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Patna – Kushinagar

Jour 136 (31/01/2023)

Je quitte Bodhgaya en essayant de prendre un tuktuk collectif plutôt qu’individuel afin de rejoindre la gare de la ville de Gaya afin de limiter les coûts mais je n’en trouve pas sur le lieu indiqué par le gérant de l’hôtel. Il y a uniquement des tuktuks vides avec des chauffeurs qui meurent d’impatience de m’emmener. Je finis par accepter une offre d’un chauffeur qui était plus basse que mon trajet aller mais, ensuite, il en profite pour récupérer plein de clients sur la route comme un tuktuk collectif. C’est juste qu’à mon arrêt il n’y avait personne d’autre que moi ou alors le départ était plus loin. Même si le prix de la course reste bas par rapport à l’aller, cela m’agace qu’il me prenne pour un imbécile, je ne suis pas contre payer davantage que les locaux mais là c’est quasiment quatre fois le prix. Donc je renégocie à la baisse pour ne payer « plus que » trois fois le prix.

Ensuite, je récupère un train local dont le prix du billet est dérisoire mais, forcément, la conséquence est qu’il est archi bondé. Heureusement, j’ai pu avoir une place sur la banquette au départ mais au fur à mesure des arrêts nous nous serrons de plus en plus et je plains les gens debout dans le couloir alors que des vendeurs de boissons et de nourriture tentent de se forcer un passage.

En sortant de la gare, c’est encore pire, il y une foule immense comme si on sortait d’un match au Stade de France sauf que dans les grandes villes indiennes c’est tout le temps! Je me fraie un chemin tant bien que mal à pied avec mon gros et large sac à dos en percutant parfois quelques malheureux passants sachant qu’il n’y a pas souvent de trottoir donc on doit passer à côté des véhicules qui font bien entendu un concert de klaxons.

Je finis par arriver à mon hôtel et, heureusement, il est plutôt bien avec une chambre individuelle propre. Après avoir déposé mon sac, je pars découvrir le quartier et chercher à manger pour mon déjeuner. Le quartier en question est une large avenue à plusieurs voies avec des magasins de chaque côté. Je trouve un stand de nourriture avec une spécialité que je ne connais pas donc j’essaie, ce sont des sortes de petites galettes très denses, peut-être aux pois chiches que l’on trempe dans une sauce aux légumes et avec du piment bien entendu. Un des clients m’aide à me faire comprendre auprès du vendeur et il m’offre gentiment le repas en me demandant d’abord la permission, très sympathique !

Puis, je continue ma marche vers un grand parc à proximité que j’ai repéré sur la carte et je prends au passage un jus de cannes de sucre avec du citron. Etant donné que je vais bientôt quitter l’Inde, j’ai envie de goûter des plats ou boissons que je n’ai pas encore essayé. La boisson est plutôt bonne et désaltérante.

Je rentre dans le parc qui est immense et qui est en fait principalement utilisé pour jouer au cricket par de nombreux groupes de jeunes hommes. Il y a d’autres personnes qui discutent assis par terre mais le sol est très poussiéreux, il n’y a quasiment pas d’herbe. Par contre, le parc est agréable car il permet de s’éloigner du bruit de la circulation. En le parcourant, je trouve une grande statue de Ghandi mettant en avant ses combats pour les droits des indiens et l’indépendance de l’Inde, cette fois-ci elle est très bien entretenue contrairement à celle que j’avais vu dans le quartier de Old Delhi.

Je me fais parfois interpellé par de jeunes curieux pour savoir d’où je viens et pourquoi je suis ici puis, généralement ,nous faisons une séance photo. En passant près d’un groupe jouant au cricket, un jeune me propose de les rejoindre pour jouer mais je rate toutes les balles à la batte et je ne fais pas correctement les gestes pour que mon lancer de balle soit homologué donc je redeviens spectateur. Nous discutons un peu avec le jeune qui m’avait invité à jouer puis nous prenons un selfie.

Puis, j’arpente une rue commerçante perpendiculaire au parc qui est agréable car il y a peu de circulation et elle est assez large pour la foule qui la parcourt à pied. Les vêtements portés ou en étal sont toujours aussi colorés et je me dis que je regarde peut-être pour la dernière fois ce type de spectacle de rue en Inde.

Festival de couleurs dans les rues indiennes

En fin de journée, je cherche un cinéma à proximité de mon hôtel mais sans succès donc je me contenterai de la télé dans ma chambre même si je ne trouve pas de film bollywoodien, dommage.

Jour 137 (01/02/2023)

Patna était simplement une ville de transit dans mon cheminement vers la frontière du Népal, le fait d’être allé à Bodhgaya rend le trajet un peu plus compliqué avec des détours et moins de connexion. J’aurais pu retourner à Varanasi pour récupérer un train direct mais je n’aime pas les demi tours et sinon j’aurais pu accéder à une frontière terrestre plus proche au nord mais moins fréquentée et j’aurais dû de toute façon repartir à l’ouest car je voulais découvrir le parc national népalais de Chitwan avant d’aller à Katmandou.

Donc, je me rends à la gare routière le matin en vue de prendre un bus pour la ville de Gorakhpur, dernière étape en Inde avant le Népal. Quand j’arrive sur place, deux personnes viennent à ma rencontre et lorsqu’ils apprennent que je cherche un bus pour Gorakhpur ils me disent qu’ils peuvent me vendre un billet. Mais je préfère un bureau d’information afin de pouvoir choisir entre les différentes options sauf que je m’aperçois qu’il n’y en a pas. Cette gare routière a l’air en construction et il y a seulement une succession de bus les uns à côté des autres sans aucun panneaux d’informations. Mes deux rabatteurs m’emmènent dans ce dédale de bus pour arriver devant le bureau de leur compagnie qui est un simple banc devant un bus avec une affiche accrochée sur le parechoc. La personne sur le banc parle mieux anglais et m’annonce l’heure de départ (ce sera une heure plus tard), le prix et la durée du trajet (ce sera deux heures de plus).

Ce bus part tard donc j’ai le temps de chercher une autre option et je commence à marcher dans les allées au hasard, toujours suivi de mes deux gardiens, quand une personne m’affirme qu’il peut me proposer un bus partant plus tôt. Cela entraîne une scène de pugilat entre le personnel des deux compagnies qui se traitent mutuellement de menteurs et moi au milieu qui cherche à obtenir des informations quand une tierce personne parlant bien anglais intervient en arbitre pour m’aider à comprendre les options et je parviens à confirmer ces informations sur internet donc je penche pour le premier choix qui part plus tard mais normalement dure moins longtemps (erreur).

J’ai deux bonnes heures d’attente devant moi donc j’en profite pour manger dans une gargote en bord de route quand soudain un grand lézard tombe sur ma table et me fait sursauter avant que je le chasse avec le pichet d’eau.

Quand nous finissons par partir, je suis le seul dans le bus, c’est très étrange, les sièges sont vieillots et le sol n’est pas vraiment propre alors que le prix du billet est cher. Je vais rester quasiment seul pendant la moitié du trajet, ce qui me permet de lire tranquillement et me reposer.

Par contre, pour la deuxième partie, le bus est rempli complètement avec parfois plusieurs personnes qui s’entassent dans les espaces couchettes. Bien entendu, chacun passe un appel en parlant fort, écoute de la musique ou regarde un film sans écouteurs et le chauffeur klaxonne sur les petites routes que nous empruntons, heureusement que c’est mon dernier bus en Inde car cela ne va pas me manquer !

Le trajet n’en finit pas, nous avons fait un détour et il y a des arrêts fréquents d’une vingtaine de minutes alors que je vois l’heure défiler, à ce rythme là je devrais arriver tard le soir à Gorakhpur. C’est à ce moment que me vient l’idée de contacter Monique qui m’a dit être arrivée à la ville de Kushinagar avec Matteo et Alessandra et qu’ils comptent repartir le lendemain en taxi pour passer la frontière du Népal et rejoindre la ville de Lumbini, autre lieu saint du Boudhisme où est née Bouddha. Je regarde la carte et je vois que mon bus devrait passer par Kushinagar donc finalement je leur demande si je peux les y rejoindre et prendre ensemble le taxi. Après vérification avec le chauffeur de taxi, c’est confirmé, il aura assez de place et le chauffeur de mon bus est d’accord pour me déposer pas très loin de leur hôtel à Kushinagar : je suis soulagé !

J’arrive enfin à Kushinagar vers 21h après quasiment neuf heures de trajet qui s’avérera le plus inconfortable et le plus cher de mon voyage en Inde. Je retrouve avec joie Monique, Matteo et Alessandra et nous faisons ensemble le pré-enregistrement de notre visa que nous obtiendrons ensuite à la frontière népalaise. Puis je trouve un restaurant encore ouvert pour manger mon dernier thali qui sera malheureusement de mauvaise qualité et va me causer des soucis gastriques pour terminer en beauté mais je ne pouvais pas quitter l’Inde sans vivre cette expérience 😊

Début du jour 138 (02/02/2023)

Ce matin, je me réveille tôt à cause de mon mauvais thali de la veille mal digéré mais aussi afin de pouvoir visiter rapidement le temple boudhiste qui abrite la statue du Bouddha sur le lieu de son décès et c’est ce qui en fait la renommée de la ville de Kushinagar.

Le temps est brumeux et il y a peu de personnes dans la rue à cette heure matinale. Le temple est déjà ouvert avec quelques fidèles qui sont sur place pour se recueillir et méditer mais c’est bien moins impressionnant qu’à Bodhgaya. Il y a une petite dizaine de moines assis par terre ainsi que quelques fidèles et des groupes de pèlerins se dirigent vers le temple en portant une couverture pour recouvrir la statue de Buddha et déposer des fleurs de lotus en priant.

Temple de Kushinagar où est décédé Bouddha

Ensuite, je retourne à la case toilettes puis je vais visiter un stuppa sur proposition du gérant de l’auberge qui m’emmène en scooter avant que nous prenions le taxi pour la frontière. C’était auparavant un site de crémation pour les seigneurs locaux et nous y croisons un groupe de touristes indiens venus prier sur ce site. Ce sera mon dernier monument visité en Inde.

Stupa de Kushinagar

Ensuite je retrouve Monique, Matteo et Alessandra et nous montons dans notre taxi pour rejoindre le Népal ! Je vous raconte la suite dans mon prochain article dans la section Népal 😉

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Bohdgaya

Suite et fin du jour 134 (29/01/2023)

Nous sommes serrés comme des sardines dans le train, je comprends maintenant pourquoi le billet était si peu cher. Il y a de fréquents arrêts et j’ai peu de place sur la banquette avec les personnes qui se rajoutent au fur et à mesure mais peu importe, je suis dans le train! Nous traversons à nouveau l’immense fleuve du Gange que j’aperçois à travers les grilles de la fenêtre.

Le voyage en train me permet de réfléchir notamment au sujet de la propreté en Inde, oui il y a de la saleté mais par contre il me semble qu’ils utilisent beaucoup moins d’emballages plastiques que nous et d’ailleurs je n’ai pas vu beaucoup de supermarchés mais ce n’est qu’une impression à confirmer par les chiffres (je mets ici l’extrait d’un des articles que j’ai trouvé sur le sujet mais sans vraiment approfondir le sujet). Les galettes de pain sont cuites sur place, les pots en terre sont jetés mais ils sont rapidement bio dégradables.

“Alors qu’un français produirait plus d’un 1 kg d’ordures ménagères tous les jours, un indien n’en produirait que 100 grammes dans les petites agglomérations. Depuis les 50 dernières années, le volume d’ordures aurait été multiplié par 10 et ce taux de croissance pourrait tripler d’ici 20 ans”

https://www.businessfrance.fr/Inde-defis-environnementaux

De plus, la plupart des indiens ne mangent pas ou très peu de viandes donc c’est un régime alimentaire moins polluant pour la planète. Un des enjeux importants pour l’Inde à mon avis est la collecte et le recyclage des déchets, il semble aussi que le gouvernement actuel milite pour une Inde plus propre via le mouvement “Swachh Bharat Abhiyan” (Mission pour nettoyer l’Inde) en promouvant l’usage des toilettes publiques, de ne plus cracher par terre…

Mais des problématiques plus concrètes et locales viennent me tirer de mes réflexions car, sur la fin du voyage en train, je commence à avoir très mal au postérieur à cause de la dureté de la banquette donc je suis soulagé d’arriver enfin à Gaya. Ensuite, je prends un tuktuk qui m’emmène dans la ville de Bodhgaya située à une vingtaine de kilomètres.

