysages que j’avais vu à l’aller en venant de Multan vers Islamabad puis nous continuons cette fois-ci vers l’est mais le paysage ne change pas, des plaines verdoyantes avec des rizières et autres cultures. Une brume épaisse apparait en nous rapprochant de Lahore.

Je rejoins mon hôtel à Lahore en fin d’après-midi en taxi moto depuis la gare routière dans une circulation dense et bruyante qui me rappelle la ville de Karachi. Je ressens une forte pollution dans cette ville et j’ai du mal à respirer. Cela m’inquiète car j’ai prévu d’y rester quatre jours mais j’espère que les visites avec mon guide le lendemain et le jour d’après me permettront de découvrir des facettes plus intéressantes de la ville.

Par ailleurs, Azaan que j’avais rencontré dans l’auberge de jeunesse de Téhéran, va me rejoindre le lendemain soir à l’hôtel et nous passerons du temps ensemble les soirs après mes visites puis ensuite le week-end entier.

Jour 103 (29/12/2022)

Ce matin, le temps est brumeux, presque pluvieux. Je rejoins mon guide, dénommé Babar, à une des portes de l’ancienne ville et nous commençons par la visite d’anciens bains publics que je suppose réservés aux plus aisés. Ils datent de plus de quatre cent ans, à l’époque des moghols. Ce bâtiment est fortement influencé par l’art persan avec des pièces octogonales et des décorations murales raffinées. On peut voir également dans certaines pièces un astucieux complexe de galeries creusées sous les dalles et les bains pour chauffer l’eau et le sol ou bien faire circuler l’eau.

Nous sommes dans le centre historique de la ville Lahore et il y a des rues étroites avec d’anciennes maisons qui ont des balcons en bois comme dans la ville de Peshawar. La ville de Lahore a bénéficié de plusieurs campagnes de rénovations parfois avec le soutien de pays étrangers, notamment européens, qui ont permis de mettre en valeur ces nombreux édifices historiques.

Puis, nous visitons la Mosquée Wazir Khan du nom du gouverneur de la ville de Lahore qui l’a construite au dix-septième siècle sous le règne de l’empereur moghol Shah Jahan (celui qui a fait construire le Taj Mahal). Babar me raconte que ce personnage était médecin avant d’être gouverneur et qu’il s’était fait connaitre en relevant le défi lancé par l’empereur moghol de soigner sa femme sans la regarder ni la toucher alors qu’elle était blessée au pied. Le médecin avait demandé à l’épouse bien-aimée de marcher sur du sable afin qu’il puisse avoir l’empreinte du pied et l’emplacement exacte de la blessure pour pouvoir ensuite la guérir.

Porte d’entrée de la Mosquée Wazir Khan
Mosquée Wazir Khan

Je ressens moins la pollution dans la vielle ville, peut-être grâce à l’étroitesse des rues qui empêchent la circulation des voitures mais aussi sans doute grâce à la fine pluie qui tombe sporadiquement depuis le matin. Babar me montre sur le chemin l’emplacement de l’ancien « quartier rouge » de la ville qui n’existe plus aujourd’hui ou alors quelques établissements à l’abris des regards.

Puis, nous entrons dans l’immense place forte de Lahore avec une superficie d’une vingtaine d’hectares qui a été construite sous l’empire moghol et réutilisée ensuite par les sikhs lors de leur domination éphémère de la région du Pendjab puis par les britanniques. Nous commençons par la majestueuse porte d’entrée construite sous l’empereur Aurangzeb, le fils de Shah Jahan et dernier grand empereur de la dynastie des moghols.

Porte d’entrée du fort de Lahore (photo prise quelques jours après, sous le soleil)

Le fort rassemble de nombreux monuments, dont une cour de justice pour le peuple sous le règne de l’empereur Akbar qui était tolérant vis-à-vis des autres religions, il avait notamment une femme de religion Indou parmi ses nombreuses épouses. Ses successeurs sur le trône, Jahangir puis Shah Jahan, ont perpétué cette ouverture avant qu’elle soit remise en cause par Aurangzeb qui était plus conservateur.

L’influence perse a été très importante dans l’empire moghol depuis l’empereur Humayun, le père de Akbar, qui s’était réfugié en perse pendant plusieurs années après avoir été défait par un ancien général rebel de son père Babur, fondateur de l’empire Moghol. Le perse devint même la langue officiel de l’empire Moghol. De ce fait, il y a dans cette immense cour fortifiée plusieurs jardins de style persan divisés en quatre parties avec une fontaine au milieu selon la représentation du paradis.

Chaque empereur moghol a apporté ses modifications puis les sikhs et enfin, les britanniques, parfois aussi en détruisant ou pillant les œuvres de leurs prédécesseurs.

L’empereur Shah Jahan était fou amoureux de son épouse Mumtaz Mahal, malheureusement décédée en couche, et il fit construire à sa mort un des plus beaux monuments au monde, le Taj Mahal. Mais, avant qu’elle décède, mon guide Babar me raconta que Mumtaz Mahal avait lancé un défi à l’empereur de capturer des étoiles pour elle car elle jugeait que c’était trop facile pour lui d’offrir de beaux diamants et de beaux monuments. Il fallu donc à l’empereur être plus créatif pour relever ce défi et il fit construire un palais dans cette place forte avec des pièces dont le plafond est incrusté de pierres précieuses de Syrie qui scintillent à la lumière, le spectacle en est encore saisissant. Malheureusement, Mumtaz Mahal ne pourra pas voir ce palais dont la construction nécessitera une dizaine d’années.

Nous accédons ensuite à un point de vue sur le fort ainsi que sur la grande Mosquée Royale Badshahi que nous visiterons par la suite. Le ciel est couvert et il y a de la brume donc la visibilité est mauvaise mais je reviendrai le dimanche admirer cette vue qui offre un très beau panorama sur ces monuments historiques.

Photo panoramique prise depuis le haut du fort de Lahore

Ensuite, nous descendons par les escaliers avec de larges marches et à faible hauteur qui était utilisé par l’empereur moghol pour venir à dos d’éléphant tandis que ses courtisanes jetaient des roses sur son passage.

Puis, nous nous rendons dans la Mosquée Royale Bashandi qui est la plus grande mosquée construite sous l’empire Moghol par l’empereur Aurangzeb et qui fut également pendant plusieurs siècles une des plus grandes mosquées au monde. Elle peut accueillir jusqu’à cent mille fidèles dans sa cour intérieure avec quatre grands minarets dans chaque coin.

Il y a beaucoup de touristes pakistanais qui visitent cette mosquée ainsi que le fort de la ville, c’est l’endroit le plus touristique du Pakistan que j’ai vu et cela se comprend avec sa taille monumentale et sa beauté.

La cour intérieure de la Mosquée Royale Bashandi (photo prise quelques jours plus tard avec le soleil)
La porte d’accès de la Mosquée Royale Bashandi vue depuis la cour intérieure

C’est la fin de la visite avec Babar pour aujourd’hui, nous nous retrouverons le lendemain pour visiter des sites à l’extérieur de la ville. Je déjeune dans une bonne gargote conseillée par Babar puis je rentre à mon hôtel à pied pour continuer de découvrir la ville par moi-même. Je circule assez facilement et puis je commence à être habitué à l’activité des villes pakistanaises avec leurs multiples bazars vendant tous types de produits, la densité de la population, le bruit des klaxons et les conversations des habitants.

Je fais une petite sieste à l’hôtel puis je travaille sur le blog et ensuite Azaan me rejoint. Il a pris une chambre dans le même hôtel que moi, juste en face de la mienne, et le lendemain nous partagerons la même chambre pour partager les frais. Azaan m’emmène découvrir des petits restaurants de la ville en tâchant de trouver de la nourriture pas chère et de bonne qualité. Ce soir, c’est burger avec des œufs et une sorte de purée de poids concassés, le pain est grillé sur une grande poêle, c’est très bon.

Jour 104 (30/12/2022)

Je retrouve Babar en fin de matinée pour visiter plusieurs sites à l’extérieur de la ville de Lahore avec un tuktuk. Nous commençons par l’Akbari Sarai qui est une succession d’immenses jardins persans avec notamment un très beau monument funéraire à la gloire de l’empereur Jahangir et qui aurait servi d’exemple pour l’édification ensuite du Taj Mahal.

Mausolée de l’empereur Jahangir

L’intérieur du monument est richement décoré avec de belles peintures et une tombe en marbre blanc mais il devait être encore plus éblouissant à l’époque de l’empire moghol car ensuite des pierres précieuses ont été pillées par les sikhs, les britanniques et d’autres opportunistes.

Mon guide a souvent des anecdotes à me raconter, cette fois-ci c’est l’histoire d’un empereur moghol qui souhaitait épouser la femme de l’un de ses vassaux. Afin d’atteindre son but de manière détournée, il lui lança le défi de se battre contre un lion en louant son courage et celui-ci accepta pour son propre malheur.

La prochaine visite sont les jardins Shalimar qui datent de l’époque de l’empereur Shah Jahan. Ils contiennent pas moins de quatre cent cinquante fontaines réparties dans de nombreux et vastes jardins qui sont sur trois niveaux. Il fait beau ce jour-là et il y a une foule nombreuse qui vient s’y promener, parfois des couples fraichement mariés pour faire des séances photos dans leurs costumes de cérémonie. Babar m’explique que c’est un lieu également pour les cérémonies officielles. Malheureusement, les fontaines ne sont pas alimentées donc c’est un peu moins féérique mais le lieu est tout de même impressionnant de par sa taille.

C’est l’heure de la prière et les chants des muézins amplifiés par les enceintes sur les hauteurs des minarets s’élèvent, ce n’est pas toujours mélodieux et surtout ils sont diffusés tous en même temps sans réelle harmonie donc c’est un peu la cacophonie.

Jardins de Shalimar

Nous faisons une pause dans le jardin pour déguster quelques fruits puis nous nous rendons à la frontière entre le Pakistan et l’Inde, dénommée “Wagah border”, où chaque jour a lieu une cérémonie de fermeture de la frontière avec la mise en berne des drapeaux dans une cérémonie théâtrale accomplie par une troupe de gardes en uniformes d’apparat avec des coiffes en forme d’éventail sur la tête. Il y a des gradins qui sont prévus de chaque côté de la frontière pour accueillir un public nombreux en proportion de la taille de la population de chaque pays. Donc l’infrastructure indienne est au moins cinq fois plus grande que son voisin du Pakistan, c’est très impressionnant et c’est mon premier contact avec l’Inde avant de rejoindre ce pays dans quelques jours.

Pour entrer sur le site à l’extrême limite de la frontière, il y a un important dispositif de sécurité avec plusieurs contrôles et, quand nous arrivons sur place, il y a déjà du monde qui attend. Depuis mon séjour au Pakistan, j’ai pu constater que le concept des files d’attente ne semble pas très connu ou alors il n’est tout simplement pas respecté et assez souvent des gens vous passent devant tout naturellement. Même au guichet si vous êtes en train de réserver un billet de bus, il faut bien prendre tout l’espace avec les épaules et fixer du regard la personne qui tente de s’imposer, généralement cela suffit. Mais là, il y a beaucoup de monde avec une longue file humaine sans barrière ni garde donc des groupes entiers nous passent devant pour rejoindre des amis et cela se répétera aux prochains postes de contrôles.

File d’attente pour assister à la cérémonie de la Wagah Border côté Pakistanais

Mais bon, nous finissons par y arriver, la marche d’approche est impressionnante car il y a un bon kilomètre à parcourir à pied et on voit au loin les drapeaux immenses de l’Inde et du Pakistan qui flottent au vent et qui grandissent à mesure que nous nous rapprochons. Une partie du public se grime des couleurs du Pakistan et prend un drapeau à agiter ou à mettre sur la tête en bandana. J’ai l’impression de me rendre à un match.

La marche d’approche pour accéder à pied à la cérémonie, je la réemprunterai le lundi pour passer la frontière

Une fois dans les gradins, du côté pakistanais il y a des “chauffeurs de salle” qui représentent chacun une province du Pakistan et qui haranguent le public à force de grands gestes et renforcés par un speaker au micro pour que le public encourage son pays et montre sa ferveur patriotique face au camp d’en face dont on entend également les chants et la musique, voir même les cris. C’est un concours de décibels.

Dans les gradins pakistanais avec mon guide Babar
Les “chauffeurs de salle” côté pakistanais, face aux immenses gradins indiens

Puis, les rangers pakistanais se présentent sur un balcon central avec leurs costumes de cérémonies. L’un d’entre eux chante au micro et on entend de l’autre côté de la frontière un militaire indien en uniforme qui lui répond. Puis les rangers descendent les escaliers pour rejoindre la route et se rapprocher de la frontière d’un pas décidé en roulant des mécaniques avec les chauffeurs de salle qui entrainent le public à chanter à la gloire de leur pays en reprenant des slogans patriotiques, la foule est très enthousiaste.

L’arrivée des rangers pakistanais

Ensuite, il y a une sorte de parade assez codifiée avec les gardes pakistanais en uniforme qui se rapprochent à tour de rôle ou parfois en groupe de la barrière et on voit les gardes indiens qui en font de même. Chacun fait de grands gestes pour impressionner l’autre en levant la jambe pour que le pied dépasse la tête et en prenant des poses pour montrer leur force en jetant un regard enflammé à l’adversaire. Soudain, les barrières s’ouvrent et un garde de chaque pays s’approchent à la limite puis ils se serrent la main et ensuite ils reprennent leur parade de gestes d’intimidation.

L’ouverture des barrières avec un garde pakistanais qui sert la main de son homologue indien tout en suivant la chorégraphie

Enfin, c’est le moment de faire descendre le drapeau situé à côté de la barrière de manière synchronisée, de le replier et de le ramener avec respect dans son camp sous les acclamations du public. Les barrières se referment, c’est la fin de la cérémonie.

C’est un spectacle unique et je pense que c’est la seule frontière au monde où une telle cérémonie a lieu chaque jour. Je trouve que c’est original et plutôt bien organisé et c’est toujours mieux qu’une bataille rangée, cela peut servir à canaliser également l’animosité de chaque côté en l’exprimant de manière codifiée et sans dégâts matériels et humains. Mais ce type de cérémonie peut aussi attiser ou perpétuer cette haine entre ces peuples voisins donc, de ce point de vue, je suis un peu partagé.

D’ici trois jours, je prévois de passer la frontière et je pourrais assister à la cérémonie côté indien pour voir la différence, à découvrir dans le prochain article !

Le soir, je retrouve Azaan et un de ses amis dénommé Ali qui est chauffeur privé notamment sur l’application Uber. Nous dînons dans un très bon restaurant avec des plats végétariens indiens et de très bonnes viandes, le fameux chapli kebap de Peshawar, des brochettes kebap de mouton et des brochettes de poulets.

Jour 105 (31/12/2022)

Ce week-end, je n’ai plus de visites guidées donc je prévois de le passer avec Azaan avant de passer la frontière le lundi. Je découvre davantage Azaan en passant plus de temps avec lui et j’ai parfois du mal à le cerner. Il est à la fois très sociable, généreux, mais il me donne aussi l’impression d’avoir besoin d’être entouré pour que l’on s’occupe de lui et que lui s’occupe des autres en retour mais parfois en prenant un peu trop de décisions par lui-même sans consultation à mon goût. Comme c’est sur une période courte et que j’ai pu faire la plupart des choses que j’avais en tête avant, je laisse généralement faire et je fais quelques commentaires de temps en temps de manière diplomatique.

Ce jour-là, nous partons en voiture vers midi avec Ali, je pensais que nous allions visiter des villes aux alentours mais nous passons par les villes de Sialkot puis Gujrat sans nous arrêter et les kilomètres s’enchainent. Nous faisons juste des petits arrêts pour acheter une boisson ou des fruits sur la route. Au fil du temps, je me rends compte que nous avons déjà parcouru deux cents kilomètres en voiture et qu’il nous en reste autant pour rentrer donc on aura passé quasiment toute l’après-midi et la soirée dans la voiture, ce qui n’est pas trop de mon goût mais bon je préfère préserver la paix sociale. Sur le retour, nous nous arrêtons pour dîner dans un bon restaurant choisi par Azaan qui est clairement une de ses grandes qualités pour moi et nous rentrons en ville quelques minutes avant le début de la nouvelle année.

