J’arrive à Pokhara en fin de journée après avoir récupérer assez facilement un bus sur la route au départ de Bandipur. Je retourne à pied dans l’auberge où j’avais laissé mes affaires et, heureusement, elles y sont encore !
Je me loue cette fois-ci une chambre individuelle car j’ai envie d’avoir mon espace privé pour consacrer du temps au blog et à la préparation de la suite de mon voyage. Je me rends compte d’ailleurs qu’il me faut un visa indien car je fais une étape à l’aéroport de Calcutta où je dois réenregistrer mes bagages et, par chance, il y a à Katmandou un centre efficace pour les visas indiens où je peux en obtenir un en 24h. Je réserve mes billets d’avion pour mes prochaines destinations, le Vietnam d’abord puis je compte rejoindre le Cambodge par la route d’où je prendrai un nouveau vol vers l’Australie pour rendre visite à un ami et, enfin, un autre vol vers la Nouvelle Calédonie où se trouve mon frère Samuel et sa copine Amélie avant de rentrer en Bulgarie début juin pour reprendre ma moto et rejoindre la France afin de terminer ma boucle.
Je profite également de ce temps d’attente à Katmandou pour reprendre la mise à jour du blog, ce n’est pas facile au début de me remettre à l’écriture, même si j’ai pris de nombreuses notes sur mon téléphone il me faut un peu de temps et de travail pour que je retrouve mes automatismes. Puis, progressivement, je reprends du plaisir à raconter nos aventures avec Bertrand et Dawa tout en revoyant nos belles photos souvenirs.
Je me balade peu dans Katmandou si ce n’est pour aller au restaurant ou au service des visas indiens, je retourne aussi une fois au Durban square mais je n’y reste pas longtemps, je suis déjà tourné vers la suite.
A chaque fin de journée je prends l’habitude de m’installer avec mon ordinateur sur le toit terrasse de l’auberge et je fais connaissance avec des voyageurs de passage tout en prenant une bière à l’heure de l’apéro. Cette fois-ci je me sens un peu comme un vétéran de l’Annapurna par rapport à quand je suis arrivé, je peux désormais visualiser des images de panoramas quand je parcours la carte des yeux et donner à mon tour quelques conseils et impressions aux nouveaux voyageurs qui arrivent comme on l’avait fait pour moi.
Ça y est, c’est le moment de quitter le Népal. Je rejoins pour la première fois de mon voyage un aéroport et cela faisait longtemps que je n’avais pas pris l’avion, surtout à l’international, je n’ai plus trop l’habitude. Je redécouvre les nombreuses files d’attente pour enregistrer son bagage puis passer la douane et enfin la sécurité, cela se répétera ensuite dans les prochains aéroports. Je préfère les postes frontaliers sur la route où l’on passe directement d’un pays à l’autre, ce qui permet de mieux percevoir les changements des traits des visages, des habits, de la langue, de l’alphabet, etc… Mais l’avion me permet quand même de gagner du temps et de rejoindre certaines destinations plus difficiles d’accès par la route ou la mer.
Voilà, j’arrive sur le tarmac face à l’airbus A320 de Air India qui va m’emmener à Calcutta pour prendre ensuite un autre avion vers Hanoï, un nouveau voyage va commencer.
Je vous remercie d’avoir suivi mes aventures et je vous souhaite également de vivre pleinement les vôtres, dans quelque domaine que ce soit.
Je pars le matin en prenant un bus de ville afin de rejoindre une gare routière où je peux trouver des bus locaux un peu moins chers que les bus touristiques mais presque autant confortable.
Je compte rejoindre la ville de Bandipur qui est sur la route de Katmandou et qui est recommandée pour une étape par mon guide touristique. Il y a beaucoup de travaux tout le long de la route avec de la poussière, ça ne doit pas être agréable de circuler en deux-roues. Ensuite, je quitte mon bus à une intersection pour récupérer un petit bus local qui m’emmène sur les hauteurs de Bandipur.
Le ciel est sombre, je dépose mon sac à mon auberge et je file déjeuner car il est déjà 14h. Puis je fais un rapide tour du village assez pittoresque mais ça se voit que c’est une destination touristique en haute saison car il y a beaucoup d’auberges et de restaurants dans le centre mais heureusement ils respectent l’architecture locale.
Les nuages sont de plus en plus menaçants donc je décide de rentrer à mon auberge. Il était temps car un gros orage éclate et la pluie tombera pendant plusieurs heures tandis que je regarderai le film « Little Buddha » sur mon téléphone depuis le balcon de ma chambre. C’est un film du réalisateur italien Bernado Bertolucci avec Keanu Reeves dans le rôle du jeune prince Siddhartha qui deviendra Bouddha et je l’ai trouvé intéressant. Il retrace l’éveil progressif du Bouddha à travers plusieurs séquences qui sont entrecoupées par une histoire contemporaine originale avec la recherche par des moines bouddhistes de la réincarnation de leur chef spirituel en des enfants de différents pays. Il est disponible gratuitement sur une fameuse chaine de streaming en ligne si cela vous intéresse.
Soudain, le mouvement des nuages crée une ouverture et j’aperçois une partie de montagne enneigée éclairée par le soleil, je pensais au début que c’était des nuages. C’est un beau spectacle et, s’il n’y avait pas les nuages, la vue serait encore plus époustouflante. Je comprends maintenant pourquoi ce village est prisé par les touristes.
Ensuite, je repars me promener en fin de journée alors que la pluie a cessé. Le village est charmant, je peux désormais observer les moyennes montagnes environnantes avec une couche orangée qui s’assombrit progressivement sur leurs cimes.
Vue depuis Bandipur à la tombée de la nuit
J’hésite à rester plus longtemps dans ce village en espérant que la météo s’améliore mais ce n’est pas certain et j’ai envie de rentrer à Katmandou pour récupérer mon ordinateur afin de préparer la suite de mon voyage et également reprendre la mise à jour du blog car j’ai accumulé beaucoup de retard.
Depuis l’arrivée à Pokhara, les journées sont beaucoup moins intenses en activité physique et surtout en émotion. Forcément on ne peut pas avoir de magnifiques panoramas ensoleillés tous les jours et là, je redescends progressivement de mon petit nuage, il faut l’accepter. Mon estomac également me réclame toujours des aliments à digérer comme s’il s’était habitué aux larges portions que nous prenions pour reprendre des forces à la montagne, il va y avoir un temps d’adaptation.
Début du 27/02/2023
C’est décidé, je rentre à Pokhara aujourd’hui mais je me suis levé tôt en espérant que le ciel soit dégagé, ce qui n’est malheureusement pas le cas, une brume persiste et me cache la vue sur le massif enneigé.