Là, c’est un changement de décor radical avec des temples bouddhistes à l’architecture d’Asie orientale qui sont à tous les coins de rue et de nombreux pèlerins ou moines en tenue traditionnelle de couleurs orange et rouge bordeaux qui se baladent dans les rues, mélangés à des touristes indiens. En à peine une demie journée, je suis passé d’un lieu saint de l’hindouisme à un lieu saint du bouddhisme, tous les deux très fréquentés.

Bodhgaya avec le célèbre temple Mahabodhi que l’on aperçoit derrière le mur où eut lieu l’Eveil de Buddha

Bodhgaya est une ville très touristique avec une succession de temples bouddhistes de différents pays: Thaïlande, Japon, Mongolie, Bhoutan, Bangladesh… et ils sont tous à entrée gratuite. Il y a également de nombreuses boutiques de souvenirs, d’ailleurs j’ai souvent pu constater que les marchands ne sont jamais loin des temples quelque soit la religion.

Il y a également une immense statue de Bouddha assis en tailleur, apparemment cela porte chance si on arrive à lancer une pièce et qu’elle reste dans sa main mais peu y arrivent et je n’en fais pas partie.

Ensuite, je quitte la petite ville pour visiter un stupa légèrement dans la campagne, ce qui me permet de voir de beaux paysages bucoliques et toujours aussi verdoyants. Je me promène dans les champs, c’est paisible en cette fin de journée même si les cultivateurs, hommes et femmes, travaillent dur en bêchant le sol avec le dos courbé ou en portant des charges sur la tête (notamment des choux fleurs) pendant que je prends des photos et que j’ai la chance de pouvoir simplement profiter du paysage en pensant à ce que je visiterai après.

Je rentre en prenant un tuktuk car la fatigue de ma longue journée se fait sentir et je dépose mon téléphone avant de me rendre sur le site Mahabhodi qui est gratuit mais les téléphones y sont interdits. C’est à cet endroit que Siddartha développa progressivement sa philosophie et devint Buddha, on appelle cette série d’évènements l’Eveil. Au centre de ce site, il y a une immense pyramide étroite en pierre aux parois raides et avec de nombreuses sculptures. Tout autour des pèlerins bouddhistes en majorité et quelques touristes étrangers ainsi que des visiteurs indiens se déplacent ou s’installent pour prier, c’est impressionnant. Il y a beaucoup de moines bouddhistes en tenue orange et rouge bordeaux, les gens prient en s’allongeant de tout leur corps au sol face contre terre puis se relèvent en joignant leurs mains au niveau de leur torse puis de leur tête et recommencent. Certains se déplacent autour du monument en faisant ces gestes de prière alors que de nombreux passants marchent à côté. J’entends dans la foule des “hums” et des “oh” de méditations et de prières bouddhistes, des gens sont assis et prient dans des tentes minuscules peut-être pour se protéger des moustiques qui sont nombreux en fin de journée ou aussi pour pouvoir plus facilement se concentrer. Beaucoup de personnes récitent les paroles d’un livre ouvert face à eux, il y a des écriteaux à différents endroits du site pour indiquer des lieux où se produisirent des évènements clés de la vie de Buddha. Par exemple, un lac où Bouddha avait l’habitude de prier et où il continua malgré un fort orage donc un immense cobra le protégea de la pluie et des éclairs en l’abritant dans sa gueule ouverte. Ce lac est décoré d’une multitude de fanions colorés, c’est très beau.  

Le soleil se couche, des lumières illuminent le monument en alternant des couleurs qui mettent en valeur les formes des sculptures sur la pyramide. Il y a des groupes de moines avec des pèlerins qui chantent en étant assis tailleur alors que l’appel à la prière du muezzin retentit. A cet instant, je me fais la réflexion que l’Inde est un pays de liberté religieuse même s’il y a des critiques qui sont émises sur la présence d’ultras hindous au gouvernement, c’est ce que j’ai constaté dans plusieurs villes.

Quand la nuit tombe, je me dis que j’ai eu une journée très riche en spiritualité avec Varanasi au lever du soleil, haut lieu de l’hindouisme puis Bodhgaya au coucher du soleil, haut lieu du bouddhisme, c’est certainement une des journées les plus marquantes de mon voyage.

Le soir, je dîne avec Monique que j’avais rencontrée à Varanasi et qui m’avait parlé de cette ville, elle est accompagnée de Matteo et Alessandra, un couple d’italiens en voyage en Inde et qui comptent également rejoindre prochainement le Népal. Nous passons un bon moment et nous nous reverrons peut-être pendant la suite du voyage même s’ils partent le lendemain tandis que je compte rester un jour de plus car je m’y sens bien.

Avant de me coucher, je vais assister quelques minutes à un concert sous un chapiteau ouvert à tous, il y a une grande foule de jeunes adolescents très excités qui sautent dans tous les sens. La sonorisation, le décor et les effets lumières sont de bonne qualité et les chansons sont entrainantes mais je ne reste pas très longtemps car il y a beaucoup de poussière dans l’air à cause du sol non recouvert que foulent les nombreux spectateurs.

Concert de musique à Bodhgaya avec la nombreuse jeunesse indienne

Jour 135 (30/01/2023)

Tôt le matin, je retourne au temple du Mahabodhi, la lumière sur le monument est superbe, je décide donc de payer pour me faire prendre en photo devant étant donné que les téléphones portables sont interdits et je suis très satisfait du résultat.

Voici le Mahabodhi avec mes magnifiques Crocs

Puis, en me baladant tout autour du temple, je découvre des centaines, peut-être même des milliers de moines priant ou méditant. Ce spectacle est impressionnant et magnifique avec leurs vêtements aux couleurs orange et rouge bordeaux illuminés par la lumière du matin. Je reviens voir le photographe qui m’avait pris en photo et je lui demande de prendre des photos de plusieurs endroits que j’apprécie et dont je voudrais garder un souvenir et il accepte de me suivre, je suis très content du résultat. En plus il a vraiment fait un effort de prendre de belles photos en testant plusieurs angles de vue et, au final, il m’a fait un prix, sans doute fier de toutes les photos qu’il avait prises et qu’il ne se voyait pas effacer.

Le Mahaboddi avec les moines qui prient tout autour et l’image de Bouddha
Le lac avec les fanions et le Buddha au milieu protégé dans la gueule d’un immense cobra

Ce lieu m’impressionne fortement, je ne suis pas trop attiré par la méditation ou la récitation des prières à répétition en se levant puis en se couchant au sol mais je ressens une grande ferveur sur ce site tout en étant paisible. On peut facilement se déplacer ou même s’assoir car il y a de l’espace, on peut s’y rendre plusieurs fois dans la journée car l’entrée est libre, c’est très agréable. Cela me fait penser au Temple d’Or d’Amritsar qui était un lieu très beau et paisible malgré la foule.

Des moines priant devant l’arbre sacré de Bouddha

Ensuite, je prends un petit déjeuner trop gras avec des samosas froids et des fruits pas mûrs achetés sur des stands de nourriture à proximité du temple, je pense que les fruits étaient destinés à des offrandes plutôt qu’à être mangés…

De retour à mon auberge, je dis au revoir à Monique, Matteo et Alessandra qui s’en vont vers un autre lieu saint du bouddhisme, Kushinagar, où est décédé Bouddha. Je retourne visiter la grande statue du Bouddha en faisant une belle photo avec un groupe d’indiens en tenues traditionnelles. Ce mélange de cultures riches en spiritualité et en couleurs me plait beaucoup.

Le merveilleux mélange entre bouddhisme et hindouisme à Bodhgaya

Sur le chemin, je visite quelques temples bouddhistes de différents pays dont celui du Bhoutan qui est richement décoré à l’intérieur avec de belles peintures.

Temple bouddhiste du Bhoutan

Puis, je me repose dans ma chambre et je prépare mon voyage au Népal, notamment pour trouver des treks de montagne avec de beaux points de vue tout en étant accessibles à cette saison, je me plonge donc dans les cartes et les revues de guides.

En milieu d’après-midi, je repars à pied vers les champs de culture que j’avais découvert la veille et qui m’avaient beaucoup plu. Cette fois-ci, je vais plus loin en traversant un champ puis un petit village où les habitants me regardent avec curiosité et les enfants viennent à moi avec un grand sourire que je leur rends, parfois en demandant aussi de l’argent que je décline un peu gêné.

En rejoignant la petite route en goudron qui traverse le village, je croise une procession de villageois qui défilent derrière une remorque tirée par un tracteur diffusant de la musique avec des enceintes. Dans la foule, ce sont principalement des mamans et leurs enfants ainsi que de jeunes filles en saris colorés qui dansent tout en marchant avec le sourire. Je les suis pendant quelques centaines de mètres car elles vont dans la même direction qu’un temple bouddhiste que je souhaitais visiter.

Nous rejoignons un rassemblement probablement d’habitants d’autres villages qui dansent sur de la musique par petits groupes de filles et de femmes uniquement tandis que les garçons et les hommes les regardent danser. La foule est nombreuse et joyeuse, on m’apprend que c’est pour un mariage car, comme au Pakistan, l’hiver est la période la plus propice pour ces célébrations avec des températures plus douces.

Fête avec musique et chant en l’honneur d’un mariage

Le temple bouddhiste a peu d’intérêt et je retourne à travers champs vers mon logement pour déposer mon portable puis aller une dernière fois au temple du Mahabodhi au coucher du soleil. Le spectacle est toujours aussi envoûtant avec un belle lumière de fin de journée puis les éclairages de nuit qui mettent très bien en valeur le monument.

Je dîne ensuite dans un restaurant tibétain avec un bon plat local, appelé “momos”, qui sont des sortes de ravioles asiatiques fourrés aux légumes ou à la viande que l’on trempe dans de la sauce épicée et parfois dans un bol de soupe. C’est très bon et, apparemment, c’est un plat très répandu au Népal donc j’aurais l’occasion d’en goûter à nouveau.

Demain je continue ma route pour rejoindre le Népal d’ici deux à trois jours. A suivre!

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Varanasi

Jour 131 (26/01/2023)

A nouveau, je me lève aux aurores pour prendre un train mais, cette fois avec grand plaisir de quitter cette auberge sordide à Lucknow. Finalement, j’ai quand même réussi à dormir donc je ne suis pas trop fatigué. Après vérification la veille au soir sur un site internet que m’avait indiqué le personnel de la gare, il apparaissait que j’avais un siège réservé et cela m’a été confirmé au guichet de la gare, je suis soulagé.

Comme à Agra, plusieurs passants traversent les voies à pied avec leurs bagages et leurs enfants, c’est effarant. Le trajet en train se passe plutôt bien même si on a quand même une bonne heure de retard, mon siège est confortable et j’ai de la place. Pour les paysages, rien de nouveau à l’horizon.

A mon arrivée à la gare de Varanasi en début d’après-midi, je prends un tuktuk pour m’emmener à mon auberge située dans le centre-ville de Varanasi, près du Gange. Je dois terminer à pied car les rues sont trop étroites pour les tuktuks, tant mieux pour le bruit! Sur le trajet en train et en tuktuk, j’ai remarqué régulièrement des drapeaux indiens flottant au vent devant des magasins, sur des bâtiments et sur quelques véhicules pour ce jour de fête nationale en l’honneur de l’instauration de la république indienne.

Je découvre enfin cette ville dont j’ai appris l’existence il y a seulement quelques mois en regardant des vidéos de voyageurs pour préparer mon itinéraire et les images m’avaient fortement impressionnées, j’avais hâte de la découvrir. C’est aussi l’occasion de me promener à pied le long du célèbre fleuve du Gange, dont l’image est inséparable de l’Inde, et il s’ajoute à la liste des grands fleuves que j’ai découvert lors de ce voyage: l’Euphrate, le Tigre puis l’Indus.

Le centre-ville de Varanasi s’étale le long du Gange et il y a des ghats permettant d’y accéder de manière continue, c’est très facile de s’y promener donc j’arpente ces grandes marches toute l’après-midi. L’eau du Gange est sombre mais cela n’empêche pas de nombreuses personnes de s’y baigner en robe pour ces dames et en caleçon pour ces messieurs. Les vêtements offrent une magnifique palette de couleurs qui égaient le paysage, je ne m’en lasse pas, il y a beaucoup de monde sur les ghats, c’est très vivant. Il y a aussi de nombreuses barques de différentes tailles qui sont utilisées pour faire des promenades sur le fleuve et aussi rejoindre la rive opposée qui est ensablée et où les gens peuvent se promener à pied ou à dos de dromadaires. Parfois, il y a des embarcations avec une vingtaine de personnes dont seulement un rameur, j’ai bien de la peine pour lui mais les passagers ne semblent pas s’en étonner.

