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Jour 5 : Upper pisang – Manang

16/02/2023 : Bistari bistari (doucement doucement)

Départ : Upper pisang 3300m

Arrivée : Manang 3540m

Dénivelé + : 600m

Distance : 20km

Marche : 7h

Ce matin, je me suis levé tôt pour admirer la vue sur la face nord de l’Annapurna 2 au lever du soleil avec un croissant de lune. Je ne me lasse pas de le regarder inlassablement et je me demande par quel itinéraire on peut accéder au sommet, tellement cette montagne m’apparait comme une forteresse invincible. Ensuite, je me suis couché dans mon lit tout en pouvant l’observer depuis la fenêtre, c’est magique.

L’Annapurna 2 au lever du jour

Après le petit-déjeuner, nous retournons au temple bouddhiste sur les hauteurs du village afin d’admirer la vue et nous faisons quelques photos de groupe en souvenir. De jeunes branches de sapins sont brûlées tôt le matin pour diffuser de bonnes odeurs comme de l’encens. Le village d’Upper Pisang est très beau avec ses maisons traditionnelles en pierres et nous n’oublions pas de passer sur la gauche des chörtens tout en faisant tourner les rouleaux de prières.

La lumière est très belle en ce début de matinée et elle met en valeur les couleurs et les formes des arbres et des roches. Nous croisons des yaks et des naks (la femelle du yak) sur un chemin en hauteur passant au milieu de sapins d’où nous pouvons marcher tout en admirant l’Annapurna 2 qui nous toise majestueusement du haut de ses 7937m.

Dawa connaît très bien la faune et la flore et il nous montre les différentes plantes, fleurs et céréales tout au long du parcours ainsi que les animaux qu’il repère au loin grâce à son regard aiguisé.

Nous montons jusqu’à 3730m au village de Ghyaru d’où nous pouvons désormais observer l’Annapurna 4 dont le sommet atteint 7525m ainsi que le Lamjung Himal tout a gauche, c’est pour le moment la plus belle vue depuis le début de notre parcours.

Ensuite, l’itinéraire suit un chemin relativement plat à flanc de montagnes et complètement dégagé ce qui nous permet d’admirer en continue la vue sur ces montagnes, c’est merveilleux. Depuis notre arrivée à Upper Pisang nous croisons davantage de randonneurs, notamment quelques groupes de coréens et d’américains ainsi que deux hollandaises accompagnées de leur guide que nous reverrons plusieurs fois sur le parcours.

Photo panoramique prise depuis le chemin de randonnée après le village de Ghyaru, j’espère que vous reconnaissez désormais l’Annapurna 2!

Les contrastes de couleurs entre le blanc de la neige et le vert de la végétation est magnifique, nous n’arrêtons pas de prendre des photos avec Bertrand, encore maintenant en les revoyant pour écrire cet article je reste subjugué.

En admirant devant ces reliefs et couleurs variés

Puis, nous découvrons un paysage un peu plus aride avec des roches grises en formes de cheminées de fées comme en Cappadoce, les paysages varient mais demeurent saisissants. Nous apercevons désormais tout au fond sur la droite le pic du mont Tilicho enneigé qui nous fait toujours rêver. D’ailleurs, nous avons repris espoir depuis que Dawa nous a indiqué la veille qu’il y avait peut-être une chance que le camp de base soit désormais ouvert, nous devrions avoir la confirmation à notre arrivée ce soir au village de Manang. L’Annapurna 3 avec ses 7555m est également visible à la droite de l’Annapurna 4, on commence un peu à s’y perdre avec Bertrand à force d’observer ces commets sous tous les angles de vue.

Si je me souviens bien, on voit l’Annapurna 4 puis juste à côté l’Annapurna 3 et au bout de la chaîne sur la droite le mont Tilicho

Nous nous installons dans un sympathique restaurant avec une vue panoramique à l’entrée du village de Ngawal et nous sommes rapidement rejoints par les groupes de coréens, américains et hollandais que nous avons croisé plus tôt dans la journée. Cela nous donne une idée de l’affluence pendant la saison touristique, apparemment en mars et avril et surtout de septembre à novembre.

Nous entamons la descente en direction de Manang et nous pouvons voir sur le chemin la minuscule piste de l’aérodrome de Humde coincée entre deux massifs montagneux et qui n’est désormais plus utilisée. Des aigles aux envergures immenses nous survolent en prenant des courants d’air chauds ascendants.

Sur la fin du parcours, nous suivons une route rectiligne sur un plateau aride avec de jeunes pousses de sapins, le soleil tape fort et le paysage est moins idyllique sur cette route monotone, plate et poussiéreuse qui est bordée d’un côté par une ligne électrique. On commence à avoir hâte d’arriver, surtout que l’on voit des panneaux indiquant le village de Manang depuis le début de notre trek donc nous sommes curieux de voir à quoi il ressemble.

Malgré tout, nous faisons quand même un léger détour pour visiter un temple bouddhiste en haut d’une colline avec une vue magnifique sur la chaîne de montagnes, cela doit aider à la méditation. Un troupeau de yaks broutent en face dans une prairie aride.

Ça y est, nous arrivons enfin à Manang, nous avons les épaules et le cou endoloris par le poids de notre sac après cette succession de jours de randonnée assez soutenus mais nous sommes heureux et fiers car nous avons déjà gagné deux jours sur l’itinéraire et surtout, la très bonne nouvelle, c’est que le camp de base du lac Tilicho est ouvert : youpi ! Donc on pourra faire ce détour qui nous faisait envie depuis le début et sans ajouter de jours supplémentaires, c’est parfait.

Notre chambre nous offre une nouvelle fois une très belle vue sur les montagnes et j’en profite pour faire une séance d’étirements sur la terrasse extérieur devant ce panorama magnifique puis je fais une lessive au savon de mes caleçons et chaussettes que je ferai sécher le lendemain sur mon sac à dos en marchant : technique testée et approuvée !

Le soir, nous discutons dans le salon autour du poêle avec d’autres trekkeurs qui font la randonnée avec ou sans guides, deux suisses et deux américains. Ils ont chacun une histoire différente et la plupart voyagent comme moi pendant plusieurs mois.

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Jour 4 : Timang – Upper Pisang

15/02/2023 : Mito / c’est bon (pour la nourriture)

Départ : Timang 2615m

Arrivée : Upper pisang 3300m

Dénivelé + : 700m

Distance : 20km

Marche : 7h

Au matin, le ciel est bien dégagé et nous admirons les chaînes de montagnes qui nous entourent dont certains sommets sont enneigés. Là, on se sent vraiment dans les montagnes. On aperçoit le sommet du Manaslu culminant à plus de 8000m mais c’est difficile de prendre une belle photo en raison du contre-jour, il faudra venir pour le voir par vous-même !

Les paysages sont sublimes, des aigles frôlent les parois rocheuses dont nous pouvons voir avec netteté les reliefs grâce à l’air limpide. Nous apercevons pour la première fois le massif de l’Annapurna et notamment au loin le sommet enneigé de l’Annapurna 2, à 7937m. Désormais, ce spectacle d’immenses montagnes tout autour de nous sera notre toile de fond pour le reste de notre randonnée, on n’a pas fini de s’émerveiller !

Nous entrons dans le village de Chame qui est célèbre pour ses sources d’eau chaude naturelles mais malheureusement elles ont été détruites par des inondations donc il ne reste plus que quelques petits bassins d’eau où les habitants font leur lessive donc nous ne ferons pas de pause baignade. Depuis le bord de la rivière, nous pouvons admirer le mont Lamjung Himal qui est majestueux du haut de ses 6983m avec sa robe blanche. Des écoliers étudient sur des tables à l’extérieur, j’aurais bien du mal à me concentrer au milieu de ce spectacle grandiose.

Quelques bassins de sources d’eau chaude naturelles où les habitants fond leur lessive face au Lamjung Himal

Nous faisons notre pause déjeuner peu de temps après et nous goutons enfin au fromage de yak qui a du goût mais il est cher car on apprend qu’il n’est pas produit dans cette région même s’il y a de nombreux yaks. Les cuisines intérieures sont très belles avec leurs étagères en bois, leurs casseroles de toutes tailles, leurs plaques de cuisson chauffées au feu de bois, on se sent vraiment chez l’habitant.

Après le déjeuner, nous traversons une forêt de sapins avec, en contrebas, un large lit de rivière creusée par l’eau et les glissements de terrain. Nous découvrons des paysages différents chaque jour, voir même plusieurs fois par jour.