Tant pis, je monte quand même sur un petit sommet à proximité où je peux admirer le vol d’un aigle qui décrit des cercles en suivant un courant ascendant. Le village de Bandipur est ensoleillé, ce qui le rend encore plus agréable, surtout tôt dans la matinée où il y a peu de passants.
Le centre de Bandipur ensoleillé à gauche, le vol de l’aigle dans les nuages à droite
Il est temps désormais de rentrer sur Pokhara pour terminer mon voyage itinérant par la route depuis Paris après cinq mois et demi, ce sera également la fin de mes articles sur ce blog.
Le bus nous dépose dans le centre-ville proche de l’hébergement que nous avons réservé, un chouette hôtel familial avec une chambre confortable et une salle de bain avec une douche qui a de l’eau chaude en continue et de la pression, ça fait du bien!
Ensuite on part se promener en ville, il fait déjà nuit. On se balade au bord du lac qui est rempli de magasins et de cafés restaurants pour touristes comme dans le quartier de Thamel à Katmandou, c’est agréable de retrouver un peu d’animation.
Nous nous faisons plaisir avec Bertrand en buvant du cidre et en dégustant des momos devant un groupe de musique dans un bar en terrasse au bord du lac. Puis on dîne dans un restaurant près de notre hôtel en buvant des bières, nos corps sains après onze jours d’efforts continus auront du mal à écouler la modeste quantité d’alcool ingurgitée cette soirée-là.
Soirée réconfort à Pokhara après tous nos efforts
24/02/2023
On se réveille aux aurores car Bertrand prend un bus tôt le matin afin d’avoir le temps de visiter Katmandou avant de prendre son avion le dimanche. Nous nous baladons une nouvelle fois le long du lac et, cette fois-ci, on peut découvrir les moyennes montagnes qui l’entourent et même, en arrière-plan, on aperçoit des sommets enneigés dont la pointe est rougie par le soleil levant, c’est beau.
Puis nous retournons à l’hôtel, ça y est il est temps de nous dire au revoir après cette dizaine de jours de randonnées intenses et magnifiques, on s’en rappellera longtemps !
Le lac de Pokhara
De mon côté, je prévois de rester encore deux jours à Pokhara pour souffler un peu et prendre le temps de découvrir la ville et ses environs.
Après une petite sieste, je repars me promener au bord du lac et, sur le chemin, je m’achète en souvenir de notre trek un t-shirt avec la carte du tour de l’Annapurna et les principales étapes. Le soleil est plus haut et ses rayons illuminent le lac et les barques en bois aux couleurs vives. On peut également toujours observer les sommets enneigés, c’est un cadre sympa.
Le lac de Pokhara avec les sommets enneigés au loin et mon t-shirt souvenir
L’après-midi, je pars visiter le musée de la montagne de Pokhara qui est très instructif.
On commence par une exposition de photos montrant des pratiques similaires entre les populations des Alpes et celles de l’Himalaya dans l’ancien temps : port de charge lourde sur le dos et la tête, guider les animaux, faire du lait, costumes… Ces pratiques sont encore visibles au Népal mais elles ne le sont plus en Europe depuis une bonne soixantaine d’années.
Il y a également des explications sur chacune des nombreuses ethnies qui peuplent le Népal avec leurs coutumes, leurs habits traditionnels et les objets qu’elles utilisent.
Puis, on passe à une présentation des sommets à plus de 8000m, la plupart ont été gravis dans les années cinquante par différents pays avec notamment les européens, les américains mais aussi les japonais et même les chinois pour un sommet, ils utilisèrent des moyens à l’échelle de leur population avec une équipe pléthorique et des infrastructures assez inhabituelles pour ce type d’expédition dont notamment un cinéma.
Ensuite, il y a une série de croquis qui racontent la formation de la chaîne des montagnes himalayennes causée par la collision du bloc terrestre indien séparé de l’Afrique avec le continent eurasien faisant disparaître la mer Téthys et élevant l’ancien fond marin par un phénomène de compression, ce qui explique la présence de fossiles marins sur ces hautes altitudes. L’Himalya est le massif montagneux le plus haut et le plus jeune du monde, il est fragile par sa hauteur mais aussi en raison des dégâts causés par la forte mousson et une activité sismique importante.
Il y a également une exposition très intéressante qui raconte la conquête du premier sommet à plus de 8000m, l’Annapurna 1, par une équipée française composée notamment des alpinistes Herzog, Lachenal, Terray et Rebuffat ainsi que leurs sherpas népalais. L’ascension fut épique et effroyable notamment lors de la descente avec une chute dans une crevasse puis ils furent ensevelis sous la neige par une avalanche. Ils arrivèrent enfin au camp de base avec de multiples gelures aux mains et aux pieds et il fallut ensuite continuer la marche descendante alors que la mousson commençait, cela leur pris un mois avant de rejoindre l’aéroport le plus proche. Brave à ces illustres alpinistes!
Puis, la visite se termine par une sensibilisation aux défis actuels et futurs : réchauffement climatique, augmentation de la population, pollution, émission de gaz à effet de serre, inondations et manque d’eau suivant les zones.
En tout j’aurais passer quasiment trois heures dans ce musée sans avoir vu le temps passer.
Le soir, une foule de népalais se promène le long du lac en ce début de week-end. Il y a un parc d’attraction, des barbecues, de la bière et j’ai de la peine pour les groupes de musique qui jouent devant un public désintéressé quand il est présent.
25/02/2023
Cette journée, je n’ai pas prévu grand-chose, j’en profite pour aller chez le coiffeur pour tester chaque pays que je visite même si le coiffeur se trouve être indien. Je tente d’innover en coupant plus court sur les côtés, ça change.
L’après-midi, je donne rendez-vous au lac avec les deux anglais que j’avais revu par hasard à Totepani et qui viennent d’arriver à Pokhara. On loue une barque et nous partons faire une balade en ramant, c’’est paisible.
La nouvelle coupe népalo indienne puis balade sur le lac avec Sam et Ciaran
Puis je consacre le reste de la journée à passer des coups de fils pour prendre des nouvelles de mes proches et à surfer sur internet, je commence notamment à regarder les billets d’avions pour la suite de mon voyage car ce n’est pas possible de continuer plus à l’est par la route.
Demain je partirai en bus pour la ville de Bandipur, située sur le chemin du retour vers Katmandou.
Nous nous levons à 5h du matin comme prévu, le ciel est toujours étoilé donc on a pas mis le réveil tôt pour rien. Nous partons à 5h25 pour rejoindre le sommet de la montagne de Poon Hill qui est célèbre pour offrir un magnifique panorama à 3200m et le spectacle sera à la hauteur de sa réputation !
Nous croisons d’autres trekkeurs et leurs guides grimpant les marches à la lueur de leur frontale, il y a bien plus de monde que je le pensais quand nous sommes arrivés hier et que la ville semblait déserte.