Les ghats de Varanasi au bord du Gange

On peut circuler à pied avec les chaussures tout le long des ghats et, cette fois-ci, je suis peu sollicité par rapport à Pushkar donc je trouve que c’est plus agréable, on peut s’assoir ou prendre des photos en passant relativement inaperçu dans la foule. Il y a quand même des rabatteurs pour proposer des tours en bateau ou pour mettre de la peinture sur le front mais ce n’est pas trop dérangeant.

Puis, je rejoins un peu par hasard le Manikarnika ghat où sont incinérés en plein air suivant un rite hindou des corps de personnes décédées, j’avais été très impressionné par les images de ce lieu dans les vidéos de voyageurs.

Le Manikarnika ghat

Les corps sont portés sur des brancards en bambous en étant recouverts d’un drap et de couronnes de fleurs. Ils sont d’abord immergés dans les eaux du Gange puis, peu de temps après, ils sont placés sur un immense feu de bois pour y être consumés jusqu’à l’état de cendres. Il est de coutume que les proches y assistent jusqu’à ce que le feu soit éteint pour accompagner l’âme du défunt. Seuls les hommes y assistent et ils sont tenus de ne pas verser de larmes car cela pourrait porter malheur.

Manikarnika ghat

Il peut y avoir jusqu’à trois cents corps consumés en une journée, je compte une vingtaine d’emplacements en plein air pour brûler les corps qui sont répartis par castes et il y a aussi des emplacements dans un temple au niveau supérieur pour la caste des brahmanes, qui est la plus haute caste en Inde. Des vaches se promènent en toute liberté, broutent des couronnes de fleurs et se couchent au sol en se réchauffant près du feu. D’immenses fagots de bois sont entreposés, on m’a dit qu’il fallait presque une centaine de kilos de bois pour brûler entièrement un corps, ce qui est donc onéreux et des collectes sont organisées pour les plus pauvres.

Manikarnika ghat vu du niveau supérieur du temple où sont consumés les corps de la caste des brahmanes

Une nouvelle fois, je pense au chemin parcouru depuis Paris avec tous ces lieux que j’avais imaginés avant de partir ou que j’ai découverts sur place, cela a été à la hauteur de mes attentes, sinon plus!

Il fait bon même pendant la soirée, je m’assois sur des marches comme beaucoup de personnes qui s’installent pour discuter et regarder les feux du Manikarnika ghat ou les embarcations qui voguent sur le Gange, on ne s’ennuie pas ici, il y a toujours quelque chose à voir.

Les escaliers devant la Porte du Gange

La nuit tombe, je retourne donc vers mon auberge en continuant de marcher sur les ghats au bord du Gange et je trouve une large foule au ghat Dashashwamedh où il semble qu’un évènement est attendu. En effet, je vois des sortes de plateaux sur lesquels sont disposées des fleurs ainsi qu’une table basse avec quelques objets. Deux personnes s’approchent en portant chacun d’immenses perches en bambous sur chacune desquelles est accroché un drapeau : celui de l’Inde et pour un autre de couleur orange safran qui est la couleur de l’hindouisme.

Puis, un speaker récite des prières au micro et on entend des cloches sonner, la foule a encore grossit et il y a même des bateaux qui viennent se placer au bord face à la scène.

Début de la cérémonie

Ensuite, des sortes de prêtres viennent se placer chacun sur un des plateaux et ils exécutent des mouvements de manière synchronisée en utilisant les différents objets sur la table, ils jouent de la flûte, ils allument des bâtons d’encens, ils sonnent une cloche puis brandissent une lampe sous forme de cobras qui est illuminée par des bougies. Les gens accompagnent la musique et les chants en tapant dans leurs mains mais il n’y a pas de chants collectifs, des clochettes sonnent en continue. Ensuite, les prêtres jettent des fleurs, agitent une plume de paon puis un plumeau.

Pendant la cérémonie

Une sorte de prêtre ou gourou, je ne sais pas quelle est la bonne dénomination, est simplement habillé d’un drap qui lui couvre les jambes et le bassin, il a les cheveux et le torse blanchits comme s’il était recouvert de cendres. Il se déplace dans la foule avec un plateau sur lequel est placé une grande bougie et il y a de nombreuses personnes qui viennent lui faire une offrande pour recevoir une peinture sur le front.

Puis, la cérémonie se termine avec la foule qui lèvent les mains vers le ciel en criant « Jai ». Même si je ne comprends pas bien le sens de cette cérémonie, je ne me suis pas ennuyé car c’est tellement différent de ce que j’ai pu voir auparavant et je ne suis pas au bout de mes découvertes.

Fin de la cérémonie

Un autre bien positif de la ville de Varanasi, c’est qu’il y a de nombreuses poubelles disposées le long des ghats ce qui limite les déchets au sol et heureusement car il y a beaucoup de monde. A ce propos, je me fais la réflexion qu’il y a une telle densité de population en Inde et au Pakistan que l’individu ne peut pas avoir autant de place qu’en Europe, c’est la masse qui domine et chacun n’est qu’une petite pierre dans l’édifice.

Je finis par rentrer à l’auberge après avoir dîné et j’ai une sympathique discussion sur le toit terrasse avec des voyageurs étrangers et des indiens. Je fais également la rencontre dans mon dortoir de Monique, une française retraitée de 68 ans qui vit à Carcassonne et qui voyage pendant plusieurs mois en Inde avant d’aller également au Népal. Nous discutons de nos vies et de nos voyages, elle m’apprend l’existence d’un haut lieu saint du bouddhisme où elle compte se rendre le lendemain, Bodhgaya, à environ deux cent cinquante kilomètres à l’est de Varanasi. C’est là que Bouddha a pris conscience des raisons de la souffrance et a trouvé comment la surmonter lors de son Eveil. Cela attise ma curiosité même si ce n’est pas sur la route directe vers le Népal, je prends donc les coordonnées de Monique pour avoir plus d’informations à son arrivée et pour prendre le temps de réfléchir.

Jour 132 (27/01/2023)

Ce matin, je n’ai pas mis de réveil car j’avais enchainé deux fois d’affilée des réveils très tôt. Je prends mon petit-déjeuner à des petits stands de nourriture et de fruits sur une place puis je rejoins les ghats pour découvrir l’ambiance matinale.

Il y a plusieurs groupes de pèlerins avec des tenues différentes, certains hommes ont le crâne rasé ou portent un chapeau blanc qui ressemble à un calot et qui a été popularisé par le premier président d’Inde, Nehru, . Cette ville est un concentré d’Inde traditionnelle et spirituelle et, bien entendu, des gens se baignent dans le Gange qui est sacré à leurs yeux et qui pourrait leur permettre de se laver de leurs péchés.

De bon matin sur un ghat de Varanasi où des personnes s’immergent dans le Gange

Plus loin, je croise un groupe d’hommes assis en tailleur, vêtus seulement d’un drap couvrant le bas du corps et d’une écharpe nouée autour de leur torse qui est couvert de peinture qu’il se sont apposés avec les mains. Ils ont chacun devant eux un plateau contenant une boule de pâte, des grains de riz, des épices, des bâtonnets d’encens, certains ont le crâne rasé et des photos de leurs proches. Ils sont face à un prêtre dont ils répètent les gestes et les paroles, parfois en se faisant sermonner comme des enfants s’ils se trompent. Apparemment ce serait une cérémonie pour rendre hommage aux défunts mais je n’en sais pas davantage.

Cérémonie peut-être pour rendre hommage aux défunts

Pendant mon cheminement, j’observe une tribu de singes escaladant des immeubles avec des techniques de grimpeurs confirmés, je suis toujours émerveillé par leur agilité et ils n’ont pas peur de s’élancer sur des parois offrant peu de prises avec le vide en dessous.

Sur des ghats moins fréquentés, il y a des travailleurs qui construisent ou réparent des barques en bois.

Enfin, je rejoins un ghat dénommé Assi à l’extrémité sud où a lieu chaque jour très tôt le matin une cérémonie similaire à celle que j’ai vu la veille au soir, dénommée Subah-e-Banaras. Il y a une petite plage de sable sur les bords du rivage.

Puis, je reviens vers mon auberge en passant par une rue commerçante et j’en profite pour faire des photos d’identité et changer des roupies indiennes en dollars afin de préparer mon prochain passage de frontière au Népal. Je vais également chez le coiffeur comme dans chaque pays et je fais recoudre mon sac de protection de casque de moto qui est bien pratique comme sac d’appoint depuis le début de mon voyage. Je trouve tous ces commerces assez facilement en me promenant dans la rue, c’est pratique et pas cher.

Ensuite, je me repose à l’auberge et je retourne aux ghats en fin d’après-midi. Il y a tellement d’animations sur les bords du Gange à Varanasi, on ne s’ennuie pas ! Cette fois-ci c’est une petite procession qui accompagne un couple de jeunes mariés avec des musiciens jouant du tambour et des membres de la famille ou des proches, majoritairement des femmes, qui dansent avec leurs saris colorés.

Cérémonie de mariage, on aperçoit le marié en costard et sa future femme a le visage caché

Puis, je fais un tour en bateau qui longe tous les ghats afin de pouvoir les observer avec plus de recul. Lors de la balade, je fais la rencontre de Rouble et Shikhar, deux sympathiques trentenaires indiens vivant à New Delhi et qui passent le week-end à Varanasi en profitant du jour férié de la veille, nous nous reverrons par hasard le lendemain.

Je retourne au Manikarnika ghat pour revoir les crémations en plein air et j’obtiens davantage d’informations sur cette cérémonie, notamment qu’il ne concerne pas les enfants, les femmes enceintes et les personnes décédées d’une morsure de serpents, ils sont coulés directement dans le fleuve avec des pierres. Également, le fils aîné se rase la tête et s’habille en blanc en signe de deuil.

Après avoir dîner, je rentre à mon auberge dans l’idée de me coucher tôt pour aller voir le lendemain la cérémonie du matin Subah-e-Banaras qui commence à cinq heures quinze au ghat Assi.

En prenant l’air sur la terrasse avant de retourner à mon lit, je rencontre deux jeunes indiens dénommés Shrenoy et Nikhil qui me proposent de me joindre à eux pour une cérémonie dans un temple hindou dédié à Krishna qui est un dieu très important dans cette ville et en Inde en général. J’hésite une seconde car je comptais aller me coucher mais j’accepte car c’est une belle occasion de découvrir davantage la religion hindoue et, en effet, je ne vais pas être déçu.

Nous nous faufilons à travers les rues étroites et légèrement sombres du vieux centre-ville puis nous arrivons au temple Vishalakshi qui est très sécurisé avec de hauts murs tout autour, des militaires et des fouilles à l’entrée, les téléphones portables sont interdits. Je ne pourrai donc pas vous partager de photos ni de vidéos, il faudra user de votre imagination avec ma description. Nous entrons dans l’enceinte et nous faisons le tour du temple puis nous suivons une file d’attente afin de passer au plus près du centre du temple. Je suis mes compagnons en observant les faits et gestes des personnes autour et je leur pose quelques questions sur l’hindouisme, nous recevons chacun un point de peinture sur le front de la part d’un prêtre.

Ensuite, nous parlons à l’oreille d’une statue de vache qui pourrait peut-être exaucer nos vœux donc je lui en chuchote un, on ne sait jamais…

Puis nous nous rapprochons du temple car la cérémonie commence, la foule entoure le temple en restant debout, des cloches sonnent, les gens commencent à chanter à l’unisson avec une forte intensité dans la voix, ils lèvent les mains puis tapent dans leurs mains et chantent à nouveau, parfois se répondant comme des chœurs. Leur ferveur est très impressionnante, ils sont presque en transe comme j’avais pu le voir par hasard dans une rue du quartier Old Delhi et, pourtant, ce ne sont pas des prêtres mais des gens ordinaires de tous âges, on sent que c’est important pour eux.

Puis, un passage est ouvert dans la foule pour un prêtre qui vient présenter un plateau en feux devant une statue de vache puis repart. Ensuite, de l’eau est projetée sur une partie de la foule qui lance des cris de joie et d’émotions, certains ont une expression du visage affichant le soulagement, une sorte de satisfaction comblée comme s’ils étaient bénis, je verrai la même expression sur le visage des femmes ayant pu s’approcher suffisamment près des grilles du centre du temple à tour de rôle.

Sur la fin de la cérémonie, les gens se bousculent en essayant de placer leur bras ou leur épaule devant le voisin afin de s’approcher au plus près du temple, pour ma part je reste en retrait. Puis, la cérémonie prend fin, nous restons encore un peu pour que Shrenoy et Nikhil puissent prier un peu puis nous rentrons. Sur le retour, ils me font goûter à quelques spécialités locales dans la rue, notamment le paan avec des sucreries et des épices roulées dans une feuille que l’on doit ingurgiter dans la bouche en une seule fois puis mâcher lentement. Il y a plein de saveurs différentes mais ce n’est pas trop de mon goût.