Je propose à Azaan de nous rendre sur le toit d’une auberge de jeunesse que j’avais repérée à proximité de mon hôtel mais qui est miteuse, j’espère juste que nous aurons la vue sur un feu d’artifice pour terminer cette année. Nous apercevons quelques feux d’artifices mais surtout j’entends et je vois même de l’autre côté de la rue des armes à feux qui tirent en l’air!

Sur le toit de l’auberge pour le nouvel an avec Azaan tout à gauche

Voilà, il est temps de rentrer se coucher et ce n’est pas ce soir que je vais faire la fête, nous verrons en Inde…

Jour 106 (01/01/2023)

En ce dimanche, les rues sont plus calmes, il y a moins de circulation et plusieurs magasins sont fermés. Nous prenons un bon petit déjeuner à proximité de l’hôtel grâce à l’expertise de Azaan pour choisir des plats de bonne qualité sans être trop chers.

Azaan inspectant la préparation des galettes de pain (pratha) pour le petit-déjeuner

Malheureusement, le ciel est couvert alors que j’espérais pouvoir redécouvrir le centre historique de Lahore avec de la lumière mais je décide d’y aller quand même à pied pour me dégourdir les jambes tandis que Azaan reste à l’hôtel. C’est ma dernière journée au Pakistan donc je suis un peu plus attentif à ce qui se passe autour de moi dans la rue pour en garder le plus de souvenirs.

Finalement, le soleil commence à s’éclaircir lorsque je me rapproche du fort donc je reprends un ticket afin de revoir les points de vue et les monuments sous une meilleure lumière (ce sont les photos que j’ai partagé pour la première journée). Le soleil permet de mieux apprécier les couleurs et les reliefs des bâtiments. Je retourne également dans la Mosquée Royale Badshadi qui est magnifique avec sa couleur rouge ocre et les formes de ses coupoles surplombant la place immense pour les fidèles entourée d’une muraille. Je ne suis pas le seul en ce dimanche ensoleillé mais cela n’est pas trop gênant pour profiter des lieux.

L’entrée du fort de Lahore
Vue sur la Mosquée Badshadi depuis l’entrée du fort de Lahore

Puis, Azaan me rejoint et nous montons sur le toit d’un immeuble dans un restaurant qui a une terrasse avec une vue magnifique sur la Mosquée Badshadi. Nous prenons un très bon cocktail de fruits, sans alcool bien entendu, et un burger. L’endroit est parfait pour clôturer de la plus belle manière ce voyage au Pakistan, je suis très content.

Cocktail et burger sur une terrasse très classe avec vue sur la Mosquée Royale Badshadi en compagnie de Azaan

Ensuite, Azaan me fait la surprise assez déroutante d’aller ensemble chez le coiffeur avec une séance de massage du visage et des épaules comme mon coiffeur turc. Puis, il me ramène en voiture avec son ami Ali et c’est le moment de faire nos adieux car Azaan et Ali prévoient de partir en voiture dans les montagnes du nord du Pakistan le soir-même : ils sont motivés !

Pour moi, ce sera une soirée tranquille à l’hôtel avant de partir le lendemain pour un nouveau pays ; l’Inde !

Cap à l’est !

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Chitral

Jour 99 (25/12/2022)

Ce matin, je fais une nouvelle toilette à la bassine d’eau chaude puis je range mes affaires avant de prendre le petit-déjeuner car je pars pour la ville de Chitral. Ishfaq m’y emmène avec un chauffeur et son 4 x 4. Laura nous accompagne également pour la première partie du trajet afin de récupérer un taxi collectif sur la route principale pour ensuite aller visiter la vallée du Swat.

C’est l’occasion cette fois-ci de découvrir de jour la route que j’avais empruntée à l’aller quelques jours auparavant dans la nuit obscure. Les paysages montagneux sont très beaux et la route étroite de terre au bord de précipices d’au minimum une dizaine de mètres est impressionnante. Il faut faire confiance au chauffeur et à la solidité de la route mais je n’ai toujours pas peur et je prends de nombreuses photos et vidéos de ce périple que vous avez pu voir dans la vidéo à la fin de l’article sur les Kalash.

Au bout d’environ une heure de trajet, nous découvrons la vue sur la vallée avec la route principale et nous pouvons apercevoir au loin l’immense sommet du Tirich Mir qui culmine à sept milles sept cent mètres au milieu d’un beau massif montagneux enneigé. Là, c’est de la très haute montagne en comparaison avec notre modeste Mont Blanc d’Europe.

La vallée de Chitral avec tout au loin le sommet enneigé du Tirich Mir, culminant à 7700 mètres

Nous nous quittons avec Laura en nous souhaitant, comme c’est d’usage entre voyageurs, une bonne continuation de voyage et en échangeant nos coordonnées.

Chitral est une modeste ville de cinquante milles habitants avec principalement des habitations individuelles et peu d’immeubles. Le bazar du centre-ville est petit également et nous faisons un arrêt à proximité pour prendre un deuxième petit-déjeuner avec une sorte de bouillon de viande de chèvre où l’on trempe des galettes de pain et une tasse de thé. Ce n’est pas mon plat préféré mais cela réchauffe.

C’est dimanche et de nombreux passants viennent à ce café pour s’assoir et boire un thé en silence, comme pour commencer en douceur cette journée de repos. Le peuple des pachtounes, qui sont majoritaires dans cette région, a généralement une couleur de peau et des yeux plus claires et un visage plus fin que dans le sud du Pakistan. Ils sont aussi nombreux à être coiffés du chapeau traditionnel pachtoune en forme de galette surélevée par un petit coussin circulaire en forme de boudin.

Le petit déjeuner dans un café de Chitral

Puis, nous allons visiter le musée de Chitral mais il est bien moins fourni que le musée de la vallée Bumburet en ce qui concerne le peuple des Kalash et de même pour le reste de la collection.

La région offre également au printemps et en été de beaux gazons verts et plats permettant la pratique du polo et de grands tournois y sont organisés en plein air dans des décors montagneux ravissants.

Ensuite, Ifshaq m’emmène visiter l’extérieur du fort du roi de Chitral dont la fonction a été conservée même s’il ne s’agit désormais que d’un titre honorifique puis nous nous rendons dans la mosquée qui est située juste à côté du fort, au milieu de cette belle vallée montagneuse. Ces bâtiments sont peints en blanc immaculé, on croirait qu’ils sont neufs.

Pour rappel, j’avais fait la rencontre de Mutlab dans le bus de nuit partant de Peshawar en direction de Chitral mais je m’étais arrêté plus tôt afin de rejoindre la vallée Bumburet et nous avions échangé nos numéros pour rester en contact.

Lorsque je préviens Mutlab que je suis arrivé à Chitral, il me propose de venir me chercher pendant la pause déjeuner de ma visite avec Ifshaq afin de m’emmener avec un ami à lui dénommé Alamgir et son fils aîné à une fête de mariage. Nous y allons donc sans que je sache trop en quoi cela va consister et, finalement, il s’agit d’un grand repas offert aux amis de la famille en l’honneur des mariés. Il y a une grande table dressée à l’extérieur avec de nombreux invités et nous allons à l’intérieur d’un bâtiment dont les pièces sont recouvertes de tapis et où les invités déjeunent en étant assis en tailleur. Nous rejoignons un groupe et on nous sert assez rapidement de grands plats de riz avec de la viande et des légumes que nous mangeons en nous servant de la main droite comme c’est d’usage dans cette région. Je regarde d’abord comment font mes voisins en compressant légèrement une portion de riz avec leurs doigts pour en faire un morceau plus compacte puis ils approchent leur main de leur bouche et ils y introduise la boulette de riz en poussant délicatement avec leur pouce. Je m’y essaie en faisant des petites boules de riz et en gardant ma main gauche sous la main droite en cas de perte lors du mouvement délicat du pouce. Le plat est bon et nous avons des portions copieuses, nous discutons un peu avec Mutlab, son fils ainé et son ami Alamgir qui se débrouille plutôt bien en anglais. Je leur demande où sont les mariés et apparemment ils sont dans un autre endroit pour célébrer leur mariage, ils m’expliquent également que les femmes se réunissent dans un lieu séparé de celui des hommes.

Puis, lorsque nous avons terminé notre repas, nous repartons en étant remplacés par d’autres personnes, les plats circulent en continue pour servir les nombreux invités. Cela me fait penser à une fête de mariage indien (de religion catholique) à laquelle j’avais assisté avec mon ami Vincent dans le sud de l’Inde il y a plusieurs années. Il y avait une immense salle avec de grandes tablées et des bancs presque comme dans un réfectoire, les nombreux invités y prenaient un repas après une rapide célébration avec les mariés dans une autre salle puis repartaient.

La table dressée à l’extérieur pour les convives des mariés avec une vue magnifique sur les montagnes

Ensuite, Mutlab m’emmène dans son magasin de vêtements situé dans le bazar de Chitral. Il vend des vêtements traditionnels à la fois pour les hommes et pour les femmes, la plupart sont fabriqués au Pakistan mais certains sont de Chine. Nous y prenons un thé vert assis en tailleur sur le tapis avec un coussin puis Mutlab et Alamgir me ramènent dans le bureau de Ifshaq à Chitral pour que je continue ma visite et Mutlab m’invite à dîner le soir dans sa maison avec sa famille.

Le magasin de vêtements de Mutlab qui est à ma droite

Pour la fin d’après-midi, nous allons avec Ifshaq et le chauffeur de 4 x 4 plus loin dans la vallée afin de nous rendre à un endroit au bord de la rivière qui est souvent utilisé par les boucs sauvages de cette région, appelés Markhor, pour s’y désaltérer en fin de journée. Le décor naturel est très beau et nous scrutons du regard les pentes montagneuses de l’autre côté de la rivière en espérant apercevoir ces fameux animaux. Ça y est, Ifshaq avec son regard affuté en repère un, puis deux, et me les montre du doigt.

Il n’y a plus qu’à espérer qu’ils se rapprochent en descendant vers la rivière. Ils descendent petit à petit la pente raide et rocailleuse en traçant une diagonale et nous découvrons qu’ils sont accompagnés de deux petits. C’est donc un couple de boucs sauvages avec leurs deux petits, belle image !

Nous les suivons du regard en avançant dans leur direction le long de la berge et ils se dirigent petit à petit vers un ruisseau parallèle à la rivière mais un peu plus en hauteur donc plus en sécurité pour eux. Plusieurs personnes sont venus les admirer comme nous et des rangers veillent avec leurs jumelles à ce que nous ne nous approchions pas trop près et surtout à ce que personne n’en profite pour en faire un trophée de chasse comme c’est déjà arrivé.

Ensuite, nous rentrons à Chitral et j’installe mes affaires dans ma chambre d’hôtel puis je remercie Ifshaq pour ses bons services avec notamment la visite du peuple kalash grâce à son réseau qui fut fort intéressante et sympathique.

Mutlab vient me chercher en voiture à l’hôtel avec son fils aîné et Alamgir et nous allons chez lui. Nous accédons directement à son salon par une porte dérobée donnant accès sur la rue sans avoir besoin de traverser d’autres pièces de sa maison. Le salon est recouvert de tapis avec des coussins et je suis accueilli par ses cinq fils ainsi que l’un de ses trois frères et Alamgir nous accompagne.

Mutlab m’invite à s’assoir à son côté et l’un de ses jeunes fils m’apporte une bassine et me verse de l’eau tiède sur les mains à l’aide d’une cruche pour me laver les mains avant le dîner. Puis les plats arrivent et les fils de Mutlab les disposent au centre de la pièce, il y en a une multitude. On les déguste directement avec la main droite ou un utilisant des morceaux des galettes de pain. Les plats sont délicieux, les légumes sont très bien cuisinés et ont du goût, la viande est tendre, le riz bien cuit, il y a même des pâtes, bref c’est un régal. On ne peut malheureusement pas toujours communiquer facilement en anglais mais j’utilise mon album photo pour présenter ma famille et mon blog pour présenter mon voyage. Les photos sont l’occasion de leur faire découvrir d’autres pays mais aussi certaines régions du Pakistan qu’ils connaissent moins bien. On me passe également au téléphone, Moussa, le frère de Mutlab qui habite à Bordeaux, afin de pouvoir s’assurer que j’ai bien mangé et que tout s’est bien passé, ce que je confirme aussitôt.

Après le dîner, Mutlab me propose de me raccompagner à l’hôtel et je le remercie chaleureusement pour son hospitalité et cette belle soirée. Je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer la maîtresse de maison mais je lui transmets également mes remerciements et mes félicitations pour la cuisine !

Très bon dîner chez Mutlab avec ses fils, un de ses frères, à sa droite, et Alamgir, à ma gauche

De retour à mon hôtel, il n’y a pas de chauffage dans ma chambre et elle est mal isolée donc il fait très froid. Je profite quand même de la connexion internet pour appeler ma famille et un ami après les fêtes de Noël puis je prends une bonne douche chaude qui fonctionne heureusement avant de m’emmitoufler dans mon duvet en-dessous d’une couverture puis je continue la lecture de Sylvain Tesson en lutte dans des environnements bien plus hostiles.

Demain, je prendrai un bus qui me ramènera à la capitale Islamabad avant de reprendre mon cap à l’est !

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Vallée Kalash – Bumburet

Suite et fin du jour 96 (22/12/2022)

En cette fin de deuxième journée de visite de la ville de Peshawar, j’attends mon bus de nuit dans une gare routière pour un départ prévu à vingt-et-une heure. Je mange très léger car je ne sais pas trop comment va se passer le trajet de nuit et si nous aurons des arrêts, il y en a pour environ neuf heures de route. La destination finale est la ville de Chitral mais je m’arrêterai environ une heure avant au village de Ayun afin de prendre un taxi pour rejoindre la vallée de Bumburet (plus précisément le village de Batrik) dans laquelle se trouve le peuple Kalash qui m’a été vivement conseillé de visiter par plusieurs voyageurs. Par ailleurs, j’avais également envie de découvrir les hautes montagnes du Pakistan qui sont très réputées pour leur beauté et ce n’était pas la journée passée sur la modeste colline de Murree qui allait suffire à combler ce besoin. De plus, cela me permettra d’être dans un décor plus approprié pour les fêtes de Noël avec, je l’espère, de la neige.

La route de nuit en bus est longue avec plusieurs contrôles de sécurité et, dès le premier checkpoint, on me demande de me présenter avec mon passeport et mon visa au poste militaire où l’on m’invite à m’assoir à l’intérieur. J’explique mon voyage au militaire de garde et il me demande avec un léger sourire quel a été mon pays préféré, je lui réponds avec un grand sourire « Le Pakistan bien sûr ! ». Puis il m’explique qu’il va y avoir une escorte pour accompagner le bus afin d’assurer ma sécurité. Il s’agit d’un pick-up qui va nous suivre en étant régulièrement remplacé sur une cinquantaine de kilomètres. C’est un peu gênant d’avoir tous ces effectifs déployés pour ma sécurité mais visiblement c’est la règle donc je fais un signe de remerciement aux militaires de la première escorte avant de rentrer au chaud dans mon bus. Pour les prochains checkpoints, la plupart du temps je n’aurais pas besoin de me présenter au poste et une simple photocopie de mon passeport et de mon visa suffiront.

Je sympathise assez rapidement avec mon voisin de bus dont un de ses frères travaille en France dans un restaurant de la ville de Bordeaux. Il s’appelle Mutlab et il m’offre à boire et à manger lors d’un arrêt vers deux heures du matin dans un petit restaurant d’étape encore ouvert. Le conducteur du bus m’offre également une galette de pommes de terre et il tient à me rassurer ainsi que Mutlab sur le fait que la région est sans danger pour moi.

De retour dans le bus, la route devient étroite, sans revêtement et, bien entendu, sans éclairages, si ce n’est les maigres faisceaux de lumière des phares du bus. Nous frôlons des ravins dont l’obscurité me laisse tout le loisir d’imaginer la taille du précipice (je découvrirai sur la route du retour en plein jour que ce n’est pas si vertigineux mais il vaut mieux quand même ne pas tomber) donc c’est difficile de dormir en tranquillité.

Vue sur la route de nuit, aux premières loges dans le bus

Ensuite, à cinq heures trente du matin, je descends seul du bus à l’arrêt prévu au village de Ayun afin de prendre un taxi qui m’emmène au village de Batrik dans l’auberge que j’ai réservée, dénommée « Happy Guesthouse ». La route est pire encore, il y a à peine la place pour la voiture et j’imagine le vide au bord mais je n’ai pas peur, je me dis que c’est une route fréquemment utilisée donc il devrait y avoir peu de risques.

