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Qom

Suite du jour 53 (9/11/2022)

Le bus me dépose en périphérie de la ville de Qom devant un grand rond-point. Comme souvent, je ne vois pas beaucoup de bus collectif dans les environs et, lorsque je demande aux chauffeurs de taxi s’il y a des taxis collectifs appelé « Savari », ils me répondent que non. Donc j’ouvre l’application Snapp pour réserver un trajet en taxi en ligne (l’équivalent de Uber) quand un chauffeur me propose de m’emmener dans le centre-ville et j’accepte machinalement sans penser à négocier le prix, je me laisse emporter par la facilité et l’envie de ne pas perdre de temps. Une rapide vérification sur l’application me fait voir que j’aurais pu avoir un bien meilleur prix, cela me servira de leçon pour la prochaine fois même si c’est pour un trajet qui me coûte au final seulement un euro et quelques dizaines de centimes.

En arrivant au centre-ville, je m’engage à pied avec mon gros sac sur le dos sur une grande place permettant d’accéder au sanctuaire de Fatima Masoumeh qui est l’un des lieux les plus sacrés de l’islam chiite et où de nombreux pèlerins viennent pour prier. C’est également un grand centre de formation religieuse. Je me sens un peu penaud sur cette place centrale de ce lieu saint en plein soleil avec mon grand sac à dos (cf photo de la place en couverture de l’article). Un français rencontré la veille à l’auberge de Téhéran m’avait dit qu’il avait pu déposer son sac à l’entrée du site donc je m’y dirige en espérant que cela fonctionne. Le personnel de sécurité me demande d’attendre à l’entrée et je suis rapidement accueilli par Ali, un étudiant en théologie musulmane qui est thaïlandais et qui est venu à Qom pour approfondir ses connaissances. Il parle parfaitement l’anglais et il m’accompagne vers la conciergerie afin de déposer mes bagages puis il me fait visiter le sanctuaire.

Ses explications sont très intéressantes et c’est l’occasion pour moi d’observer de plus près la dévotion des croyants dans ce site majeur de l’islam chiite. Ali me confirme la disposition habituelle des places en Iran pour accéder aux grandes mosquées avec quatre portes disposées sur chaque point cardinal avec au sud la mosquée. Certains chapiteaux ont une architecture ressemblant effectivement à des pagodes asiatiques car ils ont été construits sous le règne des seigneurs mongoles. Ali m’explique également que de nombreux miroirs ont été disposés tout autour de la porte sud permettant d’accéder à la mosquée afin de mieux éclairer les lieux à l’époque où l’électricité n’existait pas encore. Le dôme de la mosquée qui est recouvert d’or brille de mille feux à la lumière du soleil.

Le sanctuaire de Fatima Masoumeh face à la porte sud où l’on peut apercevoir les miroirs et au-dessus les coupoles en or
Une autre cour intérieure à l’est de la mosquée où les fidèles peuvent prier ou simplement discuter sur des tapis, au-dessus on remarque une toiture d’inspiration asiatique

Nous faisons le tour de l’extérieur de la mosquée avec Ali puis il me raccompagne à l’entrée du site en refusant poliment une rétribution que je lui propose. La conciergerie est également gratuite et j’en profite pour y laisser mes affaires le temps d’aller visiter le bazar de la ville. A nouveau, je découvre comme dans les précédents bazars des places avec de très belles arches se rejoignant en formant des coupoles qui sont percées pour laisser passer la lumière, je ne me lasse pas de découvrir ces architectures grandioses aux décorations raffinées.

Une cour intérieure du bazar de Qom

Ensuite, je prends un déjeuner assez classique de mon séjour en Iran avec deux brochettes de viandes et du pain car j’ai du mal à trouver autre chose. Puis j’utilise pour la première fois la fameuse application Snapp afin de rejoindre la gare routière. L’interface est assez pratique, il faut juste que j’apprenne à déchiffrer les chiffres persans sur les plaques d’immatriculation mais finalement je me retrouve dans la mauvaise gare routière et je dois reprendre un taxi. Pour prendre un bus pour la ville de Kashan il faut retourner près du grand rond-point en périphérie de la ville et attendre qu’un bus s’arrête, il n’y a pas de panneau ni de comptoir donc c’est assez déconcertant. Les taxis cherchent à me persuader qu’il n’y a pas de bus et que je dois prendre un taxi collectif mais en demandant à des passants ils me confirment que c’est bien ici que je dois attendre les bus pour Kashan et, en effet, quelques minutes plus tard un bus s’arrête et me prend à bord.