La montée nous paraît longue avec des marches à n’en plus finir comme la veille mais nous sommes tout excités de découvrir la vue depuis le sommet.
Ça y est, nous y sommes, on commence à apercevoir la silhouette des montagnes illuminées progressivement par les aurores : le Machapuchare tout à droite qui semble avoir deux petites oreilles de souris, l’Annapurna sud au centre qui est majestueux avec ses pentes raides au niveau du sommet puis le fameux Annapurna 1 que nous souhaitions voir afin de rencontrer toute la famille. Finalement il n’est pas si impressionnant de loin, il parait un peu aplati et pourtant il s’élève à 8091m.
Vue depuis Poon Hill juste avant le lever du soleil
Les rayons du soleil commencent à apparaitre sur la ligne des crêtes montagneuses en formant des couches de couleurs superposées, le jaune vif est situé entre le orange sombre en-dessous et un rose pâle au-dessus. Désormais, nous pouvons apercevoir nettement les reliefs des montagnes avec les zones de neige et de roche à nue.
Le soleil commence à se lever avec le mont Machapuchare à gauche
Désormais, nous pouvons bien apercevoir les reliefs des montagnes avec le Machapuchare à droite, l’Annapurna sud au centre et l’Annapurna 1 juste derrière sur sa gauche
A l’ouest, sur notre gauche, on peut admirer l’immense massif du Dhaulagiri tout enneigé du haut de ses 8167m. On monte sur une tour d’observation avec Bertrand et le couple de français de notre auberge puis on redescend afin de pouvoir faire plus facilement des photos panoramiques.
Sur la tour d’observation à gauche avec les français et le massif Dhaulagiri à droite
Le panorama est grandiose, on circule d’un côté à l’autre pour prendre des photos dans tous les angles et au fur et à mesure que la lumière augmente. C’est magnifique, cela valait la peine de faire cette partie du trek, merci Bertrand d’avoir insisté 😉
Le Dhaulagiri et ses 8167m quand le soleil est plus haut dans le ciel
On pourrait rester quasiment toute la journée à admirer ce panorama dégagé sur de superbes massifs culminant à plus de 8000 mètres, ce n’est pas tous les jours que l’on en verra. Après deux bonnes heures sur place en ayant résisté au froid matinal en tapant des pieds et en se déplaçant régulièrement, nous finissons par redescendre après avoir pris encore des dizaines de photos et en prenant le temps de regarder chaque sommet. Nous descendons les marches doucement en faisant des arrêts à chaque point de vue sur le chemin qui sont nombreux.
Sur le chemin de la descente
Puis, on se prend un bon petit déjeuner en terrasse au soleil face au massif de l’Annapurna et, en retournant à notre chambre, on découvre que l’on avait également une magnifique vue sur ce massif alors que la nuitée nous a coûté moins de un euro pour deux !
Vue depuis notre chambre à moins d’un euro
C’est parti pour une descente continue jusque dans la vallée en direction de la ville de Pokhara. Nous croisons cette fois-ci beaucoup de randonneurs qui viennent pour admirer le point de vue de Poon Hill qui est plus facile d’accès.
Nous retrouvons les forêts denses dont les arbres sont recouverts de mousse. Dans le sens de la descente nous faisons la connaissance d’un randonneur qui marche pieds nus ! Il est originaire des îles des Açores mais il voyage beaucoup dans le monde entier et il a pris l’habitude de marcher sans chaussures, cela lui permet d’être mieux connecté à la terre selon ses propos. Avec Bertrand on le surnomme entre nous « Jésus » et on se recroisera plusieurs fois sur le chemin au hasard des pauses.
Notre itinéraire suit un cours d’eau qui creuse un beau petit canyon avec des toboggans et des piscines naturelles dans lesquelles s’écoulent une eau limpide, on aurait envie de s’y baigner. Il y a également quelques rhododendrons déjà en fleurs.
Cours d’eau et rhododendrons en fleurs
Nous retrouvons les interminables escaliers de pierres avec de hautes marches qui traversent les villages, c’est un travail de titans! Certains jardins sont également très bien décorés avec de belles fleurs de différentes couleurs.
Jardins en fleurs
On fait une pause dans un village à mi-parcours d’où l’on a la possibilité de prendre un bus direct pour Pokhara mais il faut attendre deux heures. On s’assoit pour réfléchir avec Bertrand, il est encore tôt dans la journée, on se sent plutôt en forme et puis notre orgueil nous dit de continuer jusqu’au bout, jusqu’à la fin du chemin de randonnée en point final de tous ces efforts.
Allez, on se relève et on continue de descendre et puis, si jamais le bus nous dépasse sur la route, dans ce cas on le prendra. La course contre la montre est engagée, on fait quand même une rapide pause déjeuner puis nous reprenons la descente en restant vigilant à ne pas nous tordre la cheville dans ces escaliers raides.
Puis nous traversons notre dernier pont suspendu pour rejoindre la route, comme ça on verra bien si le bus arrive. Pour le moment on a une heure d’avance sur lui. La pente de la route est plus douce donc la marche est plus facile mais il y a davantage de véhicules et ils soulèvent beaucoup de poussière sur certains passages.
On finit la descente sur une route poussiéreuse
Le bus ne nous a toujours pas doublé et, en arrivant au village de Birethanti, on a toujours une bonne quarantaine de minutes d’avance sur lui. Alors on continue jusqu’à la ville de Naya Pul qui est à une vingtaine de minutes à pied et d’où l’on peut récupérer des bus réguliers pour Pokhara. On aura tout de même descendu plus de 2000m de dénivelé dans la journée !
En arrivant à l’entrée de Naya Pul, un habitant nous conseille de rejoindre directement la voie rapide à proximité et de faire signe à un bus de s’arrêter. C’est un bon conseil, on en trouve un en moins de dix minutes et nous voilà enfin arrivés à la fin de ce trek magnifique : on est tellement fiers et heureux de l’avoir fait!
On a réussi: direction Pokhara!
En faisant les comptes de notre trek autour du massif des Annapurnas, on aura parcouru 200 kilomètres à pied avec nos sacs sur le dos pour un dénivelé total quasiment équivalent à l’Everest (8750m d’après mes estimations) et cela en onze jours et demi (environ 75h de marche), pas mal !
Ce matin, nous prenons le petit déjeuner tous les trois à notre heure habituelle, 7h30, puis nous faisons nos adieux à Dawa en le remerciant encore chaleureusement de nous avoir guider dans cette randonnée et pour tous ces bons moments passés ensemble.
Le temps est bien dégagé et on peut apercevoir une haute montagne enneigée au bout de la vallée d’où nous sommes arrivés la veille.
Le ciel est bien dégagé à notre départ de la randonnée
Nous entamons la montée qui sera continue pendant toute la journée, on se prépare mentalement à grimper 1600m de dénivelé positif avec nos sacs sur le dos, on se reposera plus tard.