Je me couche un peu avant minuit, le réveil risque d’être compliqué !

Le paan

Jour 133 (28/01/2023)

Le matin, ou plutôt la nuit, quand mon réveil sonne à cinq heures, je n’ai pas la force de me lever, je m’assoupis et me réveille quinze minutes plus tard alors que la cérémonie est sensée avoir déjà commencé et qu’il me faut une vingtaine de minutes à pied. Je me sens toujours fatigué et je me dis tant pis, c’est trop tard pour la cérémonie, je me rendors. Vers sept heures, je me réveille, je regarde par la fenêtre, il y a un grand ciel bleu donc cette fois-ci je me motive pour me promener sur les ghats afin de profiter de cette belle lumière de bon matin.

Il y a un beau soleil et des gens se baignent déjà, certains font des prières en étant assis tailleur avec un prêtre comme la veille et d’autres étendent du linge humide pour le faire sécher, le spectacle de Varanasi est toujours aussi beau.

Varanasi de bon matin

J’arrive sur le lieu de la cérémonie Subah-e-Banaras au ghat Assi, c’est fini depuis longtemps et il n’y a plus grand monde mais je croise complètement par hasard Rouble et Shikhar que j’avais rencontrés la veille sur le tour en bateau. Eux aussi ont eu du mal à se lever mais ils sont venus finalement vers sept heures où il y avait de la musique et une séance d’initiation au yoga. C’est dommage, si j’avais su je me serais lever plus tôt. Ils m’invitent à prendre le petit déjeuner ensemble avec des petites galettes de pâte de riz que l’on trempe dans de la sauce un peu épicée et nous mangeons également une sorte de crêpe appelée Dosa.

Petit déjeuner avec Rouble et Shikhar (en partant de la gauche)

Puis, nous échangeons nos contacts afin de nous donner rendez-vous plus tard dans la journée après nous être reposés chacun à notre hébergement. De retour à l’auberge, je croise Shrenoy qui s’est levé finalement vers cinq heures trente et a pu voir la fin de la cérémonie puis le lever du soleil. Il était passé dans ma chambre mais je dormais donc il était parti. Là, je me sens vraiment bête de ne pas avoir fait l’effort de me lever, je n’ai pas réfléchi que je pouvais ensuite me reposer dans la journée et que je n’aurais peut-être pas l’occasion de le faire si je pars demain tôt pour la suite du voyage. Ça me travaille comme souvent lorsque je rate une belle occasion et je cherche à trouver une solution logistique pour répondre à mon envie mais je n’en trouve pas à part rester un jour de plus. Je tente de me changer les idées en travaillant sur le blog et en discutant avec Nikhil et Shrenoy.

Ensuite, je leur propose de m’accompagner pour rejoindre Rouble et Shikhar avec qui nous prévoyons de visiter la ville de Sarnath, située à une dizaine de kilomètres, qui est un lieu saint du bouddhisme où le Bouddha donna ses premiers enseignements. Nikhil est intéressé tandis que Shrenoy y est déjà allé. Nous retrouvons Rouble et Shikhar et nous prenons  ensemble un tuktuk où je prends le risque de sortir rapidement ma main de l’habitacle afin de prendre une photo souvenir.

Dans le tuktuk pour Sarnath

Nous commençons par la visite d’un temple et de statues du Bouddha qui a été financé par la Thaïlande et nous croisons d’ailleurs de nombreux groupes de touristes asiatiques qui portent les mêmes vestes et chapeaux pour ne pas se perdre.

J’apprends que Buddha est né dans une ville située au Népal et qu’il a passé sa vie ensuite dans les territoires actuels du nord de l’Inde, puis le bouddhisme s’est diffusé en Asie orientale alors qu’il a perdu beaucoup d’influence en Inde et au Népal, supplanté par l’hindouisme mais aussi ayant subi les invasions musulmanes. D’ailleurs, pour les hindous, Buddha est une réincarnation du dieu Vishnu donc ils le prient et le considèrent comme un autre dieu hindou. Il y a également une immense statue du Buddha devant laquelle nous faisons une nouvelle photo de groupe.

Photo devant la statue de Bouddha à Sarnath

Puis, le guide qui nous fait visiter le site nous emmène dans un magasin de saris qui sont fabriqués avec d’anciennes machines à filer. Ils ont une impressionnante diversité de motifs et de couleurs qui semblent tous de très bonne qualité, c’est très beau. J’hésite à en acheter mais cela m’alourdirait et surtout je me dis que finalement ce ne serait pas vraiment utilisé en France ou alors très occasionnellement. Shikhar, pour sa part, présente des saris à sa mère par appel vidéo et négocie ferme avec le vendeur qui reste impassible tandis que Shikhar lui pointe du doigt la moindre imperfection, c’est amusant.

Ensuite, nous visitons un musée d’archéologie qui a une riche collection de diverses statues bouddhistes et hindous ainsi que le célèbre chapiteau aux lions d’Ashoka, célèbre empereur de l’empire Maurya (voir l’article sur New Delhi), qui est l’emblème de l’Inde.

Nous terminons par la visite des ruines d’un immense ancien temple hindou où de nombreux fidèles bouddhistes viennent se recueillir et prier. Il reste un Stuppa haut de trente mètres qui a été érigé sous l’empereur Ashoka en mémoire de Bouddha.

Le soleil se couche, nous rentrons à Varanasi pour dîner ensemble au restaurant. En sortant dans la rue, nous tombons sur une procession hindoue qui passe juste devant nous avec, en tête du cortège, des musiciens qui battent du tambour puis un pickup avec le mannequin d’un dieu hindou et à sa suite une bande de jeunes qui dansent en gesticulant. On ne s’ennuie jamais à Varanasi !

Procession hindou dans les rues de Varanasi (1/2)
Procession hindou dans les rues de Varanasi (2/2)

Nous nous disons au revoir avec Rouble et Shikhar et nous rentrons à pied avec Nikhil en repassant par le ghat Manikarnika où ont lieu les crémations et qui est un des lieux les plus symboliques de Varanasi. Là aussi il y a une cérémonie dans un temple à proximité avec beaucoup de ferveur dans les chants des fidèles.

Cérémonie dans un temple près du ghat Manikarnika

Nous restons un moment à observer les feux de bois la nuit et les gens autour qui se recueillent. Ce moment paisible est troublé par un évènement inattendu lorsqu’une sorte de prêtre en slip avec de la peinture ou de la cendre sur le visage et sur le corps corrige un jeune indien qui est fortement alcoolisé devant tout le monde. Le prêtre nous expliquera que c’est un lieu saint et que la consommation d’alcool sur ce lieu est une offense donc il souhaitait faire un exemple afin que cette situation ne se reproduise pas.

Sur le chemin du retour, il n’y a plus grand monde sur les ghats et de beaux éclairages mettent en valeur les anciens édifices qui sont bien entretenus. Nous reprenons un paan en guise de dessert avant d’aller nous coucher tôt car j’ai décidé d’aller assister au début de la cérémonie du matin vers cinq heures quinze avant d’aller prendre un train à sept heures quinze, le planning est serré !

Les éclairages de Varanasi de nuit quand la foule est partie

Début du jour 134 (29/01/2023)

Cette fois-ci, j’ai mis mon réveil encore plus tôt à quatre heure trente et il m’est moins difficile de me lever que la veille car j’ai pu m’endormir tôt et je suis motivé pour voir la cérémonie Subah-e-Banaras au ghat Assi avant de quitter Varanasi. Le taxi que j’avais réservé la veille ne répond pas mais cela ne me dérange pas car finalement je préfère longer les ghats à pied une dernière fois.

Même à cette heure entre la nuit et le matin, il y a des gens qui se baignent ou qui prient, c’est impressionnant.

Par contre, la cérémonie prévue pour cinq heures quinze n’a toujours pas commencé et je comptais partir au plus tard à six heures pour prendre le train sachant qu’il me faut le temps d’acheter un billet. Je réfléchis, ce serait frustrant de partir maintenant mais je ne sais pas si j’ai d’autres solutions pour rejoindre la ville de Gaya plus tard dans la journée. Sur internet je n’avais trouvé qu’un seul train, il y a peut-être des bus mais on ne m’en a pas parlé quand j’ai voulu réserver auprès d’une agence de tourisme. L’heure tourne et la cérémonie n’a toujours pas débuté, la nuit est encore noire, j’hésite car si finalement je décide de ne pas prendre le train de sept heures quinze je pourrais assister à la cérémonie jusqu’au bout et même voir le lever du soleil que j’étais frustré d’avoir raté la veille. Je regarde la carte routière sur mon téléphone, peut-être que je pourrais trouver un bus qui me rapproche de Gaya et ensuite je prendrais un taxi ou je ferais du stop, clairement je ne me sens pas de partir avant la cérémonie, j’ai envie de profiter encore de Varanasi et de son environnement spirituel unique car ensuite je m’éloignerai de l’Inde pour rejoindre le Népal. Au pire, je resterai un jour de plus à Varanasi. C’est décidé, je reste jusqu’au lever du soleil!

La cérémonie est assez similaire à celle du début de soirée dans les gestes des prêtres et les objets utilisés avec notamment la lampe en forme de serpents sauf qu’il y a en plus des jeunes filles qui chantent. Il y a aussi moins de monde et cela permet d’avoir une meilleure vue d’ensemble et de pouvoir bien observer les gestes des prêtres.

La cérémonie Subah-e-Banaras au ghat Assi

Le ciel s’éclaircit peu à peu et nous terminons la cérémonie en nous rapprochant de la scène debout en formant un U derrière les prêtres et face au Gange. La foule lève les mains au ciel et prient en chantant puis c’est la fin, ceux qui le veulent peuvent s’approcher des plateaux où sont disposés les lampes enflammées pour y passer rapidement leurs mains et les apposer sur leur tête comme s’ils s’appropriaient une partie des flammes.

Fin de la cérémonie

Ensuite, un groupe de deux musiciens prennent le relais à la flûte et au tambour tandis que le soleil rouge flamboyant apparait au-dessus du Gange et s’y reflète, c’est beau, je suis content d’être resté.

A la fin, le public entoure les prêtres avec les jeunes chanteuses au premier plan de la photo et nous faisons face au Gange

Vers sept heures je prends un taxi pour tenter ma chance à la gare de bus mais ils ne desservent pas cette destination et ils me disent d’aller à la gare. Heureusement, elle est juste à côté, je fais la queue au comptoir et j’indique ma destination sans trop de conviction mais on me dit qu’il y a un train pour Gaya qui part dans une heure, j’ai du mal à y croire et de plus le prix du billet est très bas, je le prends et nous verrons bien!

En fait, j’ai eu de la chance, le train prévu à sept heures quinze que je comptais prendre initialement a été retardé de plus de une heure trente ce qui me permet de l’avoir!!! Je suis trop content d’avoir pris cette décision de rester pour la cérémonie et le lever de soleil car sinon j’aurais attendu à la gare, bien sûr j’ai eu beaucoup de chance mais au pire je serais resté à Varanasi un jour de plus.

Ça y est je monte dans le train, c’est parti pour une nouvelle découverte !

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Inde

Lucknow

Jour 130 (25/1/2023)

C’est parti pour mon premier trajet en train de ce voyage en Inde. Je me lève bien avant le soleil pour ne pas le rater avec un départ à six heures trente. Je trouve assez facilement le quai en demandant à des passants et je constate que les règles de sécurité sont bien loin de nos standards, il y a des familles avec des enfants qui traversent les voies à pied avec leurs bagages pour rejoindre à la dernière minute le train.

Nous partons à l’heure mais on s’arrête plusieurs fois juste après être partis et ces arrêts se répèteront assez souvent. Quelques personnes écoutent de la musique ou regardent un film sans écouteurs, c’est une situation assez identique dans les dortoirs des auberges en Inde, nous n’avons visiblement pas le même rapport au bruit mais globalement cela reste supportable. Cela en devient même comique quand plusieurs passagers parlent en même temps au téléphone, on dirait qu’ils se répondent.

Le train roule doucement mais mon siège est plutôt confortable et j’ai de la place pour les jambes donc je m’occupe en lisant ou en rattrapant mes heures de sommeil de ma courte nuit. Le paysage est brumeux et sans grand intérêt, plat avec le vert des rizières et le jaune du colza comme d’habitude. Il y a des sortes de bidonvilles avec des habitations sommaires à proximité des villes et des voies de chemins de fer comme malheureusement nous en avons des similaires en région parisienne.