Le voyage continue !

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Téhéran

Suite et fin du jour 51 (7/11/2022)

Le bus me dépose à la gare routière ouest de Téhéran sur les coups de midi et je décide de prendre un taxi pour rejoindre l’auberge de jeunesse « Hostel Heritage » située en plein centre et que j’ai réservée pour deux nuits. Cela me permettra de progressivement prendre le pouls de cette ville immense dont l’agglomération concentre seize millions d’habitants.

Je négocie un peu le prix du taxi pour un tarif probablement bien au-dessus du standard mais là je préfère jouer la sécurité et puis cela me permettra de découvrir la capitale à l’avant du taxi. D’ailleurs, je profite du trajet pour demander au chauffeur de s’arrêter quelques minutes sur l’immense rond-point devant la tour Azadi afin de prendre une photo de ce lieu symbolique de Téhéran comme la place de l’Etoile avec l’Arc de Triomphe à Paris.

Tour Azadi de Téhéran

La circulation est dense et les véhicules se frôlent à la limite du contact en se doublant les uns les autres et il m’a semblé que certaines voies étaient dédiées aux deux-roues motorisés mais apparemment ce serait des voies réservées aux bus que les deux-roues utilisent pour circuler plus facilement. J’observe attentivement l’extérieur, c’est animé comme dans les grandes villes avec beaucoup de piétons circulant sur les trottoirs, les petites boutiques se côtoient avec de grands magasins.

Mon taxi me dépose devant l’auberge et, en ouvrant la porte, j’entre dans un espace agréable et rassurant, il y a beaucoup de jeunes qui discutent joyeusement autour d’une grande table près de la cuisine partagée et les deux jeunes filles de l’accueil me reçoivent avec un grand sourire. La décoration est moderne tout en ayant une touche d’architecture locale avec un jardin privé situé à l’arrière où coule une fontaine au milieu avec des bancs et des coussins pour se prélasser autour. Je dépose mes affaires dans mon dortoir puis, après quelques renseignements pris auprès de l’accueil, je pars à pied pour chercher à manger dans le quartier. Finalement, je trouve un restaurant qui sert de larges portions de riz avec une sorte de ragoût très bon avec de la viande et des haricots que j’accompagne d’une salade et du pain pour à peine cinq euros.

Puis, je rentre à mon auberge pour me reposer l’après-midi dans le jardin. C’est l’occasion pour moi de rencontrer beaucoup de voyageurs avec des profils et des projets différents, c’est très intéressant et rassurant de savoir que je ne suis pas le seul. Je rencontre notamment Gijs, un jeune hollandais de vingt-et-un an qui a décidé de rejoindre le Népal avec sa moto Honda 500 qu’il a achetée à peine un mois après avoir eu son permis! Il profite d’une longue période de vacances dans ses études pour faire ce voyage. Je suis impressionné par sa témérité et il me raconte son périple de manière très posée avec un grand sourire comme si c’était une simple promenade. Je prends une belle claque et cela me permet de relativiser les défis qui m’attendent pour mes prochaines étapes. On discute aussi de nos itinéraires passés et surtout futures, cela pourrait me donner des idées pour la suite.

Il y a également Ingo, un jeune allemand de vingt-quatre ans qui voyage en bus ou en auto-stop jusqu’en Inde donc nous échangeons également sur nos itinéraires mais aussi sur nos manières de voyager et de partager avec nos proches. Ingo fait des petits clips vidéos avec ses photographies, Gijs met à jour son carnet de bord sur l’application Polarsteps qui est très prisée des voyageurs.

Puis je rencontre la doyenne de notre auberge, Conchita, originaire de Barcelone et qui voyage dans le monde entier depuis qu’elle a pris sa retraite, particulièrement dans des pays peu touristiques alors qu’elle approche des soixante-quinze ans ! Comme quoi, il n’y a pas d’âge pour voyager. Conchita est très ouverte sur les autres et elle fait de nombreuses rencontres comme par exemple ce jour-là, elle avait invité à l’auberge deux jeunes iraniennes qu’elle avait rencontrées au bazar. Je suis bluffé, cette auberge me fait l’effet d’une oasis après plusieurs soirées passées seul à l’hôtel et sans avoir rencontré d’autres étrangers sur mon chemin.