Nous retrouvons les beaux paysages de rizières à étages et de petits villages fleuries comme aux premiers jours et il y a peu de véhicules qui circulent sur la route que nous empruntons donc la balade est agréable.
On s’écarte de la route sur des portions piétonnes généralement bien fléchées avec parfois un chemin pavé de pierres et on enchaîne des escaliers à hautes marches qui sollicitent fortement nos muscles mais au moins nous sommes loin du bruit.
On retrouve la verdure dans ces altitudes plus basses
Les nuages reviennent progressivement et il y a une condensation dans l’air qui obstrue un peu la vue sur les montagnes au loin comme dans la région de Katmandou.
Nous trouvons un charmant village à l’heure du déjeuner pour goûter cette fois-ci à du fromage de vache du coin et c’est plutôt bon mais avec moins de goût que le fromage de yak.
Pause déjeuner au fromage de vache dans un sympathique village
Les hôtels se préparent à la haute saison touristique en remettant un coup de peinture ou en faisant des lessives, d’autres habitants jouent à des jeux de société pendant la pause déjeuner.
Nous repartons en suivant un long chemin de dalles de pierres traversant tout le village de Shika puis nous rejoignons une route poussiéreuse dans un décor de désolation tandis que des rideaux de pluie nous entourent. Ce n’est pas le temps de faire une pause.
Visiblement, il y a eu de gros travaux de voiries car la route semble récente et malheureusement cela est parfois au détriment de l’ancien chemin de randonnée que nous perdons de vue pendant plusieurs kilomètres avant de la retrouver de manière sporadique. A ce moment, la randonnée est moins sympathique mais on reste motivés pour avancer et on a encore des forces.
Nous perdons de vue notre sentier et nous nous retrouvons sur une route poussiéreuse
Nous retrouvons enfin le chemin pavé de larges pierres et je suis impressionné par la quantité de ces pierres qui sont utilisées pour construire les maisons et pour paver le chemin sur des kilomètres. Ensuite, on se retrouve sur un étroit chemin de terre passant à travers une épaisse forêt d’arbres recouverts de mousses puis, les derniers kilomètres sont difficiles pour le mental avec une succession de hautes marches qui paraissent interminables alors que des gouttes commencent à tomber du ciel.
Chemin de pierresChemin de terre
Nous arrivons enfin au village de Ghorepani et nous prenons le premier hôtel ouvert sur le chemin en voyant des randonneurs déjà installés dans le salon autour d’un poêle. Le reste du village semble désert.
Nous posons nos sacs dans la chambre puis nous faisons une grosse séance d’étirement à tour de rôle pendant que l’un prend sa douche, cette montée en continue de 1600m de dénivelé a été éprouvante, on est contents d’être arrivés.
Puis nous faisons connaissance avec les autres randonneurs de l’hôtel : un allemand et son guide, un couple de français et leur guide. Nous prévoyons tous de nous lever tôt le lendemain afin de voir le lever du soleil sur le point de vue de Poon Hill qui est très célèbre et relativement facile d’accès depuis Pokhara.
Il faut croiser les doigts pour que le ciel s’éclaircisse car il y avait de sombres nuages en fin de journée mais la chance est avec nous car nous voyons les étoiles dans le ciel avant d’aller nous coucher, c’est rassurant pour demain, on croise les doigts !
Dénivelé : environ 100m sinon quasiment que de la descente et du plat
Distance : environ 18km
Marche : 5h puis 2h de 4×4
Nous partons à l’heure habituelle vers 8h du matin après avoir vu le couple de gallois avec leur guide nous devancer tandis que nous prenions notre petit-déjeuner.
Il fait froid au petit matin et le temps est légèrement couvert avec les nuages qui couvrent la moitié du ciel. Avec Bertrand, on ne s’attendait pas à grand-chose pour cette journée, pensant avoir fait la meilleure partie du parcours mais nous avions encore de beaux paysages à découvrir.
En effet, nous empruntons une route de terre qui devient rapidement un chemin étroit avec un beau panorama sur les montagnes arides de la région du Mustang, on dirait des steppes desséchées.
Paysage aride dans la région du Mustang
Par ailleurs, la présence partielle des nuages offre un beau spectacle d’ombres et de lumières mettant en valeur les reliefs des montagnes. On se tourne de temps en temps pour observer le passage par où nous sommes arrivés depuis le col du Thorung La.
La randonnée est facile et nous arrivons assez rapidement sur la crête de moyennes montagnes permettant d’avoir une vue à 360° sur toutes les montagnes environnantes dont le sommet du Dhaulagiri à 8167m. On en profite pour faire plusieurs pauses et poses photos avec Bertrand, on ne se lassera jamais de ces paysages !
Vue sur la ville de Muktinath et tout à droite le passage par lequel nous sommes descendus du Thorung La
Prises de photos sur le sommet
Au moment d’entamer la descente vers la vallée qui nous mènera au village de Lupra, un renard passe devant nous puis s’échappe en courant à toute vitesse. Nous croisons un trekkeur coréen avec son guide, le pauvre a mal à la cheville et il boîte mais il tient à continuer la randonnée et il s’accroche tant bien que mal.
On commence la descente
Ensuite, nous atteignons l’immense lit d’une rivière quasi asséchée à cette saison que nous traversons via un pont suspendu puis nous suivons le cours d’eau face à des falaises vertigineuses, c’est grandiose, on ne s’ennuie pas avec ces paysages différents !
L’immense lit de la rivière asséchée avec le pont suspendu
On se sent tout petit face à ces immenses falaises rocheuses
Nous faisons une halte dans le charmant village de Lupra pour déjeuner dans une maison comme si nous étions chez l’habitant et nous y retrouvons le couple de gallois puis le randonneur coréen, c’est sans doute le seul lieu de restauration à plusieurs kilomètres à la ronde. Les enfants de la maison sont scotchés sur l’écran de leur téléphone en zappant d’une vidéo à l’autre et cela éveille la curiosité des adultes autour d’eux.
Même en s’imprégnant de ces paysages magnifiques on ne reste pas insensibles aux charmes de l’écran tactile
Puis nous traversons le village rustique de Lupra avec ses maisons en pierres et leur toiture en bois avec des enclos de pierre pour les animaux de la ferme.
Nous retrouvons le lit de la rivière et nous longeons des grottes creusées dans de hautes roches qui servaient de lieux de méditations pour les moines bouddhistes, cela ressemble à la Cappadoce avec ses abris pour ermites et ses chapelles creusées dans la roche.
On aperçoit le village de Lupra sur la droite et les abris creusés dans la roche de l’autre côté de la rivière, sur la gauche
Puis nous rejoignons le lit d’une rivière encore plus grande, tout est immense dans cette région, ce n’est pas la même échelle que le reste du monde. Le vent s’engouffre dans ces larges couloirs de roches et nous décoiffe.