Jusqu’ici tout va bien

Après une pause d’une vingtaine de minutes pour le chauffeur sans que je n’arrive à en comprendre la raison (prière du matin peut-être ?), nous arrivons enfin à mon auberge à sept heures du matin. Le jour commence à peine à se lever et je découvre progressivement le paysage de montagnes. Je suis épuisé et je m’écroule dans mon lit, soulagé d’être enfin arrivé.

Jour 97 (23/12/2022)

Je me force à me lever pas trop tard dans la matinée afin de profiter des heures d’ensoleillement qui sont peu nombreuses en cette période de l’année et en particulier dans cette vallée montagneuse. Je prends donc un petit déjeuner à mon auberge puis je pars à pied à la découverte des alentours, excité à l’idée d’être de retour dans les montagnes. Lors de mon arrivée en taxi, j’ai aperçu un haut massif montagneux enneigé et je me dirige dans sa direction en suivant l’unique route de la vallée.

Nous sommes à une altitude d’environ mille cinq cent mètres et il n’y a malheureusement pas de neige à ce niveau bien qu’il fasse froid. La plupart des habitations sont en bois et plusieurs d’entre elles sont situées légèrement en hauteur de la route, à flanc de montagne, afin de bénéficier d’un maximum d’ensoleillement. Justement, le soleil illumine progressivement la vallée et je vois petit à petit les habitants qui sortent de chez eux, les enfants pour jouer au cricket ou même certains font des glissades sur une pente verglacée avec leurs simples chaussures, les adultes pour vaquer à leurs activités ou discuter. Ils me regardent avec curiosité quand je passe devant eux en me disant bonjour lorsque nos regards se croisent mais ils ne cherchent pas vraiment à engager la conversation et je ne les y incite pas non plus en marchant d’un pas rapide car j’ai envie de me balader dans la montagne tranquillement après ce long trajet en bus.

Il y a de beaux points de vue sur les villages, les montagnes et le torrent qui longe la route mais je n’arrive pas à avoir une vue suffisamment dégagée sur le massif enneigé donc je continue ma marche et, au bout d’environ cinq kilomètres, je suis interpellé par un passant qui s’étonne de me voir sans guide ni sans garde de sécurité. Il me rappelle que nous sommes proches de la frontière avec l’Afghanistan et qu’il est préférable que je me déplace en étant accompagné donc il prévient le gérant de mon auberge dénommé Ishfaq et je fais demi-tour pour le rejoindre.

Je suis un peu déçu car j’espérais, peut-être un peu naïvement, pouvoir faire quelques randonnées par moi-même dans la montagne comme j’en ai l’habitude mais je préfère ne pas contourner les règles de sécurité étant donné que j’ai peu d’informations à ma disposition.

De retour à l’auberge, Ishfaq m’offre des morceaux de poires et de pommes avec d’autres personnes qui semblent être à la fois ses amis et qui travaillent aussi un peu pour lui dans son activité d’hébergement et de guide. Il m’emmène ensuite rendre visite à des personnes du peuple des Kalash qui habitent à proximité.

L’origine de ce peuple fait l’objet de débats entre ceux qui affirment qu’ils sont issus d’une partie de l’armée d’Alexandre le Grand lors de sa retraite ou d’autres, qui expliquent qu’ils sont d’origines indo-européenne et aryenne comme les autres peuples de la région. Effectivement, ils ont la peau et les yeux plus clairs et des traits plus fins que les autres ethnies pakistanaises, se rapprochant davantage des profils européens ou également des pachtounes. Je partagerai plus d’informations sur ce peuple si particulier au fil de ma visite bien que je ne sois pas resté suffisamment longtemps pour en faire une description complète.

Ils ne sont désormais que quelques milliers répartis entre trois vallées et ils semblent vivre en harmonie avec leurs voisins musulmans dont certains sont originaires du peuple kalash. Ils ont une culture et un mode de vie très spécifiques et traditionnels avec des robes et des coiffes colorées pour les femmes, ils vivent pour la plupart dans des maisons en bois assez rudimentaires avec une seule pièce pour cuisiner et manger au centre et les lits dont le sommier est en cuir de vache. Tous les membres de la famille sont répartis autour du poêle, ils cuisinent et chauffent au feu de bois et utilisent des ustensiles souvent anciens. Ils n’utilisent pas de clous pour fixer les planches et les poutres de leur habitation, elles sont encastrées les unes dans les autres. Par ailleurs, n’y a pas de fenêtre dans la pièce principale mais seulement une porte à deux battants horizontaux qui peuvent s’ouvrir et se fermer séparément.

Je suis accueilli dans une maison par une dame âgée au sourire édenté et en robe colorée qui me fait don d’une fine écharpe colorée comme c’est la tradition pour recevoir les visiteurs. Les femmes kalash ont parfois au haut de leur coiffe une plume comme les indiens d’Amérique et je me sens dans mon élément avec mon prénom qui a la même consonance que leur mot de salutation popularisé par les bandes dessinées de Lucky Luke. Chez les kalash, on dit “ishpata” pour se saluer et souhaiter la bienvenue.

Ensuite, nous allons déjeuner à l’auberge puis nous partons en fin d’après-midi visiter un berger qui garde ses chèvres pendant l’hiver dans un abris en bois situé sur les hauteurs du village.

Il y a également des personnes qui viennent couper du bois à la hâche et le ramener dans leurs maisons à pied en portant les fagots sur leurs dos. J’ai l’impression de faire un voyage dans le passé, au moins un siècle avant.

Tout le monde se connaît dans ces villages de montagne et ils s’interpellent dans la bonne humeur lorsqu’ils se croisent, je constate notamment qu’Ishfaq est connu et apprécié avec toujours un bon mot pour plaisanter avec chacun.

Les chèvres du berger sur les hauteurs du village

Toutefois, malgré ce cadre agréable, je suis en proie aux doutes car le paysage ne correspond pas exactement aux contes de fée que je m’étais imaginés avec des chalets de bois autour de forêts et de montagnes enneigées où l’on peut se déplacer librement. Cela semble compliqué de randonner seul et on ne fait pas grand-chose ce jour-là à mon goût. Et puis, surtout, je me sens seul, obligé à faire la conversation avec des inconnus qui maitrisent peu l’anglais à part Ifshaq, ma famille et mes amis me manquent particulièrement en ces périodes de fêtes de fin d’année. J’ai besoin de complicité et de pouvoir parler français en toute franchise, exprimer clairement et facilement mes pensées, pouvoir me lâcher avec de l’humour ironique un peu moqueur à la française pour se détendre et, par ailleurs, j’étais aussi un peu déçu d’avoir raté d’un jour le festival de l’hiver des Kalash avec de grandes cérémonies en habits traditionnels et des danses.

Je suis dans cet état d’esprit mitigé lorsque nous rentrons dans la salle commune de l’auberge pour y prendre le dîner avec les amis d’Ifshaq. J’y trouve également Laura, une touriste chinoise qui voyage beaucoup et sa présence va me faire du bien car je me sens moins seul en tant qu’étranger. De plus, elle a un tempérament gai, volubile et elle est très sociable, on sent qu’elle aime rencontrer de nouvelles personnes et parcourir le pays, elle a d’ailleurs visité plusieurs fois le Pakistan et pendant plusieurs mois. Sa rencontre m’aide à relativiser mes interrogations que je rumine en moi et aussi j’ai moins besoin de me forcer à faire la conversation, les sujets viennent plus naturellement car nous avons davantage de points en commun en tant que voyageurs et il y a moins la barrière de la langue.

Donc le dîner collectif est très sympathique et chaleureux, nous partageons tous ensemble le plat cuisiné par Ishfaq dans une grande marmite comme dans un refuge de montagne.

Le repas collectif dans la salle commune de l’auberge, Laura est à gauche, Ifshaq est en face de moi avec l’écharpe rouge et le pouce levé

Puis, je rentre dans ma chambre relativement tôt car je sens la fatigue qui s’est accumulée avec la nuit courte de la veille. On m’a gentiment alimenté le poêle de ma chambre avec des bûches pour chauffer au moins quelques heures et je m’enfouis sous deux couvertures et mon duvet après avoir travaillé sur l’écriture d’un prochain article pour mon blog puis avoir commencé la lecture sur ma liseuse électronique du nouveau livre de Sylvain Tesson intitulé « Blanc ». L’auteur y raconte sa traversée des Alpes en ski de randonnées en luttant contre le froid, je suis donc tout à fait dans le thème de ma lecture.

Jour 98 (24/12/2022)

La nuit a été bonne, les couvertures et mon duvet ont été suffisants pour ne pas avoir froid pendant mon sommeil et le personnel de l’auberge m’apporte une bassine d’eau chaude afin de faire ma toilette du matin. Il faut se motiver au début pour se dévêtir dans la salle de bain glaciale mais cela fait du bien ensuite de se rincer le corps à l’eau chaude et cela aide à se réveiller.

Puis, après le petit déjeuner, nous partons avec Ifshaq et Laura à la découverte de quelques bâtiments importants de la culture Kalash et aussi pour visiter de nouvelles personnes dans les villages alentours. Les règles de sécurité pour les ressortissants chinois dans cette région du Pakistan sont renforcées et nous sommes donc accompagnés d’un jeune garde armé, sympathique, et ne donnant aucun signe d’anxiété ou de tension, ce qui est rassurant.

Nous passons devant une maison dédiée pour accueillir les femmes kalash lorsqu’elles ont leurs règles ou qu’elles sont à moins de dix jours de l’accouchement et c’est dans ce lieu qu’elles donnent naissance. Ce bâtiment est appelé “Bashali”. Ces femmes sont donc mises à l’écart étant jugées temporairement impures dans leur situation selon les croyances des kalash mais c’est aussi comme on me l’a expliqué une manière de leur permettre de se reposer sans avoir à effectuer les tâches ménagères dans leur maison. Il n’est pas autorisé pour les hommes ni les touristes d’y entrer donc je n’ai pu prendre qu’une photographie de l’extérieur.

Des organisations grecques ont financé et participé à la construction ou à la rénovation de plusieurs bâtiments importants afin de préserver la culture du peuple Kalash avec qui ils se sentent solidaires de part leurs éventuelles origines grecques en commun. Ils ont notamment permis la construction d’une école, de maisons “Bashali” et également d’un musée. Nous faisons la visite de l’école du village financée et construite avec l’aide grecque alors que les vacances d’hiver commencent tout juste pour eux sur une période de deux mois (dans le sud du Pakistan les vacances sont en été, de deux mois également, pour éviter les périodes trop froides ou trop chaudes). En entrant dans une classe avec Laura, nous sommes accueillis par un chant des élèves qui sont de différents âges avec plusieurs niveaux dans la même salle. Nous discutons un peu en anglais avec eux, ils sont autant impressionnés que nous-mêmes, les petites filles portent la coiffe des kalash et certaines, il me semble, portent le voile islamique à moins que ce soit pour se protéger du froid.

Les costumes et coiffes des femmes et jeunes filles kalash sont très belles et je me décide finalement à acheter une coiffe colorée pour ma nièce Souane qui vit également dans la montagne avec ses parents et sa toute nouvelle sœur. Ce sera un cadeau de Noël à distance !

Puis, Ifshaq nous emmène visiter un cimetière kalash appelé « Madawjaw » où historiquement les cercueils en bois étaient laissés à l’air libre de manière assez désordonnée et sans être fermés au-dessus donc on peut apercevoir quelques restes d’os humains dans certains des cercueils. Désormais, les corps sont enterrés sous terre en laissant par-dessus la tombe le brancard qui a servi à apporter le corps.

Ensuite, nous allons visiter un ancien village qui a eu l’honneur de recevoir il y a quelques années la visite du couple princier britannique William et Kate. Chaque village a une place centrale avec parfois des gradins où se rassemblent les habitants lors des fêtes de chaque saison pour chanter et danser. Nous allons dans une maison très ancienne qui date de quasiment cent cinquante ans. Comme les maisons traditionnelles kalash, elle est construite avec des planches et des poutres en bois encastrées les unes dans les autres sans l’utilisation de clous et il y a une pièce unique sans fenêtre avec le poêle de chauffe et de cuisine au milieu et les lits au tour. Nous recevons à nouveau de fines écharpes colorées de bienvenue et on nous offre des galettes de pains cuites sous nos yeux sur le poêle comme des crêpes avec des morceaux de noix et de fruits secs.

L’hospitalité kalash avec une délicieuse galette de pain servie dans la bonne humeur et en robes traditionnelles

A l’extérieur, sur la véranda, il y a une immense amphore qui est chauffée par un grand feu de bois et dans lequel cuit des fruits d’où sort un tuyau qui est plongé dans de l’eau froide pour récupérer l’alcool de fruits avec cet alambic traditionnel. En effet, Les Kalash produisent et consomment de l’alcool, du vin notamment. Il y a aussi une outre en peau de chèvre accrochée à la véranda et qui est remplis de lait pour produire une sorte de yaourt si j’ai bien compris.

Mes questionnements de la veille ont disparu et je me sens très bien aujourd’hui avec ce décor montagneux avec un beau soleil et un ciel dégagé qui permet de voir au loin. C’est grâce aussi à la présence de Laura qui permet d’équilibrer les discussions et aussi à la gentillesse et la bonne humeur de Ishfaq qui nous emmène naturellement visiter ses amis kalash sans rien nous demander en retour ainsi qu’à l’hospitalité des kalash. Nous revenons à l’auberge par un joli sentier à flanc de montagne qui suit un cours d’eau du printemps qui est sec en cette saison, le paysage est très beau.

Sur le chemin, il y a une meule à grain pour faire de la farine dont le mouvement est généré par un torrent de montagne, j’ai vraiment l’impression de faire un saut dans le passé très lointain et je suis fasciné de découvrir ce type de technologie encore utilisée qui serait digne d’un musée du Moyen Age. Peut-être nous y reviendrons un jour pour émettre moins de CO2 ?

En parlant de musée, après une pause déjeuner nous allons justement visiter le musée du peuple kalash qui se trouve juste à côté de l’auberge et qui a été construit avec l’aide d’associations grecques. Le bâtiment est très bien inséré dans le paysage et en harmonie avec l’architecture des habitations kalash avec de belles pierres et de belles poutres en bois. De plus, sa collection d’objets, de meubles, de vêtements et même de temples et de maisons tous authentiques est impressionnante. C’est une initiative louable car elle permet de préserver ces éléments essentiels de la culture kalash de leur disparition de la région avec notamment le risque de vente à des touristes locaux ou étrangers peu scrupuleux.

Le musée kalash dans la vallée Bumburet

Ensuite nous visitons un autre village kalash avec notamment des temples mais aussi un cimetière qui a des figures en bois représentant de prestigieux ancêtres qui y sont enterrés.

Puis, nous terminons notre balade en rendant visite à un autre ami kalash de Ishfaq dont la maison est située un peu plus bas dans la vallée, de l’autre côté de la rivière et sur le versant opposé. Nous sommes accueillis en nous offrant des poires et des noix dans la pièce unique de la maison toujours suivant la même configuration sans fenêtre et les lits autour du salon cuisine où trône le poêle. Il y a quand même l’électricité qui permet d’avoir un bon éclairage de la pièce.

Nous discutons avec nos hôtes quand, soudain, nous entendons des voix et des bruits de pas d’une foule qui s’approche de la maison. Ishfaq nous explique qu’il s’agit d’une coutume après le festival de l’hiver qui vient de se terminer, un groupe de jeunes filles et jeunes garçons fait le tour de toutes les maisons pour les bénir en chantant et en dansant dans la bonne humeur et les habitants les remercient en leur offrant des fruits. C’est une sorte de Halloween en plus authentique et plus diététique avec des fruits naturels plutôt que des sucreries.

La porte d’entrée s’ouvre sur la foule de jeunes qui chantent et crient en tapant dans leurs mains et en dansant tout en formant un cercle, c’est l’euphorie ! Nous sortons de la maison afin de pouvoir mieux assister au spectacle et prendre quelques vidéos des beaux chants repris principalement par les jeunes filles dans leurs belles robes et coiffes traditionnelles. Ce sera en remplacement des chants de Noël en ce vingt-quatre décembre et, finalement, j’aurais eu la chance de voir une petite fête traditionnelle kalash même en étant arrivé après le festival d’hiver.