Nous traversons une forêt de sapins avec une rivière en contrebas

Le ciel se couvre progressivement à partir du milieu de l’après-midi. Sur un passage, la route a été creusée à même la roche où l’on peut voir encore des orifices qui ont été sans doute utilisés pour placer des explosifs.

Puis, nous empruntons un chemin tapissé d’épines à travers une épaisse forêt de sapins, nous y croisons deux chiens blancs qui semblent être sauvages et ils ont d’ailleurs des allures de loups mais heureusement nos mollets ne semblent pas les intéresser et ils sont plutôt friands de nos caresses pour notre grand plaisir.

Nous traversons un villages remplis d’hôtels mais ils sont tous vides, on a l’impression d’être dans un village fantôme en cette basse saison. Nous sommes surpris également de découvrir plusieurs vergers de pommiers sur la route à cette altitude, nous avons l’occasion d’en goûter lors d’un arrêt et elles ont du goût!

Finalement, nous arrivons à notre étape finale de la journée, le village de Upper Pisang, qui se situe à plus de trois milles mètres d’altitude, nous avons passé un cap. Ce village offre une vue magnifique sur l’Annapurna 2, majestueux avec sa robe de neige, de glace et de roches. On peut même le voir depuis notre chambre d’hôtel et on ne s’en lasse pas.

Nous posons les sacs et nous allons visiter un temple bouddhiste en peu plus en hauteur avant la tombée de la nuit dont l’intérieur est toujours richement décoré puis nous nous régalons d’un dal bat bien copieux avant d’aller nous coucher en nous remémorant les belles images de la journée.

Le soir je lis sur ma tablette le manga japonais “Le sommet des dieux” qui raconte l’épopée de la conquête de l’Everest avec notamment le mystère si la cordée des anglais Mallory et Irvine est parvenue au sommet en 1924, presque trente ans avant la première ascension victorieuse officiellement reconnue et en parallèle il y a également de belles histoires d’alpinistes japonais qui se retrouvent dans des situations bien plus périlleuses que nous, c’est passionnant.

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Jour 3 : Chamche –  Timang

14/02/2023 : kripayaa (s’il vous plait)

Départ : Chamche 1385m

Arrivée : Timang 2615m

Dénivelé + : 1300m

Distance : 20km

Marche : 7h

Nous nous levons de bonne heure ce matin vers sept heures et nous apercevons à l’heure du petit déjeuner un couple de trekkeurs partant avec leur guide avec qui nous étions arrivés dans le même bus. Ce sont les seuls randonneurs que nous avons vus sur le chemin pour le moment.

Nous commençons la marche par un sympathique sentier sur le versant à l’ombre du soleil et à flanc de montagne au-dessus de la rivière tandis que nous avons une vue dégagée sur le versant opposé qui est ensoleillé. Les roches sont vertigineuses, Dawa nous montre des ruches d’abeilles qui sont accrochées dans le vide sous des surplombs rocheux, c’est très impressionnant.

Nous passons sur un nouveau pont suspendu et nous admirons encore des cascades sur notre trajet, on ne s’ennuie pas. On aperçoit quelques villages isolés presque aux sommets des montagnes et nous nous demandons comment les habitants font pour y vivre à l’année, d’après Dawa ils sont relativement autonomes grâce à leurs cultures locales.

Nous enchaînons quelques montées raides sur de longs escaliers de pierres qui usent nos organismes et on aimerait bien parfois se délester de nos sacs mais lorsque l’on croise des habitants avec leurs lourds fardeaux quotidiens on fait profil bas. Des ânes broutent paisiblement tout en haut des escaliers d’où nous rejoignons le village de Tal, situé sur un petit plateau de galets encastré au milieu de hautes montagnes. La rivière est calme en cette saison mais à la période de la fonte des neiges et de la mousson elle peut grossir très rapidement et menacer les habitations, c’est une lutte avec la nature pour vivre ici.

D’ailleurs, à cause de glissements de terrain qui ont endommagé le chemin de randonnée et des crues de la rivière qui ont emporté un pont nous sommes obligés d’emprunter la route sur une portion. Heureusement, il y a peu de passage de véhicules et la vue reste agréable. La météo est bonne, nous sommes en t shirt toute la journée depuis la veille, ce sont des conditions idéales. Avec Bertrand nous nous arrêtons souvent pour prendre en photos les paysages et les nombreuses cascades sur notre chemin.

Soudain, nous apercevons un pont suspendu à une hauteur impressionnante qui permet de traverser un canyon depuis les hauteurs des montagnes. En regardant les informations sur la carte, il mesure une centaine de mètres et il est suspendu à quatre cents mètres de haut !

Nous arrivons à un croisement de vallées étroites et Dawa nous indique que celle qui bifurque sur notre droite mène au massif du Manaslu dont le plus haut sommet dépasse les 8000m et nous pourrons observer certains sommets enneigés de ce massif pendant une longue partie de notre randonnée.

Cependant, une mauvaise nouvelle nous attend lors d’un check point pour les trekkeurs. Dawa s’est renseigné pour savoir si le camp de base permettant d’accéder au lac Tilicho est ouvert en cette saison et on lui répond qu’il est actuellement fermé. Cela douche nos espoirs nourris depuis plusieurs jours par ce mystérieux lac à hautes altitudes. De plus, le ciel se couvre de nuage et la route devient boueuse et accidentée comme nos pensées du moment.

Mon moral est à l’image de la météo et de la route à ce moment

Nous avançons malgré tout et Dawa nous apprend les règles du rite bouddhiste à suivre, par exemple il faut faire tourner les rouleaux de prières dans le sens des aiguilles d’une montre et il faut toujours passer à la gauche des « chörten » placés régulièrement sur la route. Nous respecterons scrupuleusement ces règles en faisant tourner tous les rouleaux de prière qui se présenteront à nous dans l’espoir que cela nous permette d’avoir de bonnes conditions pour notre randonnée. Dans ces contrées montagneuses la religion bouddhiste est très présente.

Bertrand est motivé pour que l’on avance le plus loin possible dans la journée afin de gagner du temps sur le programme sachant qu’il a peu de jours au Népal. La nouvelle du lac inaccessible cette après-midi m’a un peu coupé dans mon élan et je préfère éviter de terminer trop tard dans la journée pour ne pas griller toutes nos forces dans cette longue randonnée mais Dawa nous indique que l’on devrait trouver un hébergement dans un village avant 17h donc nous continuons notre marche.

Nous empruntons un escalier très raide avec de haute marches alors que nous dépassons les deux milles mètres d’altitude et le cœur bat plus fort, le souffle se fait plus court. Quand nous arrivons enfin au village de Timang situé à 2600m, les nuages couvrent les montagnes et laissent seulement apparaître une partie d’une ligne de crêtes de montagnes.

Dernière “grosse” montée de la journée

Après une douche avec une bassine d’eau chaude, nous nous retrouvons tous autour du poêle le soir dans le salon. Nous sommes dans la même auberge que le couple que nous avions aperçus le matin, ils sont gallois, la quarantaine et ils comptent passer comme nous le col du Thorung La avec leur guide et aussi leur porteur. Les nuages ont laissé la place à un ciel étoilé, c’est bon signe pour la journée suivante.

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Jour 2 : Bhulbhule – Chamche

13/02/2023 : Dhanyabaad ! (merci)

Départ : Bhulbhule 840m

Arrivée : Chamche 1385m

Dénivelé + : 700m

Distance : 21km

Marche : 7h

Au réveil à sept heures du matin, nous avons le plaisir de découvrir que le ciel est complètement dégagé et on peut déjà apercevoir au loin de hautes montagnes aux sommets enneigés : c’est motivant !

La route est également plus belle que la veille avec une rivière sur notre côté gauche qui est bien petite pour son lit en cette saison et une belle cascade que nous dépassons sur notre droite. Il y a moins de véhicules donc c’est bien plus agréable pour profiter du paysage.

Le soleil apparait enfin au-dessus des montagnes et nous permet d’apprécier toutes les palettes de couleurs de la végétation, de l’eau de la rivière, du sable et des rochers. A ce moment il n’est plus question pour nous de prendre un 4 x 4, nous voulons continuer à pied en espérant pourvoir gagner du temps sur le programme quitte à faire des journées un peu plus longue.

Plus de doute, cette rando nous plait!

Nous arrivons dans un joli petit village et nous nous émerveillons de ses bougainvilliers en fleurs, ses bananiers, ses barrières en bois de bambous, ses cultures de rizières en étages mais nous sommes rattrapés par la réalité de la vie en entendant une pauvre petite chèvre appelant à l’aide ses congénères tandis qu’un homme la tire doucement par la laisse d’une main et tient un long sabre dans un fourreau de l’autre main.

