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Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage

Heureux qui comme Ulysse a vu cent paysages

Et puis a retrouvé, après maintes traversées

Le pays des vertes années 

Georges Brassens

Dès que je passe la frontière en franchissant le col du Mont-Cenis, je cherche un endroit où dormir après avoir admiré une dernière fois le versant italien encore ensoleillé. Je voudrais bivouaquer pour ma dernière nuit en solo du voyage avant de retrouver mes proches, j’ai ma tente, mon réchaud, de l’eau et de la nourriture donc il faut juste que je trouve un endroit sympa à l’abri du vent avec une belle vue.

Vue sur le versant italien du Mont-Cenis depuis la France

Je m’éloigne de la route principale sur une piste de cailloux mais je n’ai pas de coup de cœur et la zone est balayée par le vent donc je reprends la route. Il est déjà 19h, il ne faut pas que je tarde. J’aperçois au loin un embranchement avec une jolie petite route goudronnée après le lac de rétention du Mont-Cenis qui s’enfonce dans les montagnes.

Le lac de rétention du Val-Cenis

En arrivant au croisement, un panneau indique qu’il y a un refuge de montagne au bout de la route à environ six kilomètres. Je m’y engage, on verra bien ce qu’il y a au bout. La vue est belle, il y a plein de marmottes qui sortent de leurs terriers pour profiter des derniers rayons de soleil.

La route vers le refuge du Val-Cenis

J’arrive au refuge situé sur un plateau bien dégagé, il a du cachet et il offre un beau panorama sur les montagnes. En me renseignant auprès du gérant, il reste de la place et la demi-pension n’est pas très chère à quarante euros, je décide donc d’y dormir. Ce sera pour une autre fois le bivouac, un autre voyage. Le gérant de l’auberge, Clovis, est très sympathique, il vient d’ouvrir il y a une semaine et il y restera tout l’été. Quand c’est la saison haute il a un personnel de huit personnes pour environ cinquante couchages et une centaine de couverts. Ce soir, nous sommes à peine six ou sept pensionnaires. Clovis me sert un bon repas français de refuge de montagne : soupe de légumes en entrée, saucisses et polenta en plat, fromages dont la tomme de Savoie qui est succulente et avec du bon pain bien sûr et du vin rouge, ensuite compote de pêche et un morceau de cake en dessert.

On discute avec Clovis du Népal où il a été plusieurs fois, nous avons tous les deux été enchantés par ce pays. Son père également y a été, c’est lui qui a construit ce refuge puis, Clovis et son frère ont repris la suite il y a une dizaine d’années. Pendant l’hiver, Clovis s’occupe des canons à neige de la station de ski du Val Cenis. Un autre pensionnaire nous rejoint, il est belge, la soixantaine et lui aussi a été au Népal et il a également beaucoup voyagé quand il était jeune. On se raconte nos différentes expériences dans les mêmes pays à des périodes différentes, c’est intéressant et je suis bien content de m’être arrêté par hasard dans ce lieu.

J’éprouve de la joie à l’idée de retrouver ma famille et mes amis après tout ce temps loin d’eux mais j’ai aussi un peu d’appréhension pour la suite qui est une grande inconnue et à laquelle je n’ai pas eu trop le temps de réfléchir en vivant pleinement mon voyage.

Ce matin, le ciel est complètement dégagé, je fais une petite boucle de rando pour me dégourdir les jambes après un bon petit déjeuner au refuge. La vue est belle malgré quelques pylônes électriques, je croise à nouveau des marmottes sur le chemin puis, je vois au loin les silhouettes de toute une colonie de chamois sur les hauteurs d’un petit sommet.

Saurez-vous trouver la marmotte sur l’image?
Vue depuis le haut de ma petite boucle de randonnée, le lac du Mont-Cenis est tout au fond

Ensuite, je reprends la moto et je fais un rapide arrêt dans une fromagerie rustique en bord de route qui vient tout juste d’ouvrir. La route qui descend le col en lacets devient une piste de ski de la station de Val Cenis en hiver. Je croise de nombreux motards venus profiter de ce beau week-end ensoleillé pour sortir leurs bécanes en groupe et tracer des courbes sur l’asphalte.

Il y a un panneau indiquant une route panoramique permettant de rejoindre la ville de Modane par les hauteurs au pied des petites stations de ski de la région de la Maurienne. Je m’y engage et c’est un régal pour les yeux et une belle introduction pour mon arrivée en France.

Route panoramique dans la Maurienne en direction de Modane

Ensuite, je passe Modane, soulagé de ne pas avoir été bloqué par un mouvement de contestation annoncé ce week-end contre le projet de tunnel pour la ligne ferroviaire Lyon Turin.

Je bifurque sur des routes annexes en espérant trouver un bel endroit pour un pique-nique mais je n’en trouve pas et je finis par m’allonger dans un petit parc à l’ombre mais sans point de vue pour prendre un peu de repos après avoir franchi le col du Grand Cucheron sur le massif de Belledonne près de Pontcharra et en étant en vue du massif de la Chartreuse.

Photo prise sur la route en Maurienne

Allez, il est temps de retrouver les miens, je monte sur le plateau de la Chartreuse en passant sous le Mont Granier, impressionnant avec ses hautes falaises qui s’effritent à la pointe puis je traverse le massif sur toute sa longueur. Ayant fait mes études d’ingénieur à Grenoble, ce sont des montagnes que j’ai gravies et traversé maintes fois, à pied, à vélo, en raquettes snowboard, parfois au prix de grands efforts physiques et pas toujours sous une météo clémente donc je reste humble face à ces majestueux sommets et je suis bien conscient de la facilité de mouvement que m’offre la moto.

Le Mont Granier en Chartreuse

Mon frère Jérémie m’a prévenu qu’il est parti faire une sortie à vélo avec sa compagne Raphaële pour s’entraîner en vue de leur participation à la mythique Etape du Tour de France (distance de 157 kilomètres, élévation cumulée de 4200 mètres) et, dans une montée avant de redescendre sur Saint Pierre de Chartreuse, je les croise tous les deux en plein effort sous le soleil. Leur sourire de joie se mêle à leurs crispations d’efforts et de concentration sur leur visage. Quel plaisir de se retrouver enfin après tout ce temps ! On se rejoint quelques kilomètres plus loin au parking où ils ont laissé leur voiture, c’est comme si nous nous étions quitté la veille, on retrouve facilement nos familiarités, c’est juste que l’on a beaucoup de choses à se raconter !

On se retrouve à deux roues en Chartreuse avec mon frère Jérémie et sa compagne Raphaële

De retour à la maison de Jérémie et Raphaële, mes parents nous rejoignent avec ma sœur Maud et son copain Ricardo, nous pouvons enfin nous serrer dans les bras et nous voir sans écrans interposés ! C’est comme si c’était hier et pourtant, il s’en est passé des choses depuis que nous nous sommes quittés à Meaux le lundi 19 septembre 2022!

Le lendemain matin, nous faisons une petite randonnée à la montagne du Charmant Som sous un magnifique soleil et la vue est bien dégagée, on peut voir la longue muraille naturelle du Massif de Belledonne et ses sommets enneigés, il y a également le Massif du Vercors avec ses parois rocheuses vertigineuses formant une forteresse naturelle puis les principaux sommets de la Chartreuse : Chamechaude, la Dent de Crolles, le Mont Garnier… Ces trois massifs entourant Grenoble m’ont bien occupé et émerveillé pendant mes années d’étude en hiver comme en été. On peut également apercevoir tout au loin le Mont-Blanc et, en contrebas du Charmant Som, il y a le monastère de la Grande Chartreuse.

Photo de famille sur les hauteurs du Charmant Som

Nous reprenons des forces le midi en faisant un bon barbecue dans le jardin tout en buvant du rosé frais à l’ombre des arbres, on est bien, le temps parait suspendu. Ensuite, la plupart font une sieste digestive puis certains essayent de tenir en équilibre sur la slackline, une large sangle tendue entre deux arbres, en avançant le plus loin possible.

A l’heure du goûter, je réunis la famille pour offrir des cadeaux issus des différents pays que j’ai visités pendant ce voyage et nous prenons une photo pour immortaliser ce moment : une écharpe en cachemire pour ma sœur, du vinaigre balsamique de Modène pour Ricardo et à tous les deux des baguettes en bois du Cambodge que ma sœur a mis dans ses cheveux pour la photo, une peluche de kangourou pour Lou, une coiffe colorée du peuple des Kalash (cf mon article sur cette vallée au nord du Pakistan), des étuis d’Australie pour tenir une bière tout en la conservant au frais et en masquant l’étiquette d’alcool pour Jérémie et Raphële ainsi que des écharpes de bienvenues offerts par les Kalash quand j’ai visité leurs villages, un collier de pierres colorées en turquoise que j’ai acheté à Peshawar tout proche de l’Afghanistan pour ma mère et un béret en laine à bourrelets appelé pakol pour mon père qui est le couvre-chef traditionnel de l’ethnie des pachtounes, très utilisé dans le nord-ouest du Pakistan et en Afghanistan. Enfin, je porte un turban orange qui m’avait été offert en Inde dans le Rajasthan quand j’avais pris un autostoppeur à moto et j’ai également le t-shirt du tour des Annapurna. Il manque un objet souvenir de la Turquie, de l’Iran et du Viêtnam, je n’ai pas pensé à en acheter et j’avais un coquillage de Nouvelle Calédonie dans ma poche que j’ai oublié de montrer sur la photo. Il manque aussi Samuel et Amélie pour compléter cette réunion de famille, nous nous reverrons heureusement bientôt tous ensemble cet été.