La troupe des jeunes chantant et dansant devant la maison en tenant un plateau de fruits qui sont partagés avec tous

Nous suivons le groupe dans deux autres maisons puis nous rentrons à l’auberge car il commence à faire froid quand il n’y a plus de soleil dans cette vallée, c’est-à-dire de 17h à 10h du matin environ…

Chants et danses de la troupe dans une autre maison de la vallée

En cette nuit de Noël, je dîne tôt avec Ishfaq et ses amis avec un bon plat pakistanais puis je profite du partage de connexion de Ishfaq pour envoyer quelques photos et messages vocaux à ma famille afin de leur souhaiter un Joyeux Noël, j’aurais aimé être avec eux mais on se rattrapera plus tard. Puis, je rentre dans ma chambre assez tôt pour écrire et lire comme la veille. Demain, j’irai découvrir la ville de Chitral avec Ishfaq.

Vous trouverez ci-dessous une vidéo de mon périple dans la vallée des kalash qui m’a fait penser à celui que j’avais fait au Baloutchistan en raison de la beauté des paysages, des habits et coutumes traditionnelles qui y sont suivis et aussi de la beauté des chants. J’ai enregistré le chant accompagnant la vidéo lors de la visite de la joyeuse troupe de kalash. Bon visionnage!

Montage vidéo de ma visite de la vallée des Kalash
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Pakistan

Peshawar

Jour 94 (20/12/2022)

Après une matinée consacrée au blog, je prends un bus à midi pour rejoindre la ville de Peshawar en seulement deux heures de trajet. A l’arrivée, je suis encore aidé par un passager qui m’emmène en taxi à mon hôtel qui se trouve sur sa route. Puis, mon guide Tayyab me rejoint afin de préparer les visites des deux prochains jours et il se propose de m’aider pour trouver une banque où retirer de l’argent ainsi que pour acheter une carte Sim locale car mon forfait Free fonctionne très mal depuis que je suis dans le nord du Pakistan. Ensuite, nous dînons ensemble dans un restaurant afghan avec un bon plat de riz et de bonnes grillades.

Jour 95 (21/12/2022)

Nous commençons la journée avec Tayyab en nous rendant à une gare routière d’où partent les fameux bus de ville pakistanais qui sont richement décorés. Ils sont plusieurs stationnés sur place avant de prendre leur départ donc c’est l’occasion de pouvoir admirer de près leurs couleurs, leurs dessins et leurs nombreux accessoires de décoration dont notamment des petites chaines avec des sortes de grelots au bout qui pendent de dessous le parechoc ou des bâtons qui se dressent tout autour du parechoc. Il y a également des drapeaux de tissus noirs tout autour de la cabine pour protéger le conducteur de la malchance. C’est impressionnant les efforts et le soin que les pakistanais apportent à la décoration et à l’entretien de leurs camions et de leurs bus de transport alors que c’est une activité peu rémunératrice. Ces camions décorés font clairement partie des emblèmes du Pakistan qui le distinguent des autres pays.

Puis, nous visitons des ateliers de décoration et de réparation de ces camions. On y retrouve tous les accessoires possibles dans des petits magasins et il y a divers ateliers pour reconstruire un camion à partir du châssis et de la cabine jusqu’à la décoration finale avec différents motifs et peintures. En voyant les moteurs à l’air libre dans lesquels trifouillent des mécaniciens ou de la carrosserie remise en forme à coup de marteau, je me mets à imaginer Nicolas Bouvier et son compagnon de voyage déambuler sur ce site pour réparer une énième fois leur vielle voiture.

Il y a même une personne assise par terre qui fait des gravures sur bois à l’aide d’une sorte de burin métallique et d’une buche en bois en guise de marteau. Il exécute des gestes précis et mesurés qui donnent progressivement formes à de belles gravures sur bois devant mes yeux ébahis. Au Pakistan, on fait régulièrement des sauts dans le passé pour redécouvrir des métiers de l’ancien temps et des savoirs faire aujourd’hui disparu avec l’avènement des machines.

Atelier manuel de gravure sur bois pour décorer les camions

Nous terminons le parcours par des ateliers de peinture avec des dessins et des couleurs très raffinés, les peintres laissent même en signature leur numéro de téléphone en guise de publicité et ils peuvent être fiers de leur travail !

Ensuite, Tayyab m’emmène visiter le centre-ville de Peshawar avec ses nombreux bazars qui vendent tous types de produits. De la nourriture bien entendu, avec de nombreux plats variés et alléchants, des montagnes de riz surmontées par des morceaux de viandes, des fruits secs, des beignets fris gorgés de sucre qui sont succulents avec du thé, des galettes de pain cuites sous nos yeux, des pieds de chèvre qui sont bouillis pendant des heures dans une sorte d’immense amphore en terre cuite pour en servir une sorte de bouillon dans lequel on trempe les galettes de pain, des étals de bouchers avec de la viande fraiche et des abats qui pendent en l’air dans la rue mais, cette fois-ci, les étals sont propres et régulièrement rincés donc l’hygiène est bien meilleure que dans le marché de l’Impératrice à Karachi, des barbecues pour des brochettes de viande ou des poulets entiers, du poisson frais de la rivière que l’on peut manger ensuite fris à la poêle et, bien entendu, des fruits et légumes. Mon indigestion alimentaire me semble désormais loin et j’ai envie de goûter à tous ces mets appétissants!

Voilà pour les plaisirs de la bouche et du ventre mais il y a aussi de nombreux étals pour se vêtir à la mode locale et notamment pour ces dames avec de belles robes colorées pour les fêtes de mariage bien que je me dois de souligner que le visage des femmes n’est pas souvent accessible au regard dans les rues. Il y a aussi des plateaux pour transporter des petites coupes remplies de henné pour décorer la peau de la gente féminine lors des grandes occasions et il y a aussi des petites boutiques de shampoings et de savons faits sur place dans des bidons de produits chimiques. Il y a également des écorces de bois qui sont apparemment utilisées pour nettoyer les dents mais qui ont apparemment aussi la propriété de rougir les lèvres si j’ai bien compris et, généralement, sur le même étal sont vendus des équivalents du mascara pour noircir les cils et sourcils.

Il y a également de nombreux feux d’artifices de toutes tailles avec suffisamment de poudre pour illuminer tout le ciel et, dans le même thème, sont vendus des ceintures de revolver avec des étuis pour les cartouches: nous sommes dans un autre monde !

De plus, il y a tous les ustensiles pour la cuisine avec des casseroles de toutes tailles et des ballais confectionnés à la main avec des sortes de roseaux fins et rigides.

Par ailleurs, la ville de Peshawar n’est pas en reste en ce qui concerne les monuments historiques avec de nombreux anciens bâtiments en bois datant de l’époque des moghols puis des britanniques avec de jolies décorations même s’ils ne sont pas toujours bien rénovés et que la peinture est souvent décrépie. D’anciennes riches demeures semblent souvent inhabitées car en mauvais état mais quelques unes sont bien rénovées. Ces bâtiments historiques sont présents dans le centre-ville que l’on peut parcourir à pied dans des rues étroites où les tuktuks et les motos parviennent toujours à se frayer un chemin.

Certains monuments commémorent également des révoltes populaires qui ont été très durement réprimées par les britanniques à l’époque de leur empire des Indes et, comme dans la ville de Multan, il y a d’anciennes portes qui permettaient de franchir les murailles de la ville à l’époque des moghols.

Nous continuons notre visite à pied de la ville et nous rejoignons la Mosquée Mahabat Khan datant de l’époque moghol au début du dix-septième siècle et dont la façade est en marbre blanc éclatant. A l’intérieur, il y a également de belles décorations murales comme en Iran avec des fleurs aux couleurs chatoyantes où le rose domine.

Mosquée Mahabat Khan

La ville de Peshawar me plaît, elle a du charme avec ses nombreux bazars, ses bâtiments historiques et sa population portant en grande majorité des habits traditionnels avec leur spécificité régionale (l’ethnie des pachtounes) fortement influencée par son voisin proche l’Afghanistan et cela me donne envie de découvrir ce pays dont la culture et les paysages semblent uniques au monde. Mais bon, je vais en rester à mon itinéraire prévu pour le moment et éviter de donner de nouvelles sueurs froides à mes parents et à mes proches.

Il est difficile de choisir le type de plat pour le déjeuner étant donné l’offre riche et variée mais, finalement, j’opte pour du poisson local que nous dégusterons fris à la poêle avec une sauce légèrement épicée et des galettes de pain fines. C’est très bon.

Ensuite, Tayyab m’emmène à pied à travers des ruelles étroites et de moins en moins fréquentées pour accéder à l’entrée d’un temple Sikh à l’abris des regards et protégé par quelques gardes armés. Les Sikhs sont une des minorités du Pakistan et, au début du dix-neuvième siècle, alors que l’empire moghol se désintégrait, ils parvinrent à créer un état indépendant sikh qui s’étendait de Peshawar à Lahore pendant quelques décennies puis il fut intégré de force au nouvel empire britannique des Indes. Grâce à l’entremise de Tayyab et à l’amabilité des gardes et des responsables sikhs, je suis autorisé à visiter le temple en couvrant ma tête avec mon bonnet par respect pour ce lieu. Je ne peux prendre des photos que de l’extérieur et sur le toit du temple où l’on m’offre un thé et où je fais une photo souvenir avec un garde sikh qui m’accompagne et qui est très sympathique malgré l’arme qu’il porte constamment sur lui. La présence de gardes armés ne me surprend plus tellement car c’est fréquent au Pakistan mais, heureusement, je ne les ai jamais vu s’en servir et ils sont souvent aimables.

Visite d’un temple sikh

Puis, nous nous baladons dans d’autres bazars qui sont à profusion dans cette ville avec notamment le bazar des oiseaux, le bazar des ateliers de réparation de tous types de moteur et aussi le bazar des chaussures situé juste à proximité des ateliers de fabrication de chaussure ! C’est la première fois que je vois des objets fabriqués devant mes yeux puis vendus dans des boutiques situées à quelques dizaines de mètres. Les semelles sont découpées puis cousues à la machine comme vous pouvez le voir dans cette vidéo.

Atelier de fabrication de semelles de chaussures

Nous terminons la journée chez un vendeur de tapis qui me déballe toute sa marchandise alors que j’ai indiqué dès le début que je n’étais pas intéressé car mon sac est déjà trop lourd. C’est usant mais je ne lâche rien même lorsqu’il il me sort le couplet sur ses difficultés économiques et qu’il ne fait soi-disant pas de profits sur ses ventes. Auparavant, Tayyab m’avait emmené prendre un thé dans la boutique de son père qui vend différents types de bijoux en souvenirs et qui s’était montré gentiment insistant donc j’avais fini par prendre un collier pour ne pas créer d’impair mais ce type de visite de magasins où je suis seul avec le vendeur plein d’espoir devant le touriste étranger que je suis et qui est symbole de richesse n’est clairement pas de mon goût et je le fais savoir ensuite à Tayyab afin de ne pas renouveler l’expérience.

De retour à l’hôtel, je dîne seul le soir dans un restaurant en bord de rue près d’un quartier fréquenté après avoir sillonné la rue avec de nombreux restaurants ou stands de nourritures alléchantes. Parmi les pays que j’ai visité dans ce voyage, je place pour le moment sur la première marche le Pakistan en termes de gastronomie, quasi à égalité avec la Turquie, pour la qualité et la diversité de ses plats même si j’ai eu une indigestion alimentaire par mégarde. Ce n’est pas trop épicé à mon goût et il y a différentes saveurs pour les plats ainsi que pour les desserts.

Jour 96 (21/12/2022)

Ce matin, nous commençons avec Tayyab par la visite du musée de Peshawar qui a été construit par les britanniques au début du vingtième siècle et dont l’architecture alliant l’art britannique et moghol est très esthétique. L’intérieur comporte un grand et bel hall pour exposer les nombreuses œuvres du musée dont notamment une collection importante de la région historique du Gandhara située au nord-ouest du Pakistan et dont Peshawar était un centre important et qui a été influencée ou dominée par de nombreuses civilisations et religions (Perses, Macédoniens, Bouddhisme, Hindouisme..). Le musée a de nombreuses sculptures bouddhistes et il y a également une section dédiée au peuple de la minorité des Kalash située dans les montagnes à l’extrême nord-ouest du Pakistan et que je compte aller visiter pour ma prochaine étape. Ce musée est très bien entretenu et bien plus agréable et intéressant à visiter selon moi que celui de Karachi.

Puis, Tayyab m’emmène en tuktuk en périphérie de la ville pour visiter un bazar plus récent qui rassemble de nombreux produits électroménagers importés principalement de Chine et du Japon. Il y a également un bazar pour les équipements militaires avec des gilets pare-balles, des jumelles et des couteaux dignes de la panoplie de Rambo. L’Afghanistan n’est plus très loin.

Nous déjeunons tardivement en goûtant des sortes de steak de viandes hâchés avec des épices appelés « kebap chapli » qui est un plat local et c’est encore une belle découverte.

Ensuite, Tayyab m’emmène visiter discrètement un site de fabrication d’armes. Je m’attendais à une grande usine mais il s’agit d’un petit atelier avec une dizaine de personnes qui ont chacune leur spécialité et sont réparties sur une chaîne de production et de montage en série. Apparemment il y a d’autres ateliers de cette sorte et celui-ci fabrique des pistolets de style Beretta. Cela commence par des plaques de métal brutes qui sont découpées et percées à la machine pour obtenir la forme basique du pistolet qui sera ensuite enrichi d’autres accessoires dans les différents postes de travail.

Nous avons terminé la visite des principaux points d’intérêt de la ville, nous nous promenons dans un ancien parc du centre-ville puis, à ma demande, Tayyab m’emmène chez un coiffeur car mes cheveux et ma barbe commencent à devenir hirsutes et désordonnés. Et puis c’est devenu une tradition pour moi dans ce voyage d’expérimenter les coiffeurs de chaque pays. C’est un jeune homme d’une quinzaine d’années qui s’occupe de moi en vrai professionnel avec des gestes précis et attentionnés. Pas de coupe de Tintin cette fois-ci mais des cheveux aplatis sur un côté en bon premier de la classe.

Mon jeune coiffeur pakistanais, très professionnel

La journée s’achève et Tayyab m’accompagne jusqu’à la gare routière où je vais attendre un bus de nuit qui m’emmènera pour de nouvelles aventures à la découverte du peuple et de la vallée des Kalash afin de passer les fêtes de Noël à la montagne avec, je l’espère, de la neige.

Je remercie Tayyab pour ses services et la visite très intéressante de la ville de Peshawar, il m’a également bien aidé pour acheter une carte sim, réserver un billet de bus, trouver un hôtel à un bon rapport qualité prix et c’est appréciable. Mais je dois dire également que ce type de visite seul avec un guide me pèse aussi avec le temps car je me sens constamment obligé d’alimenter la conversation, de partager mes impressions et de suivre un itinéraire sans me laisser l’initiative, à l’instinct. C’est la contrepartie de la sécurité et du confort qu’offre la visite avec un guide, l’avantage est également selon moi de gagner du temps en visitant plus rapidement les lieux les plus importants sans se perdre dans la ville sachant que les monuments ne sont pas toujours bien indiqués ou accessibles comme le temple sikh ou l’atelier de fabrication d’armes. Mais, globalement, je préfère quand même pouvoir organiser la visite par moi-même et puis je ressens aussi le besoin de pouvoir partager des moments de complicité avec des gens que je connais bien pour avoir des conversations plus libres et faciles. Je découvre ou redécouvre petit à petit les avantages et inconvénients de ce type de long voyage solitaire, à moi ensuite d’essayer de l’adapter pour qu’il me convienne au mieux et puis il y a aussi une grande part de hasard dans les rencontres que l’on fait au cours du voyage. A suivre !

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Pakistan

Murree

Jour 93 (19/12/2022)

Après avoir consacré une partie de ma matinée au blog, je pars à la gare routière pour visiter la ville de Murree dans la journée sans avoir pu dire au revoir à Felix qui dort encore. La ville de Murree m’a été conseillée par un guide pakistanais lorsque je souhaitais aller dans les montagnes au nord du Pakistan. C’est une ville située dans des montagnes de moyenne altitude à environ deux heures de route de Islamabad donc on peut faire l’excursion dans la journée.