Il y a également quelques iraniens qui séjournent temporairement à l’auberge et aussi des jeunes des pays voisins comme le Pakistan, l’Afghanistan et l’Irak. C’est l’occasion d’en savoir un peu plus sur ces pays que je connais peu car je n’ai pas eu souvent l’occasion de rencontrer des ressortissants de ces pays. Il y a notamment dans ce groupe Azaan, un pakistanais de vingt-six ans qui est très sociable et qui crée beaucoup d’animation dans l’auberge en faisant le lien avec chacun des groupes. De plus, il prépare chaque soir un repas avec ses amis où il invite les autres locataires de l’auberge qui le souhaitent et c’est ainsi que nous partageons un dîner pakistanais (épicé) dans cette auberge de Téhéran avec des pakistanais, des afghans, des iraniens, des irakiens et les quelques européens qui représentent chacun leur pays. Je ne m’attendais pas à un tel accueil !

Premier dîner à l’auberge de Téhéran avec Gijs puis Ingo à ma gauche et Azaan tout à droite

Jour 52 (8/11/2022)

Le matin, l’auberge met à disposition un buffet pour le petit déjeuner qui se compose de tomates, de concombres, de pains, des confitures, d’œufs et du thé disponible toujours à volonté. C’est l’occasion pour moi de faire le plein de crudités ! Je retrouve quelques voyageurs de la veille ainsi qu’un français qui termine son voyage en Iran après deux semaines passées dans le sud du pays sans encombre.

Puis je pars visiter le musée national d’archéologie qui est situé à une vingtaine de minutes à pied de l’auberge. J’apprends à traverser les avenues avec prudence et célérité en observant les autres piétons ou parfois tout simplement en les suivant. Il faut être vigilant car la priorité aux piétons n’est pas vraiment respectée, les conducteurs daignent seulement ralentir un peu à notre approche et c’est au marcheur de libérer le passage.

Je trouve un large quartier piéton à proximité du musée national d’archéologie avec d’autres musées et bâtiments officiels dans des anciens monuments et j’en profite pour en admirer l’architecture sans craindre de me faire percuter par un véhicule.

La visite du musée est intéressante même s’il y aurait pu avoir un peu plus de panneaux explicatifs pour satisfaire pleinement ma curiosité pour la riche Histoire de ce pays donc je complète avec quelques recherches sur internet. Je suis notamment intéressé par la période de l’empire perse sous la dynastie des Achéménides en découvrant des statues du roi Darius puis de son fils Xerxès qui lui succéda et qui luttèrent tous deux contre les cités Grecques lors des guerres médiques au cinquième siècle avant JC. L’une des statues présente le roi Darius auquel il manque malheureusement sa tête mais sur le socle on peut voir des gravures de personnages en dévotion qui représentent chacun un royaume ou une région vassaux de l’empire perse que l’on peut identifier en fonction des habits et des coiffures que les personnages portent. C’est une œuvre qui représente bien selon moi la puissance et de la grandeur de l’empire perse qui atteint son apogée à cette époque.

Dans un deuxième bâtiment, il y a des objets et des œuvres d’art de l’ère islamique avec notamment de nombreuses ornementations en stuc.

Photo du roi Darius dans le musée national d’archéologie de Téhéran

Puis, je prends un déjeuner dans un des nombreux stands de fast food situés dans une rue à proximité du musée où l’on peut manger principalement des hamburgers et des döner kebaps de toutes sortes.

Ensuite, je rejoins à pied le palais du Golestan qui est assez proche, il a servi de demeure aux derniers rois d’Iran mais aussi une partie fut utilisée comme un musée afin d’exposer différents tableaux ou œuvres d’art offertes au souverain. Il est très luxueux avec de nombreuses tapisseries, des miroirs jusqu’au plafond et des meubles en bois très distingués.

Entrée dans les anciens appartements royaux du palais du Golestan

En sortant du palais, je profite pour visiter le bazar de Téhéran qui est juste à côté et je constate les mêmes arches et murs en petites briques comme les bazars des villes iraniennes précédentes ainsi que la même architecture de place carrée avec quatre portes sur chaque point cardinal et la mosquée avec sa coupole derrière la porte au sud.

A proximité du bazar, il y a également de grands centres commerciaux avec des boutiques modernes dans lesquelles on peut visiblement trouver de nombreux articles à la mode.

Le soir à l’auberge, nous dînons à nouveau ensemble avec de nombreux locataires de l’auberge grâce au charisme de Azaan.