Photo de famille avec différents objets en souvenirs des pays visités pendant mon voyage

En fin d’après-midi, nous allons au “parc” de la commune du Sappey-en-Chartreuse, il y a un square avec des jeux pour enfants, un terrain multisports sur du macadam, un terrain de foot sur herbe et un petit skate parc. Tout cela au milieu des montagnes de la Chartreuse avec des prairies tout autour et quelques habitations dispersées, c’est un endroit idyllique pour élever ses enfants. Souane se sent pousser des ailes sous les encouragements de sa famille en réussissant à pédaler sur son vélo sans aides : bravo ! Ma nièce est prête à suivre les traces de ses parents 🙂

Après tous ces efforts physiques, on se sustente le soir autour d’une bonne fondue au fromage arrosée de vin blanc et accompagnée avec du Champagne : quel plaisir d’être de retour au pays avec ses proches 🙂

Le lendemain, après un bon déjeuner dans un restaurant, nous nous séparons. Je pars à moto en direction de la capitale mais d’abord je vais faire une étape sur la route à Visargent dans la maison de campagne de mon oncle Philippe et sa femme Monique qui m’avaient accueilli à Nancy au voyage aller.

Dernier déjeuner au resto

Le trajet est sympathique en suivant des routes départementales peu fréquentés au milieu de la campagne et je roule à bonne allure. Je contourne Bourg-en-Bresse puis je fais un mini arrêt pour prendre une photo des arcades de la ville de Louhans mais je préfère garder du temps avec ma famille à Visargent.

Le portail est ouvert, j’entre dans l’allée de graviers donnant sur une large maison de plein pied, ancienne mais bien rénovée. Mon oncle Philippe m’attend sur la terrasse et me fait signe affectueusement tout en m’indiquant où me garer. Monique nous rejoint, j’enlève le casque et je porte toujours la veste coupe-vent qu’ils m’avaient donnée à Nancy, ce sont de nouvelles retrouvailles qui font chaud au cœur.

Je prends une bonne douche après ce trajet effectué d’une traite puis, Monique et Philippe me font visiter leur propriété ainsi que leur voisinage. Les maisons sont massives, parfois un peu rustiques en étant souvent aménagées dans des anciens corps de ferme, toujours de plein pied avec des murs en briques et en colombages. La toiture devance les murs et il n’y a originellement pas de gouttières sur ces bâtiments.

Une maison typique des environs

Ensuite, nous prenons l’apéritif sur la terrasse. Tout comme mes parents et mon cercle de famille et d’amis très proches, Monique et Philippe ont suivi mon voyage à travers mon blog et m’ont souvent fait des encouragements ou m’ont fait part de leurs impressions, c’était très agréable et motivant pour continuer à écrire. Maintenant, ce voyage touche à sa fin et de nouvelles questions se posent sur mon avenir professionnel et personnel auxquelles j’ai peu d’idées précises à apporter pour le moment.

Dîner avec mon oncle Philippe et sa femme Monique dans leur maison de campagne à Visargent

C’est un lieu très agréable pour se ressourcer, il y a de l’espace, de la verdure et peu de bruit, c’est une étape bienvenue avant de rejoindre la fourmilière géante de la région parisienne.

Je pars le lendemain matin sans me presser après avoir pris le petit-déjeuner avec Monique et Phillipe, il me reste moins de quatre cents kilomètres pour rejoindre Paris.

Nouveau départ

Je reste sur les départementales peu fréquentées le plus longtemps possible au milieu des champs, des vignes et des châteaux de Bourgogne. Je contourne Chalon-sur-Saône puis je rejoins Avallon où je fais une pause pique-nique devant les remparts de la ville dominant l’entrée sur le parc du Morvan.

Puis, je fais un nouvel arrêt rapide pour me promener dans le centre de Chablis et je continue ma route en direction de Sens où je rejoins l’Yonne et je la longe jusqu’à ce qu’elle se jette dans la Seine à Montereau où eut lieu une des dernières grandes victoires de Napoléon avant son abdication et son exil à l’île d’Elbe.

J’entre dans la capitale par la porte de Bercy en suivant la Seine, c’est comme si j’avais quitté cette ville la veille. La circulation est plutôt fluide dans ce sens donc j’en profite pour passer à côté des monuments les plus symboliques de Paris : Notre-Dame, le Panthéon, les Invalides, la Tour Eiffel bien entendu où je fais une photo souvenir. Je dois dire que je ne suis pas vraiment émerveillé par mon retour dans la Ville Lumière et pourtant j’y ai vécu de bons moments pendant de nombreuses années et je l’ai souvent défendu en lui dressant des louanges face aux critiques de visiteurs déçus. Peut-être le fait de m’en éloigner de longs mois et de découvrir d’autres villes me la fait voir sous un autre jour ou j’ai peut-être besoin de temps pour me réacclimater et puis le ciel gris ne la met pas sous son meilleur jour.

Ensuite, je retrouve les copains de Paris dans un restaurant du côté de Chatelet, ça fait plaisir de se retrouver tous ensemble ! Je leur raconte quelques anecdotes de mon voyage et eux me parlent de leurs vies (un bébé en route, un nouveau boulot, un nouvel appart…) même si on était quand même restés en contact pendant le voyage.

Les retrouvailles entre potes à Paris

Puis, je rentre le soir chez ma sœur à Meaux, la boucle est bouclée après pile neuf mois en ce lundi 19 juin 2023. Mon voyage est arrivé à son terme et il est temps de clore ce chapitre de ma vie pour en commencer un nouveau, je garderai en mémoire de nombreux visages et de belles rencontres humaines, des paysages sublimes, des monuments impressionnants aux architectures variées, des moments de galère et de joie, des périodes de solitude et de grandes complicités, de la fête et de la contemplation. Désormais, c’est un nouveau cap qu’il me faut trouver 🙂

Enfin, je voudrais aussi vous remercier d’avoir lu mes articles sur ce blog, que ce soit partiellement ou en entier, cela m’a motivé à continuer et je vous souhaite également à votre tour de bons et beaux voyages en espérant que vous ayez pu y trouver une source d’inspiration!

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Italie

Du 12 au 15 juin 2023

Après une dizaine d’heures passées sur le ferry pendant la nuit où j’ai pu trouver un canapé plutôt confortable pour dormir, nous arrivons tôt le matin au port d’Ancône. Il fait beau, je monte sur les hauteurs en me faufilant à moto dans les rues du centre-ville tant qu’il n’y a pas trop de monde à cette heure mais je ne m’attarde pas trop car j’ai de la route à faire.

La ville d’Ancône

Je ne suis pas le seul motard à avoir pris le ferry, je croise un groupe de français qui reviennent chez eux en Charente Maritimes en passant par Florence et la Toscane. Pour ma part, j’ai choisi de rouler au plus court en longeant un temps la côte est italienne puis tracer une diagonale vers Modène où je passerai la nuit.

Le bord de mer ne donne pas envie, tout l’espace est urbanisé, même la plage est occupée par des armées de transats et de parasols aux couleurs des restaurants ou hôtels auxquels ils appartiennent. La route est ennuyeuse au milieu de ces stations balnéaires sans charme pour le tourisme de masse, on est bien loin des plages paradisiaques de la Nouvelle Calédonie !

En rentrant dans les terres, je pensais qu’il y aurait un peu plus de relief et de la nature mais, malheureusement, le terrain reste plat et la route traverse une succession de zones d’activités, de ronds-points, de zones pavillonnaires uniformes et de quelques champs. Je fais tout de même une rapide halte pour découvrir de l’extérieur un joli château en briques dans une petite ville dont j’ai oublié le nom.

Joli château de briques que je découvre au hasard de la route

En arrivant dans l’agglomération de la ville de Modène, je découvre des usines de la marque italienne de voitures de luxes Lamborghini. En effet, en plus de la richesse de son patrimoine architectural et de sa gastronomie locale, la ville de Modène est célèbre aussi pour concentrer dans ses alentours de nombreuses usines de plusieurs grandes marques de voitures italiennes (Ferrari, Maserati, Lamborghini). Il y a d’ailleurs un musée Ferrari en plein centre-ville.

Après avoir garé ma moto dans la cour de mon auberge en fin d’après-midi, je pars aussitôt visiter Modène tant qu’il y a du soleil car j’ai pu apercevoir de beaux immeubles colorés en venant et je suis impatient d’en voir davantage.

Autant la route n’a pas été réjouissante pour ses points de vue mais la découverte du centre-ville de Modène va me ravir avec ses grandes rues piétonnes bordées de beaux immeubles aux façades de multiples couleurs vives et bien préservées qui sont percées de fenêtres fermées par des volets en bois, il y a aussi de grandes places et une immense cathédrale de pierres blanches de style gothique. Ce contraste se répètera quasiment tout au long de mon séjour en Italie entre des routes fades et monotones et des villes chaleureuses d’un raffinement et d’une richesse patrimoniale impressionnante.

De plus, la ville est peu fréquentée en ce début de semaine à quatre heures de l’après-midi, il y a très peu de touristes contrairement aux villes de Kotor et Dubrovnik sur la côte adriatique donc j’ai tout le loisir de me promener et prendre des photos sans avoir besoin que des troupeaux de chapeaux, de shorts et de caméras en bandoulières passent leur chemin.