Le chemin du tour de l’Annapurna est indiqué par un marquage blanc et rouge comme notre GR national. Les vues sur les rizières à étages sont magnifiques et le parcours nous permet de découvrir la vie locale des habitants. Nous croisons une mamie qui porte son sac en bandoulière autour de la tête tout en marchant pieds nus dans un chemin raide, des paysans tiennent une charrue tirés par des buffles, des villageoises font sécher au soleil des grains de millet. Un chien noir nous suit également pendant quelques kilomètres en suscitant la colère des chiens sur le parcours qui gardent jalousement leur territoire et il ne pourra finalement pas résister à la hargne d’un roquet blanc lorsque nous ferons une étape.

Bertrand, suivi de notre fidèle toutou

La randonnée au Népal est facilitée par le fait qu’il y a de nombreuses auberges proposant le gîte et le couvert tout au long du parcours, même à haute altitude, et pour des prix relativement bas par rapport à l’Europe mais quand même plus élevés en comparaison des autres régions du Népal. C’est largement justifiés par le fait que le coût d’approvisionnement est bien plus important en utilisant des 4 x 4 mais aussi des porteurs (hommes ou animaux). Ainsi, nous n’avons pas besoin de porter une tente ni de la nourriture à part quelques compléments sucrés et nous pouvons nous contenter d’une gourde d’un litre d’eau chacun que nous remplissons au fur et à mesure. Je teste pour la première fois ma nouvelle gourde filtrante et cela fonctionne bien, tant mieux c’est moins cher et surtout cela diminue ma consommation de plastique. Bertrand pour sa part optera progressivement pour l’eau chaude plutôt que des bouteilles d’eau potable en plastique.

Après un bon plat de nouilles, nous repartons repus mais le ventre alourdi. Nous traversons d’autres villages et c’est à nouveau l’occasion d’observer la vie des habitants qui sont tous occupés à différentes tâches d’une vie d’un autre temps pour nous: la culture des champs sans machines, désosser une bête et se partager les morceaux de viande, filer la laine… Chaque portion de terrain est bien entretenue pour l’habitat, les cultures ou aussi pour faire pousser de belles fleurs, c’est une randonnée très agréable.

Nous longeons la rivière sur les hauteurs en suivant un chemin à flanc de montagnes puis nous repassons sur la route de terre via un nouveau pont suspendu. Il y a régulièrement des cascades qui creusent des canyons ou des gorges dans la roche et viennent alimenter la rivière. Sur la route, nous croisons un troupeau de chèvres dont certaines viennent tout juste de mettre bas et lèche avec affection leur progéniture qui commence tout juste à marcher en bêlant. Nous aurons assisté aujourd’hui au cycle complet de la vie d’une chèvre en commençant par la fin et en remontant aux origines.

La rivière alimentée par les cascades sous cette belle lumière de fin de journée

Ensuite, nous prenons un escalier de pierre qui monte droit dans la montagne puis nous traversons des torrents sur des ponts de fortune avant de rejoindre une route de terre d’où nous pouvons apercevoir le village de Chamche qui sera notre étape pour passer la nuit.

Nous arrivons vers 17h avant l’obscurité, nous faisons une bonne séance d’étirements après cette première vraie journée de randonnée et nous retrouvons Dawa pour un thé noir avant de prendre nos douches, de dîner puis de nous coucher tôt. Nous suivrons ce rituel pour les dix prochains jours.

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Jour 1 : Katmandou – Bhulbhule

12/02/2023 : Jam Jam ! (On y va)

Départ : Besisahar 760m

Arrivée : Bhulbhule 840m

Dénivelé + : 80m

Distance : 9km

Marche : 2h30

Nous nous levons tôt le matin pour prendre un bus partant à sept heures depuis Katmandou et qui nous emmènera jusqu’à la ville de Besisahar d’où nous commencerons notre trek autour du massif des Annapurnas.

La route jusqu’à Dumre est plutôt en bon état et nous avançons bien en bus malgré un arrêt pour cause de travaux de voirie. La route longe une large rivière et il y a des vendeurs de poissons frais qui exhibent leurs pêches accrochés à des bâtons. A partir de Dumre, nous reprenons de l’altitude pour rejoindre la ville de Besisahar et la route devient plus accidentée. Pendant ce trajet, l’un des deux jeunes hommes en charge d’inciter les clients à monter dans le bus et à encaisser l’argent m’apprennent l’expression népalaise « jam jam » qui signifie « on y va » et qui est fort à propos pour notre randonnée. Cela me donne l’idée d’essayer d’apprendre un mot népalais par jour pendant cette randonnée avec l’aide de Dawa, pour le moment c’est facile!

Deux autres groupes de trekkeurs occidentaux sont avec nous dans le bus avec leur guide mais ils continuerons un peu plus loin sur la route et nous les recroiserons plus tard sur le chemin.

Nous faisons une pause déjeuner puis nous installons nos sacs sur le dos qui seront nos fidèles compagnons pendant une dizaine de jours, parfois un peu encombrants pendant la marche mais toujours réconfortants à l’arrivée pour se vêtir de vêtements chauds pendant la nuit.

Nous commençons notre randonnée sur une route poussiéreuse et assez fréquentée par des bus et des 4 x 4 qui soulèvent des nuages de poussières que nous essayons tant bien que mal d’éviter. Le temps est couvert, presque menaçant et nous avons pour le moment une large rivière à observer en contrebas tandis que les montagnes sont légèrement masquées par la brume.

Nous croisons plusieurs groupes de personnes effectuant de difficiles travaux de voiries, certains cassent des pierres à la masse, nous observons également des paysans tenant une charrue tirée par des buffles dans un champ, on a l’impression de faire un retour dans le passé de nos aïeux et nous sommes finalement bien contents de n’avoir que nos sacs à porter et la liberté de nous promener.

Une fine pluie commence à tomber du ciel lorsque nous accédons à un joli petit village par un pont suspendu qui nous permet de rejoindre une route moins fréquentée et donc plus agréable. Nous faisons un petit bout de chemin avec deux jeunes écolières rigolardes tout en traversant des petits villages et nous finissons par arriver après environ deux heures trente de marche au village de Bhulbhulle où nous passerons la nuit.

Un pont suspendu typique du Népal, nous en verrons fréquemment sur notre chemin

L’hébergement est agréable en bord de rivière, nous sommes les seuls occupants en cette basse saison et nous arrivons tout juste avant que la pluie redouble en intensité pendant plusieurs heures. Nous prenons tous les trois un thé noir pour nous réchauffer puis nous nous installons dans nos chambres, prenons notre douche fort heureusement à l’eau chaude et nous nous retrouvons tôt le soir pour dîner d’un traditionnel Dal Bat.

Nous examinons la carte pour notre itinéraire en discutant des options possibles, l’une d’entre elles serait d’éventuellement prendre un 4 x 4 pour nous avancer plus rapidement et utiliser les jours de marches gagnés afin de faire le détour par le lac Tilicho qui culmine à 5000m. Cette première marche au bord d’une route fréquentée et poussiéreuse ne nous a pas beaucoup enchanté donc on redoute avec Bertrand que cette expérience se renouvelle pour les prochains jours avant d’atteindre des altitudes plus élevées avec de meilleures points de vues et moins de véhicules. Nous verrons bien le lendemain, en attendant nous allons nous coucher tôt pour nous lever tôt le lendemain sachant que Bertrand a encore le décalage horaire de son long voyage en avion.

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Népal

Katmandou et ses environs

Jour 142 (06/02/2023)

Je me lève tôt le matin et Dilip m’emmène en scooter à la station de bus d’où je partirai pour Katmandou, la destination finale de mon voyage itinérant ! Le trajet se passe bien, nous suivons une route creusée dans la falaise bordant une large gorge où passe une rivière et il y a des arrêts fréquents avec possibilité de se restaurer. Puis, la route devient étroite et sinueuse lorsque nous prenons de la hauteur pour rejoindre la capitale qui se situe à 1400m d’altitude.

Malgré le peu de visibilité et d’espace pour doubler, notre chauffeur n’hésite pas à dépasser les véhicules plus lents quitte à se rabattre au dernier moment pour éviter une collision, frissons garantis.

Ça y est, le bus nous dépose en périphérie de Katmandou et je partage les frais du taxi avec Pascal, un suisse qui était dans le même bus que moi. Il me suit finalement dans l’auberge où j’ai réservé un lit en dortoir et nous nous donnons rendez-vous pour dîner ensemble. En attendant, je pars à la découverte du quartier de Thamel où se situe mon auberge. C’est un endroit très touristique avec une impressionnante densité de magasins d’équipements et de vêtements de montagnes et d’agences de guide. On peut trouver tout ce dont on a besoin et la plupart des occidentaux qui s’y baladent ont le look de trekkeurs.