Deuxième et dernier dîner à l’auberge, à ma gauche Ingo, au centre le chef Azaan et à droite notre doyenne Conchita

Début du jour 53 (9/11/2022)

Je me lève un peu plus tôt ce matin car je prévois de visiter la ville de Qom avant de rejoindre la ville de Kashan pour y passer deux nuits dans une nouvelle auberge. Gijs a prévu de faire le même itinéraire en moto et je rencontre également Raju, un pensionnaire indien de l’auberge qui prend le même bus que moi et qui prévoit d’aller directement à Kashan.

Cette fois-ci, je décide de tester le métro de Téhéran car il permet de relier rapidement mon auberge à la gare routière du sud. Le métro fonctionne bien, il est moderne avec une bonne fréquence de passage et il n’y pas trop d’affluence à l’heure où je l’utilise donc tout se passe bien. A noter qu’il y a certaines rames dédiées aux femmes.

Lorsque je descends du métro, un agent de sécurité se propose naturellement de m’emmener jusqu’au comptoir de bus à la gare routière où je peux facilement acheter un billet pour un bus partant dans la demi-heure. Je quitte donc la capitale du pays comme je l’ai rejointe, sans difficultés.

La suite au prochain article !

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Iran

Zanjan – Qazvin

Fin du jour 49 (05/11/2022)

Le route au départ de Tabriz sillonne à travers les montagnes et passe à travers quelques tunnels pour limiter les détours. Cela a bien changé par rapport au récit de Nicolas Bouvier dans « L’usage du monde » qui est bloqué tout l’hiver à Tabriz avec son compagnon de voyage et qui eurent tous les deux bien de la peine à franchir les cols au printemps avec leur vieille Fiat 500 dans les années cinquante.

Puis, les montagnes prennent la forme de dunes de sables, lisses comme en Cappadoce avec différents tons de couleurs rouge, gris et ocre. J’aperçois également par la vitre quelques dromadaires puis des troupeaux de moutons et il y a désormais peu de virages.

A ma grande surprise, le chauffeur me dépose sur une aire d’autoroute en périphérie de la ville de Zanjan et il me fait comprendre qu’il faut que j’utilise la passerelle pour passer de l’autre côté et récupérer un taxi. Je pensais que l’on arriverait dans une gare routière avec un bus reliant le centre-ville ou des taxis à proximité. En plus, le soleil commence à se coucher donc je me presse, j’essaye d’utiliser l’application locale pour réserver un taxi dénommée Snapp mais il n’y en a pas de disponible donc finalement je trouve un taxi sur l’aire d’autoroute qui m’emmène à proximité d’un hôtel conseillé par Nasser et bien situé dans le centre. Je suis soulagé quand je dépose mon sac dans ma chambre et je pars me promener dans la rue centrale. La ville de Zanjan est connue pour la fabrication de couteaux et il y a plusieurs boutiques qui en exposent aux formes et aux tailles variées, il y a également un bazar à l’architecture assez similaire à Tabriz avec des petites briques mais il n’est pas aussi étendu. Je trouve de quoi dîner dans une gargote du bazar dédié à la nourriture avec du foie de mouton ou d’agneau cuisiné avec des légumes. Puis je m’achète quelques pommes afin d’avoir un peu de produit frais, le vendeur est heureux d’avoir un touriste comme client et nous faisons un « selfie » ensemble à sa demande.  Très souvent les commerçants sont agréablement surpris et honorés d’avoir un touriste étranger et ils cherchent à m’aider malgré la barrière de la langue. Généralement ils pensent que je suis allemand, probablement en raison de mes yeux bleus et de ma grande taille…
Les passants dans la rue à qui je demande le chemin pour la gare routière ou autre sont également très aimables comme en Turquie et, fréquemment, ils me souhaitent la bienvenue dans leur pays. A Tabriz il y a même un commerçant qui m’a rattrapé dans la rue pour me donner le numéro d’un contact au cas où j’aurais besoin d’aide, c’est très appréciable.
Il est temps de rentrer à mon hôtel pour lire grâce à la liseuse électrique offerte par mes collègues qui m’est désormais très utile et aussi essayer de me connecter au réseau pour contacter mes proches.

Le bazar de Zanjan dédié à la nourriture

Jour 50 (6/11/2022)

Je visite à nouveau le bazar de Zanjan le matin quand c’est plus calme puis, sur les conseils du gérant de l’hôtel, je prends un premier taxi pour rejoindre une place d’où je peux prendre un taxi collectif vers la ville de Sultaniyeh, située à une quarantaine de kilomètres et qui est connue pour son mausolée avec un haut dôme de couleur turquoise (le troisième plus haut dans le monde après Saint Paul à Rome et Sainte Sophie à Istanbul). Le monument est en complète rénovation de l’intérieur donc ce n’est pas très intéressant à visiter, il n’y a d’ailleurs personne à la caisse et on peut rentrer librement. Je fais quand même le tour de l’édifice et je monte rapidement sur les hauteurs du dôme afin de voir la vue en laissant mon lourd sac dans un coin.