Nous passons au-dessus de l’immense fleuve du Gange au niveau de la ville de Kanpur mais je n’ai réalisé qu’après, je crois que mon voisin a fait une sorte de prière à ce moment, de toute façon je reverrai le fleuve plus tard à la ville de Varanasi pour la prochaine étape.

Nous arrivons à la gare de Lucknow avec environ une heure de retard pour un trajet total de sept heures. A peine sorti de la gare, je retrouve le vacarme et la cohue des grandes villes, ma demi-journée dans ma petite bulle du wagon qui n’était finalement pas si bruyant me fait voir et ressentir les choses avec une nouvelle acuité : les rues sont sales, il y a de mauvaises odeurs de moisi quand j’entre dans mon auberge qui est sombre avec des murs décrépits et on doit se faufiler dans des espaces exiguës. Tout cela me rend maussade et je me sens un peu blasé, j’ai déjà envie de repartir mais c’était mon choix de m’arrêter dans cette ville pour éviter les longs trajets de nuit et j’avais choisi un dortoir plutôt qu’une chambre car j’étais plutôt satisfait jusqu’à présent, cela me change du Rajasthan !

Allez, je me motive quand même pour visiter la ville car il est encore tôt. Je commence d’abord par déjeuner avec un plat où deux minuscules cuisses de poulet se battent en duel dans un plat de riz. Ensuite, je marche un peu le long d’une route mais il y a trop de bruit et je remarque des sortes de tuktuks collectifs qui passent sur ce grand axe qui va tout droit dans ma direction. Donc j’arrive à en prendre un qui s’arrête à mon niveau car le chauffeur a deviné mon intention en croisant mon regard interrogatif. Il y a de gros bouchons et tout le monde claxonne mais au moins je suis à l’abri de la pluie qui commence, bref Lucknow ne m’enchante pas.

L’enfer de la circulation dans les villes indiennes

Je règle le tuktuk collectif pour un prix minuscule (environ dix centimes) et je termine à pied pour rejoindre le monument le plus connu de la ville, le Bara Imambara. En empruntant un chemin étroit où des deux roues klaxonnent frénétiquement pour qu’on les laissent passer, je me mets à imaginer plusieurs moyens de coercition de différents niveaux de radicalité qui augmentent à mesure que ma patience diminue en commençant par une loi pour piétonniser certaines rues et en terminant tout simplement par un bon coup de coude dans le casque.

Le palais Bara Imambara est un immense complexe de plusieurs monuments qui a été construit à la fin du dix-huitième siècle sur ordre du nawab de Lucknow (un nawab désigne un riche seigneur indien qui donna le nom de nabab en français car ils vivaient dans l’opulence). L’histoire raconte que l’un des buts de la construction de ce site était également de donner du travail à de nombreuses personnes dans un contexte de grande famine. Donc peut-être que cela explique pourquoi la plupart des immenses salles sont quasiment vides, peu éclairées et peu entretenues.

Néanmoins, l’architecture des monuments est belle, notamment la mosquée dans le style moghol. Le palais est aussi connu pour son labyrinthe de galeries dans les niveaux supérieurs du monument, il y a de multiples passages dans lesquels on peut se promener et quasiment se perdre dans l’obscurité si on n’a pas de lampes.

Vue sur la mosquée et la porte d’entrée depuis le toit du palais

Ensuite, je prends un tuktuk pour me rapprocher du centre mais il s’avère que ce ne sont que des magasins modernes sur une grande avenue sans que je trouve un endroit agréable pour m’y arrêter, un café chaleureux ou un parc. Je regarde les affiches au cinéma, il n’y a qu’un seul film d’action indien et forcément en hindou sans sous-titres donc j’estime en avoir assez vu et je décide d’annuler ma deuxième nuit pour partir dès le lendemain à Varanasi.

De ce pas, je me rends à la gare pour réserver un billet de train mais cela s’avère très laborieux avec des procédures hyper bureaucratisées dignes des Douze travaux d’Asterix avec l’épisode du laisser passer. Je vais dans trois bâtiments différents, je consulte cinq guichets dont deux où j’alterne entre l’un et l’autre pour avoir l’aval du superviseur avec le formulaire que j’ai remplis et tout ça pour au final ne pas avoir de billet réservé. Je suis sur une liste d’attente et il faudra que je demande la confirmation de mon wagon et de mon siège trente minutes avant le départ du train qui est à sept heures du matin… Je me dois quand même de mentionner qu’à chaque fois le personnel a été aimable et a cherché à m’aider et aussi qu’il est possible de réserver en ligne en créant un compte même s’il faut quand même ensuite imprimer son billet à la gare, je pensais que cela aurait été aussi facile que la veille.

Je rentre un peu à reculons dans mon dortoir pour y passer la soirée, je discute un peu avec un voisin de dortoir qui s’en va le soir même puis je monte sur mon lit et je mets à profit mon temps pour le blog. Mon voisin en face de moi est allongé dans son lit, recouvert entièrement par une couverture comme une momie et il regarde un film avec son téléphone, c’est très étrange. De plus, mon matelas est dur et on entend la circulation dans la rue qui est juste à côté : vivement que je parte! Finalement, je suis plutôt content de me lever encore tôt pour partir le plus vite possible en espérant que j’aurais une place dans le train… A suivre !

Bonne nuit…
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Inde

Agra

Jour 128 (23/01/2023)

Je prends un bus en fin de matinée pour Agra, le trajet se passe bien, il n’y a pas grand-chose à voir de différent sur la route par rapport aux trajets précédents.

Mon auberge a une terrasse avec une belle vue sur le Taj Mahal qui se situe à seulement quelques centaines de mètres. Cependant, il commence à faire nuit et le ciel se couvre de nuages tandis qu’il n’y a pas d’éclairages nocturnes sur ce monument donc, pour le moment, j’observe sa silhouette dans la pénombre, ce qui entretient le mystère pour le lendemain.

Je commande une bière et je fais la connaissance de mes voisins sur la terrasse qui sont belges et m’invitent à leur table, nous sommes ensuite rejoints progressivement par des américains et un indien. La discussion est sympathique et animée, nous partageons nos expériences de voyageurs et nos futurs projets sur un fond sonore musical assez éclectique diffusé par une enceinte du restaurant. Soudain, un orage survient avec une pluie battante et des éclairs illuminant par instants le majestueux Taj Mahal mais nous sommes heureusement à l’abri sous un toit.

Puis, nous allons nous coucher relativement tôt avec pour objectif de visiter ce célèbre monument tôt dans la matinée comme c’est conseillé afin de ne pas avoir trop de monde. Je n’ai pas réservé mon billet, j’attendrais le dernier moment en fonction de la météo et de la lumière.

Jour 129 (24/01/2023)

Ce matin, je me lève vers sept heures et je monte sur le toit terrasse pour examiner le ciel et la vue sur le Taj Mahal. Il y a des nuages mais ils ne sont pas sombres donc il devrait y avoir peu de risques d’orage dans l’heure à venir et on voit assez nettement le Taj Mahal. Peut-être que le ciel pourrait se découvrir plus tard mais ce n’est pas ce qui est indiqué dans les prévisions météos donc je décide d’y aller maintenant.

Il me faut à peine dix minutes à pied pour accéder à l’entrée et je prends un ticket au comptoir sans avoir à patienter. L’architecture des remparts et des grandes portes de couleur rouge ocre encerclant le Taj Mahal me rappelle la visite des monuments moghols, notamment à Lahore.

La porte donnant accès au Taj Mahal

Ça y est, je passe la grande porte et j’accède enfin à ce monument si connu et célébré pour sa beauté. Forcément, l’effet de surprise est atténué par les nombreuses photos, vidéos et commentaires émerveillés que j’ai déjà visionnés ou entendus donc je suis un peu moins subjugué mais je suis bien conscient que c’est un monument magnifique aux formes parfaites. Je prends le temps de le visiter sous tous les angles, je prends des dizaines de photos pour essayer de capturer le bon moment avec la meilleure lumière et le moins de monde possible. Je suis entré vers sept heures trente du matin, je n’étais bien entendu pas le seul mais je n’avais pas non plus le sentiment d’être submergé par la foule, elle a grossit avec le temps et quand je suis parti vers neuf heures du matin il devenait difficile de prendre des photos sans avoir des passants qui apparaissent dessus.

Le Taj Mahal
Encore le Taj Mahal

Je prends mon petit déjeuner dans un stand de nourriture à proximité avec des samosas baignant dans une sorte de soupe puis je déguste avec plaisir une sorte de yaourt avec des beignets de sucre orange, c’est gras et sucré mais tellement bon ! Dans la rue je suis toujours fasciné par l’agilité des singes qui arrivent à se déplacer partout en s’accrochant au moindre relief ou aux nombreux fils électriques qui pendent dans la rue.

Ensuite, je pars à pied vers l’est en essayant de trouver un autre point de vue sur le Taj Mahal dans un parc mais je ne trouve qu’une butte dont la hauteur est dégagée mais pas assez haute et plutôt éloignée pour avoir une vue intéressante.

Puis je repars vers l’ouest en direction du centre-ville et je rejoins le fort d’Agra dont je longe les imposants remparts sans le visiter car j’ai déjà vu beaucoup de forts en Inde. Le soleil commence à pointer le bout de son nez.

Fort d’Agra

Je passe un peu par hasard à côté de la gare de train de Agra donc j’en profite pour réserver un billet afin de découvrir ce mode de transport en Inde qui est fréquemment utilisé par les voyageurs que j’ai rencontrés. Le système de réservation au comptoir est assez archaïque avec un logiciel à écran noir datant probablement des années 80 et je dois aussi remplir un formulaire papier avant que l’on m’imprime un billet avec une vielle machine mais, heureusement, le personnel parlait plutôt bien anglais et il prenait le temps de m’expliquer la procédure.

En sortant de la gare avec mon billet en poche, le ciel est à nouveau couvert et il commence à pleuvoir, j’ai la flemme de continuer ma marche à pied en bordure de routes qui sont généralement sales et bruyantes donc je rentre à l’auberge pour mettre à jour le blog.

Ensuite, en fin de journée, je vais sur le toit terrasse où la vue est bien dégagée et le gérant de l’établissement propose aux clients présents de le suivre pour admirer le Taj Mahal depuis le bord de la rivière pendant le coucher du soleil. C’est l’occasion pour moi de rencontrer d’autres voyageurs, quatre français de région parisienne qui visite l’Inde puis le Vietnam, le Cambodge et la Thaïlande et Claudia, une franco-italienne, qui voyage en Inde pendant un mois et demi et qui a prévu un stage de yoga dans le sud de l’Inde.

Nous continuons la discussion avec Claudia sur le toit terrasse, elle a déjà pas mal voyagé en Inde lors de précédents voyages notamment dans le sud et cela me donne envie d’y retourner mais ce sera pour une prochaine fois ! Puis, Claudia part se coucher et je rejoins un autre groupe autour d’un feu qui chantent avec un guitariste qui se trouve être un voyageur russe qui chante de belles chansons de son pays. Il me propose de chanter la chanson tube de Zaz « je veux » qui est très connue à l’étranger et, ensuite, nous reprenons plusieurs chansons de rock anglo-saxon dont nous fredonnons souvent les paroles en anglais sans bien connaitre les mots. Des indiens prennent le relais et nous font découvrir de belles chansons indiennes puis je pars me coucher car je dois me lever tôt pour prendre un train à six heures et demi du matin en direction de Lucknow. Cap à l’est !

Chansons indiennes à la guitare avec la silhouette du Taj Mahal à gauche
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Inde

Bundi

Jour 126 (21/01/2023)

Je me lève tôt de nouveau pour une journée moto et je pars sans prendre de petit déjeuner afin de quitter au plus vite la ville tant que c’est calme et, cette fois-ci, cela se passe bien. Je rejoins assez rapidement une route à trois voies où je peux rouler à une bonne vitesse. Le temps est légèrement brumeux donc on ne voit pas très bien le paysage qui est de toute façon plat et verdoyant comme bien souvent. Je m’arrête après un péage, attiré par le nom amusant d’une gargote dénommée Krishna Food Court ou KFC, à voir qui était l’œuf ou la poule avec son homonyme américain 😊

Le KFC indien

Ensuite, je fais un rapide détour pour observer le fort de Chittorgarh sur le chemin qui était l’ancienne capitale de l’état princier du Mewar avant d’être transférée à Udaipur mais la vue n’est pas bonne avec la brume donc je ne m’y attarde pas.

Pour les cinquante derniers kilomètres, la route est plus petite et donc plus intéressante pour observer le paysage et les êtres vivants qui le peuplent. Les vaches ont la priorité et lorsqu’elles se déplacent à plusieurs sur la route on passe sur le bas-côté sauf pour les poids lourds qui claxonnent. Je remarque qu’elles n’ont pas de prés pour brouter comme dans nos contrées, la majorité du terrain est utilisé pour les cultures donc généralement elles se baladent aux bords des routes ou dans les villes et villages pour chercher à manger.