Juste avant d’arriver à la ville de Jomson, nous voyons des hommes et des femmes casser des cailloux au marteau, triste spectacle.
Nous marchons face au vent dans ce décor où tout est immense
Puis, nous nous arrêtons devant un comptoir de réservation de tickets de bus. C’est le moment de prendre une décision. L’étape du jour a été courte et nous avons du temps devant nous, il est 15h. Nous avons toujours un jour d’avance sur le programme initial et Bertrand est motivé pour faire le point de vue de Poon Hill afin de voir le sommet de l’Annapurna 1. Pour se faire, il faudrait que l’on prenne un moyen de transport afin de nous emmener à la ville de Tatopeni, qui est environ à deux heures de route puis, il resterait normalement deux jours de randonnées assez intensifs avec un fort dénivelé positif le premier jour et une grande descente le deuxième. Une ex collègue l’a déjà fait il y a quelques années mais en prenant plus de temps pour les trajets par la route et le problème c’est qu’à cette heure tardive de la journée il n’y a pas de bus pour Totepani. Il faudrait attendre le lendemain matin. Sinon, il y a la solution du taxi 4×4 mais le tarif annoncé est élevé, plus de 100€ alors que le bus serait dix fois moins cher.
On se concerte avec Bertrand, je sais qu’il a très envie de le faire et il a peu de temps contrairement à moi donc il est davantage prêt à payer ce prix si nécessaire. Il y a également la fatigue physique qui commence à s’accumuler et j’aurais bien fait une petite pause avant d’enchaîner mais bon, je ne vais pas me défiler, on en a déjà fait des randos de bourrins avec Bertrand donc si on est motivés on le fera!
Les prévisions météos pour les prochains jours sont bonnes donc les paramètres sont plutôt favorables à continuer l’aventure pédestre. Reste encore la question du prix, honnêtement je peux me permettre de payer le prix du taxi mais je rechigne un peu car cela ressemble à une solution de transport pour personnes fortunées alors que j’aurais bien aimé essayé la solution « backpacker ». Bon allez, on va négocier le tarif pour voir ce que ça donne, on passe de 15000 roupies à 13000, pas mal. Puis, on se fait rembourser par Dawa les billets de bus qui étaient prévus pour Pokhara ce qui nous permet de descendre à 10000 roupies. Mais on a un doute sur le tarif du taxi et visiblement il y a un monopole dans la ville de Jomson et on ne peut pas faire jouer la concurrence.
C’est là que la magie du hasard des rencontres entre en jeu, deux randonneurs en short avec des bâtons de bambou passent à pied devant nous et nous nous avançons vers eux dans l’idée de leur proposer de venir avec nous quand soudain, ils semblent me reconnaitre. En fait, il s’agit de deux jeunes anglais que j’avais rencontré dans une auberge à Pushkar en Inde il y a plus d’un mois. Ils viennent de passer le col du Thorung La un jour avant nous, quelle surprise ! Je leur explique la situation en précisant que nous sommes prêts de toute manière à payer le taxi mais si ils sont intéressés ils peuvent participer à hauteur de leur budget. Ils avaient prévu de prendre un bus mais qui les emmènerait moins loin donc finalement ils sont d’accord pour partir avec nous et leur participation nous permet au final de payer 7000 roupies donc nous avons quasiment diviser par deux le prix de départ : pas mal 😊
Ça y est, on est parti en 4 x 4 avec les deux anglais et Dawa et, heureusement que l’on a ce moyen de transport car l’état de la route est très aléatoire, il y a des portions bien goudronnées puis des passages en très mauvais état avec des nids de poules qui ressemblent à des trous d’obus et on roule parfois au bord de ravins comme dans la vallée des Kalash au Pakistan, sensations garanties ! On est secoués dans tous les sens mais on en rit comme dans une fête foraine.
Il commence à pleuvoir très fort donc heureusement que l’on est à l’abri.
Photo de groupe dans le 4×4 tandis que l’on est secoués de tous les côtés
Extrait vidéo de notre trajet épique en 4×4
Soudain, notre chauffeur s’arrête car la route est bouchée avec un attroupement. En s’approchant, nous découvrons l’épave d’un bus qui a été précipité en dehors de la route sur un pierrier en surplomb d’une rivière. C’est un spectacle effrayant, heureusement il n’y a eu pas de morts et on se demande comment en voyant l’état du bus, c’est un miracle même s’il y a quand même seize blessés. Apparemment le chauffeur voulait changer la musique et il a perdu le contrôle du véhicule…
Deux tractopelles sont en action pour dégager le bus dont l’un est piloté par un jeune d’à peine seize ans et un autre chaussés de tongs… Mais ils font des manœuvres précises et, petit à petit, ils parviennent à sortir la carcasse de bus du pierrier et à le déposer sur un côté de la route. La circulation est rétablie et nous continuons notre trajet toujours aussi épique.
L’état effrayant du bus projeté hors de la routeLa manœuvre habile des tractopelles pour sortir le bus du pierrier
Nous finissons par arriver à Totepani sain et sauf en remerciant chaleureusement le chauffeur pour sa conduite experte. Puis nous déposons nos affaires à l’hôtel et nous allons nous baigner dans les sources d’eau chaude naturelles qui cette fois-ci ne sont pas endommagés et heureusement la pluie a cessé, on aperçoit même quelques étoiles dans le ciel. C’est très agréable, on se baigne dans un grand bassin à ciel ouvert avec une eau vraiment chaude, plusieurs népalais y viennent en famille, c’est un endroit sympathique.
Ensuite, on passe notre dernier dîner tous les trois ensemble avec Dawa car il partira le lendemain pour Katmandou. En effet, il était prévu qu’il nous accompagne jusqu’à Jomson puis nous serions autonomes pour la suite sachant qu’il n’y a pas de difficulté particulière si ce n’est qu’il faut marcher longtemps. Le soir, nous dormons tous les trois dans la même chambre avant de se quitter le lendemain après le petit-déjeuner.
Sympathique baignade dans les sources naturelles de Totepani puis dernier dîner tous les trois avec Dawa
Nous nous levons comme prévu à 5h, nous n’avons pas eu de mal des montagnes pendant la nuit mais on n’a pas vraiment réussi à s’endormir aussi tôt que prévu.
Nous prenons le petit déjeuner et faisons nos sacs puis nous commençons l’ascension à 6h20, un peu après un groupe de trois randonneurs américains.
Le jour se lève donc il n’est pas nécessaire d’utiliser de frontale mais il fait encore frais donc nous avons enfilé nos vêtements chauds pour la première fois, notamment des gants pour moi et des collants en dessous de notre pantalon léger de montagne.