Puis, en revenant à l’emplacement où m’avait déposé le taxi collectif pour en prendre un autre afin de rejoindre la ville de Qazvin, je fais la rencontre d’un jeune homme iranien qui parle un peu anglais et qui semble très enthousiaste de me rencontrer. Il me demande si j’ai visité un jardin apparemment connu dans sa ville, je sais que les jardins persans sont célèbres mais je n’ai aucune information dans mon guide sur celui-ci. Peu importe, j’ai du temps et puis c’est l’occasion de rencontrer des iraniens donc j’accepte de le suivre après quelques minutes de discussion. Un ami à lui nous y emmène dans sa voiture. En fait, il s’agit d’un jardin privé avec quelques arbres fruitiers sans intérêt et je finis par comprendre, au détour de ses multiples compliments sur les lieux comme par exemple « look this big beautiful garden » pour un modeste verger aux herbes hautes, « look, animals ! » pour quelques biquettes, qu’il cherche à me faire dormir sur place dans une chambre d’hôte d’un de ses amis… Je lui explique que je ne suis pas intéressé pour passer la nuit ici mais que l’on peut discuter un moment autour d’un thé, malgré tout il persiste à me faire des suggestions de visites sans intérêt dans le but que je reste. Son ami me fait visiter une chambre d’hôte dans laquelle il y a quelqu’un qui dort par terre enroulé dans un tapis, je pense une fraction de seconde à un cadavre mais apparemment c’est son père qui fait une sieste. A ce moment, je leur dis que je m’en vais en souriant poliment mais fermement et je reprends mon sac sur le dos. Ils me demandent de faire quelques photos souvenirs pour essayer d’amadouer d’autres touristes puis je pars à pied en refusant leur offre de taxi. Mon encombrant guide local me suit à pied mais je ne fais plus d’efforts pour continuer la discussion et je le quitte sans un au revoir.

Je retourne à la place des taxis collectifs, c’est une petite ville et il y a peu de clients partant dans ma direction donc au bout d’une dizaine de minutes j’accepte de payer le prix complet du trajet en taxi afin de rejoindre une gare routière. Sur la route, on récupère un autre passager qui partage une partie des frais et ensuite je récupère un bus qui m’emmène à Qazvin. C’est un peu usant cette succession de petits trajets avec de multiples correspondances et j’ai un peu la nostalgie des dolmuş turcs mais c’est probablement le temps que je m’adapte aux moyens de transport de l’Iran.

Je trouve un hôtel en centre-ville à bon marché qui était conseillé sur l’application iOverlander et je pars visiter la ville avant la tombée de la nuit. En rejoignant le bazar, qui semble être un lieu incontournable de chaque ville iranienne, je trouve d’abord des galeries récentes avec des toits en tôle métalliques puis je tombe par hasard sur une grande place carrée accessible via quatre portes impressionnantes disposées de chaque côté avec des décorations ciselées dans la pierre aux multiples couleurs. On peut également apercevoir, derrière l’un des murs, une coupole monumentale de couleur turquoise comme à Sultaniyeh. Certains monuments sont surmontés d’un petit toit dont l’architecture me font penser à la Chine ou au Japon.

Ensuite, je découvre un autre bazar adjacent qui est plus ancien et bien mieux entretenu avec des cafés et des boutiques modernes et chics prisés par les jeunes. C’est une belle surprise avant que je me trouve un petit restaurant qui sert des brochettes de viandes au foie ou simplement avec du gras. J’aurais bien mangé quelques légumes mais je n’ai pas trouvé beaucoup de restaurants à proximité et la plupart servent uniquement de la viande.

Début du jour 51 (7/11/2022)

Sur les conseils de la gérante de mon hôtel je trouve un petit restaurant qui sert un petit déjeuner typique iranien à base de lentilles appelé Adassi, c’est un peu gluant mais appétissant !

Puis je prends un bus à destination de la capitale Téhéran qui sera ma prochaine étape pour deux nuits. Lors du trajet nous parcourons un paysage désertique où se dressent des montagnes et des pylônes électriques.