Il faut marquer un arrêt à un passage à niveau pour laisser passer une modeste locomotive et cela me donne l’occasion de mieux observer les passagers des différents véhicules bondés.

J’arrive en périphérie de la ville de Bundi et j’emprunte une route qui contourne une colline sur son flanc tout en prenant de la hauteur quand, soudain, au détour d’un virage, la vue sur le fort et l’ancienne ville surgit devant mon regard ébloui. Cela me fait la même surprise émerveillée devant ce spectacle que lorsque j’avais découvert le fort de Jodhpur depuis la route, j’adore ces sensations de découvertes lors d’une ballade à moto. Le Rajasthan m’aura réservé de belles surprises tout au long du parcours!

La ville de Bundi et son fort

Je fais une petite pause photo devant un lac puis je rejoins ma chambre d’hôte qui est située au pied des remparts du fort dans d’anciennes étables pour éléphants, la hauteur de ma chambre doit bien faire six mètres de haut ! Je suis accueilli par le propriétaire et je fais la rencontre d’un couple italo-espagnol qui voyage pendant plusieurs semaines en Inde, notamment au Rajasthan.

Puis je pars visiter les alentours, je monte sur les hauteurs afin de pouvoir mieux apprécier la vue sur le fort et la vielle ville. Bundi est une ville agréable car elle est peu fréquentée alors qu’elle a tout de même un beau fort et quelques anciens bâtiments. C’est une bonne étape entre Udaipur et Jaipur qui sont beaucoup plus touristiques. Je reste assis un moment sur une dalle pour voir progressivement le soleil disparaitre derrière des collines tout en parcourant du regard la ville et sa forteresse.

Des cochons poilus se baladent dans les rues à la recherche de nourriture, décidément j’aurais croisé beaucoup d’animaux sur les routes indiennes !

Je dîne le soir à la chambre d’hôte avec un argentin qui me fait la bonté de ne pas me chambrer pour la coupe du monde, lui aussi voyage en Inde pour plusieurs semaines comme de nombreux voyageurs que je rencontre dans ce pays. Ensuite, je fais une petite balade digestive au bord du lac pour admirer le fort illuminé et je rentre me coucher.

Jour 127 (22/01/2023)

Après mon petit déjeuner à mon hébergement, je refais une balade sur les hauteurs puis autour du lac pour admirer une dernière fois le paysage et les monuments. Pour ma dernière journée en moto, j’ai décidé de prendre un maximum de petites routes car cela m’a plu lors des derniers jours et j’ai moins de kilomètres à parcourir. Je passe de bon matin à travers des petits villages et des champs encore un peu dans la brume.

La route est parfois en mauvais état mais la vue est intéressante, il y a moins de bruit et j’ai le temps d’observer les paysages et la vie des gens, je ne m’ennuie pas. Je croise plusieurs motards qui transportent des grands pots qui se trouvent contenir du lait de bufflones.

Globalement, la route est en bon état et je roule de toute façon doucement pour observer autour de moi donc je n’ai pas de difficultés pour avancer. La brume persiste au-dessus des rizières ou de champs de colza et, assez souvent, je me retrouve seul sur de longues portions d’une route rectiligne, comme si j’étais dans un songe.

A l’heure du déjeuner, je retrouve une grande voie qui me permet de rejoindre la ville de Jaipur et finir ma boucle à moto dans le Rajasthan avec 1800 kilomètres au compteur parcourus en onze jours en incluant les jours de visites. La remise de la moto se passe plutôt bien, j’essaye de négocier une réduction du prix de location sans succès et on se met d’accord sur une répartition des frais de remplacement du pneu arrière (deux cinquièmes pour moi et trois cinquièmes pour l’agence de location).

 Mon grand sac est heureusement toujours à mon ancienne auberge où je passerai la nuit avant de partir pour Agra. En attendant, je rejoins Mohit que j’avais rencontré à Jodhpur et qui est dans une autre auberge de Jaipur avec une terrasse sur le toit très sympa, bien aménagée, avec de la bonne musique et nous faisons plusieurs rencontres sympathiques principalement d’indiens qui sont là pour le travail ou des vacances.

Demain, je continue sur mon cap à l’est !

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Inde

Udaipur

Jour 124 (19/01/2023)

Basé sur mon expérience récente de motard du Rajasthan, je me lève tôt afin d’avoir de la flexibilité pour ma journée à moto et je fais bien car je galère à sortir de la ville de Jodhpur avec toutes ces intersections et ces échangeurs dignes d’une mégalopole. Je suis obligé de faire de fréquents arrêts pour vérifier que je suis au bon endroit et ce n’est qu’au bout d’une quarantaine de minutes que j’accède enfin à la route principale en direction de Udaipur où je peux rouler plus facilement.

J’en profite pour prendre mon petit déjeuner sur un stand de nourriture en bord de route dans un village et le prix est dérisoire. Ils n’ont pas de thé vert donc je fais exception en prenant un verre de tchaï afin de me réchauffer mais je ne me fais toujours pas à ce thé indien qui est un mélange de thé noir avec du lait et des épices, on peut le trouver partout et les indiens l’apprécient beaucoup.

Le tchaï indien

Ensuite, je fais un nouvel arrêt rapide pour visiter le temple Om Banna qui est dédié à Om Singh Rathore et à sa moto, une Royale Enfield Bullet 350, à bord de laquelle il est décédé en percutant un arbre, probablement à cause de l’alcool. Lorsque la moto a été perquisitionné par la police, elle se serait mystérieusement volatilisée pour se retrouver à l’endroit exacte de l’accident. Cet évènement a été vu comme un miracle et un petit temple a été bâti sur le lieu de l’accident avec la moto couronnée de fleurs pour rendre hommage au défunt mais aussi pour que les passants puissent prier afin d’avoir un trajet sans accident. Décidément, il y a des temples très originaux en Inde, cela m’amuse tout en me rappelant d’être prudent pour ne pas connaître le même sort !

Plus loin sur la route apparaissent de grands blocs de rochers agglomérés les uns sur les autres comme dans la savane africaine. Je commence à croiser également assez souvent des hommes en sandales avec un grand turban rouge sur la tête et habillés de blanc qui guident au bord de la route des troupeaux de chèvres avec une longue faux en bois. Il y a aussi des hommes qui portent sur la tête un turban de couleur rose flamboyant.

La route devient de plus en plus belle avec des virages, de la végétation, des collines et des tribues de singes au bord de la chaussée. Je m’arrête régulièrement pour faire des photos en gardant un regard attentif sur les singes car ils ont l’air d’avoir l’habitude de recevoir de la nourriture de la part des automobilistes de manière plus ou moins volontaire. D’ailleurs, je vois un singe accroché sur le toit d’une voiture en route qui cherchait sans doute à récupérer quelque chose à manger !

Le péage des singes

Charmé par cette route sinueuse dans un décor vallonné et verdoyant, je décide de faire un détour pour continuer sur cette belle route. Un jeune homme lève le bras en bord de route et je l’emmène à l’arrière de la moto pour le déposer à son village quelques kilomètres plus loin. En descendant, il m’invite à prendre un café dans un magasin de vêtements qui appartient à son frère et nous faisons quelques photographies ainsi qu’une petite vidéo où je lis un texte en hindou pour recommander son magasin. Je leur ai promis de le faire donc je vous donne le nom du magasin, du propriétaire et de la ville au cas où vous passeriez dans le coin et que vous seriez intéressés pour acheter un sari ou un turban, merci de m’envoyer la photo ! 😊 En remerciement de m’être prêté au jeu, ils m’offrent un turban local et une petite écharpe que je me débrouille à ajouter à mon chargement puis je repars à moto.

Magasin de vêtements traditionnels le “Rajgrana collection” dans le village de Ricched, le propriétaire au centre s’appelle DL PALIWAL

Je traverse ensuite plusieurs villages espacés à quelques dizaines de kilomètres, la route passe au milieu du massif de moyennes montagnes des Aravelli qui sont des remparts naturels de chaque côté de la route et, au milieu de ce couloir, il y a de nombreux champs verdoyants et des points d’eau. Je croise des buffles pour la première fois, le dénivelé augmente et je passe un petit col dans une route à lacets, c’est un régal et je m’arrête très souvent pour admirer le paysage, c’est magnifique. La route est plutôt en bon état bien qu’étroite avec quelques nids de poules et parfois du sable en bordure.

Le passage du col, un grand plaisir cette route

Lorsque je finis par rejoindre la voie rapide au niveau de la ville Nathdwara  je pensais rouler sans m’arrêter mais je découvre au loin, stupéfait, la silhouette d’une immense statue hindoue assise sur un rocher. En me rapprochant, je découvre qu’elle est a la couleur du bronze et qu’elle tient un trident, qui est appelé “trishula” dans la religion hindou. Je pensais au début que mon estimation de la taille de la statue était faussée par un effet d’optique mais pas du tout, sa taille ne fait qu’augmenter et lorsque j’arrive à me garer à proximité je suis impressionné par ses dimensions hors norms ! Après renseignements, il s’agit de la « statue de la croyance » (« statue of belief » en anglais), elle représente la déesse Shiva. Le monument a été ouvert au public très récemment, depuis le 29 octobre 2022 et elle mesure 112 mètres de haut.

J’arrive à mon auberge en fin de journée après m’être faufilé tant bien que mal dans les ruelles du centre-ville, je suis fatigué mais heureux de ma journée, la plus belle route du parcours au Rajasthan jusqu’à présent ! Je fais un rapide tour à pied dans mon quartier puis je rentre à l’auberge pour me reposer en dînant sur le toit terrasse, c’est très agréable.

Jour 125 (20/01/2023)

Aujourd’hui, c’est jour sans moto pour prendre le temps de découvrir la ville de Udaipur qui semble être prisée par les touristes au vu du nombre d’hôtels et restaurants concentrés au bord du lac dans la vielle ville. Je commence par la visite d’un temple hindou appelé Jagdish qui date du milieu du XVIIème siècle, il a de belles sculptures, notamment des éléphants qui sont souvent représentés.

Puis, je visite le fort du maharaja, appelé palais de ville, comme à Jaipur, ses façades sont en blanc avec de beaux balcons à colonnades, il y a aussi des cours intérieurs avec de la verdure rafraichissante, de belles vues sur le lac et les montagnes ainsi que de somptueuses pièces richement décorées à l’intérieur comme à l’extérieur.

La ville d’Udaipur était la capitale de l’État princier de Mewar qui résista aux invasions de seigneurs musulmans et cet état ne fut jamais entièrement dominé malgré des défaites face aux moghols au début du XVIème siècle. La ville de Chittorgarh était auparavant la capitale mais elle était trop difficile à défendre et il fut donc décidé de transférer la capitale à Udaipur, au bord du lac et au milieu des montagnes.

Des panneaux présentent plus en détails le personnage historique du maharaja Sangram Sing I qui parvint à unifier plusieurs états princiers du Rajasthan pour lutter contre l’invasion moghol et il réussit une première fois à vaincre le premier empereur moghol, Babur, qui devint fou de rage et de honte et jura de ne plus boire de vin pour invoquer la faveur de son dieu. Lors d’une nouvelle bataille, Sangram Sing I et ses alliés furent vaincus notamment du fait de l’utilisation novatrice d’armes à feux dans le camp moghol et il décéda quelques années plus tard, empoisonné par ses propres hommes qui ne souhaitaient plus continuer le combat. Son parcours me fais penser à Vercingétorix dans sa lutte contre les armées romaines de César, d’abord victorieux puis vaincu et qui est devenu ensuite une figure historique du roman national.

Après un déjeuner dans la rue, je continue ma visite de la ville en me baladant en dehors du quartier touristique et je découvre de belles peintures sur les murs de maisons dans des quartiers populaires. Puis, je rentre en début d’après-midi pour lire et travailler sur le blog, j’ai l’impression d’avoir fait le tour des principaux centres d’intérêts de la ville et je n’ai pas la motivation de parcourir la ville en long et en large.

Dans une rue de Udaipur

En fin de journée, je fais un dernier petit tour à proximité au bord du lac sur les marches de ghats comme à Pushkar. La lumière est très belle sur les monuments (cf photo de couverture).