Les températures sont douces, je me promène en t-shirt et j’apprécie le calme de la capitale népalaise en comparaison des villes indiennes, la circulation est moins dense et surtout les deux roues klaxonnent très peu : ça fait du bien de ne plus sursauter et de ne pas avoir à constamment rester sur ses gardes !

Je constate également que l’alcool est vendu dans la plupart des commerces de boissons contrairement à l’Inde où l’accès à l’alcool est plus restreint en étant vendu dans des magasins spécialisés et moins nombreux.

Mais je passe à côté de l’essentiel qui est que j’ai enfin rejoint Katmandou par la route après 142 jours et environ 18500km parcourus en moto, bus, voiture ou train ! En fait, je ne réalise pas vraiment, c’est arrivé finalement vite et sans trop de difficultés sur les derniers jours. De plus, je suis arrivé il y a peu de temps au Népal et nous avons, avec mon ami Bertrand qui me rejoindra bientôt, l’objectif de faire un grand trek donc je me dis que la première partie du voyage en itinérance n’est pas encore fini.

Je m’offre quand même une bonne bière sur le toit terrasse de l’auberge en appréciant la vue sur Katmandou au coucher de soleil puis nous allons dîner dans le quartier avec Pascal.

Katmandou depuis le toit de mon auberge

Jour 143 (07/02/2023)

Ce matin, je pars visiter à pied le centre historique de Katmandou, appelé Durbar square, qui signifie la place royale et il y en a une dans chacune des principales villes historiques du Népal. Je remarque qu’il y a beaucoup de personnes qui circulent à pied ou sinon en deux roues.

De nombreux fidèles hindous viennent déposer des offrandes devant des temples avant de se rendre à leur travail. Le quartier de Durbar square a été fortement touché par le séisme de 2015 mais la plupart des monuments ont été reconstruits même si certains sont encore en rénovation.

Je déambule sur la place pour observer les différents monuments puis je visite un musée peu intéressant où d’ailleurs les gardiens s’assoupissent.

La place Durbar Square assaillie par les pigeons

Ensuite, je passe voir des agences de guides francophones qui m’ont été données par Bertrand d’après le célèbre “Guide du Routard” pour me renseigner sur les possibilités de treks en cette saison et les tarifs. Cela fait déjà plusieurs semaines que je me renseigne sur les itinéraires et que l’on en discute avec Bertrand. Il y a beaucoup de choix mais j’ai petit à petit fait une sélection en fonction de nos critères et envies : éviter de repasser par le même chemin, tenter une ascension à une altitude élevée, découvrir la culture locale avec des villages bien préservés, voire de beaux paysages…

Un des responsables de la première agence que je passe voir me fait une très bonne impression, il prend le temps de m’écouter et de me présenter dans le détail un itinéraire suivant nos envies. La bonne nouvelle c’est qu’il est possible de suivre le trek faisant le tour du massif des Annapurnas en passant par le col du Thorung La qui culmine à 5400m même en cette saison hivernale car les températures sont douces. Cet itinéraire semble répondre à toutes nos attentes et, au vu des passages en hautes altitudes à franchir en ce mois de février où la météo pourrait se rafraichir à nouveau, il semble plus sage d’être accompagné d’un guide. Mon interlocuteur Kumal évoque également le lac Tilicho situé à quasiment 5000m d’altitude qui nécessite un détour d’environ deux jours si on veut le visiter mais nous avons un planning serré car Bertrand n’a que deux semaines de vacances donc cela reste à voir si c’est possible. Je remercie Kumal pour toutes ses explications et j’en profite pour lui demander s’il a des recommandations pour une boutique de réparation de chaussures car les coutures et les colles de mes chaussures commencent à fatiguer depuis le temps que je les sollicite. Il m’emmène pour me montrer le magasin et je tombe complètement par hasard sur un couple de voyageurs que j’avais rencontrés à Kerman en Iran : quelle surprise !

Puis, Kumal me montre un bon restaurant pour goûter l’une des grandes spécialités népalaises culinaires: le dal bat. C’est un plat à base de riz, de légumes, de patates et d’une soupe de lentilles avec éventuellement de la viande en option et il est généralement possible de se resservir une deuxième fois: c’est le plat des montagnards pendant les treks. Kumal a pris le temps de rester avec moi sans me demander de contreparties et j’apprécie, cela sera un des points déterminants pour finalement sélectionner son agence.

Après le déjeuner, je passe voir une autre agence afin de comparer les prix et les services qui s’avèrent assez similaires, on me confirme à nouveau qu’il est possible de franchir le col du Thorung La, je suis donc rassuré et soulagé car c’était l’itinéraire qui nous plaisait le plus avec Bertrand.

Ensuite, je me rends à pied sur le site Swayambunath qui est une colline avec plusieurs temples que l’on accède par des escaliers et il est également connu pour la multitude de petits singes qui peuplent cette colline. En effet, on les voit dès les premières marches et une dame venant les nourrir génère rapidement un attroupement de ces bipèdes assez mignons et globalement paisibles.

Les temples sont bien mis en valeur avec la lumière de fin de journée et la vue d’en haut est agréable même s’il y a une légère brume persistante qui empêche de voir avec netteté les montagnes autour de Katmandou.

Depuis le début de mon voyage, j’ai dû visiter une centaine de villes et je commence à avoir des automatismes bien rodés en étudiant la carte pour identifier les principaux centres d’intérêt, définir l’itinéraire optimal pour les visiter en fonction de mon temps, où loger…

Le soir, je dîne dans le centre et je termine le film indien “La famille indienne” alors que je suis seul dans mon dortoir de quatre lits.

Patan

Jour 144 (08/02/2023)

Ce matin, je me rends à pied auprès de l’ambassade de Chine dans le maigre espoir d’avoir des informations supplémentaires sur l’éventuelle possibilité d’obtenir un visa touristique car je suis très intéressé pour visiter ce pays et, secrètement, j’espérais pouvoir continuer mon itinérance en traversant le Tibet puis d’autres régions de Chine avant de terminer mon périple au Vietnam. Mais on me confirme ce que je savais déjà, la Chine ne délivre pas de visa touristique pour le moment, c’est uniquement pour les études, le travail ou pour visiter des membres de la famille. Tant pis, je prendrai donc l’avion pour rejoindre le Vietnam et Katmandou sera donc bien ma dernière étape de ce voyage itinérant par la route.

Ma journée de visite peut désormais commencer et je rejoins la ville de Patan en bus en me plaçant comme à mon accoutumée sur un axe principal allant dans la bonne direction et je trouve assez rapidement un bus. Cela me permet d’économiser quelques roupies et de me fondre davantage dans la vie locale. Cette ville est juxtaposée à Katmandou et elle était auparavant une cité indépendante comme d’autres cités au Népal qui furent ensuite unifiées dans le même royaume.

Cette ville me plait beaucoup, on y circule facilement à pied et je croise moins de touristes qu’à Katmandou, les bâtiments historiques sont bien préservés et répartis dans plusieurs quartiers, ce qui permet de diluer l’affluence.

Comme à Katmandou, je découvre au hasard de ma déambulation de belles places isolées du bruit que l’on accède généralement par un passage bas de plafond et qui dispose souvent d’un temple en plein milieu avec les habitations autour dont les façades sont de différentes couleurs. Il y a également plusieurs bassins répartis dans la ville et de nombreux temples quasiment à chaque coin de rue dont certains sont très anciens (XIIIème, XVIIème siècles…), c’est une visite très agréable.

De plus, je suis peu sollicité par des marchands en tous genres et cela fait du bien. Je découvre le Temple d’Or qui  mérite bien son nom avec ses sculptures et riches décorations qui brillent au soleil, il est magnifique. Le moindre espace est soigneusement décoré avec de belles sculptures d’animaux (des lions, des éléphants, des singes, des tortues), notamment aux entrées.

Ensuite, je visite la place Durbar Square de Patan qui rassemble, comme à Katmandou, un grand nombre de temples et aussi un musée qui est cette fois-ci bien plus intéressant. Il est situé dans l’ancienne résidence royale et il y a de nombreuses explications en anglais pour décrire les dieux hindous avec leurs multiples bras et têtes permettant d’exprimer toute la complexité de leur personnalité ainsi que les différentes actions qu’ils peuvent faire. Il y a également des indications sur la signification des gestes de leurs mains et des positions de leurs jambes.