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Iran

Tabriz

Jour 47 (03/11/2022)

Je prends un minibus tôt le matin, juste à côté de mon logement à Doğubayazıt, qui m’emmène à la frontière de l’Iran en une vingtaine de minutes (35 kilomètres) qui me paraissent très courtes. Puis, je suis les piétons pour passer les différents points de contrôle, turcs d’abord puis iraniens. Cela m’a pris en tout environ une cinquantaine de minutes pour passer la frontière avec plusieurs temps d’attente car il y a du monde mais quasiment aucun touristes visiblement et on me pose assez peu de questions finalement (la raison de mon voyage, ma profession et aussi le justificatif de ma vaccination anticovid). Une fois de l’autre côté de la frontière, je profite d’avoir encore du réseau via la Turquie pour prévenir mes proches puis je change mon argent turc en argent iranien auprès d’un vendeur à la sauvette (je n’ai pas trouvé de bureau officiel et le taux avait l’air correct). Je me retrouve millionnaire avec des énormes liasses de billets de cent milles rials, je ne prends même pas le temps de compter tellement il y a de billets qui sont regroupés par centaine, je fais confiance.

Ensuite, je prends un premier taxi pour franchir les deux premiers kilomètres (apparemment il n’y a pas le choix) avant de prendre un autre taxi pour une vingtaine de kilomètres jusqu’à la gare routière de Maku qui a un fonctionnement assez similaire aux gares routières turques avec des guichets, quelques magasins et de la restauration rapide puis les quais d’embarquements.

Même si j’étais déjà au courant et que je m’y étais préparé, je m’embrouille quand même entre les rials et les tomans iraniens surtout avec l’énormité des sommes en jeu (environ 330 000 rials pour 1€ ! ou 33 000 tomans qui est la nouvelle monnaie) mais au final les tarifs sont très faibles (environ 2,5€ le taxi et 2€ le bus). J’attends une trentaine de minutes à la gare de Maku le bus pour Tabriz, le temps de prendre un déjeuner et ensuite nous avons quatre heures de route dans un bus assez confortable. Comme lorsque j’arrive dans un nouveau pays, et en particulier en Iran dont j’en ai tant entendu parler, je suis curieux de tout observer : le physique des gens, leurs vêtements, leur manière de se comporter puis les véhicules qu’ils utilisent, les immeubles, les paysages, tout est source d’intérêt et je passe une grande partie du trajet en bus à regarder par la fenêtre, soulagé d’avoir pu passer la frontière rapidement et d’avoir trouver un bus qui m’emmène à la destination prévue. C’est l’occasion de découvrir plusieurs anciens modèles de voitures dont des marques françaises mais il y a aussi des modèles récents.

La température est plus douce qu’à Doğubayazıt même si on reste dans une région montagneuse, je découvre également les symboles énigmatiques de l’alphabet persan qui est en réalité un alphabet arabe modifié. Cependant, les principaux panneaux de signalisations ont également une traduction en anglais avec l’alphabet latin ce qui est bien pratique pour les occidentaux comme moi.

Une fois arrivé à la gare routière de Tabriz, je prends un bus pour le centre-ville où je ne passe pas inaperçu auprès du chauffeur, de son jeune collègue qui s’occupe de la caisse et des usagers qui sont très curieux et sympathiques. L’un d’entre eux est étudiant à l’université et il parle bien anglais donc il nous sert d’interprète. Les passagers du bus me montrent sur le trajet les quelques points d’intérêts de la ville ainsi qu’ils me conseillent d’aller me promener dans un grand parc en périphérie de la ville. A la demande du jeune homme en charge de la caisse je lui donne une pièce de cinquante centimes d’euro en souvenir et il m’offre le trajet en bus.

Ensuite, je retrouve sur place un contact qui parle français et qui m’a été recommandé par des voyageurs francophones en Iran. Il s’appelle Nasser et il gère une sorte d’office de tourisme dans la ville avec son frère Mohamed. En sortant du bus, je suis accompagné par un passager du bus que je n’avais pas vu avant, je lui fais comprendre que je peux me débrouiller seul grâce à une application qui permet de me géolocaliser sur une carte de manière précise avec le GPS même sans réseau téléphone (iOverlander) mais il insiste pour me montrer le chemin qu’il ne semble pas bien connaitre lui-même car il interroge des passants dans la rue donc je prends les devants. Nasser a été prévenu de ma visite par les passagers du bus qui l’ont appelé de ma part et il m’attend gentiment dans la rue devant la porte d’entrée de son bureau. Il m’accueille en m’offrant un thé dans un bon français, ce qui me met tout de suite à l’aise. Nasser congédie poliment mon accompagnateur du bus un peu encombrant puis il me donne quelques conseils sur l’Iran, des bonnes adresses pour la ville (hôtel, magasin pour acheter une carte Sim iranienne…), il m’échange des euros à un bon taux et il me propose d’organiser la visite d’une ville troglodyte le lendemain avec un chauffeur de taxi pour une demi-journée à un prix raisonnable (12€) donc j’accepte volontiers.