Puis, Alice et Elyasse me retrouve sur le toit terrasse de mon auberge afin de profiter du spectacle du coucher du soleil. Nos parcours se sont croisés plusieurs fois dans le Rajasthan mais, dès le lendemain, ils partiront au sud tandis que j’irais à l’est donc nous profitons de ce dernier moment ensemble à moins que peut-être nos routes se croisent une autre fois. Nous sommes rejoints par Arnau, un catalan qui voyage également plusieurs semaines en Inde et nous buvons quelques bières en admirant la vue. Les auberges du Rajasthan sont très agréables et d’un bon rapport qualité prix, cela me rappelle celles d’Iran où la terrasse sur le toit était remplacée par un joli jardin dans une cour intérieure.

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Inde

Jodhpur

Jour 122 (17/01/2023)

Après une petite séance photo au pied des remparts de la vielle ville de Jaisalmer, j’emprunte une route assez facile et cette fois-ci je n’ai aucun problème avec mon pneu arrière tout neuf.

Je reprends le même chemin qu’à l’aller en passant devant des casernes militaires sachant que la frontière avec le Pakistan n’est pas loin, je croise également de longs convois militaires qui sont difficiles à doubler.

Convoi militaire indien

Le paysage prend du relief vers le tiers du chemin, il y a des petites dunes de sables, cela devient plus intéressant et je fais une petite pause pour monter en haut d’une dune et marcher dans le sable. Après désormais quatre jours à moto sur la route dans le Rajasthan, je suis assez serein, il faut bien sûr rester vigilant avec les dépassements intempestifs de chauffeurs routiers et les traversées d’animaux en tout genre mais, globalement, la route est en bon état et, mis à part en ville, c’est assez facile de se repérer.

Enfin, je me trompe quand même de route sur la fin du parcours avec de nombreux travaux de construction et de réparation de voirie et je me retrouve sur une petite route d’agglomération. Il y a de nombreuses carrières de pierre (de marbre notamment) sur le chemin et, parfois, on entend des explosifs pour creuser dans la roche.

Soudain, je découvre au loin un immense fort majestueux qui domine la ville du haut d’une colline, la vue est saisissante et je reste ébahi devant ce spectacle qui a surgit devant mes yeux dans un environnement bruyant et poussiéreux. Puis, le fort disparait derrière les immeubles aussi rapidement qu’il est apparu mais, fort heureusement, la route que j’emprunte suit les remparts et prend de la hauteur pour m’offrir une vue imprenable sur ce joyau de pierres. Cette fois-ci, je fais une pause pour avoir le temps de l’apprécier et prendre quelques photos.

Le fort de Jodhpur depuis la route

Je fais un second arrêt à proximité pour visiter le cénotaphe Jaswant Thada de marbre blanc pour honorer la mémoire des maharajas de cet ancien état princier, c’est là que leurs corps sont incinérés (j’ai découvert le mot cénotaphe lors de cette visite qui signifie un monument en l’honneur d’une personne décédée mais qui ne contient pas son corps, malheureusement je ne pourrais pas l’utiliser au scrabble car il y a trop de lettres). L’architecture est finement décorée et c’est un lieu sur les hauteurs de la ville avec un jardin, loin du bruit de la circulation donc je profite du calme avant de retourner dans le vacarme.

Je rejoins sans trop de difficultés mon auberge dans le centre-ville, celle-ci a une terrasse sur le toit avec une vue superbe sur le fort et la ville, c’est impressionnant. Je profite des dernières lueurs du jour pour me promener dans l’ancien bazar de la ville avec une tour horloge en plein milieu puis j’arpente les ruelles commerçantes toujours vives en couleurs avec les vêtements que portent les femmes ou qui sont disposées dans les vitrines: du rouge, du rose, du vert, du orange… C’est aussi l’occasion pour moi de me racheter une serviette de bain car j’ai oublié la mienne dans une auberge.

Le soir, je m’installe sur la terrasse de l’auberge et je rencontre d’autres voyageurs d’Australie, de Hollande, d’Afrique du Sud et aussi plusieurs indiens qui sont en séjour dans la région pour le travail ou le tourisme. J’invite également à nous rejoindre Alice et Elyasse, que j’avais rencontrés à Jaisalmer et qui sont désormais à Jodhpur, et nous prenons tous ensemble un verre puis nous dînons dans un restaurant avec la vue sur le fort illuminé. C’est encore un décor magique du Rajasthan.

Dîner à Jodhpur avec des pensionaires de l’auberge, Elyasse et Alice étaient déjà partis

Jour 123 (18/01/2023)

Le matin, je pars à pied pour visiter le palais sur les hauteurs, l’escalier qui m’y mène longe les remparts dont la hauteur est impressionnante.

Les remparts et le fort de Jodhpur

Le fort appartenait à la dynastie des Rathore qui prétendent descendre du dieux Rama, avatar de Vishnu. Il contient plusieurs salles de réceptions richement décorées ainsi que des peintures présentant la vie à l’époque du maharaja, notamment des jeux de polo qui étaient populaires à la cour du maharaja dès le début du XIXème siècle. Il y a également des exemplaires d’anciens fauteuils installés sur le dos des éléphants qui étaient fréquemment utilisés par les seigneurs comme symbole de prestige et de nombreux éléphants étaient également entrainés pour participer aux batailles. La visite est intéressante mais, après avoir vu tant de forts en si peu de jours, je commence à me lasser et je préfère finalement les admirer de l’extérieur.

Puis, je me promène dans les rues aux maisons bleus qui sont à flanc de colline juste en dessous du fort, cela aurait plu à Maxime Le Forestier 🙂 Cette couleur a été choisie pour se protéger de la chaleur mais aussi des moustiques, à voir pour ces derniers si c’est réellement efficace… Quoi qu’il en soit, cette couleur offre une belle décoration sur les maisons et c’est aussi ce qui fait l’originalité de Jodhpur après la ville jaune de Jaisalmer et la ville rose de Jaipur !

Ensuite, je rentre à l’auberge pour mettre à jour le blog dans un super cadre depuis le toit terrasse et je suis rejoint par Mehit, qui partage le même dortoir que moi, nous avons passé la soirée ensemble la veille. Il habite Mumbai et il voyage actuellement dans la région du Rajasthan pour démarcher des clients dans le domaine des bijoux. Quand je lui dis que je compte aller visiter les jardins de Mandore dans l’après-midi il est très intéressé et nous partons ensemble à moto.

La vue sur le fort depuis la terrasse de l’auberge tandis que je mets à jour le blog

Dans la ville, je me trompe de route sur un croisement d’échangeurs routiers et nous nous retrouvons à emprunter de minuscules ruelles au revêtement inexistant, parfois en longeant une voie ferrée, c’est un vrai dédale, heureusement que Mohit me guide avec son téléphone.

Nous finissons par arriver aux jardins et nous évitons de justesse un assaut de mamans singes dont les yeux brillent à la vue de nos sachets de popcorn dont nous en jetons quelques-uns dans leur direction pour les calmer. Il y a de jolis palais dans un espace de verdure au calme, c’est agréable.

Jardins de Mandore

Nous montons à pied sur les hauteurs d’anciens monuments en ruine pour assister au coucher du soleil et nous faisons la connaissance de trois jeunes indiens puis d’un australien venus également admirer la vue. Mohit nous sert d’interprète avec les jeunes qui ne parlent pas beaucoup anglais et ils sont surpris d’apprendre que je ne suis pas encore marié alors que j’ai déjà trente-cinq ans, ils me demandent pourquoi. Cette question m’était très souvent posée au Pakistan et cela continue en Inde, avec également l’envie de savoir pourquoi je voyage seul, c’est déroutant pour eux qui se déplacent très souvent avec leurs familles ou leurs amis. L’un des jeunes a à peine dix-huit ans et il est déjà marié et ce n’est pas un cas isolé en Inde tout comme au Pakistan où les mariages arrangés par les parents sont encore fréquents. Je leur explique qu’en France on se marrie plus tard et parfois on ne se marie même pas, leur silence avec un regard interrogateur en dit long sur la différence de nos sociétés sur ce sujet.

Le soleil se couche peu à peu et toute une tribu de singe, quelques chiens et deux paons nous rejoignent sur les hauteurs comme si eux aussi voulaient profiter de la vue. Nous continuons notre discussion sur différents sujets avec notre petit groupe en faisant quelques blagues et nous immortalisons l’instant avec une photo.

La tribu de singes

Puis, nous rentrons chacun de notre côté et, cette fois-ci, je ne me trompe pas d’itinéraire avec Mohit, nous passons une soirée assez tranquille à l’auberge et je me couche tôt pour être en forme le lendemain avec une nouvelle route à moto.

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Inde

Jaisalmer

Suite et fin du jour 120 (15/01/2023) 

De retour sur la route avec mon pneu tout neuf, je trace pendant quasiment six heures de route et en m’arrêtant une seule fois pour une pause déjeuner rapide, je veux éviter de rouler pendant la nuit. La route est assez monotone, il y a un grand nombre de pylônes électriques et je commence à avoir froid en roulant sans arrêt malgré les vêtements supplémentaires que je porte. Je croise beaucoup de tracteurs qui tirent des remorques dont le chargement déborde largement de chaque côté comme au Pakistan, je tâche de les doubler en gardant une distance de sécurité.

Sur la route, j’ai pris un passant en stop pour le déposer quelques kilomètres plus loin, cela faisait plusieurs fois que je voyais des gens au bord de la route qui levaient la main et je me suis dit que ce serait un juste retour, bien que modeste, par rapport à toute l’aide que j’ai reçu pendant ce voyage et notamment le jour-même avec la crevaison.

La bonne nouvelle, c’est que le soleil se couche un peu plus tard dans la direction où je vais et j’arrive finalement juste à temps avant la nuit complète après avoir bien frissonné sur la moto avec le froid, ouf! Parfois, j’ai l’impression de faire au pas de course la visite du Rajasthan en engrangeant les kilomètres mais j’ai envie de faire tous les sites importants et je ne peux pas non plus rester trois semaines dans la région par rapport à mon planning.

Le soleil se couche, il est temps d’arriver

La ville de Jaisalmer est célèbre pour ses épais remparts de couleur jaune qui ceinturent tout le haut d’une colline avec un immense fort à l’entrée de la vielle ville. Mon auberge est située à l’extérieur, dans des quartiers plus récents, mais sa terrasse sur le toit offre une vue magnifique sur les remparts éclairés de nuit.

Aussitôt après avoir déposé mon sac, je pars découvrir la vielle ville qui est très bien entretenue avec une entrée impressionnante par d’immenses portes. Forcément, du fait de la qualité de ce site, il y a un nombre important de touristes et d’hôtels restaurants promettant une vue grandiose sur la ville mais c’est souvent la conséquence logique pour qu’un maximum de personnes puissent en profiter et j’arrive quand même à trouver des endroits un peu moins fréquentés en parcourant les moindres recoins de la ville à la recherche d’un beau point de vue ou d’un monument caché. La plupart des bâtiments ont gardé leur couleur d’origine en jaune et les rues très étroites permettent d’empêcher les tuktuks de s’y déplacer, ce qui diminue le fond sonore. J’ai hâte de la visiter le lendemain en journée avec la lumière du soleil.

Photo de la ville de Jaisalmer prise depuis la terrasse de l’auberge

De retour à l’auberge, je rencontre sur la terrasse un couple de français, Elyasse et Alice, ainsi qu’un belge Pieter et nous pouvons discuter en français, c’est plus pratique. Elyasse et Alice ont terminé leurs études supérieures et ils entament un voyage de huit mois entre l’Asie et l’Amérique du Sud, ils en sont quasiment à la moitié de leur voyage en ayant commencé par l’Asie et leur prochaine destination après l’Inde sera le Népal avant de rejoindre l’Amérique du Sud. Pieter fait également un long voyage après avoir négocié avec son employeur une année sabbatique et il vient tout juste de commencer. Il compte également aller au Népal et dans d’autres pays d’Asie avant de rejoindre le Canada puis redescendre jusqu’en Patagonie en sautant quelques pays sur le trajet. Je croise pas mal de voyageurs qui sont allés ou qui comptent aller au Népal, c’est visiblement une destination très prisée et c’est l’occasion de s’échanger des informations pour préparer cette nouvelle découverte.

Nous partageons nos impressions sur l’Inde et sur le voyage au long cours en nous donnant quelques astuces. Pieter nous offre de partager sa bière et nous nous réunissons autour d’un feu de bois allumé par le personnel de l’auberge car il fait frais la nuit. Ensuite, Pieter part se coucher et nous prolongeons la discussion jusque tard dans la nuit avec Elyasse et Alice, les sujets s’enchainent naturellement et nous ne voyons pas le temps passer. Cette soirée est très agréable et cela faisait longtemps que je n’avais pas eu un échange aussi nourri et fluide, il est temps de se coucher !

Jour 121 (16/01/2023) 

Malgré mon coucher tardif de la veille, je me lève tôt le matin afin de visiter le fort avec le moins de monde possible. La lumière du jour illumine progressivement les remparts de la ville jaune qui offre un spectacle unique.