Un panneau présente par un croquis les différents éléments décoratifs du stupa bouddhiste, appelé « chaitya » en népalais et « chörten » en tibétain qui représentait initialement la tombe de Bouddha avant de devenir un symbole du bouddhisme.

Les monuments népalais ont une architecture très spécifique et différente de l’Inde, certaines personnes trouvent des similitudes avec l’ancienne architecture japonaise. Les traits des visages des népalais sont également différents des indiens et se rapprochent de ceux de l’Asie orientale, je sens que j’ai changé de pays. Néanmoins il y a plusieurs points communs avec l’Inde avec les saris colorés des femmes, la musique aux mêmes sonorités et la pratique de l’hindouisme qui est la religion majoritaire du pays.

La place Durbar Square de Patan vu depuis le musée, ancienne résidence royale

Puis, je rentre en bus sur Katmandou et je retrouve Pascal pour dîner ensemble avant son départ le lendemain pour l’Afrique du Sud. Il revient tout juste d’une expédition d’une demie journée en hélicoptère avec d’autres passagers afin de pouvoir observer le plus haut sommet du monde moyennant quelques centaines d’euros et il a eu de la chance que la météo soit bonne ce jour-là. Moi aussi j’aimerais bien voir ce célèbre sommet mais je préfère éviter ce moyen de transport, je vais tenter le lendemain de me rendre en scooter sur des villages plus en hauteurs d’où parfois, avec un peu de chance, on peu apercevoir le massif himalayen.

Après un bon dal bat et une bière locale, Pascal m’emmène dans une très sympathique salle de concert en plein centre-ville où des groupes de musiques népalais jouent chaque soir. La salle est grande et elle possède plusieurs lignes de gradins d’où l’on peut s’assoir tout en sirotant une boisson, l’ambiance est très festive, cela me permet de découvrir un autre visage du Népal !

Bhaktapur – Nagarkot – Dulikhel – Panauti

Jour 145 (09/02/2023)

Aujourd’hui, j’ai décidé de louer un scooter pendant deux jours afin de visiter les environs de Katmandou pour découvrir l’ancienne ville de Bhaktapur qui fut fondée au VIIIème siècle et qui fut la capitale du Népal du XIIème au XVIème siècle. J’espère également apercevoir l’Everest depuis les hauteurs de moyennes montagnes. Le prix de la location est bas, environ 10€ par jour avec l’essence inclus et le scooter est en bon état. Je n’avais pas fait de demande de permis international donc j’espère que ça ira en cas de contrôle.

C’est parti sur les routes du Népal ! Je n’ai pas d’appréhension après avoir roulé en Inde, le revêtement est en bon état, les conducteurs respectent les règles de la circulation en étant incités par la présence régulière de policiers au bord de la route alors que je n’en croisais quasiment aucun en Inde. Tous les conducteurs de deux-roues ont un casque mais ce n’est étrangement pas nécessaire pour les passagers. Il y a également des feux tricolores contrairement à l’Inde et je me fais d’ailleurs arrêter par un policier car j’ai grillé un feu rouge que je n’avais pas vu. Je me sens tout penaud et je tente d’amadouer l’agent népalais avec un grand sourire en lui expliquant que je suis touriste et que c’est mon premier jour en scooter au Népal. Il me demande d’où je viens et vérifie mon permis de conduire français puis, heureusement, il me laisse continuer sans amende: je suis soulagé !

Je gare mon scooter à côté du centre historique de Bhaktapur et je commence la visite. Il y a de nombreux anciens monuments répartis dans plusieurs quartiers, c’est très agréable de s’y déplacer à pied au hasard des rues. Ils sont bien entretenus et ils ont de très belles architectures avec des pierres et du bois et toujours autant de sculptures.

Comme en Inde et au Pakistan, la saison hivernale est visiblement celle choisie pour les mariages et j’assiste à plusieurs processions de mariés avec tous leurs invités vêtus de leurs vêtements traditionnels avec leurs tenues colorées pour ces dames et des sortes de calots avec des motifs de différentes couleurs pour coiffer ces messieurs, il y a même une fanfare : c’est folklorique !

Comme à Patan, il y a également de nombreux bassins d’eau en plein centre des différentes places de la ville. Je découvre des temples au hasard des rues, c’est très beau et j’arrive finalement sur la place principale de la ville, la Durbar square, qui rassemble généralement les monuments les plus emblématiques de la ville. La plupart sont sur plusieurs niveaux avec un cône central tout en haut que l’on accède par un escalier qui est bordé de sculptures. C’est généralement la place la plus fréquentée et il y a aussi plusieurs groupes de jeunes écoliers très enthousiastes.

Ensuite, je découvre la place des potiers où sont séchées et exposées leurs œuvres de différentes tailles et formes puis une autre place avec encore un beau monument aux toits multiples et une nouvelle procession de mariés avec leurs invités.

Procession de mariés et leurs invités avec la fanfare

Je reprends mon scooter pour monter sur les hauteurs du village de Nagarkot mais il y a toujours une  légère brume qui masque les montagnes au loin comme au Pakistan dans les villes de Islamabad et de Murree. L’état de la route est variable en passant du goudron à la terre et aux cailloux, je fais attention de rouler doucement pour ne pas crever un pneu. Heureusement, des drapeaux de prières bouddhistes sont là pour rassurer les passants et embellir la vue. Je fais une pause pour visiter une statue de Bouddha puis je redescends pour rejoindre la route principale qui me mènera au village de Dulikhel.

Je suis surpris par la taille de l’agglomération autour de la capitale népalaise, les immeubles ont généralement peu d’étages mais ils s’étalent tout autour de la ville sur des dizaines de kilomètres et les espaces résidentiels grignotent petit à petit sur les champs de culture.

Cultures de rizières au milieu des espaces résidentiels ou inversement

J’arrive en toute fin de journée dans ma maison d’hôtes avec une très belle chambre individuelle ayant une double exposition mais, malheureusement, la chaine de montagnes est toujours masquée par la brume. Je peux quand même apprécier la vue sur les rizières à étages et les villages disséminés sur les moyennes montagnes autour.

Vue depuis ma chambre à Dulikhel

Le soir, je dîne dans la salle commune avec une allemande et une hollandaise qui passent plusieurs jours sur place afin de faire des balades à pied dans les environs, c’est très paisible.

Jour 146 (10/02/2023)

Après une bonne nuit de sommeil, je prends le petit déjeuner sur le toit de l’hôtel puis je pars en scooter. Quelques kilomètres plus loin je croise une mère avec ses deux enfants qui me fait un signe de la main. Je comprends qu’elle cherche un moyen de transport et je m’arrête. Je m’avance au maximum sur mon siège avec mes jambes qui dépassent du scooter, les deux enfants s’installent au milieu et la maman tout derrière. J’ai son sac de course entre mes jambes en plus de mon sac attaché devant moi en bandoulière et je sens les mains des enfants qui s’agrippent à ma polaire. Je tâche de rouler doucement et de rester concentré dans cette route sinueuse tout en klaxonnant à chaque virage. Heureusement, le revêtement est en bon état. Les enfants et la maman sont joyeux et s’amusent de ce transport atypique, je les dépose quelques kilomètres plus loin sous les yeux étonnés des passants et je repars avec le sourire et des remerciements.

Ensuite, je visite un temple bouddhiste tibétain qui est très richement décoré à l’intérieur avec des fanions,  des peintures et aussi des photos du dalaï-lama au centre. Il n’est pas autorisé de prendre des photos de l’intérieur donc je me contente de l’extérieur.

En continuant mon trajet en scooter, je reprends un autre passager en stop, cette fois-ci il s’agit d’un petit papi qui monte tout naturellement derrière moi et je le dépose à la gare routière de la prochaine ville, appelée Panauti. Je découvre par hasard que cette ville a également d’anciens et beaux monuments donc je fais une pause pour les visiter puis déjeuner. Le musée est un peu poussiéreux avec un vieux gardien tout heureux d’avoir un touriste étranger pour le visiter.

Je reviens ensuite à Katmandou en début d’après-midi et je découvre à nouveau par hasard sur la route un ensemble de monuments qui semblent importants de par la foule qui y entre et en sort mais je n’en avais pas entendu parler. Je décide donc de m’y arrêter, titillé par la curiosité. Il s’agit en fait d’un temple hindou dont l’accès est interdit aux étrangers mais il y a également des cérémonies de crémation le long d’un petit cours d’eau, comme à Varanasi bien qu’à une échelle plus petite, qui est ouverte aux touristes tout en restant discrets et respectueux. Il y a également quelques sages hindous (je ne sais pas quelle est la terminologie la plus appropriée) qui sont vêtus d’un simple tissu et, leur corps ainsi que leur visage sont recouverts de peinture. Cela me rappelle Varanasi, je ne m’attendais pas à cette découverte.