Il fait déjà nuit et je préfère aller rapidement à l’hôtel réserver une chambre donc nous nous donnons rendez-vous avec Nasser le lendemain matin à son bureau. L’hôtel conseillé par Nasser est à cinq minutes à pied, en plein centre-ville et à un bon prix (environ 8€). Je dépose mes affaires puis je pars acheter une carte Sim iranienne avant la fermeture du magasin (12€ pour 50Gb de données) sachant que le lendemain ce sera fermé car c’est vendredi. Enfin, je mange une sorte de sandwich döner puis je rentre dans ma chambre d’appartement me reposer après cette journée riche en découvertes !

Je n’arrive pas à me connecter avec le réseau wifi donc j’utilise exceptionnellement mon forfait Free pour envoyer un sms à ma famille.

Jour 48 (04/11/2022)

Le lendemain matin, j’arrive enfin à me connecter au réseau wifi, ce qui me permet d’envoyer quelques messages pour rassurer mes proches puis je retrouve Nasser à son bureau qui m’emmène prendre un petit déjeuner à base de yaourt et de miel chez un petit commerçant à proximité, c’est très bon. Les rues sont quasiment désertes et la plupart des magasins sont fermés car le vendredi est un jour non travaillé en Iran comme le dimanche en France.

Nous continuons notre discussion avec Nasser au sujet de l’Iran et notamment de la suite de mon voyage et il me propose de me prêter un guide de voyage en français afin de m’aider à le préparer, je le lui rendrai le lendemain matin avant de quitter Tabriz.

Puis le chauffeur de taxi vient me récupérer et nous faisons environ une heure de route pour rejoindre le village troglodyte de Kandovan. C’est l’occasion pour moi de mieux découvrir cette partie de l’Iran avec des montagnes où l’on peut apparemment skier l’hiver et aussi beaucoup de champs de noyers qui alimentent les nombreux marchés des environs. Mon chauffeur me montre également en périphérie de la ville une immense usine de tracteurs qui est très connue et qui a même donné le nom à l’équipe de football de la ville de Tabriz. Nous sommes proches de la Turquie et cela se ressent car de nombreux habitants parlent à la fois le turc et le persan, étant issus de la minorité ethnique des azéris. Cela me permet de réutiliser quelques mots turcs quand je ne connais pas ou je ne me souviens plus du mot persan.

En ce vendredi, il y a de nombreuses familles qui se retrouvent pour faire un picnic dans la nature, c’est visiblement une grande tradition en Iran. Le village de Kandovan est agréable à visiter même s’il y a beaucoup de touristes locaux en ce début de week-end et puis, après avoir visité la Cappadoce, je suis forcément moins impressionné mais c’est quand même intéressant car il y a encore des habitants qui vivent réellement dans ce village troglodyte avec des maisons aménagées donc c’est plus authentique qu’à Gorëme. J’en profite également pour monter un peu sur les hauteurs afin d’avoir un meilleur point de vue sur le village et la nature autour.

Puis, mon chauffeur me dépose à l’entrée de la ville au parc « El Goli » qui m’avait été recommandé par les passagers rencontrés dans le bus. En effet, il est grand et bien aménagé avec un large lac dont la foule du vendredi après-midi fait le tour à pied en famille ou entre amis. Il y a également un promontoire qui permet d’accéder au centre du lac avec au bout un café chic où l’on peut se désaltérer devant les passants qui déambulent avec curiosité.

Le promontoire sur le lac dans le parc El Goli

Ensuite, je monte sur les hauteurs du parc où il y a plusieurs terrasses aménagées visiblement pour faire des picnics puis sur les hauteurs je suis attiré par de la musique et je découvre des chanteurs qui se succèdent au micro sous un étroit préau avec des bancs de chaque côté pour le public. Il y a également plusieurs groupes de joueurs de volley qui improvisent des parties sans filet ni marquage au sol, ce qui ne les empêchent pas de faire des smashs de temps en temps que les joueurs d’en face tente de rattraper tant bien que mal.