Nous montons lentement car la pente est raide mais à un rythme stable et nous faisons des pauses régulièrement. Parfois, nous rejoignons le groupe de trois jeunes américains puis ils nous distancent, l’essentiel est d’arriver en haut. Les rayons du soleil ne nous atteignent pas encore mais ils colorent les nuages de tons rose, orange et jaune.
Départ de bon matin du camp de Thorung Phedi
Nous finissons par doubler les américains lors d’une rapide pause au camp de base situé à 4900m, Bertrand marche doucement mais il fait peu de pauses donc nous avançons finalement à un bon rythme. Les rayons du soleil nous atteignent enfin et viennent contrebalancer le léger vent frais qui commence à se lever.
Les rayons du soleil commencent à nous réchauffer
Puis, les brises de vent se transforment en rafales saccadées qui nous fouettent par intermittence le visage et ralentissent notre progression.
Je penche mon corps en avant en m’appuyant sur mes deux bâtons, un peu pour lutter contre le vent mais surtout pour utiliser la force de mes bras en plus de mes jambes et peut-être aussi pour trouver un peu plus d’oxygène en abaissant la tête mais ça se joue à peu de chose.
Notre respiration est de plus en plus difficile, parfois je dois prendre de grandes et rapides aspirations comme si j’étouffais mais cela ne nous empêche pas d’avancer, lentement mais surement.
On avance, on avance…
La montée est longue même si la pente est plus douce qu’au départ et nous gardons nos vêtements chauds car le soleil compense à peine le vent froid.
Ça y est, nous voyons enfin les drapeaux de prière du sommet ! Nous terminons tous les trois ensemble, bras dessus et bras dessous et je crie de joie en arrivant en haut du col. Des trekkeurs déjà sur place nous prennent en photo afin d’immortaliser ce moment si important pour nous après tous ces efforts et ces belles journées de randonnées passées ensemble. Nous avons atteint le Thorung La à 5400m !
Le col du Thorung La, 5400m
Le jeune cycliste américain est arrivé en haut également avec son VTT et il est déjà prêt à descendre, bravo à lui!
Tout est possible
Nous ne nous attardons pas longtemps car le vent souffle très fort en ce milieu de matinée, je ne me souviens plus de l’heure exacte mais il doit être dans les environs de dix heures du matin. Mes doigts sont gelés dès que je les sors des gants pour prendre des photos.
Nous amorçons donc la descente sur un sentier de terre, on dirait presque du sable, au milieu de cailloux et la pente est douce donc c’est facile, d’ailleurs nous n’aurons même pas marché sur de la neige à cette altitude !
La descente avec les rafales de vent
La température augmente progressivement en descendant et nous faisons une pause picnic à l’abri du vent avec des œufs durs et des galettes de pain appelées chapati. La vue est belle et toujours aussi bien dégagée, visiblement les rouleaux de prière bouddhistes nous ont porté chance.
Le sentier descend désormais en faisant des lacets dans la pente, nous restons vigilants pour ne pas nous blesser en nous foulant une cheville notamment.
On continue la descente après un rapide picnic
Nous retrouvons petit à petit de la végétation avec des chevaux qui broutent puis, un petit village où nous faisons une pause afin de retirer nos vêtements chauds : collants, gants, bonnets et manteaux. Nos chaussures et pantalons sont couverts de poussière.
Nous découvrons devant nous la vallée du Mustang qui est très aride et on peut voir au loin le sommet du Dhaulagiri qui culmine à plus de 8167 mètres, encore un changement de décor.
La vallée aride du Mustang avec au loin sur la gauche le mont Dhaulagiri
Ensuite nous faisons une pause dans un temple bouddhiste à l’entrée du village de Muktinath qui sera notre étape finale pour aujourd’hui. Nous faisons tourner trois fois un immense rouleau de prière comme le veut la tradition puis nous entrons à l’intérieur du temple qui est richement décoré.
Temple bouddhiste à l’entrée de Muktinath
La ville de Muktinath est célèbre dans le pays pour ses nombreux temples bouddhistes et hindous et beaucoup de touristes indiens et népalais viennent la visiter. Nous faisons une nouvelle petite halte rafraîchissante devant les 108 fontaines d’un temple qui sont sensées purifier de leurs péchés les fidèles qui s’immergent de leurs eaux puis nous nous arrêtons quelques temps sur un banc devant la statue du Bouddha face à un panorama de montagnes et, derrière, la montagne est recouverte de drapeaux de prières multicolores.
Le temple des 108 fontaines purificatrices à gauche et à droite la statue du Bouddha tournée vers les montagnes
Bertrand est motivé pour continuer la marche car il est seulement 14h et ce afin de gagner du temps pour terminer par le point de vue de Poon Hill qui permet d’admirer l’Annapurna 1 mais je n’en ai pas la motivation et Dawa nous indique qu’il y aurait encore quatre bonnes heures de marche pour rejoindre la prochaine étape donc nous abandonnons cette option et nous nous installons dans un hôtel.
Cela fait du bien de retrouver une bonne douche chaude, un bon lit douillet et, je dois le reconnaitre, une connexion wifi !
En fin de journée nous assistons à un très beau coucher de soleil depuis le toit de l’hôtel qui vient conclure en beauté cette belle journée de randonnée.
Vue depuis le toit de notre hôtel à Muktinath sur le coucher de soleil
Ce matin, c’est la dernière fois que l’on peut apercevoir le massif du Tilicho, heureusement il fait encore beau et l’air est limpide donc nous pouvons prendre le temps de l’observer en lui faisant nos adieux. Peut-être que c’était en signe d’au revoir qu’une mini avalanche s’est déclenchée sur les pentes du massif du Tilicho, heureusement loin du chemin de randonnée pour accéder au lac.
Le village de Siri Kharka où nous avons passé la nuit avec en arrière plan le massif du Tilicho
Nous découvrons les ruines d’un village abandonné sur les hauteurs dominant le village de Khangsar. Cela me rappelle la découverte de l’ancienne ville caravansérail de Kharadaq en Iran qui était complètement désertée et dont les habitations étaient comme figées dans le temps. Qu’est-ce qui a pu être à l’origine de cet abandon ? Pourtant la vue est magnifique mais ce doit être autre chose d’y vivre à l’année.
La zone est fréquentée par plusieurs espèces d’animaux: un troupeau de yaks semble attendre quelqu’un pour leur apporter à manger, il y a également des chevaux qui broutent paisiblement à proximité et, plus loin dans le champ, des mouflons font de même. En haut d’une montagne, des gypaètes se partagent la dépouille d’une bête.