Il y a également beaucoup de rues avec des arcades où l’on peut se déplacer à l’abri du soleil, quasiment tous les immeubles d’habitations du centre-ville sont colorés et sont très bien entretenus, on a l’impression de se balader dans un immense musée vivant.

L’intérieur de la cathédrale de Modène est richement décoré avec ses immenses fresques peintes sur les murs et les coupoles, il y a aussi de belles gravures sur bois derrière l’autel et une crypte somptueuse.

Le temps passe et les habitants ayant terminé leur journée de travail ou d’études commencent à s’installer en terrasse donc les rues s’animent. J’entends leur joli accent chantant, je ne peux pas les comprendre même si certains mots sont reconnaissables de par leur racine latine mais l’écrit est en revanche plus facile à déchiffrer au moins pour les informations de base.

Par contre, pour comprendre les multiples aliments sur les différentes pizzas proposées au menu, là c’est plus compliqué. Peu importe, je fais confiance à la serveuse et je choisi la pizza locale avec du vinaigre balsamique de Modène. Les pizzas ne sont pas chères même dans un restaurant dans le centre et elles sont naturellement très bonnes.

De retour à l’auberge, je fais la rencontre de mes voisins de chambrée : il s’agit d’un allemand ayant fait des études au Canada puis il a voyagé pendant quelques semaines dans plusieurs pays d’Amérique latine et il termine par l’Italie avant de rentrer dans son pays et d’un colombien qui commence des études en Allemagne et qui passe quelques jours à Modène car il est passionné par l’automobile. Tous les deux ont tout juste vingt ans et ils font des études supérieures dans la mécanique donc une ville comme Modène ne les laissent pas indifférents !

Le lendemain, je reprends la route tôt le matin pour bien rouler tant qu’il fait encore un peu frais et avoir le temps ensuite de visiter la prochaine ville où je m’arrêterai pour passer la nuit : Pavie.

En passant un rond-point sur une route au milieu des champs et des petites villes agglomérées, je découvre un panneau avec l’affiche du film « Don Camillo e Peponne », il semble que cette série de films en noir et blanc des années cinquante ait été tournée dans cette ville qui s’appelle Brescello. Je fais donc un nouveau tour de rond-poit et je prends la sortie en direction du centre de cette ville afin d’en savoir plus. J’ai en mémoire quelques extraits amusants avec Fernandel qui joue le rôle d’un curé face au maire communiste dans la période de l’après-guerre en Italie. Ils sont tous les deux d’anciens résistants face aux fascistes mais leurs convictions et leurs forts caractères les opposent dans des scènes cocasses et drôles. Le film, basé sur le récit d’un auteur italien, a eu un immense succès à sa sortie en salles en 1951 et il y eut plusieurs suites des aventures de ce duo qui symbolisait avec humour les luttes des principales forces politiques et sociales de l’époque.

Je fais ensuite un nouvel arrêt pour déjeuner dans la ville de Crémone. Le centre est entièrement piétonnisé, c’est agréable de s’y promener et le patrimoine architectural est encore impressionnant. D’ailleurs, je n’arrive même pas à avoir assez de recul pour obtenir un angle de vue permettant de prendre l’ensemble des édifices présents autour des immenses places de la ville tellement ils sont nombreux et de dimensions imposantes, disséminés à chaque coin du carré de la place.

Je ne connaissais même pas cette ville de Crémone avant de m’y arrêter, elle était simplement sur ma route et située sur mon trajet à l’heure du déjeuner. Pourtant, elle a un patrimoine architectural de quoi faire rougir beaucoup de villes de sa taille (environ soixante-dix mille habitants). J’apprendrais plus tard que Crémone était célèbre pour ses luthiers en étant notamment le lieu de naissance du célèbre luthier Stradivarius et mon oncle Philippe m’apprendra à mon retour en France que cette ville est également connue pour un type de serrure du même nom.

La place de la ville de Crémone

La cathédrale de Crémone est magnifiquement décorée de l’intérieur avec d’immenses fresques murales, c’est impressionnant. Décidément, l’Italie est le pays des églises !

Fabrizio me parle notamment de l’Afghanistan qui est un pays fascinant pour la particularité de sa population qui semble accueillante pour ceux qui la respecte car elle est également fière et indépendante. Fabrizio me raconte notamment l’anecdote d’un afghan qui travaillait auparavant pour lui et qui avait refusé un poste bien rémunéré dans une organisation humanitaire car il n’appréciait pas la personne en charge et il préférait retourner aux travaux difficiles des champs. Les rapports humains leur semblent plus importants que la richesse matérielle. Il y a également apparemment de magnifiques paysages de montagnes et de déserts mais, malheureusement, la situation politique et sécuritaire du pays en rend son accès pour le moment difficile.

Nous partons à pied avec Fabrizio pour rejoindre le centre-ville de Pavie, il y en a pour une bonne vingtaine de minutes mais je ne vois pas le temps passé car la discussion est facile et intéressante.

Fabrizio me parle de l’Italie pendant que nous déambulons dans les rues de Pavie, il connaît beaucoup de choses sur l’Histoire et la culture de son pays, c’est très enrichissant. Je lui fais part de mon étonnement de voir autant de grands et beaux édifices dans des villes de tailles modestes que j’ai visitées sur mon parcours en Italie et il m’explique que c’est notamment dû au fait que l’unité de ce pays est récente et qu’il a été longtemps divisé en multiples royaumes, états ou républiques (Milan, Venise, Florence, Rome, Gênes, Naples…) dont les rivalités, les alliances et l’influence fluctuaient au cours des périodes. Ainsi, de nombreuses villes d’Italie ont pu être un jour la capitale ou du moins une place forte de l’une de ces entités et donc construire des places, des palais et de grandes églises ou cathédrales comme symboles de leur pouvoir.

La ville de Pavie n’y fait pas exception, pour environ soixante-dix mille habitants, elle possède un patrimoine exceptionnel avec un large pont fortifié en briques et couvert par un toit de tuiles (reconstruit après la seconde guerre mondiale mais en s’inspirant de l’original datant du XIVème siècle) qui enjambe la rivière du Tessin , il y a aussi d’innombrables églises et une cathédrale immense de style roman que l’on découvre soudain au détour d’une ruelle, le souffle coupé par sa taille monumentale.

De nombreux bâtiments officiels sont en brique, il y a un grand château juste en dehors du centre historique avec de profondes douves entourant de hauts murs formant un carré et des tours à chaque coin dans lesquels ont été percées des fenêtres à arches et des créneaux sur le haut, c’est à la fois imposant et élégant.

Nous découvrons également trois hautes tours au milieu d’une place, Fabrizio m’indique qu’elles appartenaient sans doute à de riches familles qui voulaient démontrer leur puissance mais aussi se protéger d’autres familles rivales qui étaient parfois de l’autre côté de la rue. Il y a ainsi certaines villes en Italie qui avaient des dizaines de ces tours fortifiées. Ils sont fous ces italiens !

Pavie est également une ville universitaire donc il y a de nombreux jeunes attablés en terrasse en train de siroter un verre à l’heure de l’aperitivo, c’est la dolce vita.

Ensuite, nous entrons dans l’enceinte historique de l’une de ces universités qui date du XIVème siècle ! Il y a plusieurs cours intérieurs entourées d’arcades et qui abritent de grands arbres à l’ombre desquels de jeunes étudiants révisent leurs devoirs dans ces illustres lieux comme leurs prédécesseurs depuis sept siècles…

Nous avons bien marché avec Fabrizio et nous nous offrons une bonne pizza dans un restaurant du centre qui semble être apprécié par les locaux et c’est effectivement très bon mais Fabrizio me conseille de visiter le sud de l’Italie et notamment la Sicile où la gastronomie est la meilleure d’Italie selon lui.

Pizzas avec Fabrizio

J’avais hésité à prendre cette auberge de jeunesse qui était éloignée du centre et assez mal noté sur internet mais je n’en avais pas trouvé beaucoup sur mon itinéraire et, finalement, je ne regrette pas ce choix car cela m’a permis de faire la rencontre de Fabrizio avec qui nous nous sommes très bien entendus.

Nous partons tous les deux tôt le matin pour continuer notre route, lui en vélo et moi en moto. Fabrizio m’a conseillé plusieurs points d’intérêts dans les environs et cela tombe bien car j’ai du temps libre avant d’aller à Turin où je rejoindrai un couple d’amis de Paris, Ouang et Audrey, qui ont prévu d’y passer quelques jours.

Je fais un premier arrêt au monastère de la Chartreuse de Pavie sur les conseils de Fabrizio donc et j’ai le plaisir de l’y retrouver juste au moment de repartir pour nous saluer une dernière fois. Il n’y avait qu’une dizaine de kilomètres à parcourir et il avait commencé plus tôt que moi.

Les retrouvailles sur la route avec Fabrizio avant de se séparer pour de bon

L’accès à la première cour intérieure et à l’église de la Chartreuse de Pavie est libre, je ne croise quasiment aucun touriste comme dans les autres villes italiennes que j’ai visitées lors de ce voyage alors qu’elles sont pourtant riches en monuments historiques de grande valeur mais il y en a tellement en Italie !