La cérémonie de crémation des corps devant le temple hindou Pashupatinath

Je ne m’attarde pas trop car j’ai encore un site à visiter et il faut que j’amène mes chaussures de marche à un cordonnier conseillé par le responsable de la première agence de guides que j’avais rencontré il y a quelques jours. Je termine donc ma journée de visites par un grand stupa bouddhiste situé au nord est de Katmandou où de nombreux pèlerins mélangés à des touristes viennent faire le tour en priant et en faisant tourner les rouleaux de prières. La comparaison fait peu de poids par rapport aux importants sites bouddhistes que j’ai visités auparavant et notamment Bodhgaya donc je reste à peine quinze minutes le temps de faire le tour du monument.

Je passe à l’auberge de jeunesse réserver une chambre privée car Bertrand me rejoindra le lendemain et je file au cordonnier lui remettre mes chaussures afin de les réparer avant notre longue randonnée puis je rends le scooter. Le soir, je fais une dernière mise à jour du blog avant une longue pause car je n’emporterai pas mon ordinateur afin de limiter le poids pendant la randonnée.

Jour 147 (11/02/2023)

Ce matin, je fais le tour des magasins pour acheter quelques vêtements et équipements qui me manquent pour le trek : des gants chauds, un bâton rétractable (j’en avais cassé un à Islamabad), un pantalon chaud, une gourde filtrante et autres… J’ai le temps donc je négocie les prix en passant d’une boutique à l’autre pour comparer, j’hésite à prendre d’autres vêtements s’il fait trop froid mais il faut aussi que je limite le poids de mon sac et puis ce serait dommage de s’encombrer pour quelque chose que je n’utiliserai peut-être pas ou pour seulement une journée.

L’heure d’arrivée de Bertrand approche, j’ai hâte de le retrouver après tous ces mois de voyage en solitaire même si j’ai fait de nombreuses rencontres mais généralement courtes. On a plein de choses à se raconter et cela nous fera une nouvelle histoire à vivre ensemble, probablement la plus belle et plus difficile randonnée parmi toutes celles que nous avons faites ensemble dans les montagnes françaises.

Je récupère mes chaussures de marche qui sont un peu plus étroites avec les renforcements effectués mais ils s’adapteront rapidement à la forme de mes pieds. Je passe quelques coups de fils à ma famille et je prépare la suite de mon voyage tant que j’ai mon ordinateur avec moi. Bertrand a bien atterri à Katmandou mais il est bloqué plus de deux heures par la panne du système permettant de délivrer les visas.

Nous nous retrouvons finalement directement au bureau de l’agence de guide en fin de journée afin de régler les frais, signer les papiers et faire la connaissance de notre guide francophone dénommé Dawa qui nous accompagnera pendant les douze prochains jours. Il a l’air très sympathique et nous discutons ensemble de l’itinéraire en nous plongeant sur la carte, très intéressés pour faire le détour par le fameux lac Tilicho à 5000m qui a aiguisé notre curiosité mais nous sommes contraints par les courtes vacances qu’a pu obtenir Bertrand entre son travail et surtout la future naissance de son enfant prévue dans un peu moins de deux mois. Mais c’est déjà génial que Bertrand ait pu venir et je remercie chaleureusement sa compagne Mélanie de l’avoir autorisé à partir car je suis très heureux de pouvoir partager cette aventure avec un vieux compère afin de clôturer en beauté mon voyage itinérant!

Ensuite nous faisons quelques courses pour acheter des fruits secs, des barres de céréales, du PQ… toutes ces choses qui seront bien utiles et qui couteront bien plus chers quand nous serons dans les montagnes. Puis nous allons à l’auberge pour que Bertrand puisse déposer ses affaires et nous allons dîner afin de célébrer nos retrouvailles autour d’une bonne bière népalaise.

De retour dans notre chambre, nous faisons le point sur nos vêtements et équipements en nous répartissant les choses communes toujours dans l’idée de nous alléger puis nous préparons nos sacs et laissons le surplus à l’auberge pour les récupérer au retour. Demain commence une nouvelle aventure !!

Une bonne bière népalaise pour célébrer nos retrouvailles avec Bertrand et se préparer pour le trek
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Népal

Chitwan parc – Sauraha

Jour 140 (04/02/2023)

Encore une fois, je me lève très tôt pour partir en bus à cinq heures du matin car c’est le seul horaire de la journée pour un bus confortable dit « tourist bus ». Je commence à avoir l’habitude et je m’assoupis dès que je suis assis sur mon fauteuil malgré la route cahoteuse.

La brume du matin masque le paysage derrière des rangées d’arbres de chaque côté de la route et qui sont recouverts de poussières avec le passage des véhicules. Nous sortons de la brume en prenant de la hauteur sur un petit col puis elle se dissipe petit à petit. Désormais, c’est fini les champs plats et verdoyants, place au dénivelé et à de grands arbres.

Vers sept heures du matin, des clips de musique népalaise sont diffusés sur la télévision du bus qui me permettent de découvrir un nouvel aspect de la culture de ce pays, il s’agit de beaucoup de mélodrames.

Etant donné le mauvais état de la route, nous mettrons quasiment cinq heures trente pour parcourir cent soixante kilomètres… Je descends du bus à la ville de Narayangargh et le gérant de l’auberge que j’ai réservée vient me chercher en scooter car il reste une trentaine de kilomètres à parcourir. Sa conduite est assez sportive en doublant les véhicules dès que c’est possible et quelque soit le côté, frissons garantis ! Puis nous terminons par de jolies petites routes de campagne et un passage sur un pont de planches de bois étroit et qui semble peu solide mais ça passe.

Alors, ça passe en scooter?

Aussitôt arrivé, je dépose mon sac et je loue un vélo pour me promener. Le changement de paysage par rapport à l’Inde se confirme mais aussi les visages des habitants avec des traits d’Asie orientale. Je me pose au bord d’une rivière à côté d’un pont piéton qui permet de la traverser. L’endroit est paisible, il y a peu de personnes donc moins de bruit, on entend les oiseaux chanter, un crocodile se réchauffe au soleil au bord de la rivière tandis que des buffles s’y désaltèrent sous la surveillance des éleveurs.

Buffles s’abreuvant dans la rivière à proximité de mon hébergement

Ensuite, je reprends la route à vélo au milieu de champs et en passant à travers de sympathiques petits villages. Les gens sont souriants, certains portent de larges chapeaux de paille au sommet pointu un peu comme au Vietnam ou en Chine. Je rejoins un parc naturel protégé qui m’a été conseillé par le gérant de mon auberge où je peux me promener à vélo pour rejoindre un lac. Il est limitrophe du parc national du Chitwan donc il se peut que j’aperçoive des animaux sauvages et pas n’importe lesquels, comme par exemple des rhinocéros, des crocodiles ou pourquoi pas, un tigre ? Il y a des postes de sécurité à plusieurs endroits sur le chemin avec des gardes armés qui font également des patrouilles mais pour la première partie je me retrouve seul sur la route en me demandant ce que je ferais si je me retrouvais face à l’un de ces animaux. Je mets quelques pierres dans mon panier au cas où…

En me promenant, je vois deux larges troncs permettant d’accéder de l’autre côté du cours d’eau qui longe la route et je ne peux résister à le traverser à pied puis à emprunter un petit chemin à découvert afin de voir ce qu’il se cache derrière une butte. C’est un lac avec une barque en bois mais je me fais rappeler à l’ordre par des militaires à vélo qui me disent de revenir sur la route et de ne pas m’en éloigner donc je resterai sur les sentiers battus.

Je finis par rejoindre le fameux lac du parc où l’on peut s’y balader à pied sur une partie sécurisée et il y a de nombreux promeneurs venus principalement en voiture ou en moto. Je rencontre également de jeunes écoliers garçons et filles qui sont venus en bus et ils sont très enthousiastes de voir un touriste étranger. Par contre, le seul animal sauvage que l’on peut observer de loin est un crocodile qui a la gueule ouverte et se chauffe au soleil de l’autre côté de la rive du lac. Je ne l’aurais pas trouvé si on ne me l’avait pas montré.

Le lac avant de faire demi-tour

Ensuite, je fais demi-tour et je vois quelques biches puis, je distingue au loin la silhouette d’un rhinocéros dans une clairière, près des arbres. Il est difficile à observer entre les herbes hautes et les arbres mais je suis déjà content de l’avoir vu alors que je me balade à bicyclette.