Mon moyen de transport est cette fois-ci un minibus électrique, nous mettons du temps à sortir de la capitale en raison de travaux sur la route puis nous découvrons les collines qui sont en partie cachées par la brume. Murree s’avère être une ville bien plus grande et peuplée que je ne le pensais et je ne vois pas de sommet dégagé que je pourrais atteindre à pied comme je l’espérais, j’aurais dû mieux me renseigner avant. C’est une ville touristique car elle est plus facile d’accès que les villes tout au nord du Pakistan qui sont plus en altitude et cela représente déjà un dépaysement pour les pakistanais du sud ou du centre du pays. Mais pour les voyageurs étrangers comme moi, je trouve qu’elle n’a pas d’intérêts, autant faire une randonnée dans les alentours de Islamabad.

Tant pis, j’y suis donc autant essayer d’en profiter et je pars à l’improviste en essayant de m’éloigner de la foule et de la circulation tout en prenant de la hauteur pour trouver un point de vue. Mon cheminement suit une route contournant la colline par l’ouest puis je découvre un panneau indiquant un chemin de randonnée qui me permet de quitter la route pour suivre un sentier bien balisé et bien entretenu à flanc de colline au milieu de hauts sapins La vue n’est pas sensationnelle mais le cadre est agréable.

Par contre, le chemin descend donc je ne suis pas près d’accéder à un point de vue panoramique en haut de la colline mais je préfère continuer sur ce sympathique sentier pour voir jusqu’où il me mènera. Lors de ma balade, je ne croise personne à part deux vaches qui remontent le chemin tranquillement. Le sentier abouti sur une route à une des extrémités de la colline de Murree et je décide finalement d’emprunter un sentier étroit et pentu mais qui a des traces de pas et qui, d’après mon GPS, devrait me permettre de remonter vers la route qui longe la colline en hauteur afin de faire une boucle sur mon itinéraire. Je ne croise toujours personne dans cette forêt de sapins, le sentier rejoint un chemin utilisé pour déplacer les troupeaux de vaches et je finis par trouver un accès à la route en hauteur que je visais et qui est peu fréquentée. Il n’y a toujours pas de points de vue remarquables, seulement des villas en bétons et des sapins avec de la brume au loin comme la veille à Islamabad mais cela me permet au moins de prendre l’air.

Vue en hauteur sur la colline de Murree

Je retourne à la mini gare routière de la ville de Murree car elle offre un point de vue dégagée sur le coucher de soleil et je fais la rencontre d’un jeune garçon et d’une jeune fille qui sont probablement frère et sœur. Nous avons des difficultés à discuter avec le peu de mots que nous connaissons en commun, ils sont très souriants et leur visage a des traits asiatiques mais j’ai du mal à obtenir beaucoup d’informations sur eux bien que je me doute à leur apparence qu’ils sont probablement d’un milieu très modeste et je partage avec eux des restes de mon goûter.

La nuit tombe et le froid s’installe alors qu’il me reste encore du temps avant le départ de mon bus. Je quitte mes deux compagnons pour chercher un petit restaurant afin de passer le temps puis je m’installe dans la salle d’attente de ma compagnie de bus pour patienter au chaud en lisant les descriptions du voyage de Marco Polo sur ma liseuse. Le minibus aura une bonne heure de retard en raison d’un épais brouillard sur la route donc je rentrerai tard à mon auberge de Islamabad qui sera ma dernière soirée avant de rejoindre la ville de Peshawar à découvrir dans le prochain article.

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Pakistan

Islamabad

Jour 90 (16/12/2022)

Le trajet depuis Multan vers Islamabad est très agréable, mon siège est confortable et j’ai de la place pour mes jambes, l’autoroute est en bon état avec peu de fréquentation donc il n’y a plus de klaxons et cela fait du bien d’avoir du calme ! Le paysage est encore verdoyant, les déserts iraniens me semblent loin désormais. J’aperçois à travers la vitre des champs de maïs, des rizières et du colza sur des terres uniformément planes avec de nombreuses réserves d’eau.

Environ à mi-parcours, la route auparavant rectiligne bifurque vers l’ouest en direction de la capitale et prends progressivement de l’altitude en passant au travers de hautes falaises de couleur orange pour atteindre un plateau supérieur. La route devient plus sinueuse et elle est parfois bordée de hauts arbres de chaque côté, le paysage est toujours aussi verdoyant avec notamment des orangers.

Puis, j’arrive en début de soirée dans une gare routière en périphérie de Islamabad et je prends un taxi pour rejoindre mon auberge de jeunesse qui se situe dans le quartier E11 et je m’aperçois que j’ai tordu un de mes bâtons de randonnée qui m’aura finalement peu servi. La capitale du Pakistan est très récente, le site a été choisi après la création du pays quasiment sur un terrain vierge et la ville a été quadrillée en blocs dénommés par une lettre et un chiffre donc c’est pratique pour se repérer mais c’est très impersonnel.

Demain, je devrais retrouver Azaan que j’avais rencontré dans l’auberge de Téhéran et qui était notre chef cuisinier et animateur de groupe faisant le lien avec les différents pensionnaires de l’établissement donc je reste à l’auberge le soir pour me reposer et mettre à jour le blog. Je suis dans un dortoir pour quatre personnes qui est situé dans un grand appartement d’un immense immeuble avec un salon spacieux et d’autres chambres privatives avec leur salle de bain et nous partageons tous ensemble la même cuisine.

Jour 91 (17/12/2022)

Ma matinée est consacrée principalement à la mise à jour du blog après une bonne nuit de repos. Il était prévu que Azaan passe me chercher en début d’après-midi pour que nous passions le week-end ensemble à Islamabad mais, malheureusement, des soucis de santé vont l’immobiliser et nous ne pourrons pas nous voir.

En l’attendant, je fais la rencontre à l’auberge de Felix, un jeune allemand de vingt-deux ans qui a prévu un semestre d’études en Inde à partir du mois de janvier sur des sujets environnementaux comme la gestion de l’eau ou des déchets. En attendant le début des cours, il profite de plusieurs mois de vacances entre deux cycles universitaires pour visiter plusieurs pays sur la route en direction de l’Inde. Il a parcouru l’Europe, la Turquie, la Géorgie et l’Arménie puis il a préféré éviter l’Iran et découvrir Oman pour ensuite a atterrir à Karachi pour remonter le Pakistan en bus comme moi. Cependant, Felix découvre par ses propres moyens le pays et dors chez l’habitant en utilisant l’application CouchSurfing donc il est davantage en immersion que moi et il a aussi pris l’initiative de contacter des professeurs pour visiter leur université et assister à des cours ainsi que de visiter des usines de textile pakistanaises. Nous échangeons sur nos impressions sur le Pakistan ainsi que les précédents pays visités et sur nos méthodes de voyages.

Je ressens parfois une petite pointe de condescendance chez Felix à mon égard concernant nos modes de voyage avec plus d’aventure et d’économie de son côté en raison de la fréquente pratique de dormir chez l’habitant et de faire du stop de temps en temps ou de camper. Cette impression est peut-être due aussi à son humour teinté d’ironie mais je ne relève pas le point pour le moment car nous nous connaissons peu et je préfère partager des moments ensemble, nous verrons par la suite. Souvent les rencontres avec d’autres voyageurs sont l’occasion pour moi de m’interroger sur mon itinéraire et sur la manière de le parcourir, cela me motive parfois également à me lancer des défis comme l’auto-stop dans le Baloutchistan. Clairement j’aurais parfois aimé sortir davantage des sentiers battus en faisant du camping sauvage, du vélo ou de la moto mais j’aurais préféré le faire avec quelqu’un plutôt que tout seul. De plus, avec le peu d’informations que j’avais sur le Pakistan qui étaient parfois négatives, je me voyais mal partir plus à l’aventure pour mes premiers jours.

C’est déjà la fin d’après-midi et nous décidons de partir à pied avec Felix pour rejoindre un grand parc à une quarantaine de minutes à pied de notre logement, cela nous permettra de découvrir les quartiers autour tant qu’il fait jour. Il y a de très belles villas modernes et bien entretenues avec beaucoup de verdure et notamment des palmiers, cela me fait penser à des quartiers résidentiels dans des villes du sud des Etats-Unis comme par exemple Miami.

Islamabad a de grandes avenues avec beaucoup d’espaces verts, il n’y a pas de tuktuks et la densité de circulation est plus faible donc les rues sont moins bruyantes et c’est plutôt agréable de s’y promener surtout en comparaison des autres villes pakistanaises que j’ai visitées. On aperçoit même au loin les montagnes qui ceinturent la ville au nord est.

Nous atteignons le parc qui est grand et bien aménagé avec de l’herbe fraîche, il est temps d’ailleurs d’ajouter une couche car les températures sont plus basses à Islamabad que dans le sud, on a bien perdu dix degrés.

Ensuite, nous continuons notre balade pour rejoindre une gare routière dans un quartier du centre-ville afin que Felix puisse réserver un billet de bus pour aller tout au nord du Pakistan dans les montagnes pour quelques jours avant de rejoindre l’Inde et commencer son semestre d’études.

Finalement, Felix ne peut pas réserver son billet de bus dans cette gare et il doit aller dans une autre qui est plus éloignée mais une personne au guichet lui fait signe de passer de l’autre côté de la vitre pour prendre un thé et il m’invite également. Puis, deux autres de ses collègues nous rejoignent. Ils travaillent tous les trois dans une société de transport de passagers en bus principalement entre Islamabad et Quetta qui fait également du cargo et ils ont quelques clients qui viennent chercher leurs marchandises dans la soirée. La personne qui nous a invité est la plus âgée et ses collègues le surnomme « Djadja » puis il y a Taimoor qui est le plus jeune et Amir qui a un âge intermédiaire et qui est le patron de la société. Ils nous offrent un thé à la menthe puis, plus tard, un plat de poulet Biryani tandis que nous discutons de nos pays respectifs, leur histoire, les relations avec nos pays voisins et nous écoutons également des chansons de variété. Puis, en milieu de soirée, nous finissons par prendre congés en remerciant nos hôtes et nous rentrons en taxi à notre auberge.

De gauche à droite: Taimoor, Amir, Felix, Djadja et moi-même

Jour 92 (18/12/2022)

Aujourd’hui, nous avons prévu de faire une randonnée avec Felix dans les montagnes à proximité de Islamabad. Initialement, on devait le faire avec un contact pakistanais de Felix rencontré sur CouchSurfing mais, celui-ci ayant eu un empêchement de dernière minute, nous décidons d’y aller par nos propres moyens car les chemins ont l’air plutôt bien indiqués sur une application de localisation de Felix.

Nous commençons par visiter de l’extérieur la Mosquée Faisal d’Islamabad qui est immense, c’est la cinquième plus grande mosquée du monde et elle peut accueillir jusqu’à dix milles fidèles. Elle a été construite dans les années soixante-dix avec une architecture moderne et originale en périphérie de la ville juste à proximité des montagnes verdoyantes, ce qui la rend encore plus attrayante. Nous nous y rendons un dimanche donc il y a de nombreux visiteurs.

La mosquée Faisal d’Islamabad

Puis, nous empruntons un chemin longeant le bord des montagnes à la recherche d’un chemin de randonnée appelé « trail 4 ». Ce n’est pas très bien indiqué mais l’application de Felix est bien utile alors que je n’ai plus de réseau avec mon forfait Free depuis que je suis à Islamabad et, lorsque nous arrivons à un passage qui semble être une impasse donnant sur un bâtiment privé, je pense faire demi-tour mais Felix persévère et les agents de sécurité du bâtiment nous confirment par un geste qu’il y a bien un passage, ils semblent avoir l’habitude de voir des touristes qui viennent se balader dans ce coin. Il y a même des petits singes qui se baladent à proximité de la route.

Le chemin s’avère être un sentier étroit à moitié recouvert par la végétation et emprunté par des personnes venant couper du bois à la machette. Par ailleurs, Felix lit sur son application des commentaires de mise en garde comme quoi il y aurait des léopards dans les parages mais nous avons bien du mal à y croire en étant aussi proche de la ville. Nous continuons donc d’avancer et nous finissons par arriver à un croisement qui rejoint le célèbre « trail 4 ». Désormais, nous rencontrons de nombreux randonneurs pakistanais qui nous confirment que le chemin mène à un beau point de vue en haut des montagnes après environ deux heures trente de marche.

Cette fois-ci, nous sommes mieux organisés que pour la randonnée de Chiraz et nous avons prévu de l’eau pour l’ascension qui représente un dénivelé positif d’environ six cent cinquante mètres. Nous avons largement le temps avant le coucher du soleil et le seul impératif que j’ai indiqué à Felix c’est d’être de retour à l’auberge pour la finale de la coupe du monde opposant la France à l’Argentine que je ne voudrais rater pour rien au monde 🙂

En attendant, nous prenons de la hauteur sur un chemin de randonnée désormais bien dégagé et en pleine nature s’écartant petit à petit de la ville et de la route, ce qui est un vrai bonheur pour se détendre et apprécier le paysage. Il fait bon avec un peu d’air frais et nous marchons sous des arbres à l’ombre du soleil mais avec régulièrement des points de vue dégagés donc c’est très agréable et, sans hésitation, c’est ma meilleure journée depuis que je suis au Pakistan. Le seul point négatif est qu’il y a une légère brume qui empêche d’admirer pleinement la vue sur Islamabad depuis les hauteurs sinon ce pourrait être encore plus beau. Je m’interroge si cette brume est due à la pollution ou bien à des phénomènes de condensation d’eau en fonction des différences de température et du vent.

Nous parvenons sur le point culminant du chemin de randonnée sans vraiment avoir une vue panoramique mais la marche était quand même agréable et Felix parvient à trouver un itinéraire via le “trail 6” afin de rejoindre la route montant sur les hauteurs afin que nous puissions redescendre en auto-stop pour visiter un autre lieu touristique plus bas en gagnant du temps et de l’énergie. Felix a déjà pratiqué l’auto-stop au Pakistan et cela s’est très bien passé donc je fais confiance et, effectivement, nous trouvons un véhicule au bout d’une dizaine de minutes d’attente au bord de la route sur un faux plat avant des virages. C’est une belle voiture moderne conduite par un jeune proche de la trentaine qui nous accueille tout naturellement et nous dépose gentiment à l’endroit voulu. Le lieu est très fréquenté, c’est le parc Daman-e-Kho qui est situé à mi-hauteur dans les montagnes surplombant la capitale et il offre un panorama intéressant sur Islamabad tout en proposant de nombreux stands de sucreries et de nourritures rapides.

Le parc Daman-e-Kho avec la foule d’Islamabad en ce dimanche

Puis, nous descendons à pied via un autre chemin de randonnée (“trail 2” de mémoire) qui rejoint un jardin appelé « japonais » mais qui est surtout un sympathique parc avec des jeux pour enfants au pied des montagnes. Il y a beaucoup de monde dans les parcs de Karachi en ce dimanche, avec des enfants qui s’amusent comme ailleurs et des parents qui leur sourient et leur tiennent la main comme ailleurs également. C’est réconfortant de voir que nous partageons ces mêmes envies de passer de bons moments en famille ou entre amis malgré parfois les stéréotypes que l’on peut avoir sur certains pays d’après le peu d’informations que nous avons.

Le jardin japonais pour enfants

Puis, je suis Felix qui nous emmène à une gare routière pour réserver nos billets de bus vers nos prochaines destinations et pour cela nous utilisons le métro bus de la ville d’Islamabad qui est un long bus avec une voie réservée séparée de la route par une barrière en béton et qui a ses propres stations d’arrêts avec des escalators pour y accéder. Ensuite, nous terminons le parcours en taxi moto en se serrant à trois avec le conducteur. Je suis content d’avoir rencontré Felix pour découvrir la ville et ses environs ensemble et il m’a aussi permis de découvrir ces moyens de transport plus économiques et pratiques dans la capitale que je réutiliserai ensuite les jours d’après mais également je n’aurais probablement pas fait une aussi belle randonnée sans ses informations avec une localisation précise.

Nous arrivons juste à temps pour voir le match dans le salon de l’auberge avec d’autres pensionnaires d’origines pakistanaises et afghanes qui sont plus nombreux en faveur de l’Argentine mais je tâche d’encourager au mieux mon équipe. Le match commence de façon surprenante avec une forte domination argentine et une passivité de l’équipe de France que je ne reconnais plus et je me fais chambré par mes voisins jusqu’au déclic en milieu de deuxième mi-temps grâce aux changements de notre entraineur stratège et à la fulgurance de Mbappé qui me redonnent espoir et font taire les sarcasmes. La suite du match est folle avec un scénario digne d’un film à suspens qui se termine par une séance de tirs au but toujours aussi irrespirable et malheureusement perdue. Bravo quand même les bleus pour ce beau parcours et ce match magnifique et félicitations aux argentins !