La plaine du Pô est traversée par de multiples cours d’eau et il y a de nombreuses rizières dans cette région d’Italie, ce qui a suscité mon étonnement, probablement influencé par mon voyage en Asie où j’en avais forgé l’idée que ce type de culture existait quasi exclusivement sur ce continent mais ma famille m’a justement fait remarquer que nous avons des rizières également en Camargue donc ce n’est pas aussi surprenant que je ne le pensais 😊 Par contre, toute cette eau et cette végétation implique qu’il y a de nombreux moustiques et moucherons, je dois régulièrement nettoyer ma visière de casque de moto.

Les points d’intérêts que m’a conseillés Fabrizio me font également emprunter une belle route en pleine campagne avec peu de circulation, c’est plus sympa. Je traverse un pont flottant composé de barques métalliques puis je rejoins la ville de Vigevano pour faire ma pause déjeuner.

C’est une modeste ville de soixante mille habitants mais, là encore, vous vous en doutez, avec un riche patrimoine chargé d’Histoire. En effet, confirmant les explications de Fabrizio la veille sur la multiplicité des villes d’importances historiques en Italie, cette cité a été une place forte du duché de Milan notamment pendant la Renaissance et c’était également un lieu prisé des seigneurs pour y séjourner pendant leurs parties de chasse.

Il y a un imposant château en plein centre avec un pont fortifié permettant de se retirer vers Milan en cas d’attaque. Il y a également une grande place avec de très belles arcades et des églises magnifiquement décorées, naturellement.

Enfin, je fais un dernier arrêt non prévu en voyant depuis la route un long édifice de plein pied constitué de somptueuses arcades soutenues par des colonnes de briques qui forment des demi cercles. En fait, il s’agit d’un cimetière !

Me voilà à Turin, j’arrive à me garer juste en face de l’immeuble où Ouang et Audrey ont loué un appartement pour quelques jours. Nous nous sommes rencontrés à Paris il y a quelques années et, quand Audrey a vu sur les réseaux sociaux que j’étais en Italie, ils m’ont gentiment proposé de venir les rejoindre.

Ce sont des premières retrouvailles d’amis avant mon arrivée en France après quasiment neuf mois de voyage. Nous sommes très contents de nous retrouver et, assez rapidement, nous retrouvons nos automatismes, c’est comme si on s’était quitté la veille. Ce sera le même sentiment lorsque je retrouverai ma famille et mes amis quelques jours plus tard, c’est surprenant, comme si ce voyage était une parenthèse où le temps avait été suspendu. Peut-être que les moyens de communication permettent désormais de mieux garder le contact et de palier à la distance géographique en maintenant un lien digital qui ne remplace toutefois pas le réel.

Il est tôt dans l’après-midi, nous avons donc le temps de nous poser en terrasse pour prendre un café avec de bonnes pâtisseries puis découvrir la ville de Turin. Il y a de grandes places, des galeries couvertes, des trottoirs protégés par des arcades le long de grandes avenues piétonisées.

Retrouvailles avec Ouang et Audrey à Turin

Nous rejoignons ensuite les bords du Pô pour nous promener dans un parc sympathique où de nombreux turinois viennent faire leur footing ou promener leur chien. Le parc se termine devant un ancien large pont à arches puis il y a une reconstitution de château et d’un petit village médiéval assez réalistes avec des ruelles étroites, des peintures sur les murs et des enseignes de restaurant en imitant le style de l’époque.

Ensuite, c’est l’heure de l’aperitivo où l’on nous sert des bières ou du vin avec des olives et des chips, nous prolongeons ce moment avec plaisir. Puis, on s’offre une dégustation de plusieurs plats locaux copieux avant de rentrer nous coucher.

Le lendemain matin, on revisite de jour des monuments que nous avions découverts le soir comme la porte palatine dont une partie date de l’époque romaine et qui était une des quatre portes d’entrée de l’ancienne ville romaine.

Nous visitons également l’église qui abrite le fameux Saint Suaire de Turin où certains affirment que c’est le linceul qui a recouvert le corps de Jésus Christ après sa crucifixion et en a conservé les marques de son visage et d’une partie de son corps avec des traces de blessures aux mêmes endroits décrits dans les Evangiles, pour preuves de l’authenticité de cette relique. On ne peut qu’observer une photographie agrandie du linceul avec les traits d’un visage et le coffre en bois derrière une plaque de verre qui recueille le linceul. A chacun de se faire son jugement.

Puis, nous déambulons dans un marché couvert de Turin sous de grandes halles à travers des étals appétissants de charcuteries, de primeurs, de fleurs et de plantes aromatiques. Il y a de quoi faire de bons petits plats ! 

Mais ce n’est pas encore l’heure de manger donc nous allons visiter le Musée National du Cinéma qui est situé dans un bâtiment très impressionnant et original sous la forme d’une large et haute tour terminant en pointe avec une sorte d’armature de fer, ce bâtiment est appelé le « Mole Antonelliana ». Nous l’avions aperçu de loin en nous promenant dans Turin, il date de la toute fin du XIXème siècle et son architecture ainsi que sa hauteur (167 mètres) me font penser aux premiers gratte-ciels de New-York.

Fort heureusement, la qualité des pièces d’exposition et des explications du musée est à la hauteur des dimensions imposantes de sa structure. Il retrace chronologiquement les avancées techniques et les idées inventives et ingénieuses qui ont permis d’aboutir à l’invention du cinéma. On découvre que bien avant l’arrivée de l’électricité, il y a déjà plusieurs siècles, l’Homme jouait avec la lumière et des systèmes d’optique (miroirs, lentilles…) pour déformer ou agrandir des images, modifier la luminosité comme si le jour se levait. Ensuite, il y a eu des sortes d’objets d’abord très volumineux mais dont la taille diminue à mesure que les technologies progressent, pour animer des images en les déplaçant à grande vitesse afin de donner l’impression du mouvement. Puis, il y a l’invention de la photographie qui ouvrira ensuite bientôt la voie à celle du cinéma, ces technologies étaient initialement prévues pour des expériences scientifiques mais certains y ont vu un prodigieux moyen de divertissement et cela est devenu rapidement populaire à la toute fin du XIXème siècle avec les premières projections de film, notamment celle des frères Lumière à Paris.

On commence la visite du musée par le sous-sol puis on remonte à la base de la tour dont l’intérieur est creux, cela permet de bien se rendre compte du volume disponible. Il est aménagé avec des décors de cinéma et des écrans qui projettent d’anciens films puis des rampes longeant les murs permettent d’accéder à d’autres salles d’exposition sur les étages supérieurs avec des affiches de films, des photographies de stars, des extraits de tournages. Au centre, un ascenseur permet d’accéder au toit pour admirer la vue sur Turin en étant tiré par des câbles.

Le cinéma est finalement dans la lignée de certains arts comme la peinture et l’écriture mais aussi des tours de magie qui permettent une sorte de mystification à partir du réel pour surprendre, divertir et questionner un public plus ou moins conscient et consentant. Ce musée était très intéressant et il faudrait y revenir pour revoir plus en détails les nombreuses explications qui sont fournies dans ce musée. Cela me fait penser à la pièce de théâtre « Le cercle des illusionnistes » ainsi qu’au film « Le prestige » qui traitent essentiellement de tours de magie mais on peut aussi faire le parallèle avec le monde du cinéma dans l’idée de divertir et surprendre les spectateurs, créer une illusion temporaire avant de retourner à la vie réelle.

A la sortie, nous prenons des boissons à la terrasse d’un café accompagnées d’olives et de biscuits salés puis nous dégustons plusieurs types de Focaccias. Ensuite, il est temps pour moi de partir, j’ai rendez-vous le lendemain dans le massif de la Chartreuse chez mon frère Jérémie, sa compagne Raphaële et mes deux nièces dont la dernière est née pendant mon voyage. Mes parents seront là également ainsi que ma sœur Maud et son copain Ricardo donc ce sera une belle réunion de famille. Je préfère entrer en France dès aujourd’hui pour avoir le temps de traverser les Alpes et de profiter des montagnes. Je quitte donc Ouang et Audrey en fin d’après-midi, on se reverra à Paris !

Je fais un petit arrêt pour me promener dans la ville italienne de Suse qui a un charmant centre-ville avec des bâtiments anciens puis je commence à monter le col du Mont-Cenis sur une route agréable avec de nombreux virages.

Il fait beau, les montagnes sont à nouveau dans mon champ de mire et elles sont comme toujours majestueuses. Ça y est, je passe la frontière, une belle route en lacets s’ouvre à moi avec une petite rivière qui coule à côté et les sommets nous entourent tandis que le soleil s’incline doucement.

Je passe la frontière italo-française

Je suis de retour en France ! Il ne me reste plus qu’à trouver un endroit où dormir, à suivre dans le prochain et dernier article de ce voyage 😊

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Europe

Croatie

Du 10 au 11 juin 2023

La route après la frontière est surélevée à flanc de collines et offre une belle vue sur la côte adriatique croate avec ses eaux turquoises et ses ports de plaisance. A peine ai-je parcouru une trentaine de kilomètres que j’aperçois depuis les hauteurs, la célèbre ville de Dubrovnik.

Il est encore tôt dans l’après-midi et des voyageurs m’ont dit que la ville est chère et bondée de touristes donc je décide de faire un arrêt rapide pour visiter Dubrovnik puis rejoindre la ville de Split où je prévois de prendre un ferry pour l’Italie.