Le village abandonné et le troupeau de yaks attendant sur les hauteurs
Puis, nous arrivons au niveau du croisement entre la vallée permettant d’accéder au lac Tilicho et celle permettant d’accéder au col du Thorung La. C’est, selon moi, probablement le plus beau point de vue panoramique que nous avons eu pendant ce trek, il permet d’observer quasiment tous les monts et massifs que nous avons pu admirer depuis notre départ. On voit encore le mont Tilicho puis les monts Annapurna 2, 3 et 4, le massif du Manaslu et le mont Pisang et on peut commencer à voir à quoi ressemble la vallée menant au col du Thorung La. Nous faisons une longue pause avec Bertrand et Dawa pour nous imprégner de cette vue, comme hypnotisés et cherchant à la graver dans nos mémoires. Nous prenons de nombreuses photos et vidéos mais cela ne peut remplacer le plaisir de respirer l’air frais tout en appréciant la palette de couleurs, les contrastes de lumière et les reliefs de ces paysages incroyables.
Panorama grandiose
Le panorama commenté en vidéos
Cela me donne envie d’en savoir plus sur la géologie et la formation de ces différentes roches qui sont parfois situées à des distances très proches.
En regardant la date du jour par hasard, je me rends compte que cela fait cinq mois que je suis parti sur la route depuis mon appartement du Pré Saint Gervais, le dimanche 19 septembre en fin de journée, après avoir laissé les clés à mes locataires pour rejoindre ma famille à Meaux chez ma sœur Maud et son compagnon Ricardo. Le temps passe vite et j’en ai vu des paysages différents et grandioses depuis mon départ: la route ensoleillée de la Bavière et de l’Autriche avec ses lacs et montagnes, la Cappadoce, les déserts d’Iran, la vallée des Kalash au Pakistan, le Rajasthan et désormais le massif des Annapurnas.
Allez, trêve de rêveries, il faut repartir, on a encore un col à 5400m à franchir le lendemain avec nos sacs à dos, cela risque d’être notre journée la plus difficile donc il vaut mieux ne pas trop traîner. Nous entamons la descente dans la vallée puis nous traversons un beau pont suspendu qui nous permet de rejoindre le chemin de randonnée vers le Thorung La.
Puis nous reprenons des forces dans le village de Yak Kharka en mangeant des plats à base de viande de yaks. Je trouve la viande un peu trop sèche bien qu’elle a du goût, il faut la mastiquer longuement.
Encore un beau pont suspendu puis un bon déjeuner à base de viandes de yaks
De retour en marche, nous avons chaud avec le soleil puissant qui nous assomme et l’absence de vent pour nous rafraîchir alors que nous sommes à la mi-février, le réchauffement climatique sévit partout. Notre souffle commence à se faire court alors que nous dépassons 4200m tandis que le soleil cogne toujours.
Le soleil cogne après la pause déjeuner
Puis, le vent se lève lorsque nous montons davantage en altitude et nous empruntons un nouveau pont qui nous fait passer sur le versant montagneux à l’ombre du soleil. Cette fois-ci, nous commençons à avoir froid avec le vent qui ne faiblit pas tandis que le sentier joue avec nos nerfs en faisant des montagnes russes.
Sur le chemin à l’ombre nous menant au camp du Thorung Phedi, on a hâte d’arriver
Nous arrivons fatigués mais soulagés au camp du Thorung Phedi à 4500m, le souffle court mais pas de mal des montagnes. Le salon restaurant est spacieux, il n’y a personne quand nous arrivons, les chambres sont spartiates mais il y a quand même de l’électricité. Par contre, l’eau est rationnée car elle est portée dans des barils à dos d’hommes ou de mulets comme quasiment tous les vivres du camp !
Le soir, autour du poêle, nous rencontrons un américain de vingt-deux ans qui est venu jusqu’ici en vélo et qui compte passer le passer le col le lendemain : on croise toujours plus fous que soi en voyage!
Allez, il est temps d’aller se coucher vers vingt heures, demain nous nous lèverons à cinq heures pour passer le col pas trop tard dans la matinée afin d’éviter des vents violents suivant les recommandations de Dawa.
La nuit a été mauvaise pour Bertrand à cause d’un mal de tête avec la haute altitude, pour ma part j’avais la bouche sèche et je me réveillais régulièrement pour boire de l’eau mais on arrive quand même à se lever vers six heures alors que la lumière du jour commence doucement à illuminer le ciel.
Après un rapide petit déjeuner, nous entamons la montée et, cette fois-ci, sans nos sacs que nous récupérerons au retour : cela fait du bien ! Nous avons juste pris de l’eau et quelques barres de céréales.
Il fait froid, surtout aux doigts mais la marche, puis les rayons du soleil, nous réchauffent progressivement le corps. Nous montons doucement, Bertrand tient bon et nous finissons par doubler des petits groupes de népalais profitant du week-end pour faire une balade. Un couple est venu en moto de Katmandou jusqu’au village de Khangsar à 3700m puis est parti directement à pied sans acclimatation ! Ils ont du mal, surtout la fille mais ils tiennent bon, quelle force mentale ces népalais !
Le temps est superbe et la vue est encore une fois bien dégagée, nous laissant apprécier le paysage tout au long de notre marche. La pente est plutôt douce sauf un passage raide où l’on doit monter en zigzagant.
Notre chemin pour aller au lac Tilicho
Notre progression ralentit lorsque nous atteignons une succession de plateformes légèrement en pente et recouvertes de glace et de neige dure, le lac se fait attendre, nous espérons le voir après chaque montée mais c’est un nouveau petit plateau à franchir qui se découvre à nous.
On approche, on approche…
Puis, nous apercevons une petite cabane en pierre et des drapeaux de prières bouddhistes aux couleurs des cinq éléments de la terre, ça y est nous y sommes enfin : le lac Tilicho !
Nous arrivons vers 10h30 et nous y retrouvons les hollandaises et leur guide qui étaient partis plus tôt que nous. Nous sommes très heureux d’y être arrivés et nous nous félicitons mutuellement, depuis le temps qu’on y penser à ce lac ! Et puis, on a réussi à passer le cap des 5000m donc c’est bon signe pour passer ensuite le col du Thorung La. On reste une bonne quarantaine de minutes à admirer le paysage et à prendre des photos de groupe en souvenir de ces bons moments de partage après des heures d’efforts.
Vue du Tilicho avec notre trio de choc
Avec les hollandaises et leur guide
Sur la descente du retour, il nous est plus facile d’identifier le meilleur itinéraire en passant par les pierriers afin d’avancer plus vite que sur la glace et la neige dure. Je me sens en bonne forme, je n’ai pas eu de mal de montagne, ma respiration était régulière et je n’ai pas eu de douleurs aux genoux qui était l’une de mes craintes au départ de la rando. Le fait également de ne pas porter de sac a beaucoup aidé.
Nous apercevons des mouflons qui ressemblent beaucoup à nos bouquetins alpins avec leurs grandes cornes mais elles sont plus arrondies. Dawa a l’œil affûté pour repérer ces animaux qui sont bien camouflés dans ce décor naturel. La descente offre une vue tout aussi jolie que la montée, on ne s’en lasse pas.