Après être sorti du parc, sur la route du retour vers mon hébergement, je croise cette fois-ci deux éléphants domestiqués. Puis je reviens au bord de la rivière à côté du pont suspendu pour faire des étirements sur l’herbe après mon long trajet en vélo tout en admirant le coucher du soleil. Demain, je passerai de l’autre côté du pont pour visiter à pied le parc national avec le gérant de l’auberge qui est également guide.

Jour 141 (05/02/2023)

Après un petit déjeuner à l’auberge tôt le matin, nous partons à pied avec Dilip, mon guide, vers le parc national du Chitwan qui est situé tout proche, de l’autre côté de la rivière. Nous empruntons le pont suspendu alors que la brume réduit la visibilité à une centaine de mètres. Nous ne croisons personne à cette heure, c’est comme si nous étions dans un songe. Dilip me montre des oiseaux migrateurs de Sibérie qui viennent profiter de la douceur du climat ici pendant l’hiver russe.

C’est parti pour la visite

Nous croisons quelques biches qui s’échappent à notre vue puis, j’identifie un rhinocéros légèrement caché derrière un arbre et de hautes herbes. Je suis tout excité de cette découverte alors que nous sommes à pied et séparés seulement d’une centaine de mètres, nous sommes vraiment dans un environnement sauvage et c’est agréable de pouvoir s’y déplacer à pied sans faire de bruit, on a l’impression de se fondre dans le décor. Le rhinocéros avance dans les hautes herbes en restant à distance de nous puis il monte sur notre chemin, ce qui nous permet de mieux l’observer. Il nous regarde un instant puis il quitte la piste en s’enfonçant à nouveau dans les hautes herbes.

Les biches
Le rhinocéros

Dilip connait bien le terrain, il y a de multiples chemins et il choisit son itinéraire sans hésitation, s’arrêtant parfois pour observer et humer l’air en quête d’animaux. Nous voyons ainsi furtivement deux grands cerfs avec leurs bois qui se soustraient aussitôt à notre regard pour aller se cacher dans les herbes hautes et la forêt. Ils appellent cela la jungle mais c’est sans ressemblances avec l’image que nous avons d’une végétation dense avec des cris constants des animaux. Ici, les arbres sont espacés et il n’est nullement nécessaire de se frayer un chemin à la machette, on entend parfois des mouvements d’animaux dans les forêts ou des chants d’oiseaux mais c’est relativement silencieux.

Dilip me montre des crottes d’éléphants (il y en a des sauvages dans le parc mais il y a aussi des éléphants domestiqués qui sont utilisés pour faire des balades avec les touristes), elles sont reconnaissables de part leur couleur et leur texture qui sont marrons et où l’on peut apercevoir des brins de pailles contrairement à celles des rhinocéros qui sont plus denses et sombres car les éléphants digèrent moins bien les herbes que les rhinocéros. Nous voyons également de belles crottes blanches provenant d’un tigre mais, d’après leur texture, elles sont anciennes.

Dilip est seulement armé d’un long bâton de bambou et il m’a indiqué la conduite à tenir en fonction de l’animal s’il s’avérait être agressif envers nous, ce qui est très rare car ils ont généralement peur de l’homme, cela peut arriver parfois quand ils veulent protéger leur progéniture. Dans le cas d’un rhinocéros, il faut essayer de grimper dans un arbre ou courir en zigzag en essayant de laisser un vêtement comme un leurre car ils ont un bon flair mais une mauvaise vue. Pour le tigre, il faut le regarder dans les yeux en faisant du bruit car il attaque par derrière mais c’est plus facile à dire qu’à faire! Pour l’ours, je crois qu’il faut adopter une attitude similaire à celle face au tigre et pour l’éléphant, je ne sais plus…

Sur le chemin, nous passons devant de hautes tours en bois généralement situées à côté de points d’eau et qui servent à la fois d’abris et d’observatoires pour les gardes du parc mais aussi pour des touristes venant y passer la nuit car certains animaux comme le tigre se déplacent et chassent généralement à ce moment.

Il y a également d’immenses fourmilières qui se dressent comme des gratte-ciels. La brume se dissipe petit à petit et la lumière du soleil donne de l’éclat aux couleurs de la végétation. Nous longeons également de nombreux lacs qui sont souvent recouverts de végétaux, ce qui permet aux animaux d’avoir à la fois à boire et à manger, pratique ! De là, nous pouvons voir au loin des biches ainsi que des cerfs noirs s’abreuver tandis que des oiseaux pêchent du poisson avec leur bec ou alors en les attrapant dans leurs serres. Le ciel est désormais entièrement dégagé et le décor naturel avec ses différentes nuances de verts et avec le bleu du ciel qui se reflète dans l’eau des lacs est très beau. Cela me fait du bien d’être dans la jungle naturelle après la jungle humaine !

Un autre lac avec toutes les nuances de vert et du bleu

Dilip a une bonne vue, il me permet de repérer certains animaux au loin ou d’identifier des traces de pattes d’ours ou de tigre dans la boue. Au milieu de la matinée, il m’offre le choix du chemin du retour entre, d’un côté, l’assurance de voir des crocodiles ou, de l’autre, avoir une faible chance d’observer un tigre. Bien entendu je serais ravi de voir un tigre sauvage qui est un spectacle rare mais je me doute que la probabilité est faible et je choisis donc d’aller voir les crocodiles au bord de la rivière.

Nous en trouvons une bonne petite vingtaine qui se réchauffent au soleil, il y en a deux espèces : l’une avec une longue et fine gueule qui se nourrit uniquement de poissons tandis que l’autre a une gueule plus large mais moins longue et mange de tout, y compris parfois des petits de l’autre espèce même si sur cette photo nous pouvons les voir mélangés les uns aux autres.

Les crocodiles

Finalement, le choix des crocodiles s’est avéré le bon car, alors que nous nous apprêtions à partir, nous entendons dans la forêt des bruits de branches écrasées par de lourds pas et nous voyons surgir un pachyderme guidé par un gardien du parc et suivi par sa progéniture. Nous sommes ravis de ce spectacle attendrissant et nous prenons de nombreuses photos et vidéos tout en les observant longuement à proximité.

L’éléphante et son petit avec un gardien du parc

Ensuite, le garde les emmène s’abreuver dans la rivière puis ils la traversent tout en profitant de l’occasion pour prendre un bain, c’est ravissant. Dilip m’explique que la maman éléphant renâcle un peu à traverser la rivière car elle a peur des crocodiles pour son bébé et celui-ci se place à son côté opposé au sens du courant pour être protégé des prédateurs. Heureusement, les crocodiles préfèrent bronzer sur la plage donc les éléphants pourront traverser sans encombre sous l’œil vigilant du gardien.

L’éléphante et son petit traversent la rivière

Puis, nous rentrons, nous aurons marché en tout environ 4h30 à un pas rapide avec maximum trente minutes de pause pour probablement une vingtaine de kilomètres parcourus donc je me repose l’après-midi en faisant des étirements au bord de la rivière puis je passe quelques coups de fils à des proches tout en préparant la suite du voyage sachant que ma prochaine destination sera mon premier objectif de ce voyage qui est désormais à seulement une demi-journée de bus : Katmandou !

Le soir, je commence à regarder le film indien “La famille indienne” que j’ai trouvé sur internet et dont j’avais lu de bonnes critiques. Il date de 2001 et il y a de grandes vedettes de Bollywood qui jouent dans ce film dont notamment Shahrukh Khan qui joue encore et joui d’un grand prestige en Inde. J’ai trouvé le film très intéressant, à la fois l’histoire et le jeux des acteurs mais surtout je suis impressionné par les nombreuses chorégraphies avec un grand nombre de participants portant de beaux costumes dans des décors soignés et variés comme une grande comédie musical. Cela donne envie de retourner en Inde.

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Népal

Lumbini – frontière Sonauli

Fin du Jour 138 (02/02/2023)

Le voyage en taxi s’avère bien plus confortable que mon dernier trajet en bus et c’est très agréable de pouvoir discuter avec Monique, Matteo et Alessandra, nous nous entendons bien ensemble. Notre jeune chauffeur emprunte des petites routes et nous découvrons un nouveau paysage peu de temps avant la frontière : une forêt de hauts arbres avec de large espacements entre eux.  

Changement de paysage!