Malgré le ciel légèrement voilé, la vue depuis les hauteurs est tout de même belle sur les remparts de la vielle ville en plein bord de mer avec une rade protégée par des bastions en pierre. Par temps ensoleillé, les eaux peu profondes autour du port doivent être teintées de couleur turquoise, cela doit être splendide.

Je parviens à me garer à proximité du centre-ville et je laisse mes affaires sur ma moto afin de pouvoir me promener plus rapidement. La ville de Dubrovnik est magnifique mais elle est, comme bien des villes à la renommée internationale, remplie de touristes qui fourmillent dans les rues principales du centre historique entièrement piétonnisé, c’est donc difficile de prendre des photos sans ces figurants.

Le style architectural est similaire à la ville de Kotor avec ses larges pierres blanches légèrement jaunies mais à une échelle supérieure, tout est plus grand : les rues, les places, les palais, les églises.

En gravissant des escaliers aux hautes marches qui donnent accès aux hauteurs du centre historique, je parviens à m’éloigner de la foule et à découvrir des quartiers où les habitants semblent pouvoir préserver une vie plus authentique à l’écart des zones touristiques avec des squares pour enfants, des fils à linge étendus d’une fenêtre à l’autre en hauteur des rues, des petits lopins de terre pour jardiner.

Ensuite, je fais un rapide tour sur le port à l’extérieur des remparts où une petite plage a été aménagé puis je reprends la route avec ma moto toujours en longeant la côte.

Le port de Dubrovnik

Je traverse l’immense pont à haubans de Pelješac qui mesure 2,4 kilomètres de long et 55 mètres de haut. Il permet de relier une presqu’île au continent afin de contourner la minuscule enclave côtière bosniaque tout en restant en Croatie.

Pont de Pelješac

Il me reste encore une centaine de kilomètres pour rejoindre la ville de Split et il est déjà tard dans l’après-midi, je me suis levé tardivement ce matin et j’ai pris mon temps pour admirer la magnifique baie autour de Kotor avec ses jolies villes anciennes au bord de l’eau puis la ville de Dubrovnik. De plus, il y a du monde sur les routes en ce samedi et j’avance lentement en longeant la côte. Je décide donc de prendre l’autoroute pour aller plus vite, cet itinéraire passe par l’intérieur des terres au milieu de moyennes montagnes semi arides balayées par les vents. Je commence à avoir froid en roulant à vive allure face à ce vent fort alors que le ciel est couvert, le bruit des bourrasques dans mon casque m’empêche de rêvasser ou de penser, c’est donc un peu ennuyant sur cette route monotone mais au moins j’avance.

Je finis par arriver en fin de journée à mon auberge située dans un quartier résidentiel légèrement excentré. Après une bonne douche, je vais dans le centre-ville pour dîner et regarder la finale de la Ligue des Champions dans un bar mais le spectacle sportif n’est pas au rendez-vous.

Par contre, le centre historique de Split est très intéressant, dans la même lignée que les villes de Dubrovnik et Kotor, ce qui implique également des cohortes de touristes circulant dans les nombreuses rues piétonnes entourées par une vielle enceinte de pierres formant un carré et dont l’ensemble de la superficie est classé au patrimoine mondial de l’Unesco.

J’apprends que l’empereur romain Dioclétien, originaire de la région de Dalmatie dans la Croatie actuelle, pris sa retraite dans un palais de la ville Split après avoir abdiqué. En effet, on peut encore voir de nombreux vestiges de l’époque romaine avec des mosaïques, des murs et des arcades construites avec de fines briques rouges, des places entourées de colonnes supportant des arches.

La place du Péristyle dans l’ancien palais de l’empereur Dioclétien 

Il y a également d’anciens monuments datant de la Renaissance ou d’autres époques plus récentes. Toute cette partie de la côte Adriatique depuis la ville de Kotor est chargée d’Histoire et je ne fais que survoler les sujets avec le peu de temps que je me suis donné pour ne pas trop tarder à rentrer en France donc je ne peux que vous en donner une vision partielle, il faudra revenir.

Le lendemain, c’est journée de repos sans moto en attendant le ferry qui partira le soir et m’emmènera en Italie dans la ville d’Ancône. Je me promène à nouveau dans les rues anciennes de Split et je déguste de très bons pitas et bureks, ce qui me confirme que les meilleurs sont en Croatie comme j’avais pu le constater lors de mon voyage aller (cf article sur la Croatie).

Dans l’après-midi, je me promène dans un parc situé à l’ouest de la ville sur une pointe rocheuse qui s’enfonce dans la baie de Split. Il y a de belles plages faciles d’accès à pied mais sans être bondées ni bétonnées. C’est également bien aménagé avec des petites tables rondes et des planches de bois installées sur des petits murets de pierre en guise de banc, il y a des douches, c’est très agréable.

La ville de Split vue depuis les hauteurs du parc Marjan

En fin de journée, je récupère mes affaires et ma moto à l’auberge puis j’embarque sur le ferry à destination du prochain pays que je vais visiter avant de rejoindre enfin la France : l’Italie !

Départ en ferry au coucher du soleil: direction l’Italie!
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Europe

Monténégro – Albanie

Du 8 au 10 juin 2023

Aussitôt arrivé au Monténégro, je roule sur une superbe route de montagnes dont certains passages ont été creusé à travers la roche. Il y a très peu de véhicules dans ce coin, je traverse de petits villages ou villes pittoresques installés dans des plaines verdoyantes au pied de montagnes. C’est assez similaire à nos paysages de montagne d’Europe occidentale, il y a quelques édifices ou chalets en bois, la différence est que les clochers sont remplacés par les minarets.

Après avoir longtemps cherché le long de la route, je trouve enfin un joli arrêt pour un pique-nique avec vue sur une vallée verdoyante entourée de moyennes montagnes. Des nuages noirs menaçants sont agglutinés aux sommets des montagnes et, malgré la distance, on peut entendre le tonnerre gronder avec toute sa puissance, ce n’est donc pas le moment de faire une sieste et je me remets en selle rapidement.

Enfin une belle pause pique-nique

Un peu plus loin sur la route, je vois un panneau indiquant une route panoramique qui n’est pas dans la direction initiale que j’avais prévu. Pas de problème, je suis flexible et je fais ce tour à moto pour voir de belles routes et de toute façon cela ne me fera pas un trop gros détour donc j’y vais. En avançant, je croise plusieurs groupes de motards dans les deux sens, c’est bon signe. Cette route panoramique large et bien entretenue au milieu des montagnes me rappelle avec plaisir la route en Autriche et il y a d’ailleurs un joli lac de montagne près de la ville de Plav comme j’avais pu en voir dans ce pays.

Il y a désormais de plus hautes montagnes avec un peu de neige éparpillée autour des sommets pointus. Je fais encore un détour pour aller voir une vallée encaissée dont les montagnes au loin me font envie et, plus je m’approche plus le spectacle est majestueux, je commence à me dire que je pourrais passer la nuit dans le coin. C’est déjà le milieu d’après-midi et j’ai de la marge sur mon planning, ensuite je longerai la côte le long de la mer Adriatique et je ne reverrai sans doute pas les montagnes avant un moment. De plus, j’ai une tente et de la nourriture en cas de besoin. Allez, je vais voir ce qu’il y a au bout de cette vallée dénommée « Grebaje ».

Le paysage est enchantant, c’est pour ce genre de route que je fais de la moto! Je m’arrête plein de fois pour prendre des photos de la vue sur les montagnes qui se rapprochent petit à petit et me font découvrir de nouveaux sommets et leur taille imposante face à une vallée étroite et bucolique.

À l’entrée du parc, il faut payer un ticket d’entrée et je demande où je peux camper, on m’indique l’arrière d’un restaurant hôtel mais finalement j’opte pour une chambre qui est seulement deux fois plus cher que le camping et surtout parce que les nuages sont de plus en plus menaçants. C’est un bon choix car, à peine suis-je installé, que l’orage se met à gronder avec des éclairs et la pluie tombe pour un long moment.

Quand la pluie cesse, je marche au fond de la vallée qui aboutit à un cirque fermé par une ceinture de montagnes se dressant comme les dents acérées d’une mâchoire. L’ancien glacier qui a creusé cette vallée a désormais disparu et la végétation l’a progressivement remplacé, cette verdure est tout aussi belle que la blancheur de la neige. Les nuages commencent à se disperser et à laisser la place au soleil qui illumine la vallée et les montagnes qui l’entourent avant de disparaître derrière celles-ci. Je reste un long moment à contempler ce paysage majestueux et apaisant en entendant le chant des oiseaux.

Au fond de la vallée Grebaje

J’adore ces belles découvertes imprévues, assurément un nouveau coup de cœur et je ne suis pas au bout des bonnes surprises avec la journée du lendemain. En attendant, je prends un bon repas monténégrin à l’auberge, c’est un plat à base de polenta avec du fromage fondu et du yaourt accompagné d’un verre de vin rouge, c’est ça la montagne aussi !

La vallée au coucher du soleil

Au petit matin, je fais une photo souvenir avec ma moto de ce cirque de montagnes grandiose alors que le ciel est complètement dégagé. En partant, je ferai de nombreux arrêts pour me retourner et contempler une dernière fois ce spectacle magnifique.