Je pars me coucher en pensant pouvoir dire au revoir le lendemain à Felix car je partirai en fin de matinée pour visiter la ville de Murree mais finalement il fera une grâce matinée donc nous échangerons des messages pour garder contact et se souhaiter une bonne continuation de voyage.

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Pakistan

Multan

Jour 89 (15/12/2022)

La nuit a été courte, je me suis levé à minuit pour regarder la demi-finale des bleus remportée avec maîtrise puis je me suis réveillé une nouvelle fois à quatre heures pour prendre un tuktuk en direction de la gare routière. J’arrive avec environ trente minutes d’avance sur l’heure prévue mais je vais patienter encore un long moment en somnolent dans la salle d’attente car le bus a du retard. Finalement, nous partons à six heures du matin, il fait encore nuit.

Le bus est confortable, il y a de la place pour les jambes et le siège est agréable mais je n’arrive quand même pas à dormir, sans doute perturbé par mes précédents réveils à répétition et aussi par les ronflements de mes voisins.

Il y a de la brume ce matin et la température est fraîche, nous faisons une pause à mi-parcours dans une gare routière de qualité avec des équipements de maintenance pour les bus afin de mettre à profit le temps de pause. Je me fais la réflexion qu’une grande partie des hommes au Pakistan porte un habit traditionnel comme dans la région du Baloutchistan iranienne, mis à part pour les personnes qui ont une fonction officielle comme policier ou militaire et qui portent l’uniforme dans ce cas. Pour les femmes c’est assez similaire et le port du voile n’est pas systématique, notamment dans les grandes villes, mais il reste majoritaire.

Désormais, nous roulons sur une longue autoroute à trois voies en très bon état, le paysage est toujours plat et verdoyant avec diverses plantations dont la plupart sont des rizières. La région de la ville de Multan où je me rends est également connue pour ses mangues en été.

A mon arrivée à la gare routière, c’est la même situation qui se renouvelle pour mon plus grand confort. A peine ai-je installé mon sac à dos sur mes épaules, qu’un passager du bus me retient pour me dire qu’il va m’aider à trouver un taxi. Je le remercie en lui indiquant que je souhaiterais d’abord réserver un billet de bus pour mon départ le lendemain à la capitale Islamabad et il m’accompagne pour faire l’interprète avec la personne au guichet. Lorsque je lui indique où se trouve mon hôtel, il me propose de prendre le taxi ensemble car il va dans la même direction.

Décidément, je suis très bien reçu par les pakistanais qui me répondent souvent lorsque je les remercie pour leur hospitalité avec un sourire un peu gêné par un « you are my guest » qui semble représenter le caractère quasiment sacré de bien recevoir un invité au Pakistan. Zeeshan travaille en tant que professeur à une université de Karachi mais sa femme et leur récente petite fille habitent à Multan d’où il est originaire. Cela représente une dizaine d’heures de bus donc il ne peut les voir que le week-end et il est impatient de les retrouver. Nous nous quittons à l’entrée de mon hôtel en faisant une photo souvenir.

Moi-même, Zeeshan au milieu et son frère à gauche qui est venu le chercher

La ville de Multan se situe dans la province du Pendjab alors qu’auparavant j’étais dans la province du Sindh (depuis Karachi jusqu’à Sukkur, avant c’était la province du Baloutchistan). Dans cette région, ou du moins dans cette ville, il y a une contrainte particulière de sécurité qui limite mes choix d’hôtels car ils doivent avoir une autorisation pour recevoir des étrangers et il y en a peu qui l’ont. J’ai donc dû prendre un hôtel d’un standing plus élevé mais ce n’est finalement pas pour me déplaire afin de pouvoir complètement récupérer après ma courte nuit et ma gastro récente. La chambre est très grande avec une belle salle de bain et même un petit salon avec la disponibilité d’un room service et pour un prix qui reste raisonnable pour mon budget, environ trente euros la nuit.

Ma chambre d’hôtel pour cette nuit

Je prends mon déjeuner dans ma chambre puis je décide de partir à la découverte de la ville afin de profiter des quelques heures de jours restantes. J’ai crû comprendre qu’il me faudrait une escorte policière mais ce n’est pas très clair pour moi comment cela va se passer donc j’informe le gérant de l’hôtel de mon intention de me promener et celui-ci appelle la police pour connaitre leurs instructions. Finalement, ils envoient un agent en uniforme mais non armé et à l’air débonnaire. Il s’appelle Imran, il ne parle pas beaucoup anglais mais il semble avoir l’habitude d’accompagner des étrangers, il a déjà le circuit habituel en tête des principaux monuments à visiter de la ville et c’est lui qui s’occupe de négocier les prix avec les chauffeurs de tuktuk. Imran est en quelque sorte mon guide, c’est assez étrange comme situation car à aucun moment je ne me sens en danger, les gens autour de moi soit m’ignorent soit me sourient et parfois me demandent une photo. Apparemment, l’escorte serait davantage pour s’assurer que les touristes n’aillent pas n’importe où dans cette région car il peut y avoir des zones sensibles mais je n’en sais pas plus.

La ville de Multan a une population de quasiment deux millions d’habitants et elle a de nombreux monuments intéressants dont notamment une butte en plein centre-ville sur laquelle sont situés un grand mausolée et un sanctuaire soufi avec également un parc qui représente un îlot de verdure et de calme au milieu de l’agitation de la ville.

Le parc avec le mausolée en plein cœur de Multan

Ensuite, nous prenons un nouveau tuktuk pour aller visiter un autre sanctuaire soufi dont le nombre et la qualité d’entre eux font la renommée de la ville de Multan. Les fidèles viennent se recueillir sur la tombe du saint en déposant des roses et parfois en chantant à l’unisson ou alors en disant des prières individuelles à voix basse.

Puis, nous nous rendons avec Imran dans le bazar de la ville qui est très fréquenté à cette heure de la journée avec les étals de tissus féminins qui sont toujours aussi nombreux et colorés. Des motos se fraient un chemin parmi la foule comme en Iran.

Le bazar de Multan

En quittant le bazar, je prends une petite photo souvenir avec Imran devant une des anciennes portes de la ville au milieu des tuktuks et des motos, c’est la cohue.

Puis, nous terminons par la visite d’un dernier sanctuaire datant du douzième siècle qui a été érigé en l’honneur d’un saint chiite dénommé Shah Gardez, issu d’Afghanistan et dont de nombreux descendants vivent à proximité pour s’occuper des lieux. L’un d’entre eux me propose amicalement un thé et il me raconte l’histoire de son ancêtre voyageur tandis que je décris également mon propre voyage, plus facile à faire à cette époque. Il aurait bien aimé me garder plus longtemps pour me faire découvrir la région qui semble effectivement intéressante mais j’ai déjà réservé mon bus et je ne suis pas très au clair sur les règes de sécurité à respecter donc ce sera peut-être une autre fois.

Voici la mosquée à proximité du sanctuaire de Shah Gardez que j’ai oublié de photographier, la petite coupole à droite conserve les empreintes de pied du saint

Nous rentrons finalement à l’hôtel à la tombée de la nuit et je remercie chaleureusement mon guide et escorte de l’après-midi Imran.

Une fois dans ma chambre, je me repose dans mon confortable lit tout en consultant mes messages puis je me prends une bonne douche chaude, ce qui n’est pas toujours possible dans les hôtels au Pakistan, ça fait du bien! Je dîne à nouveau dans ma chambre par facilité puis je me lance dans la mise à jour du blog.

Je termine ma soirée par un zapping télé pour découvrir ce qui est disponible à la télévision pakistanaise. Il y a tout d’abord des chaînes religieuses avec notamment une qui semble organiser le vote d’un jury spécialisé pour élire le meilleur chanteur religieux, ensuite je trouve du sport avec principalement du foot et du cricket puis un blockbuster américain et la retransmission d’une sorte de comédie de boulevard pakistanaise. Je finis par arrêter mon choix sur la retransmission d’un point presse du ministre des affaires étrangères pakistanais, diffusé par plusieurs chaînes d’information, qui répond à des journalistes de différents pays sur des sujets variés : les relations du Pakistan avec ses voisins l’Iran, l’Afghanistan et l’Inde, la guerre en Ukraine et ses conséquences économiques, la relance des discussions avec les États-Unis sur les échanges commerciaux, l’aide pour les dommages causés par les inondations… C’est très intéressant d’avoir son point de vue que je trouve mesuré et bien argumenté dans un anglais impeccable.

Voilà, il est temps de me reposer dans mon lit douillet et demain je rejoindrai la capitale du pays Islamabad. La visite de la ville de Multan a été brève et aurait probablement mériter au moins une journée supplémentaire pour visiter les environs mais, comme je l’ai indiqué auparavant, il y a des contraintes de sécurité qui ne sont pas très claires donc j’ai préféré continuer sur mon itinéraire.

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Pakistan

Larkana – Sukkur

Jour 86 (12/12/2022)

Avant de partir prendre mon bus en fin de matinée, je change des dollars que j’avais retirés en Turquie au cas où j’en aurais eu besoin en Iran, cela me permet d’avoir plus de roupies pakistanaises pour les prochains jours alors que je ne suis pas sûr de trouver un moyen de retirer de l’argent ou de changer à un bon taux dans les prochaines villes que je visiterai.

La route que nous empruntons pour rejoindre la ville de Larkana, située à environ quatre cents cinquante kilomètres de Karachi en remontant vers le nord, passe en périphérie de Hyderabad puis elle longe un temps le célèbre fleuve Indus sans être assez près pour le voir. Il y a beaucoup de cultures, notamment des rizières, une chaine de moyennes montagnes apparaît mais nous restons dans la plaine et nous les perdons de vue rapidement. Puis, la nuit arrive et la lune éclaire les terres inondées de chaque côté de la route, dans les petites villes que nous traversons il y a beaucoup de gargotes avec des tables dehors où se retrouvent les habitants. Le trajet en bus prendra en tout quasiment huit heures de route et j’ai moins de place pour mes jambes que dans les bus VIP iraniens donc je commence à ressentir des crampes. De plus, le chauffeur claxonne à tout va pour écarter les véhicules devant lui et il carillonne encore plus fort à la tombée de la nuit donc c’est difficile de lire, pour me distraire je peux regarder la télévision centrale du bus qui diffuse des clips bollywoodiens.

A l’arrivée à la gare routière, un passant m’aide encore une fois spontanément pour expliquer au taxi où je souhaite aller et négocie le prix, c’est très agréable. Je suis content d’arriver à mon hôtel pour me reposer après ce long trajet et je ne cherche pas à sortir très loin le soir pour trouver à manger. Il y a un restaurant juste à côté de l’hôtel, le serveur m’offre une entrée avec des rondelles de tomates et de concombres qui m’ont l’air fort rafraichissantes mais j’hésite car c’est préférable de manger de la nourriture cuite pour moi au Pakistan. Finalement, je décide de les goûter car ces crudités ont l’air fraiches et propres, peut-être que c’était une mauvaise idée, le mystère demeure sur les sources de mon mal à venir entre ces crudités le beignet refroidis de la veille.

En attendant, je rentre me coucher car j’ai rendez-vous tôt le lendemain matin avec un nouveau guide pour visiter le site de Mohen Jo Daro.

Jour 87 (13/12/2022)

Le réveil plus tôt que d’habitude est compliqué car je n’ai pas très bien dormi. Je me suis réveillé dans la nuit avec de légers frissons, la température avait baissé et je n’avais qu’un drap en laissant la couverture à mes pieds mais ce n’était sans doute pas la seule raison. Donc je me sens malade en me levant mais je me dis que cela passera avec du repos en fin de journée et je prends en attendant un Doliprane.

Mon guide me récupère à la réception avec un chauffeur et nous allons ensemble sur le site de Mohen Jo Daro qui est situé à une trentaine de kilomètres. Irshad, mon guide, m’explique que c’est une ancienne cité datant de cinq milles ans avant Jésus Christ et qui a compté jusqu’à quarante milles personnes, ce qui est très élevé pour l’époque donc c’est un site historique très important. La cité a été bâtie par la civilisation de l’Indus (appelée également civilisation harappéenne). Elle est située au croisement des anciennes routes commerciales permettant de relier l’Iran et de celle qui longe le fleuve Indus. Les fouilles archéologiques réalisées au début du XXème siècle ont permis d’exhumer de terre seulement une partie des vestiges de l’ancienne cité mais c’est déjà une superficie importante. Malheureusement, les récentes inondations ont endommagé près de trente pour cents du site et des travaux de rénovation et de protection en cas de nouvelles inondations sont en cours. Dans la première partie que nous visitons, située légèrement en hauteur sur une butte, il y a notamment une grande piscine dont on peut voir nettement l’architecture alors que pour les autres bâtiments il faut un peu plus d’imagination. Il y a plusieurs salles de bains communes, un collège, des habitations. J’ai parfois un peu de mal à comprendre mon guide avec le vocabulaire technique utilisé et l’accent mais cela ne m’empêche pas de pouvoir découvrir le site. Des bouddhistes sont venus longtemps après l’abandon de la cité pour ajouter un monastère tout en haut de la butte au deuxième siècle en réutilisant les briques des anciens bâtiments donc on croirait que le monastère date de la même période.

Ensuite, nous visitons une autre partie de la cité un peu plus en retrait qui contenait de grandes demeures de riches habitants avec des puits et des salles de bains et il y avait aussi la demeure du chef de la cité ainsi que de nombreux commerces.

Nous terminons la visite par le musée qui comporte quelques objets assez similaires à ce que j’ai pu voir dans le musée national de Karachi.

Puis, Irshad m’aide à prendre un minibus pour la ville de Sukkur qui est située à environ quatre-vingt-dix kilomètres plus au nord, ce qui me permet d’avancer dans mon parcours sachant qu’il est à peine midi. Le minibus n’est pas cher mais nous sommes serrés comme des sardines et j’ai mon sac à dos allongé sur mes genoux et ceux de mon voisin qui s’est gentiment proposé pour répartir la charge. Je ressens des débuts de crampes dans les jambes au milieu du trajet mais c’est impossible de changer de position ou alors cela se joue à quelques centimètres donc je fais des micros exercices de contorsionniste pour tenter d’atténuer la douleur et surtout éviter qu’elle augmente tout en essayant de penser à autre chose. Ensuite, c’est mon intestin qui commence à se manifester et, en plus, la route est en mauvais état avec de multiples cahots qui ne me facilitent pas la tâche.

Le minibus pour me rendre à Sukkur

Nous finissons par arriver à Sukkur au bout de quasiment deux heures de route et le même scénario se répète, un passager du minibus se propose spontanément de m’aider à réserver un tuktuk et à me payer le trajet alors que j’insiste pour le régler puis je le remercie chaleureusement. Je me sens très fatigué en arrivant à l’hôtel en début d’après-midi, les crampes dans les jambes sont passées mais mon intestin est toujours chamboulé et je commence à ressentir des courbatures dans le dos.

Heureusement que je n’avais rien de programmé cette après-midi, lorsque je suis enfin dans ma chambre je me précipite aux toilettes puis je reste allongé dans mon lit en me recouvrant de couvertures et de vêtements chauds car je frissonne avec les courbatures qui augmentent. Cela s’annonce mal, mon corps monte en température mais je ne ressens pas de fièvre. Je pensais visiter la ville dans l’après-midi mais au bout d’une heure dans mon lit je ne me sens pas mieux, les symptômes sont même encore plus forts. En me renseignant sur internet, cela ressemble fortement à une intoxication alimentaire ou gastroentérite, je réfléchis à ce qui pourrait en être à l’origine afin d’éviter de refaire la même erreur et c’est là que je pense au beignet refroidis de Karachi il y a deux jours puis aux crudités de Larkana la veille.