Je profite également pour lire assidûment le guide prêté par Nasser qui est « Le petit futé » de l’édition 2016. Il est très pratique avec de nombreuses informations sur le pays et aussi plusieurs cartes des différentes régions du pays qui pourront me permettre d’affiner mon itinéraire. Comme je m’y attendais, la partie Histoire de ce pays si riche culturellement est très volumineuse en présentant les différentes civilisations qui ont influencé et laissé leurs empreintes en Iran : les perses bien entendu, les grecques, les arabes, les mongols, les turcs ainsi que les pays voisins qui nous sont moins familiers : Afghanistan, Irak, Azerbaïdjan, Arménie…

Puis, je retourne dans le centre-ville avec un nouveau taxi car le métro est fermé le vendredi. Je visite la Mosquée Bleue qui m’avait également été conseillé par les jeunes dans le bus de la veille et, en effet, c’est une bonne introduction à la finesse des décorations des monuments iraniens même si celui-ci est partiellement en rénovation.

Le soleil se couche tôt en ce début d’hiver, vers 17h30, donc je rentre me reposer à l’hôtel et je dîne dans un restaurant à proximité, c’est l’occasion pour moi d’avoir du temps pour lire et bien entendu préparer la mise à jour du blog !

Début du jour 49 (05/11/2022)

Le matin, je me rends à nouveau au bureau de Nasser qui cette fois-ci me fait goûter une autre spécialité locale à base de pain plat sur lequel on écrase un œuf et des patates cuits et mélangés avec du beurre puis on ajoute des tranches de tomates et de cornichons que l’on soupoudre de sel et on peut finalement enrouler le tout avec le pain pour en faire un sandwich. C’est bon et bien consistant pour un petit déjeuner.

Je change à nouveau des euros auprès de Nasser et je lui rachète son guide de voyage en français que je trouve bien pratique. Je fais également la connaissance de son frère Mohamed qui travaille avec lui à l’office du tourisme ainsi que de leur collègue Behnaz qui est ravie de pouvoir pratiquer avec moi le français qu’elle a appris à l’université. Nous discutons tous les quatre de la ville de Tabriz et de l’Iran puis je pars visiter le bazar de la ville qui est très réputé et situé juste à côté de leur bureau.

En effet, le bazar de Tabriz ou plutôt les bazars car ils sont organisés par type de marchandises (les épices, les vêtements, les bijoux, les tapis, il y a même des tableaux…) forment un immense réseau de galeries marchandes sur des kilomètres avec des places ouvertes ou couvertes faisant les jonctions telle une gigantesque fourmilière. Cela me rappelle les bazars de Istanbul et Bursa mais celui de Tabriz est encore bien plus grand et très bien entretenu avec d’anciens murs façonnés à l’aide de petites briques dont l’agencement ressemble à des mosaïques s’élevant jusqu’au plafond sous forme d’arches éclairées grâce à des puits de lumière. C’est un spectacle magnifique qui se renouvelle à chaque passage dans une nouvelle galerie ou une nouvelle place couverte.

On transporte tout à pied avec des diables au vu de l’étroitesse des passages dans une succession de boutiques minuscules vendant les mêmes marchandises à mes yeux mais je n’ai sans doute pas assez d’expérience pour distinguer les différences. Les marchands passent le temps en discutant ensemble et en prenant le café, il y a aussi des mosquées ou des salles de prières avec un accès direct aux galeries marchandes.

Autre motif d’étonnement, le miel est vendu dans des boîtes sous forme de morceaux d’alvéoles de ruches. Ensuite, bien entendu, il y a de nombreuses boutiques de tapis avec toutes les tailles, toutes les couleurs et tous les types de motifs, on pourrait y rester des heures à comparer chaque modèle.

Puis, je retourne à l’office de tourisme afin de récupérer mes affaires et dire au revoir à Nasser, Mohamed et Behnaz. Pour les futurs voyageurs qui passeraient par la ville de Tabriz je vous recommande vivement de passer les voir car ils sont de très bons conseils et très aimables !

Mohamed, Behnaz et Nasser sont prêts à vous accueillir à Tabriz!

En prenant le bus qui m’emmène à la gare routière, je retrouve à nouveau le jeune homme à la caisse que j’avais rencontré deux jours auparavant. Nous nous amusons de cet heureux hasard et je règle à nouveau le trajet avec une pièce de cinquante centimes d’euro en souvenir.

Ensuite, je trouve assez facilement un bus pour la ville de Zanjan que je vous décrirai dans un prochain article.

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