La vallée au petit matin avec ma moto

Ensuite, je rejoins la grande vallée qui offre une belle vue également sur les villages au pied des montagnes puis je passe le poste frontière de l’Albanie afin de redescendre au sud vers la côte Adriatique puis repasser au Monténégro. Le garde-frontière albanais est jovial et débonnaire, il me fait comprendre avec un large sourire qu’il n’a pas très envie de m’embêter avec ces contrôles et qu’il me fait confiance, je passe donc assez rapidement en lui faisant un signe de la main en partant.

Dernier paysage montagneux du Monténégro avant de passer en Albanie

Aussitôt passé en Albanie, je fais une pause devant une mini-gorge creusée par une rivière à l’eau cristalline. La route est tout aussi belle qu’au Monténégro et je croise très peu de véhicules, les virages en épingle se succèdent en passant d’une vallée à une autre avec des petits villages de montagnes qui ont très souvent une église au centre et parfois un grand calvaire au bord de la route.

Bienvenue en Albanie!

Après avoir passé un petit col, la route redescend en lacets en longeant d’un côté des parois rocheuses vertigineuses et de l’autre un ravin qui plonge dans une vallée très étroite et profonde. J’en prends plein les yeux, c’est magnifique.

Une fois descendu dans la vallée, une large rivière à l’eau transparente de couleur émeraude s’écoule au milieu des montagnes rocheuses et de la végétation, j’ai les yeux qui brillent de mille feux.

Ensuite, la route remonte à flanc de montagne et c’est un vrai serpentin digne d’un circuit de motos pour le bonheur des groupes de motards qui se suivent en file indienne dans une succession de virages en épingles pour finalement passer un col qui donne accès à une vaste plaine d’où l’on peut voir l’immense lac de Skadarsko qui est partagé entre le Monténégro et l’Albanie.

C’en est fini de la montagne mais il reste quand même de hautes collines et je me laisse à nouveau séduire par des panneaux indiquant une nouvelle route panoramique. Elle est étroite et elle monte sur les hauteurs des collines en offrant de beaux points de vue sur le lac et cet itinéraire est peu fréquenté. Puis, la route s’enfonce dans une sorte de garrigue où il n’y a quasiment pas d’habitation.

Nouvelle route panoramique, je ne m’en lasse pas

La végétation est au plus près de la route et réduit la visibilité donc je me souviens du conseil de mon père motard lorsque nous avions fait une virée ensemble (« Quand je ne vois pas, je ralentis ») et je le mets en pratique.

Par ailleurs, même si ces routes de montagnes offrent des panoramas magnifiques, je commence à fatiguer, cela demande davantage d’efforts physiques et de concentration avec les multiples virages à effectuer en changeant les vitesses, en freinant puis accélérant. Mes épaules et mes poignets sont endoloris, j’ai le cou qui m’élance et je transpire à grosses gouttes sous le soleil avec mes équipements de protection.

Mais, aussitôt que je rejoins une route très fréquentée, j’ai envie de repartir sur une voie alternative quitte à faire plus de distance et de virages. Donc j’emprunte une nouvelle et dernière route panoramique qui passe en plein cœur du parc national de Lovcen pour rejoindre la ville de Kotor où j’ai réservé un hébergement. Ce parc est très rocailleux mais la route est excellente : large avec un revêtement impeccable, une bonne visibilité et des virages pas trop serrés.

Après avoir passé le parc, la route donne sur un magnifique point de vue sur une baie très encaissée entourée par de moyennes montagnes et tout autour de laquelle il y a de nombreuses petites villes portuaires historiques: ce sont les “bouches de Kotor”. Pour y accéder, il faut encore suivre un interminable serpentin de virages en épingles sur une route étroite et, cette fois-ci, il y a du monde donc il faut être vigilant. Depuis que je suis au Monténégro, je croise énormément de motards et cela se comprend quand on voit la beauté de ces routes, c’est la meilleure partie que j’ai faite en moto avec celle en Autriche au voyage aller.

La baie des “bouches de Kotor” (la ville est sur la droite)

Avant de m’installer à mon auberge qui est un peu à l’écart du centre-ville, je fais un arrêt pour visiter le quartier historique de Kotor derrière ses murailles. Il y a comme un air d’Italie quand on s’y promène avec ses rues pavées étroites, ses volets de couleurs, ses places avec ses jolies petites églises en pierre. Et pour cause, la ville de Kotor, comme une grande partie des côtes de la mer Adriatique, était sous contrôle vénitien du XVème au XVIIIème siècle. Je marche au hasard dans les ruelles, c’est un vrai labyrinthe et les édifices sont très bien entretenus, c’est une très jolie ville.

La ville de Kotor

Ensuite, j’arrive enfin à mon auberge et je profite de la lumière du jour tardive en ces journées de juin pour aller me baigner dans la baie, il y a une plage juste à côté et cela me fait beaucoup de bien de détendre mes membres et de rafraichir mon corps dans l’eau tout en contemplant les montagnes qui ceinturent la baie. Quelle journée fabuleuse, ce fut une succession de routes magnifiques dans des décors somptueux, je suis passé de la montagne à la mer en quelques heures de routes. J’ai des étoiles plein les yeux.

Vue depuis la plage

Le soir, je sors dans des bars de Kotor avec d’autres pensionnaires de l’auberge puis on se pose sur la plage jusque tard et je finis par aller me coucher car je compte reprendre la route le lendemain.

Après une petite grasse matinée, j’enfourche ma bécane et je longe toute la baie pour rejoindre ensuite la côte croate. C’est très beau, je visite une autre ville portuaire appelée Perast qui a également de nombreux édifices historiques dans le même style que Kotor, ce devait être une région très riche et puissante à l’époque de Venise.

Je prends mon temps pour regarder les points de vue car je suis conscient que je n’en verrai pas souvent de cette qualité mais il faut bien avancer et je finis par rejoindre mon dernier poste frontière avant de rentrer dans l’Union Européenne, nouvelle étape importante ! C’est la cohue en ce vendredi après-midi, il y a beaucoup de monde et je suis les motards qui remontent les files de voitures puis je n’ai plus qu’à attendre patiemment mon tour pour rejoindre la Croatie que je vous raconterai dans un prochain article 😊

Dernier passage de frontière avant l’Union Européenne!
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Europe

Kosovo – Pristina

Du 7 au 8 juin 2023

Le passage de frontière au Kosovo se passe sans problème, je dois payer une assurance spéciale car cette zone n’est pas couverte par les assurances habituelles (dix euros pour quinze jours). Le début de la route est dans les montagnes donc c’est sympathique puis elle rejoint une plaine plate avec une succession de zones commerciales et industrielles sans âmes comme la route que j’avais faite de Ljubljana jusqu’à Belgrade et la pluie n’aide pas à rendre plus charmant le paysage.

En arrivant à Pristina, je retrouve un collègue et ami de Ozlem, Halit, qui travaille pour une banque turque et habite dans cette ville. Il m’accueille dans son appartement qu’il loue en périphérie de Pristina. C’est spacieux et moderne avec quatre chambres, deux salles de bains et un grand salon.

Halit me parle du Kosovo et de sa capitale qui ont une histoire particulière et tourmentée notamment avec son voisin la Serbie. Cela n’empêche pas les habitants de Pristina de s’amuser et faire la fête comme va me le montrer mon hôte en m’invitant à dîner dans un restaurant branché de la capitale où il a ses entrées. On fait d’abord une rapide visite à pied du centre-ville où il n’y a apparemment pas grand-chose à visiter si ce n’est une grande avenue commerçante. Une grande partie de la population est de confession ou du moins de tradition musulmane mais cela n’empêche pas une partie d’entre eux de boire de l’alcool dans les bars de la capitale et je vois également peu de femmes voilées dans les rues.

La majorité de la population du Kosovo parle albanais même s’il y a une importante minorité serbe au nord. Halit m’explique également que beaucoup de kosovars travaillent en Suisse et envoient de l’argent à leurs proches puis ils viennent l’été le dépenser où les prix doublent en cette période.

Par ailleurs, la plupart des habitants de Pristina ont une voiture et cela génère d’énormes bouchons comme j’ai pu en faire l’expérience en arrivant sous la pluie et avec les bouchons en prime, j’avais l’impression d’être à Paris.

Nous dînons donc dans un restaurant chic et branché avec Halit qui m’a prêté une belle chemise blanche pour l’occasion. L’ambiance est festive en ce mercredi soir, beaucoup de personnes viennent pour boire un verre entre amis et se balancer sur les airs entrainants de la musique du DJ.

Halit m’invite dans un restaurant branché de Pristina, j’ai emprunté une de ses chemises pour l’occasion

Le lendemain matin, chacun enfile son costume en lien avec son activité : la moto pour moi et le bureau pour Halit 🙂

Merci Halit pour ton hospitalité!
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Europe

Macédoine du Nord – Skopje

Du 6 au 7 juin 2023

Quelques kilomètres après avoir passé le poste frontière de la Macédoine du Nord, je fais la rencontre d’un motard alors que le trafic routier est fortement ralenti. Il prévoit d’aller plus loin que moi mais on fait une partie du trajet ensemble jusqu’à la capitale Skopje où je m’arrête pour la nuit.