En fin de journée, je me force à me lever pour aller acheter quelque chose à boire et aussi à grignoter même si cela m’a coupé l’appétit, j’en profite pour faire un petit tour à pied dans le quartier. C’est l’heure de la prière donc les chants des muézins résonnent dans les rues, je reste attentif à regarder où je mets les pieds car il y a de gros trous sur le trottoir qui donnent directement dans les eaux usées et je ne voudrais pas renouveler l’expérience de Bandar Abbas…

En cherchant un raccourci pour accéder à une rue où il me semblait y avoir plusieurs commerces, je passe dans une ruelle étroite où seuls les piétons et les motos peuvent se faufiler, des jeunes jouent dans la rue, il y a quelques petites épiceries et je croise plusieurs femmes habillées en tchador. Une fois arrivé dans la rue principale que je visais, je ne trouve pas de supérette comme je l’espérais et je finis par prendre un tuktuk pour terminer la boucle car je commence à fatiguer et la nuit tombe. Heureusement, il y a un commerce à proximité de mon hébergement et j’achète deux grandes bouteilles d’eau et un coca avec quelques biscuits puis je rentre dans ma chambre. Je préviens également le gérant que je vais probablement rester une nuit de plus ainsi que le responsable de l’hôtel de ma prochaine destination pour décaler ma réservation.

Là, je vais passer une très mauvaise nuit, je n’arrive pas à dormir à cause des courbatures dans mon dos qui s’intensifient et qui se propagent à mon cou, j’ai froid puis j’ai trop chaud, chaque mouvement de mon corps génère de la douleur et je n’arrive pas à trouver une position confortable pour me reposer. Je bois régulièrement de l’eau et quasiment toutes les heures je me lève pour aller aux toilettes, c’est éreintant. J’envoies un SOS à mon frère Samuel qui est ophtalmologue pour lui demander son avis mais il est actuellement en Nouvelle Calédonie donc il dort à cette heure, je recevrais sa réponse à son réveil vers deux heures du matin pour moi mais comme je ne dors pas je peux échanger brièvement avec lui. Il confirme mes soupçons et il me conseille de prendre quelques médicaments que j’ai heureusement sur moi et qui m’aideront à faire passer progressivement cette épreuve douloureuse tout en me recommandant d’essayer de manger. Mon moral était au plus bas dans ces instants et je me sentais bien seul dans ma chambre d’hôtel en plein milieu du Pakistan à une dizaine de milliers de kilomètres de mes proches. Je me demandais qu’est-ce que je foutais là et le chemin qui me restait à parcourir me semblait encore bien long… Vive les docteurs, les médicaments, la santé et merci Sam !!

Jour 88 (14/12/2022)

Après cette nuit horrible et interminable, les effets bénéfiques des médicaments et sans doute aussi du repos au chaud commencent à se ressentir. J’arrive à sortir péniblement de mon lit pour me forcer à prendre un petit-déjeuner à l’hôtel puis me recoucher un temps. Cette expérience m’a fait redécouvrir la fragilité de mon corps et il me faut désormais rester plus attentif à ses alertes pour le ménager.

Etant donné que je me sens un peu mieux, je me décide à sortir car je voudrais voir le fleuve Indus qui passe tout près de la ville de Sukkur et c’est à moins de trente minutes de marche de mon hôtel. Je reprends un Doliprane et un Turfan et c’est parti. Je sens encore des courbatures dans mon dos et des dérangements intestinaux mais j’arrive quand même à marcher prudemment. Le soleil est déjà haut et la température probablement autour des vingt-cinq degrés. Je parviens enfin à rejoindre les berges au bord du fleuve Indus dont je ne peux apercevoir qu’une portion car il est séparé en plusieurs parties par des îlots à cet endroit mais je peux me rendre compte de la taille immense de ce fleuve en observant plus loin un pont à deux niveaux qui le traverse.

Le fleuve Indus au bord de la ville de Sukkur

Néanmoins, le spectacle n’est pas très réjouissant car je trouve le fleuve sale à cet endroit avec de mauvaises odeurs qui en émanent, il y a un parc de la ville qui le longe et qui me permet de le suivre un temps avec des barques qui l’empruntent. Puis je rejoins le centre de la ville qui est bruyant avec son trafic routier ininterrompu de tous types de véhicules (y compris avec une mule) qui klaxonnent ou crient à tout va.

Dans une rue de la ville de Sukkur

Je me promène dans le bazar où il y a de nombreux étals de tissus mais aussi des épices avec de belles couleurs qui viennent égayer le décor des rues un peu sombres et sales. Quelques personnes me regardent avec un air de curiosité et me lancent un « hello » en souriant auquel je réponds en tâchant de leur rendre leur sourire malgré ma maladie.

Le bazar des épices

Cela me fait du bien de prendre l’air mais je sens qu’il ne faudrait pas que je reste trop longtemps car les symptômes sont toujours présents et il vaut mieux que je reste à proximité des sanitaires. Juste avant de prendre un tuktuk pour me ramener à l’hôtel je découvre une belle tour horloge de couleur blanche qui est située en plein milieu d’une place.

Tour horloge au centre d’une place de Sukkur

De retour à ma chambre, je fais bouillir de l’eau avec mon réchaud de camping pour boire la dernière soupe en poudre qui me restait puis je me motive pour continuer l’écriture du blog tant qu’il me reste un peu de force et publier mon premier article sur le Pakistan.

Ensuite, je fais une sieste et, en fin de journée, je vais voir le gérant de l’hôtel pour lui demander de m’aider à réserver un bus le lendemain pour la ville de Multan car je n’arrive pas à trouver comment le faire sur internet. Il me dit qu’il faut aller à la gare routière qui est à une vingtaine de minutes en voiture et il se propose de m’y emmener pour le même prix qu’un tuktuk. Une fois arrivés, il m’aide à faire l’interprète et il m’indique qu’il n’y a que deux bus disponibles le lendemain pour cette destination : un qui part à cinq heures du matin et un autre partant à cinq heures de l’après-midi. Je n’ai aucune envie de passer une journée supplémentaire dans cette ville qui n’a pas beaucoup d’intérêts à mes yeux donc je choisis à contrecœur la première option en sachant que j’ai prévu de regarder la demi-finale des bleus contre l’équipe du Maroc qui sera diffusée de minuit à deux heures du matin au Pakistan donc je n’aurais pas beaucoup d’heures de sommeil…

En rentrant à l’hôtel, je commande un plat de riz avec des légumes puis je règle ma note auprès du gérant afin de pouvoir partir rapidement le matin et j’essaye de me coucher tôt afin d’avoir un peu de repos avant le réveil pour le match. La suite au prochain article!

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Pakistan

Thatta

Jour 85 (11/12/2022)

Le dimanche est un jour chômé au Pakistan donc les rues sont peu fréquentées ce matin et nous circulons facilement dans Karachi avec Ameer et un chauffeur pour rejoindre la ville de Thatta, située à cent kilomètres à l’est.

Sur le chemin, nous visitons les tombes du site de Choukhandi qui ont été bâties pendant la période des moghols entre le quinzième et le dix-huitième siècles. Il ne faut pas les confondre avec les mongoles qui les ont précédés mais il y a quand même un lien puisque le fondateur de cet empire était à la fois descendant de Tamerlan, turco-mongole, et de Gengis Khan. Cette dynastie était initialement originaire d’Ouzbékistan mais sans y régner et elle a également subi des influences perses comme on pourra le voir dans certains monuments. Ils étaient de confession musulmane. A l’apogée de leur puissance, ils régnaient sur les territoires actuels du Pakistan, de l’Inde et du Bangladesh.

Choukhandi signifie « quatre coins » qui étaient utilisés pour porter les cercueils et les installer dans la tombe. Ces tombes sont sous forme de stèles rectangulaires surélevées à la couleur du sable et richement décorées avec de belles gravures. La hauteur de la stèle variait suivant le statut social de la personne et les décorations étaient différentes en fonction du genre: pour les hommes, il y a un turban sur le haut de la stèle et des gravures d’armes, ou de chevaux, pour les femmes, il y a des gravures de bijoux, colliers, bracelets et colliers. Le tournesol est représenté sur toutes les tombes et il était symbole de vie. Il y a également des minarets sur chaque coin de la stèle utilisés comme piliers et des sortes de corniches sur les deux petits côtés du rectangle de la stèle qui symbolisaient les brancards permettant de porter la stèle pour l’emmener au cimetière.

Les stèles sont très bien conservées et très nombreuses sur le site, on peut admirer la finesse des décorations dans un décor à ciel ouvert avec la lumière du soleil au matin qui embellit ces édifices et je vous laisse les découvrir sur ces photos, c’est une visite qui m’a beaucoup plu.

Il y a également des monuments funéraires encore plus grands sous des coupoles soutenues par des piliers pour des familles très importantes.

Nous continuons notre route qui longe la côte et passe à proximité d’un deuxième port maritime avec des industries métallurgiques et du charbon à proximité bénéficiant du soutien de la Chine. Ameer me fait remarquer que le Pakistan offre à la Chine une possibilité d’accéder à la mer d’Arabie où il y a un grand commerce maritime donc c’est un lieu géostratégique de haute importance.

En arrivant à la ville de Thatta, nous commençons par la visite de l’immense nécropole de Makli qui contient près de cinq cent milles tombes édifiées également sous l’ère moghol entre le quinzième et le dix-huitième siècles. Les monuments les plus intéressants sont plusieurs grands mausolées plutôt bien conservés même si les couleurs des peintures ne sont plus très visibles mais la pierre de couleur sable est très belle et les architectures des monuments sont fines et variées.

Après une pause déjeuner dans un restaurant de la ville, nous terminons les visites de la journée en allant à la Mosquée Shah Jahan datant du dix-septième siècle qui a été édifié sur la commande du célèbre empereur moghole du même nom qui est lui-même à l’origine de la construction du magnifique Taj Mahal.

La finesse et la richesse des décorations ainsi que l’architecture de cette mosquée me rappellent avec plaisir l’Iran. Les couleurs sont similaires, néanmoins je découvre de nouveaux symboles sur l’intérieur des toits des coupoles avec des formes plus arrondies mais le résultat est toujours aussi beau. C’est l’occasion également pour moi de découvrir une des méthodes d’enseignement du Coran à de jeunes enfants dans une école coranique (madrassa) située dans l’enceinte de la mosquée qui répètent à voix haute et à l’unisson les écritures sacrées afin de les mémoriser.

Cour intérieure de la Mosquée Shah Jahan

Par ailleurs, tout au long de la journée, j’ai droit à plusieurs séances photos avec des passants qui sont heureux de voir un étranger dans leur pays et d’en garder un souvenir. C’est fait avec le sourire et sans être trop insistant donc cela ne me dérange pas, au contraire, je suis content également que ma présence représente pour eux un signe d’intérêt pour leur pays et c’est bien le cas me concernant.

Cette journée fut donc très intéressante mais je me dois quand même d’indiquer que nous croisons régulièrement des groupes de jeunes enfants ou vieillards mendiants à l’entrée de ces sites touristiques tout comme en ville qui me rappellent que la vie est très difficile pour une partie de la population.

Sur la route du retour, Ameer fait arrêter la voiture pour que je puisse facilement prendre en photos les fameux camions pakistanais richement décorés et dont le chargement dépasse de tous les côtés, parfois avec la forme d’un turban.

De retour à l’auberge, je remercie vivement Ameer pour ses services qui m’ont donné une belle introduction au Pakistan dans de bonnes conditions et nous discutons avec lui et son fils ainé, âgé d’une vingtaine d’années, des possibilités de rendre l’activité de Ameer plus visible pour de futurs clients en utilisant notamment les réseaux sociaux. D’ailleurs, si vous comptez aller un jour au Pakistan je peux vous donner ses coordonnées ainsi que d’autres guides basés dans d’autres villes.

Le soir, je dîne à proximité de mon hébergement en choisissant un plat un peu au hasard mais qui contient le mot « chicken » et c’est très bon mais comme j’ai encore un peu faim j’achète un petit beignet frit avec des légumes et du poulet dans un magasin. Le beignet est refroidi donc le goût n’est pas très agréable mais, sûr de moi et gourmant, je le termine et je soupçonne que cet excès de confiance ait eu des effets bien désagréables pour la suite.

A suivre au prochain épisode 😊

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Pakistan

Karachi – frontière Rimdan

Jour 81 (7/12/2022)

Je change de l’argent avec l’aide de Akim dans le village de Nobandiyan pour avoir des roupies pakistanaises puis je prends un taxi en direction du poste frontière de Rimdan pour environ une heure de route. À cinq kilomètres de la frontière, il y a un premier poste de contrôle et mon taxi me dépose pour que l’on m’emmène à l’arrière d’un pick-up, assis sur un monticule de bagages, après un rapide contrôle de mon passeport dans une ambiance décontractée.  Ensuite, je passe un autre contrôle de la douane iranienne où l’on me tamponne rapidement mon visa avec un grand sourire et en me serrant la main. Puis j’ai un nouveau contrôle du service de l’immigration iranien où les gens sont également très chaleureux et prennent une photo souvenir avec moi.

En arrivant côté pakistanais, on vérifie mon passeport à un premier poste puis j’entre dans un bureau où l’on vérifie plus attentivement mes documents, à savoir mon passeport, mon visa, ma lettre d’invitation, mon programme de voyage et ma réservation d’hôtel à Karachi. Le personnel est cordial et je suis ensuite accompagné dans un petit baraquement avec plusieurs personnes dont la plupart sont habillées en civil et ils me scrutent du regard avec intérêt, toujours un grand sourire au visage. On me demande d’ouvrir mon sac pour un contrôle de sécurité visuel en l’absence de machine à rayon X et ensuite nous prenons des photos de groupe ou en duo. Puis, je suis rejoint par un militaire dénommé Danish qui m’annonce être mon escorte le temps que je reste à ce poste frontière. Il m’accompagne pour réserver un ticket de bus pour Karachi et il m’offre une boisson puis nous patientons à l’abris du soleil sous une tente avec ses collègues et amis. Je leur montre quelques photos de famille et ils me montrent des photos de voyageurs étrangers qui sont passés avant moi il y a quelques jours dont un cycliste belge, encore un courageux !

Mon escorte Danish à gauche et ses collègues et amis sous la tente en attendant mon bus pour Karachi

J’ai bien fait de prendre de l’argent pakistanais en liquide car ils ne prennent pas la carte bancaire à cause du manque de réseau dans cette zone. En tout, cela prendra environ une heure et trente minutes pour passer la frontière Rimdan entre l’Iran et le Pakistan en arrivant vers dix heures du matin. Je suis content que tout se soit bien passé et qu’il y ait une ligne de bus pour Karachi car j’avais eu du mal à obtenir des informations sur ce poste frontière qui est moins fréquenté par les voyageurs étrangers, privilégiant la frontière au nord près de Zahedan car c’est la seule permettant d’entrer avec son véhicule motorisé.

Je découvre que le décalage horaire entre l’Iran et le Pakistan est d’une heure trente et le bus pour Karachi finit par partir à treize heures, heure iranienne, ou quatorze heure trente pour l’heure pakistanaise. Toutes les places sont prises avec une partie occupée pour les bagages et je suis le seul étranger à bord. Quelques passagers se présentent à moi et me demandent d’où je viens mais la plupart ne parle pas très bien anglais donc notre conversation est courte sauf avec Ali, qui parle parfaitement anglais et qui me sera d’une aide très appréciable pour mes premières heures au Pakistan.

Nouveau changement à mon arrivée au Pakistan, en plus de la langue et de la couleur de peau plus sombre, on roule à gauche. Depuis la vitre du bus, je peux observer encore de très belles falaises et des montagnes rocheuses en plein désert, dans la continuité du Baloutchistan iranien. La route est plutôt en bon état même si elle est étroite. Je découvre également les fameux camions pakistanais richement décorés et chargés bien au-delà des limites habituelles en débordant de chaque côté et en dépassant largement le toit de la cabine, c’est impressionnant.

Je suis très content et fier d’avoir pu passer cette frontière car elle est bien plus pratique pour rejoindre Karachi et remonter vers le nord du Pakistan en suivant le fleuve Indus. C’est également bien moins fatiguant que la frontière au nord où j’aurais dû être escorté dans un convoi militaire pendant plusieurs jours avec de multiples contrôles car c’est une zone jugée plus dangereuse qui longe la frontière avec l’Afghanistan.