Je visite un ancien temple Jain datant de six cent ans, il est richement décoré à l’intérieur avec des sculptures et de nombreuses statues humaines en position assis en tailleur placées tout le long des murs dans des galeries et parfois protégées par des grilles. A l’extérieur également, le moindre centimètre carré est sculpté. Certaines œuvres sont conçues dans un seul bloc de grès jaune.

Puis, je visite le palais et, cette fois-ci, l’audio guide permet d’avoir beaucoup d’explications intéressantes sur l’histoire de la ville et de ses habitants. Le fort a été construit en 1156 puis il y a eu des ajouts dans les siècles suivants.

Tous les monuments de l’ancienne ville risquent de s’effondrer, notamment à cause de l’eau courante qui a été installée alors que les matériaux et les méthodes de construction des bâtiments de l’époque n’étaient pas prévus pour cela car il y a une très faible pluviométrie dans la région donc il pourrait y avoir des affaissements de terrain.

La ville appartenait au clan des Bahati qui se disent descendants du dieu hindou Krishna et elle est proche du désert de Tahar qui sert aussi de frontière naturelle avec le Pakistan, située à seulement une centaine de kilomètres.

Le fort a été souvent assiégé, parfois pendant de longues années et la tradition locale privilégiait la mort à la défaite et au déshonneur. Ainsi, lorsqu’il était acquis que le fort serait bientôt pris, les habitants s’habillaient de leurs plus beaux costumes et, au son des tambours, les femmes se jetaient dans un feu immense puis les hommes partaient au combat jusqu’à la mort. Cette coutume radicale avait pour nom le « Jauhar » et c’est arrivé trois fois dans cette ville fortifiée, l’un face aux armées du sultan de Delhi après douze ans de résistance et un autre après six ans de résistance.

Dans la région du Rajasthan il y avait auparavant vingt-deux états princiers qui furent nombreux à se construire de somptueux palais protégés par d’épaisses murailles et qui tiraient en partie leur richesse de taxes sur les nombreuses marchandises qui transitaient par leur état. Les sujets du Maharaja portaient un turban dont la forme et les couleurs indiquaient le rang social. Les chefs Maharajas finirent par reconnaître l’autorité des moghols sur leur état tout en ayant une certaine part d’indépendance et généralement chaque partie bénéficia de cette situation pour prospérer.

La ville fortifiée de Jaisalmer fut le refuge de nombreux fidèles de la religion Jain au XVème siècle qui fuyait les répressions religieuses. Leur communauté avait de riches marchands et ils financèrent l’édification de nombreux bastions pour renforcer la protection de la ville mais aussi de beaux temples Jain que j’ai visités juste avant. Les jaïns représentent seulement un pour cent de la population indienne mais ils ont des moyens importants pour avoir de l’influence. Ils considèrent que tous les êtres vivants ont une âme, ils sont non violents et végétariens. Leur doctrine religieuse est assez nouvelle pour moi mais, de ce que j’ai compris, selon leur croyance le karma agit sous différentes formes sur l’âme humaine souvent de manière négative et c’est à chacun de faire les efforts de les identifier et de les combattre pour libérer son âme. C’est une conception assez individualiste où chacun est responsable de ses actes ainsi que des conséquences qui en découlent et doit faire les efforts pour son salut mais il me faudrait davantage de temps et de réflexion pour m’en faire une idée plus précise.

Ensuite, je trouve un accès sur le chemin de ronde entre les deux rangées de remparts de la ville où quasiment personne ne s’y promène et cela me permet d’avoir de nouveaux points de vues sur les remparts mais, par contre il y a beaucoup de déchets qui sont jetés sur le passage, c’est sale.

La visite de la ville me plait beaucoup et je me dis que je n’ai pas fait toute cette route pour rien. Jaisalmer me fait penser à Mardin, c’est une ville un peu isolée près de la frontière et son architecture unique et bien préservée en font un lieu presque magique malgré le flot de touristes qui arpentent les rues.

Cette destination m’avait été conseillée par Raju, un voyageur indien que j’avais rencontré dans une auberge à Téhéran et, à ce moment du voyage cela me paraissait encore loin tout comme lorsque mon ex-collègue et ami Tanguy m’avait conseillé de visiter le Temple d’Or d’Amritsar lors de mon pot de départ. Je suis content et fier d’avoir finalement pu découvrir ces villes qui revêtaient pour moi une certaine part de mystère et de curiosité.

Ensuite, je rentre à l’auberge pour me reposer sur le toit terrasse de l’auberge qui est très agréable.

Le fort de Jaisalmer depuis le toit terrasse de mon auberge

En milieu d’après-midi, je pars me balader à pied au bord d’un lac qui est proche et je retrouve par hasard Pieter qui est attablé en terrasse. Nous prenons un thé ensemble tout en admirant la vue sur le lac et nous discutons notamment de nos lectures, ayant chacun une liseuse électronique que nous utilisons souvent pendant le voyage.

Sur le chemin du retour à l’auberge, je tombe sur une fête dans la rue en vue d’un mariage musulman, un pick-up roule doucement avec de larges enceintes à l’arrière qui diffusent de la musique sur laquelle danse une foule de jeunes hommes qui suivent à pied. Plus en retrait se tient le marié sur un cheval et son visage est entièrement caché par un foulard coloré. Les jeunes hommes sont très joyeux et dynamiques, certains lancent des feux d’artifices ou s’aspergent de confettis. Je monte sur la terrasse de l’auberge pour mieux profiter du spectacle comme de nombreux habitants qui observent depuis leurs balcons ou toits.

La procession dans la rue pour célébrer le mariage
La fête continue vue depuis la terrasse de l’auberge

Pieter me rejoint pour le coucher du soleil et nous partageons une bière avec des chips en admirant la vue sur le fort puis Pieter s’en ira prendre un bus de nuit et je reprendrai la route le lendemain matin après avoir fait une petite séance photo avec ma moto devant les remparts de la ville.

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Inde

Bikaner

Jour 119 (14/01/2023) 

Le matin, je traîne un peu dans Pushkar car il y a une fête hindou prévue dans la journée et les enceintes de certains lieux diffusent de la musique à tue-tête dès dix heures du matin ! Il fait beau et l’air est bien dégagé donc la lumière est belle, je fais un dernier tour du lac au bord des marches puis j’enfourche ma moto car j’ai une longue route qui m’attend.

Le trajet est plus agréable que le premier jour, il y a moins de véhicules et la route est moins large, on voit mieux le paysage même s’il n’y a pas grand-chose à observer, c’est plat et de plus en plus aride. Malgré le soleil, je frisonne en raison du vent légèrement froid qui souffle et qui est accentué par mon mouvement à moto, pour le prochain trajet je porterai davantage de vêtements.

Le revêtement de la route est généralement en bon état même s’il y a quelques passages endommagés où il faut ralentir mais sans trop de risques. Le plus danger, ce sont les camions qui doublent en débordant largement et longtemps sur la voie opposée, partant du principe que les deux-roues n’ont qu’à se déporter sur la zone d’arrêt d’urgence qui est de toute façon utilisée comme une voie de dépassement des véhicules lents par les motos et scooters. En début d’après-midi, je trouve un bon restaurant au bord de la route pour me réchauffer à l’intérieur, cela fait du bien.

Ensuite, l’après-midi se passe plutôt bien, j’ai moins froid et je roule à une bonne vitesse de croisière même s’il faut toujours rester vigilant notamment avec les dépassements anarchiques. Mais je perds du temps en cherchant le temple des rats Karni Mata dans la ville de Deshnoke qui est sur mon trajet. J’avais mal repéré sur la carte et je fais plusieurs détours avant de le trouver enfin alors que la journée touche à sa fin.

Je me dépêche donc de le visiter et, de toute façon, je n’y trouve pas un grand intérêt si ce n’est l’originalité du type d’animaux qui y sont vénérés et qui est à l’origine de sa notoriété. J’ai l’impression de simplement cocher une case sur ma liste. Donc c’est un temple qui date du quinzième siècle où des rats se baladent en toute liberté et auxquels les fidèles et touristes apportent de la nourriture en offrande, ils ont aussi de grandes bassines de lait. Il y en a vingt-cinq mille en tout, majoritairement de couleur noir mais si vous en apercevez de couleur blanche alors c’est un signe de chance, personnellement je n’en ai pas vu 😉

Bien entendu il faut se déchausser avant d’entrer dans le temple donc faites bien attention où vous mettez les pieds !

Le temple des rats Karni Mata dans la ville de Deshnoke

Finalement, j’arrive à mon hébergement dans le centre de la ville de Bikaner juste au moment de la tombée de la nuit en zigzagant dans les ruelles étroites. Celle fois-ci, j’ai loué une chambre dans une « guest house » qui semblait être la meilleure option de logement.

Je me ballade à pied dans les rues du bazar qui porte bien son nom car il y a un boucan d’enfer avec les deux-roues et tuktuks qui klaxonnent en continue et qui forment des bouchons compacts tout en essayant de passer dans le moindre recoin, cela me rend fou !

Je découvre une nouvelle pâtisserie en forme de galette trouée au milieu qui est cuite dans la rue devant les passants. J’en prends une pour mon dessert et c’est très bon. Ensuite, je reviens à ma guest house en prenant des rues moins fréquentées et je goûte sur un stand de nourriture dans la rue des sortes de beignets secs et creux qui sont garnis d’une sauce avec des crudités non cuites que je découvre avec stupeur après les avoir mangées. Puis, le gérant m’offre un autre beignet qui est rempli d’une sorte d’eau vinaigrée pas vraiment à mon goût, j’espère que je n’aurais pas de problème de digestion…

Début du jour 120 (15/01/2023) 

Ce matin, je décide de ne pas visiter le fort de la ville car j’ai plus de trois cents kilomètres à parcourir et je souhaite arriver avant la nuit. De toute façon, il y a beaucoup de forts célèbres dans la région donc il faut faire des choix ou bien il faut prévoir quasiment trois semaines. Je préfère partir tôt à pied à la découverte de temples hindous qui ne sont pas très loin de mon logement. Je visite d’abord un temple où il y a un grand nombre de fidèles qui viennent s’y recueillir et prier rapidement avant de commencer leur journée. Il fait beau et, soudain, des chants s’élèvent accompagnés par un tambour.

Temple hindou

Ensuite, je visite un temple de la religion Jain qui est un véritable monument richement décoré à l’extérieur comme à l’intérieur avec de belles sculptures et des peintures à la main présentant différents événements importants du Jaïnisme. Il a été construit au seizième siècle.

Temple Jaïn

Puis, je prends mon petit déjeuner dans la rue avec des oranges, des samossas et une pâtisserie locale, je pars en moto vers dix heures du matin. Cependant, je me perds dans les ruelles de la ville qui sont difficiles à repérer sur la carte et elles sont en très mauvais état avec beaucoup de fréquentation, c’est usant pour les nerfs.

Lorsque je finis enfin à rejoindre la route principale pour sortir de la ville je me rends compte que mon pneu arrière est dégonflé! Heureusement, il y a un petit garage à proximité et le personnel me regonfle le pneu mais nous avons du mal à communiquer et, après avoir vérifié que mon pneu ne se redégonflait pas, ils me disent que je peux partir.

Regonflage de pneu

J’aurais dû insister pour faire vérifier la chambre à air car, à peine suis-je sorti de la ville, que mon pneu se dégonfle d’un coup en passant un péage alors qu’il n’y a plus de garage à proximité… Par chance un groupe de jeunes indiens qui discutaient près d’un local du péage me demandent si j’ai besoin d’aide et ils se proposent gentiment de m’aider à trouver une solution. Après avoir examiné le pneu, deux d’entre eux m’accompagnent à moto pour rejoindre un garage situé à quelques kilomètres, je roule très doucement en espérant ne pas abîmer la jante. Nous arrivons dans un petit garage d’un village et le responsable me prend tout de suite en charge. Le pneu est en très mauvais état, percé à plusieurs endroits et de même pour la chambre à air, probablement ils étaient déjà abimés et le trajet les a achevés mais je n’avais pas remarqué en partant. J’appelle le responsable de l’agence de location et j’espère qu’il prendra en charge une partie de ces frais (environ trente euros), nous verrons à mon retour. Je propose un petit billet à mes deux accompagnants du péage qui sont restés avec moi depuis une bonne quarantaine de minutes mais ils refusent et nous nous serrons la main.

Ça y est, cette fois-ci je peux enfin prendre la route pour la ville de Jaisalmer, il est midi trente et il me reste trois cents kilomètres à parcourir avant la nuit : à suivre !

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