Il est encore tôt dans l’après-midi donc j’ai le temps de me promener en ville. De ce que j’ai pu voir, Skopje ne semble pas avoir les moyens d’entretenir ses ambitions de grandeurs démesurées à la hauteur de l’illustre figure historique dont la Macédoine du Nord se revendique l’héritière : Alexandre le Grand (c’est un sujet de dissension avec son voisin la Grèce). En plein centre-ville, il y a d’immenses statues décolorées et des immeubles délabrés dans un style soviétique froid et austère, une église dont les travaux de rénovation semblent n’avoir jamais commencé et ne sont donc pas près de se terminer, bref je ne suis pas très enchanté.

Toutefois, en traversant la rivière qui scinde la capitale en deux parties, on accède au nord à des quartiers plus anciens de la ville avec notamment de nombreux édifices datant de la période de l’empire ottoman qui me font penser à Bursa en Turquie. Il y a également un fort en haut d’une colline qui offre une belle vue sur la ville mais il est complètement à l’abandon, de hautes herbes poussent partout dans la cour, c’est devenu un terrain vague.

Ensuite, je déguste de très bonnes pâtisseries turques (un flanc avec trois types de laits différents, des baklavas aux pistaches succulentes) accompagnées d’un thé, elles me donnaient envie à travers la vitrine dans une rue piétonne et je ne suis pas le seul français à avoir succombé à leurs charmes.

Skopje est un mélange de cultures et de religions, les mosquées et les églises se côtoient, l’architecture ottomane fait face aux statues et bâtiments soviétiques de l’autre côté de la rivière, l’écriture cyrillique est encore présente avec des sons de langues slaves. A noter également que c’est la ville de naissance de Mère Teresa.

Le lendemain, je fais tendre ma chaîne de moto dans un garage que j’ai trouvé sur internet avec de bonnes recommandations et la qualité du service se confirme. Ils parlent un anglais impeccable, ils prennent en charge immédiatement ma moto et ils m’offrent un thé en attendant. Je récupère ma moto au bout d’une trentaine de minutes, la chaîne nettoyée, tendue et graissée.

Chaine de moto retendue dans un garage de Skopje

La route en quittant Skopje est agréable, je monte sur les hauteurs d’une montagne à proximité où il y a un très beau monastère orthodoxe du treizième siècle avec de magnifiques peintures murales à l’intérieur. Là aussi, le mélange des cultures est présent, on peut voir le minaret d’une mosquée d’un petit village en symétrie avec le clocher d’une église d’une petite localité située à seulement quelques centaines de mètres.

Puis, je fais un arrêt aux gorges de Matka qui me font penser aux Portes de Fer en Serbie avec ses hautes falaises bordant une large rivière de couleur verte.

Ensuite, je prends une très belle route pour rejoindre le Kosovo à travers une vallée étroite au milieu de moyennes montagnes verdoyantes longeant un ruisseau, il y a de belles fleurs en bord de route et des villages pittoresques.

Paysage pittoresque en direction de la frontière avec le Kosovo

Cela permet de terminer sur une belle image de la Macédoine du Nord que j’ai traversé en coup de vent, il est temps de passer au Kosovo!

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Europe

Bulgarie

Du 3 au 6 juin 2023

Au départ de Singapour, je prends pour la première fois un vol dans un A380 avec la compagnie aérienne Emirates, c’est très spacieux et confortable, je ne suis pas déçu ! J’ai un nouveau changement à Dubaï mais cette fois-ci je ne sors pas visiter la ville car j’ai la flemme et puis je n’ai que quelques heures d’attente tôt le matin. Donc je passe le temps en mettant à jour le blog, en lisant et en somnolant.

Ensuite, le plan de vol vers Sofia me fait passer à proximité du sud de l’Iran puis nous traversons l’espace aérien turc en diagonale, cela m’évoque quelques souvenirs de mon voyage aller qui me semblent à la fois proches et lointains, c’est une sorte de retour rapide dans le passé comme à Singapour avec des souvenirs du Viêtnam, de l’Inde et du Pakistan.

En arrivant à Sofia, le ciel est gris et il pleut, pas très chaleureux pour mon retour en Europe ! Finalement, je ne me sens pas trop dépaysé car j’ai déjà eu une phase de transition en Océanie occidentale après mon voyage en Asie. Je fais une sieste dans mon auberge puis je me promène rapidement dans la capitale bulgare que je connais déjà, je dîne au même restaurant que celui où nous avions été avec Sylvain, un jeune motard français rencontré sur la route au voyage aller. Je suis surpris que le soleil se couche aussi tard à plus de 21h, j’avais l’habitude sous les tropiques qu’il fasse nuit bien plus tôt !

Retour à Sofia

Le lendemain, je prends un bus en direction de la ville de Veliko Tarnovo afin de rejoindre le camp de motards où j’ai laissé ma moto pendant huit mois, j’espère qu’elle marche encore ! Je parviens à me faire comprendre du chauffeur pour qu’il me dépose à une intersection afin que je rejoigne le camp à pied car il est en pleine campagne. Le conducteur de bus me dit « Petleva », je croyais que c’était le nom d’une ville où il allait me laisser sortir mais en fait il me demandait cinq lev qui est la monnaie bulgare, cela correspond à environ deux euros cinquante.

Ça y est, j’arrive enfin au camp, cela fait plaisir d’y revenir après toutes ces péripéties, la première boucle du voyage est bouclée !

Je suis accueilli par un couple d’américains à la retraite, Greg et Melanie, qui parcourt le monde entier en moto et on découvre que nous étions dans le même avion en partant de Dubaï. Ils arrivent d’Indonésie où ils ont voyagé plusieurs mois sur une moto qu’ils ont revendue à d’autres voyageurs à leur départ. Ils ont l’habitude d’acheter une moto dans une région ou un continent qu’ils souhaitent visiter puis de la revendre. Par exemple, ils ont racheté une moto dans ce camp de motards en Bulgarie sans même l’avoir essayé, cela se base sur la confiance avec des réseaux de connaissances qui font office de garantie. Ils sont très sympathiques, avenants, décontractés, curieux et ouverts.

Je retrouve également Ivo, le co-propriétaire du site avec Polly, que je n’avais pas encore rencontrés et ils m’aident à sortir la moto du garage, nous voilà à nouveau réunis ! Elle aura besoin d’un bon lavage car je l’avais laissé telle qu’elle en partant après mon périple de trois mille kilomètres à travers l’Europe. Ivo me rend la batterie qu’il a conservée à part pour la charger et il m’aide à la remettre puis je tente de redémarrer ma moto mais ça ne marche pas, il n’y a aucun son. On revérifie que la batterie est bien branchée, que la moto est bien au point mort, je retire la béquille mais rien n’y fait. Est-ce qu’il y aurait une étape ou un branchement que l’on aurait oublié ?

Ivo appelle à la rescousse un bulgare d’un groupe de motards présents sur le camp, il vérifie tous les branchements, il retire aussi des composants électriques pour s’assurer qu’ils sont en bon état et il ne trouve rien d’anormal. Il finit par me demander s’il y a une sécurité sur la moto et là je me rappelle qu’il faut en effet que je désactive l’alarme de ma moto avec un bouton sur mon porte-clés avant de pouvoir la démarrer ! J’avais complètement oublié et, après l’avoir fait, ma moto démarre au quart de tour, je suis soulagé et un peu gêné de les avoir sollicités pour ça mais ils me gratifient d’une tape dans le dos et d’un large sourire. Ensuite, je nettoie ma moto qui en a bien besoin et je récupère le reste de mes affaires de motard ainsi que ma tente que j’installe dans le jardin.

Ce week-end, il y a un rassemblement de motards bulgares conduisant des « cruisers » (modèles de la catégorie des Harley Davidson) principalement de marques japonaises. C’est l’un d’entre eux qui nous a aidé avec Ivo. Ils ont tous un blouson avec l’écusson de leur groupe, cela fait une belle collection de motos bien alignées dans la cour !

En fin de journée, nous prenons l’apéro avec Greg et Melanie puis nous dînons d’un bon petit barbecue préparé pour Polly et Ivo.

Le lendemain, je pars en moto faire le plein et acheter quelques courses en prévision de mon départ le jour suivant. Je retrouve les sensations sur ma Tracer 900 GT, quelle puissance d’accélération malgré son poids total et quasiment sans faire de bruit, elle est également bien équilibrée et cela aide grandement pour prendre des virages, c’est un vrai plaisir de rouler à nouveau avec elle.

Je profite de cette petite excursion pour visiter les ruines d’un château sur les hauteurs d’une colline qui domine la ville de Sevlieko, il ne reste plus grand-chose mais la longueur du rempart laisse imaginer que la superficie de la forteresse était immense.

Le soir, c’est bières et pizzas toujours avec Greg et Melanie puis nous prolongeons la soirée en compagnie de Ivo et d’un autre voyageur motard norvégien qui est en convalescence après une chute à moto. Je découvre plein d’histoires de motards baroudeurs et notamment de jeunes motardes qui n’ont pas froid aux yeux en traversant des continents entiers parfois dans des zones très peu habitées : quel courage et quelle passion ! On me parle également de la course de moto sur l’île de Man en Angleterre qui est apparemment mythique avec des vitesses folles sur de longues distances (soixante kilomètres en tout). La circulation sur l’île est fermée pour l’occasion donc elle se transforme en circuit géant pour motos, impressionnant, c’est apparemment l’une des courses à moto les plus dangereuses du monde !