Nous faisons une pause pour le dîner à la tombée de la nuit sur une petite aire située au bord de la mer avec un restaurant et une épicerie situés. Ali m’aide à commander mon repas, je commence simple avec du riz nature et une cuisse de poulet en buvant un Pepsi afin d’habituer progressivement mon estomac et éviter une intoxication en plein voyage en bus…

De retour dans le bus, certains passagers m’offrent gentiment des petites choses à grignoter. Je parviens enfin à avoir du réseau avec mon forfait Free qui couvre le Pakistan donc je peux prévenir mes proches que tout va bien et chercher un hôtel à Karachi car je ne pensais pas arriver le soir-même. Le trajet se fait désormais de nuit donc je ne peux plus beaucoup profiter du paysage sauf par moment grâce à la lune qui éclaire les roches du parc national Hingol que j’aurais bien visité de jour mais il faut apparemment des autorisations spéciales.

Nous arriverons finalement tard dans la nuit dans une gare routière à une trentaine de kilomètres de la ville de Karachi après quasiment douze heures de route dont deux bonnes heures sur la fin du parcours qui sont dues à de multiples arrêts pour des contrôles de police et des ralentissements sur la route à cause des bouchons et de l’état de la route. A savoir que la ville de Karachi est immense avec une population de quinze millions d’habitants dans un pays qui en compte deux cents vingt millions donc clairement la densité est bien plus importante qu’en Iran !

Nous arrivons à une heure du matin dans la gare routière et il me faut encore une bonne quarantaine de minutes pour rejoindre mon hôtel. Ali m’aide pour trouver un taxi et surtout négocier le prix puis il me donne son numéro de téléphone pour que je puisse l’appeler en cas de problème, c’est très sympathique de sa part alors que la fatigue se fait ressentir après ce long trajet. J’essaie de guider le chauffeur de taxi vers mon hôtel avec mon téléphone mais il ne parle pas anglais et la ville est gigantesque avec un réseau routier très dense constitué de multiples ramifications avec des routes en mauvais état donc c’est très compliqué pour moi de le guider. Une mauvaise odeur émanant probablement des eaux usées en stagnation dans certains quartiers de la ville vient perturber mes pauvres narines qui s’étaient habituées à l’air pure des grands espaces mais, après quelques jours d’adaptation, cela sera moins dérangeant. Nous arrivons finalement à l’hôtel à deux heures du matin juste avant que ma batterie rende l’âme. Une personne de l’hôtel avec qui j’étais en contact sur WhatsApp est là pour m’accueillir et je peux enfin m’écrouler dans mon lit pour me reposer après cette longue journée en me promettant de rester tranquille dans ma chambre demain, au moins toute la matinée !

Jour 82 (8/12/2022)

Ce matin, comme je me le suis promis, c’est petite grâce matinée mais aussi je suis impatient d’essayer de mettre à jour mon blog et, miracle, les photos se téléchargent comme au bon vieux temps sans avoir besoin de passer par la technique plus longue que m’avait montré Thomas. Quel bonheur d’avoir un réseau wifi digne de ce nom et ne plus devoir utiliser un VPN !

Ensuite, je sors en début d’après-midi pour déjeuner et découvrir à pied mon quartier. Comme lorsque j’étais arrivé en Iran, je regarde tout autour de moi avec un regard curieux et neuf : l’apparence physique des passants et leurs comportements, les bâtiments, les véhicules, la nourriture, la publicité, tout m’intrigue et peut être source d’interrogation ou d’étonnement en comparant avec mes références occidentales ou sur l’idée que j’avais du pays.

Forcément, mes impressions du début sont livrées ici avec peu de connaissances du pays et sans vision d’ensemble donc elles seront à compléter ou à modifier avec le temps mais pour ma première ballade dans mon quartier de la ville de Karachi, j’observe que les rues sont généralement en mauvais état et qu’il y a beaucoup de circulation avec une grande partie de motos et de tuktuks qui font beaucoup de bruit en klaxonnant sans arrêt afin d’avertir de leur présence sachant qu’il n’y a pas souvent de feux de signalisation. Il y a également tout un enchevêtrement de câbles électriques qui pendent en l’air, les électriciens doivent s’arracher les cheveux quand il y a une panne à réparer.

La rue de mon hôtel avec les câbles électriques qui pendent

En continuant mon cheminement, je croise des contingents de jeunes écoliers en uniformes impeccables de couleur mauve avec une cravate rouge qui ont terminé leurs cours et qui attendent leur bus parfois en jouant avec une balle de cricket. Il y a également beaucoup de motos garées à proximité d’un lycée ou d’une université.

Les motos sont très utilisées au Pakistan, comme en Iran

Je fais une pause déjeuner dans un petit restaurant avec des tables sur le trottoir, il est très fréquenté donc je lui fais confiance pour la qualité de ses plats et je désigne du doigt au serveur l’un d’entre eux qui est cuisiné dans une immense marmite. C’est un poulet biryani et il annonce la couleur pour mon palais qui va devoir s’adapter à la nourriture épicée mais c’est supportable et bon.

Ensuite, je continue ma marche en me dirigeant vers une large avenue où il y a de nombreux magasins. Comme dans les grandes villes d’Iran, il n’y a pas de priorité pour les piétons donc il faut traverser lentement les rues en regardant attentivement les véhicules pour se faufiler entre eux ou bien presque courir lorsqu’il y a un espacement plus large entre les véhicules afin d’atteindre le trottoir avant que la prochaine vague arrive.

Je vois un peu de tout lors de ma balade, des enfants qui mendient au carrefour mais aussi un grand centre commercial moderne et climatisé avec des magasins de grandes marques. A l’extérieur, l’air est sec et la température est élevée (environ trente degrés) même si nous sommes en hiver donc je n’ose pas imaginer comment c’est en été !

Il y a également de nombreuses boutiques de saris et de voiles de toutes les couleurs avec des chaises disposées pour que les clientes puissent choisir parmi ce défilé de tissus présentés par les commerçants.

Défilé de tissus

Je trouve aussi quelques ilots de verdure avec des petits parcs ou quelques allées avec de grands arbres dans des quartiers d’habitations plus chics.

Un petit parc dans Karachi pour fuir l’agitation de la ville

Ensuite, je rentre tôt à l’hôtel pour me reposer, communiquer avec mes proches et puis toujours avancer sur mon blog. Demain, je ferai la visite de Karachi avec un guide local dénommé Ameer. Lorsque j’avais fait la demande du visa pour le Pakistan il m’avait été demandé une lettre de sponsor pour indiquer mon itinéraire prévu dans le pays et confirmer que je serai accompagné par une personne basée au Pakistan. Certains voyageurs se débrouillent pour acheter ce document auprès d’un tiers sans avoir de guide sur place mais je n’avais pas beaucoup de contacts, peu de temps pour organiser mon voyage et, surtout, je voulais limiter les risques dans ce pays inconnu donc je suis passé par un contact pakistanais s’appelant Taimoor qui était recommandé par des voyageurs diffusant des vidéos très bien faites sur leur chaîne Youtube (« Artisans de demain » si vous êtes intéressés). Taimoor m’a proposé en plus de cette lettre de sponsor de réserver plusieurs jours au Pakistan avec un guide dans plusieurs villes. Le prix est plus élevé mais cela m’a paru plus prudent et aussi je me suis dit que cela me permettrait de visiter plus facilement certains endroits dont les accès sont limités ou peu connus.

Jour 83 (9/12/2022)

Ce matin, j’ai rendez-vous de bonne heure avec mon guide Ameer qui habite Karachi et qui me fera visiter les environs pendant les trois prochains jours. Tout d’abord, Ameer m’emmène dans une banque afin que je puisse retirer de l’argent car je n’y suis pas arrivé la veille alors que j’ai essayé dans de nombreuses banques mais il faut en choisir une qui est internationale comme la « Standard Chartered » et il faut choisir l’option du compte « default ».

Puis, nous prenons un tuktuk pour nous déplacer dans cette ville immense. J’ai choisi cette option car sinon cela aurait été bien plus cher avec un chauffeur pour la journée et Ameer se charge gentiment de négocier le prix avec chaque conducteur. Ce mode de transport est également plus intéressant qu’une voiture classique car il permet de mieux s’immerger dans l’atmosphère de la ville en retrouvant des sensations similaires à la moto avec la tête à l’air libre.

Nous commençons par visiter la mosquée Masjid-e-Tooba qui possède un immense dôme pouvant accueillir plusieurs milliers de fidèles et qui a été construite dans les années soixante. A l’intérieur du dôme, le sol est recouvert d’un tapis sur lequel sont dessinés des emplacements individuels pour chaque personne venue prier. Les murs sont recouverts de marbre et le toit intérieur de la coupole contient des petits miroirs pour refléter la lumière. Ce lieu de prière a été conçu également pour avoir une bonne acoustique permettant de diffuser dans toute la salle la voix de l’imam sans forcément recourir à un micro.

Mosquée Masjid-e-Tooba

Ensuite, nous allons visiter le musée national de Karachi qui dispose de plusieurs salles présentant de manière chronologique les différents peuples et civilisations qui ont habités la région et notamment au bord du fleuve Indus. Cela commence par la Préhistoire avec des silex pour faire du feu et des objets sommaires puis des figurines en argile d’anciennes divinités, des bijoux, des sceaux pour marquer la propriété d’un objet…

Objets datant du huitième millénaire avant JC: figurines de déesses, sceaux pour marquer la propriété en bas

Puis, nous découvrons des sculptures bouddhistes ainsi que grecques sous l’influence d’Alexandre le Grand qui a dû se résoudre à faire demi-tour sur les rives de l’Indus après avoir écouté les plaintes de son armée exténuée. Une autre section présente des sculptures hindous puis une salle est dédiée à des pièces de monnaie et une autre à des anciens exemplaires du Coran avec de belles calligraphies. Ce musée possède quelques objets et sculptures intéressants mais je ne le trouve pas très fourni pour un musée national par rapport à la richesse culturelle et historique de cette région, probablement encore par manque de moyens.

Nous reprenons un tuktuk avec Ameer pour découvrir quelques anciens bâtiments datant de l’époque de la domination des britanniques, ils ne sont pas toujours très bien entretenus mais il y a notamment un beau monument de la faculté des sciences.

Faculté des sciences de Karachi

Puis, Ameer m’emmène découvrir le Mausolée Mazar-e-Quaid construit en plein cœur de Karachi avec un immense parc de cinquante-trois hectares en l’honneur du fondateur du Pakistan, Muhammad Ali Jinnah, qui était originaire de Karachi et qui est décédé d’une maladie à peine un an après l’indépendance. C’est agréable de pouvoir s’y balader à l’abri des bruits de la circulation et la taille du site témoigne de l’importance de ce personnage historique pour cette jeune nation qui existe depuis le milieu du vingtième siècle.

De retour dans la cacophonie sur les routes de Karachi avec un nouveau tuktuk, je prends une vidéo pour immortaliser cette ambiance qui est si particulière et vous pourrez voir ci-dessous de quoi je parle avec des klaxons en continue, une absence de signalisation donc des véhicules qui se croisent sans arrêt en se frôlant, une multitude de deux-roues et de beaux bus colorés. Vous remarquerez l’absence de priorité pour les piétons et un coursier express d’une entreprise concurrente de mon ancienne société qui essaie de se faufiler dans ce chaos.

Immersion dans la circulation de Karachi

Ensuite, nous visitons le marché de l’impératrice qui a été construit par les britanniques en l’honneur de la reine d’Angleterre Victoria et impératrice de l’Inde. L’édifice est sous forme carrée avec des galeries à un étage encerclant une cour centrale à laquelle on accède en passant sous une tour avec une horloge comme Big Ben. Les fruits, les légumes et les épices colorent la cour puis Ameer m’emmène dans le marché de la viande où les conditions d’hygiène sont très limitées : les viandes sont exposées à l’air libre avec des mouches qui viennent se coller aux os à moelles, il y a des têtes de chèvres et des pieds de vaches encore dégoulinant de sang. En revenant dans la cour centrale, nous trouvons un jeune homme qui écrase des noix de coco avec un pilon afin d’en retirer le jus. Pour cela, il tire une lourde pierre maintenue par un support en bois à l’aide d’une corde autour de son bassin en pivotant tout autour du pilon. Ce doit être un travail exténuant.

Après la pause déjeuner, nous empruntons un bus richement décoré de la ville, même l’intérieur est coloré. L’avant est réservé aux femmes et l’arrière aux hommes. Ameer me fait visiter la gare où nous prenons quelques photos avec des passants, curieux de voir un étranger et, même avec les conducteurs du train. Je découvre aussi un service de transport de fret ferroviaire avec du mobilier de toute sorte déposé sur le quai.

Puis, nous nous rendons au bord de la mer avec une large plage qui est très fréquentée avec les habituelles attractions touristiques de balade avec un dromadaire, à cheval ou même en voiture cross. Nous visitons ensuite un sanctuaire à proximité pour la dernière étape de la journée qui est l’ancienne habitation de la sœur du père fondateur du Pakistan, Jinnah, où nous entrons grâce à la force de persuasion et au réseau de Ameer car le site était normalement privatisé pour un évènement.

L’ancienne résidence de la soeur du fondateur du Pakistan

Jour 84 (10/12/2022)

En ce deuxième jour de visite de Karachi avec Ameer, nous commençons par une balade dans un parc pour admirer un ancien bâtiment britannique qui est désormais une galerie d’art. Très souvent dans ces espaces verts, il y a des Pakistanais qui jouent au cricket, ce sport est visiblement très populaire et je suis invité à m’y exercer tout d’abord en lanceur de balle puis à la réception. Je vais avoir besoin d’entrainements.

Initiation au cricket

Nous visitons ensuite la résidence de Muhammad Ali Jinnah, le fondateur du Pakistan. L’architecture du bâtiment est esthétique et il y a un petit jardin agréable mais les différentes pièces ainsi que le mobilier et les objets représentent peu d’intérêts à mes yeux, c’est probablement plus important pour les pakistanais. Je me rends compte également que c’est pratique d’avoir un guide pour visiter les monuments de cette ville car plusieurs d’entre eux sont fermés et protégés par des gardes armés mais Ameer parvient à chaque fois à nous y introduire. La présence des armes dans cette ville est bien plus fréquente que dans les autres pays que j’ai visité, quasiment chaque banque a un garde armé à l’entrée, mon hôtel avait également un garde armé le soir.

La résidence de Muhammad Ali Jinnah

Nous continuons de nous balader en ville à pied ou en tuktuk et c’est l’occasion de découvrir d’autres bâtiments de l’époque britannique qui pourrait embellir la ville mais, malheureusement, ils ne sont pas souvent bien entretenus.

Ameer m’emmène ensuite à la cathédrale Saint Patrick que j’ai la chance de pouvoir visiter car un prêtre la fait découvrir à un voyageur polonais au même moment. La cathédrale est en parfait état, bien éclairée et les vitraux sont très jolis. A l’extérieur, il y a un arbre de Noël avec des étoiles suspendues qui me rappellent que les fêtes sont proches mais j’ai du mal à l’intégrer dans mon esprit avec cette chaleur et cet environnement si différent de l’Europe.

Nous terminons en milieu d’après-midi par la visite du musée l’armée de l’air avec une grande exposition en plein air d’appareils militaires, il y a également de nombreuses attractions pour divertir les jeunes comme dans une fête foraine. Je ne passe pas inaperçu au milieu de cette foule de jeunes étudiants et nous prenons plusieurs photos de groupe avec leurs jolis uniformes et leurs cravates, toujours souriant et curieux.

Photo avec de jeunes étudiants en uniforme au musée de l’air

Puis, Ameer me dépose à mon hôtel et nous nous retrouvons le soir pour faire une dégustation de plats locaux dans la rue Burns qui est très connue à Karachi pour ses nombreux restaurants proposant des plats variés à déguster en terrasse. La rue est trop étroite pour les voitures mais elle est très fréquentée par les motos et tuktuks, c’est un véritable défilé ininterrompu dans un concert de klaxons. Nous faisons un premier tour d’observation avec Ameer avant de choisir les plats que nous souhaitons goûter, nous commençons par des sortes de beignets de poissons à tremper dans une sauce légèrement épicée, c’est très bon et puis il était temps que je goûte du poisson dans cette ville portuaire ! Ensuite, nous goutons du poulet grillé au charbon de bois, c’est un plat appelé Sadji qui est apparemment typique du Baloutchistan et je termine par un dessert sous forme de pâte avec du lait concentré et j’aime bien aussi.

En rentrant à l’hôtel, je veille tard pour assister à la victoire étriquée des bleus contre l’équipe d’Angleterre qui fut stressante jusqu’au bout.

La suite au prochain article!

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