Le retour est nettement plus facile et la vue reste belle
Nous arrivons au camp de base vers 13h pour faire une petite pause déjeuner et repos puis nous repartons avec nos sacs cette fois-ci.
Nous repassons par les pierriers en pente avec vue sur la vallée en direction du village de Manang, le mont Tilicho est désormais dans notre dos mais il nous suffit de tourner la tête pour l’admirer.
Nous croisons des yaks qui broutent au bord du chemin face à la chaîne de montagnes puis, plus loin, Dawa nous fait signe de ne pas faire de bruit car il y a un groupe de mouflons à proximité. Nous avançons à pas de sioux pour les observer de plus près, plusieurs ont de grandes cornes arrondis et il y a également un petit avec sa maman, nous observons ce spectacle avec des grands yeux comme des enfants. Les mouflons nous ont repéré et ils traversent devant nous le sentier afin de monter plus haut dans la montagne.
Yaks et mouflons croisés sur le chemin
En cette fin de journée riche en sensations, je me fais la réflexion que la montagne est l’élément naturel dans lequel je me sens le mieux, davantage qu’au bord de la mer .Il y a de grands espaces avec des formes et des couleurs différentes de rochers et de végétation, les montagnes sont comme d’immenses monuments naturels où l’on peut y observer des animaux sauvages, c’est également un lieu propice pour la pratique de nombreux sports et plus généralement pour faire un effort physique tout en pouvant se vider l’esprit et s’évader en regardant les grands espaces, loin de l’agitation de la ville.
Nous arrivons à notre étape du soir heureux de pouvoir déposer nos sacs qui nous pèsent toujours autant malgré les plusieurs jours de marche que nous avons déjà faits. Nous serons les seuls dans l’hébergement qui a ouvert spécialement pour nous ce soir grâce à Dawa afin de nous éviter de faire un détour plus long, merci Dawa !
Il n’y a pas d’électricité et il n’y a qu’une seule personne pour s’occuper de la cuisine et du logement donc Bertrand et Dawa se proposent d’aider à la préparation du Dal Bat avec une minuscule lampe dans la cuisine tandis que je me réchauffe les pieds au poêle. Nous n’avons pas d’eau chaude depuis deux jours donc pas de douche pour moi mais Bertrand s’est motivé à l’eau froide, le courageux.
La juste répartition des tâches
Après un dîner à la bougie, nous allons admirer avec Bertrand le magnifique ciel étoilé où l’on peut bien voir la voie lactée et les quelques constellations que nous connaissons puis nous allons nous coucher.
17/02/2023 : “Dal bat power 24h, 10 days not shower”
Départ : Manang 3540m
Arrivée : Camp de base Tilicho 4150m
Dénivelé + : 650m
Distance : 15km
Marche : 5h30
Le ciel est encore bien dégagé ce matin et nous permet à nouveau d’admirer cette très belle vue sur les chaînes de montagnes. Nous faisons une rapide pause devant un temple bouddhiste à la sortie du village et nous ne manquons pas de faire tourner les rouleaux de prière en espérant que la météo nous demeure favorable et que nous n’ayons pas le mal aigu des montagnes afin de pouvoir profiter pleinement de notre randonnée.
Temple bouddhiste à Manang, on voit le Tilicho sur la gauche
Nous croisons à nouveau des porteurs avec des charges énormes sur leur dos dans ce décor magnifique et également un berger gardant ses chèvres tout en consultant son smartphone au bord du chemin, c’est l’objet de modernité que je vois le plus souvent depuis que je fais mon voyage, dans n’importe quelles régions, même les plus isolées.
Port de charge lourde à gauche et berger connecté à droite
Au croisement de deux chemins, nous prenons celui bifurquant à l’ouest vers le lac Tilicho tandis que le chemin menant au col du Thorung La se dirige vers le nord, nous le rejoindrons plus tard après avoir fait un détour par le lac Tilicho.
Il y a un peu de poussière soulevée par le vent et nous observons dans le ciel une escadrille d’oiseaux qui ressemblent à des choucas. Nous passons sur un nouveau pont suspendu puis nous montons lentement par un escalier de pierre et nous croisons sur notre chemin les deux hollandaises avec leur guide qui étaient dans le même bus que nous à l’aller et que nous avions retrouver au point de vue de Ghyaru. Elles ont également pour projet d’aller au lac Tilicho donc nous nous retrouverons au camp de base en fin de journée.
En route vers le camp de base du Tilicho
Nous finissons par passer enfin la barre des 4000m et nous nous encourageons, pour le moment on se sent plutôt bien même si nous devons marcher plus lentement pour ne pas trop nous essouffler et laisser le temps à notre corps de s’acclimater doucement.
Nous empruntons un sentier à flanc de montagne avec une nouvelle vue magnifique, bien dégagée et panoramique comme la veille, avec la montagne du Tilicho en ligne de mire qui se rapproche progressivement.
On se rapproche du Tilicho
Le décor devient plus aride, notre chemin passe à flanc de pierriers raides avec des risques de chutes de pierres donc nous accélérons notre pas tout en restant attentifs. Nous finissons par apercevoir enfin le camp de base au bout d’un mince sentier, juste en dessous d’une immense montagne rocheuse et face à une barrière de montagnes enneigées avec des glaciers.
Le décor devient plus aride
Nous traversons avec précautions longs pierriers avec des pentes raides
Nous arrivons au camp de base vers 15h et nous en profitons pour faire une sieste sur les canapés du salon offrant une vue sur les montagnes grâce à une baie vitrée. Ensuite, on s’installe dans nos chambres et on part faire une petite balade d’acclimatation en montant une centaine de mètres. Les hollandaises et leur guide nous ont rejoint.
On aperçoit au loin le camp de base à la base de la haute montagne rocheuse
Notre hébergement est de bonne qualité et le salon est très chaleureux, notamment grâce à son poêle et ses canapés où nous nous retrouvons avec les hollandaises pour nous raconter nos journées de randonnées et discuter de la suite de l’itinéraire.
Lors du dîner, Dawa nous apprend l’expression symbolisant l’état d’esprit montagnard de la région : « Dal bat power 24h, 10 days not shower », le plat du dal bat est très prisé par les guides et porteurs népalais et nous commençons à nous y habituer également, c’est sans doute le meilleur rapport qualité, quantité et prix dans cette région montagneuse.
Il est temps de nous installer sous nos couvertures car nous nous lèverons une heure plus tôt que d’habitude afin d’avoir le temps d’aller au lac Tilicho, situé 800m plus haut, puis de redescendre un peu plus bas que le camp de base afin de se rapprocher du chemin vers le Thorung La. Nous sommes tout près du but !