En arrivant dans la ville frontalière de Sonauli, nous passons devant une longue file de camions et notre chauffeur nous arrête devant le bureau de l’immigration indienne pour nous faire tamponner nos passeports. Le bâtiment est situé en retrait de la route, à un bon kilomètre du poste frontière donc je ne l’aurais pas trouvé facilement si j’avais été seul.

En fait, il n’y a pas vraiment de poste frontière comme dans les différents pays que j’ai traversés depuis la Turquie, avec des grillages et des barbelés qui longent la frontière et une succession de postes de contrôles sécurisés que l’on passe l’un après l’autre. Ici, c’est comme si la ville était séparée en deux avec une simple porte à arche symbolisant la frontière de chaque pays et les voitures peuvent passer assez facilement. Pour les étrangers, je trouve que c’est difficile de comprendre comment cela fonctionne. On s’arrête une nouvelle fois côté indien pour vérifier nos passeports pour la douane puis notre chauffeur doit obtenir un document pour l’entrée de son véhicule mais sinon les indiens n’ont pas besoin de visa pour entrer au Népal.

Le passage de frontière à Sonauli vu du côté népalais, les portes sont grandes ouvertes!

Ensuite, côté népalais, c’est la confusion! Des personnes sans uniformes nous disent de nous garer à un parking mais notre chauffeur a du mal à trouver où se situe le bâtiment pour faire nos visas et, visiblement, les nombreuses personnes qui se présentent à nous spontanément nous donnent des informations contradictoires. Finalement, nous passons la frontière et nous nous arrêtons un bon kilomètre après pour obtenir nos visas dans des locaux attenants à un hôtel restaurant, c’est presque si l’on avait pu commander des bières avec nos visas! Par contre, c’est ensuite très rapide d’avoir nos visas une fois que nous sommes dans le bon bâtiment, il nous suffit de présenter le certificat de vaccination anti-covid ou un test négatif, une copie du passeport et le formulaire de pré-arrivée remplis en ligne ainsi que la somme en dollars pour acheter le visa en fonction de la durée du séjour (50 dollars pour 30 jours). Ensuite, nous repartons en voiture sans que l’on ai contrôlé nos sacs, la confiance règne.

Après avoir terminé ce passage de frontière un peu long et assez loufoque qui fut le moins clair de mon parcours, nous sommes plus détendus et nous immortalisons l’instant dans la voiture. Notre chauffeur nous indique qu’il y a plusieurs casinos dans cette zone et il compte y aller au retour, espérons qu’il n’a pas dilapidé tout l’argent que nous lui avons donné !

De gauche à droite; Monique, Alessandra et Matteo

La ville de Lumbini est à seulement une vingtaine de kilomètres de la frontière donc nous arrivons à notre hôtel assez rapidement et nous nous installons dans nos chambres individuelles qui sont très agréables. Puis nous allons retirer nos premiers roupies népalaises et nous achetons chacun une carte Sim népalaise qui sera activée en seulement quelques minutes, je suis impressionné ! En Iran et au Pakistan cela avait pris au moins 24h.

Nous dînons ensemble au restaurant pour manger des ravioles “Momos” et des soupes “Thukpas” qui sont des spécialités tibétaines très prisées au Népal. J’interroge Matteo, qui est bouddhiste, pour en savoir plus sur cette religion et j’apprends qu’il y a différents courants de pensée ou des écoles (dont le Dalaï Lama est l’un des chefs spirituels) qui sont principalement de l’ordre de trois, répartis en zones géographiques (source Wikipedia : « un « bouddhisme du Sud », autour du Theravada, au Sri-Lanka, en Birmanie, en Thaïlande, au Cambodge, au Laos, et dans leur voisinage ; un « bouddhisme de l’Est », autour du Mahayana dans son développement chinois, en Chine, en Corée, au Japon et au Vietnam ; et un « bouddhisme du Nord » dans la région de tradition tibétaine, autour du Mantrayana, au Tibet, en Mongolie, dans l’Himalaya, les régions orientales de la Chine »). Ces écoles de pensées diffèrent principalement de la méthodologie mais ils se rejoignent sur les principes philosophiques.

Jour 139 (03/02/2023)

Ce matin, nous prenons le petit déjeuner dans un café puis nous partons à pied visiter l’ensemble de temples bouddhistes de Lumbini qui sont rassemblés sur une surface rectangulaire d’environ cinq kilomètres de long et un et demi kilomètre de large avec un large bassin au centre ainsi que des ramifications perpendiculaires, il y a également de grandes avenues piétonnes. C’est un endroit très agréable à visiter et très calme donc parfait pour faire la transition avec l’Inde !

Le temps est brumeux et le passage piéton est gardé par une tribu de petits singes qui n’inspirent pas confiance à Alessandra mais nous passons sans encombre. Nous commençons par la visite d’un temple tibétain puis nous entrons sur le site sacré du bouddhisme où a eu lieu la naissance du Bouddha. Il était issu d’une famille princière et sa mère était en chemin vers son palais quand elle se baigna dans un petit lac et, soudain, elle eut des contractions et eut juste le temps de sortir de l’eau pour accoucher. L’endroit exact de la naissance de Bouddha est abrité par un monument blanc assez bas de plafond avec peu de lumière, on s’y sent à l’étroit et cela n’inspire pas beaucoup à la méditation donc nous sortons rapidement nous promener dans le jardin attenant. Matteo, Monique et Alessandra sont un peu déçus car le site est peu mis en valeur. Ils décident de faire un petit temps de méditation sous un grand arbre face au monument blanc et à proximité du petit lac où la mère de Bouddha se baigna et qui ressemble désormais à un bassin.

La brume commence à se dissiper progressivement et nous continuons notre marche pour aller visiter les temples bouddhistes de différents pays qui sont disséminés de chaque côté du bassin central. Certains sont malheureusement en travaux d’entretien donc nous ne pouvons visiter que l’extérieur qui est déjà impressionnant de par la taille imposante et la richesse des décorations ainsi que la diversité des architectures qui reflètent chacune la culture et l’art de leur pays d’origine. C’est comme une exposition universelle des temples bouddhistes.

Celui de Corée est immense et la moindre surface est décorée avec des peintures, celui de Chine me fait penser à la Citée Interdite, il est magnifique. Le temple Cambodgien est un peu kitch à l’extérieur mais les peintures intérieures sont très belles au plafond et sur les murs, celui de Myanmar est couvert d’or et a la forme d’un cône.

Temple de Myanmar

Ensuite, nous rentrons à notre logement pour nous reposer et préparer chacun de notre côté la suite de nos voyages car, si Monique souhaite rester encore quelques jours, Matteo et Alessandra ainsi que moi-même comptons partir le lendemain dans des directions différentes.

En fin d’après-midi, je retourne me promener autour des bassins et des temples, je croise sur le chemin un rassemblement de népalais qui sont assis par groupes sous des arbres. Ils viennent de terminer un repas partagé et sont sur le point de partir tandis que les chiens et les singes se disputent les restes du repas. Les femmes portent encore de beau saris colorés, tout le monde discute joyeusement, c’est vivant.

Picnic sous les arbres, trouverez-vous les deux singes sur un arbre?

Je continue ma promenade pour revoir l’extérieur du temple chinois avec la belle lumière de fin de journée, cela donne envie de visiter la Chine. Malheureusement, l’accès au temple vietnamien est fermé également pour cause de rénovation mais rien que la porte d’entrée que l’on peut rejoindre via un pont en bois au-dessus d’un bassin recouvert de nénuphars est un appel à la contemplation. Je trouve même un temple bouddhiste français !

Puis, nous dînons une dernière fois tous les quatre dans un très bon restaurant végétarien qui nous a été conseillé par des voyageurs. Nous parlons bonne bouffe française et italienne, notamment des fromages et ça me donne l’eau à la bouche ! Nous évoquons également avec humour nos galères des derniers jours en Inde dans des transports bondés ou dans des hébergements décevants, c’est une sorte d’exutoire qui nous fait du bien mais nous découvrons en partant qu’un couple indien était à une table dernière nous. Les pauvres, ils doivent être tristes des commentaires ironiques que nous avons fait mais nous tentons de les rassurer en leur disant que nous aimons sincèrement leur pays et que nous avons fait de très belles découvertes.

Malgré le fait que j’ai passé quasiment trente jours dans le nord de l’Inde et d’avoir passé également deux semaines dans le sud de l’Inde il y a quelques années, j’ai l’impression d’avoir seulement eu un aperçu de la culture et de la spiritualité de ce pays, il me faudrait bien plus de temps pour maitriser davantage les codes et les modes de pensée de l’Inde. Le voyage incite à voyager davantage 🙂

Dernier repas avec la bande des quatre pèlerins bouddhistes
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