Le lundi cinq juin, il est temps pour moi de partir, je remballe mes affaires, je remplis mes sacoches et je réinstalle mon gros sac à dos à l’arrière ne l’accrochant avec des tendeurs et une sangle comme avant. Je remets le compteur à zéro, j’avais fait à l’aller environ trois milles kilomètres, cela devrait être à peu près équivalent pour le retour. Je fais mes adieux à Greg et Melanie, nous nous souhaitons mutuellement un bon voyage, Ivo me remet un autocollant de son camp de motards et nous prenons ensemble une photo souvenirs, je vous recommande vivement cet endroit !

Allez, vroum vroum, c’est parti ! Le soleil est au rendez-vous, je bifurque assez rapidement pour prendre une petite route peu fréquentée en pleine campagne verdoyante, c’est très joli. Le revêtement est globalement en bon état, il y a de belles fleurs en bord de route et on aperçoit les montagnes au loin.  

Les champs en jachère sont tapissés de coquelicots rouge vif en cette saison, c’est très beau. Il y a peu de circulation sur la route donc je roule à un bon rythme et j’arrive tôt dans l’après-midi à mon auberge de Plovdiv après environ cent quatre-vingt kilomètres. Cela va me permettre de visiter cette ville qui m’avait été recommandé par d’autres voyageurs et, effectivement, je ne vais pas être déçu.

Le beau temps aide forcément à rendre attrayant un lieu mais ce n’est pas la seule raison. Le centre de Plodiv est très joli avec ses anciens édifices bien rénovés et fleuris, il y a de belles maisons avec de ravissantes peintures murales juste en dessous des toits et en encadrement des fenêtres, les couleurs sont d’un ton clair presque pâle, le trait est fin et les décorations ne s’étalent pas sur toute la surface, cela me plait, il n’y a pas de fioritures. Cet ensemble de grandes et riches demeures dans le quartier historique me fait penser à Kashan en Iran.

La ville de Plovdiv a été également une riche et importante cité romaine et elle en conserve encore quelques vestiges, là encore bien mis en valeur. Il y a tout d’abord un théâtre datant du premier siècle situé sur les hauteurs d’une colline en plein centre offrant une vue panoramique sur la ville. Ensuite, il y a des restes de gradins d’un stade du deuxième siècle qui avait une capacité de trente mille places, c’est dire l’importance de cette ville à l’époque de l’empire romain ! Enfin, il y avait à proximité une grande Agora avec des édifices publics, une bibliothèque.

Le théâtre romain de Plovdiv

L’ambiance en ce début d’été ensoleillé est détendue, il y a du monde qui se promène dans les parcs et sur les rues piétonnes ou boit un verre en terrasse, ça papillonne.

Le soir, je discute avec d’autres voyageurs sur le toit terrasse de notre auberge puis le lendemain matin nous avons droit à un super petit déjeuner en commun, c’est très bien présenté et c’est très bon, je suis bien content d’être passé par Plovdiv !

Il fait encore beau, le début de mon parcours est peu réjouissant en traversant des petites villes d’agglomération sans charme avec parfois des immeubles en béton décrépis de style soviétique mais ensuite le paysage commence à prendre du relief et il y a des villages pittoresques au pied de montagnes qui ont encore conservé un peu de neige sur leurs sommets. Désormais, la route est belle et agréable, le revêtement est encore en bon état. Je traverse des sortes de steppes de verdure sur de hauts plateaux, il y a toujours peu de circulation et je peux rouler facilement à vive allure en ayant une bonne visibilité.

Je fais un rapide détour pour visiter un château sur les hauteurs d’une colline, le chemin d’accès dans une forêt dense est très raide et au final l’enceinte est fermée, de toute façon la forteresse est quasiment en ruines mais elle offre une belle vue sur les alentours.

Ensuite c’est difficile de trouver un coin sympa pour faire un picnic, il n’y a pas vraiment d’aménagements et finalement je m’arrête sur un petit parking en bord de route dans la campagne où je reste debout en me servant de ma selle de moto comme d’une table.

Quelques kilomètres plus loin, le passage de frontière se fait sans difficultés, je vous raconterai mon étape en Macédoine du Nord dans le prochain article !

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Europe

Bulgarie

Jour 13 (30/09/2022)

Le passage de la frontière bulgare se fait sans problème comme pour les précédents, la route est agréable dans la campagne avant de rejoindre un haut plateau où l’on aperçoit des montagnes au loin. Certains arbres ont déjà les couleurs de l’automne avec des feuilles colorées d’un jaune vif qui illuminent le regard. Je croise quelques charrettes tractées par un cheval et la route est parfois en mauvais état avec notamment sur mon parcours un pneu qui a été placé pour boucher un trou béant en plein milieu de la chaussée mais que j’évite assez facilement car c’est en traversant un village à faible allure.

Route de campagne en Bulgarie

Peu de temps après ma pause déjeuner, je remarque un motard avec des valises qui s’est arrêté sur une aire de stationnement au bord de la route pour admirer la belle vue en hauteur sur la capitale Sofia. Je décide de m’arrêter afin de lui parler et j’aperçois qu’il a une plaque française : ce sera d’autant plus facile ! Son nom est Sylvain, il est parti de France avec une HONDA CB600 depuis plusieurs semaines en passant par la Scandinavie puis les pays baltiques, la Pologne et il traverse en ce moment la Bulgarie dans le but de rejoindre la Grèce et de finir sa boucle en longeant la côte. Sylvain a 23 ans mais déjà beaucoup d’expérience de voyages en itinérance à moto, en stop ou en van aménagé et il a profité d’une fin de mission pour faire ce voyage et réfléchir à ce qu’il voudrait faire pour la suite. Il alterne le camping sauvage, les auberges de jeunesse et parfois les hôtels suivant la situation. Sylvain arrive à trouver de beaux endroits pour camper grâce notamment à un site internet qui répertorie ces bons plans avec la contribution de ses utilisateurs. Cela me donne envie d’essayer mais c’est un peu tard car j’ai bientôt fini mon trajet à moto et je ne pensais pas camper ensuite pour éviter d’avoir à porter la tente et à cause du froid qui arrive, on verra bien.

Rencontre avec Sylvain le motard, sur la route de Sofia

Nos expériences de voyages nous rapprochent et, naturellement, on se met d’accord pour se suivre sur la route jusqu’à Sofia afin de boire un verre et discuter davantage tout en se rafraîchissant car le thermomètre affiche 28 degrés ! Finalement Sylvain décide de réserver un hébergement à Sofia pour le soir et on se donne rendez-vous pour dîner ensemble. J’avais réservé un hôtel encore éloigné du centre en pensant qu’il y aurait un parking privé car je voulais minimiser les risques de vols mais j’ai eu tort car j’ai croisé de nombreux motards qui garent leur moto en centre-ville sans problème et finalement mon hôtel n’avait pas de parking privé, c’était un simple espace vague à proximité avec un faible éclairage et dans une zone peu fréquentée donc encore plus risqué qu’en ville.

Bref, je prends le tramway pour rejoindre le centre à la tombée de la nuit et je découvre de grandes et belles églises orthodoxes ainsi que d’anciens bâtiments officiels bien entretenus et bien éclairés le soir. Il y a également une large et longue avenue entièrement piétonne et très fréquentée avec vue sur la montagne, cela me rappelle Grenoble. On se retrouve avec Sylvain et nous zigzaguons dans les petites rues perpendiculaires à la voie principale afin de trouver un restaurant servant des plats locaux dans un cadre agréable. La ville de Sofia n’en manque pas avec des terrasses souvent cachées des passants auxquelles on accède par un petit couloir à ciel ouvert. Nous finissons par en trouver un qui répond à nos critères et nous nous mettons à table en commandant des entrées à partager sous formes de boulettes de fromages ou aux piments et un grand plat constitué d’un pain garni de boulettes de viandes, saucisses et de keftas baignant dans une espèce de sauce barbecue, le tout accompagné de frites et avec un vin rouge de Bulgarie qui n’est pas mauvais. La serveuse nous met en garde que les entrées sont épicées et que le plat est très copieux, ce qui a pour effet de nous donner encore plus envie d’y goûter, nous avons visiblement le même penchant pour la gourmandise et le défi culinaire avec Sylvain. Finalement, la serveuse avait raison et je repars avec mes restes pour les finir lors d’une prochaine pause déjeuner sur la route.


Dîner gargantuesque à Sofia

Nous ressortons du restaurant le ventre lourd mais satisfaits et nous partons à la recherche cette fois-ci d’un bar pour prendre un dernier verre. Nous découvrons un bar situé au premier étage d’un immeuble qui accueille un groupe de musique, la porte d’accès n’est pas facile à trouver car il faut passer par la cage d’escalier d’un immeuble, j’espère que les voisins travaillent dans le bar ou que ce sont des bureaux fermés la nuit car sinon les réunions de copropriétaires doivent être agitées… L’ambiance est très conviviale et on se sépare avec Sylvain après avoir trinqué une dernière fois. Par contre, c’est plus compliqué ensuite pour moi car il n’y a plus de transports en commun pour rejoindre mon hôtel qui est à une heure de marche et je ne suis pas très motivé pour faire le trajet à pied. Finalement je prends un taxi en pensant que ce ne sera pas très cher car le coût de la vie en Bulgarie est bien plus bas qu’en France mais les taxis sont en tarif de nuit et je vois le compteur qui s’incrémente à toute vitesse, confirmant définitivement que j’ai fait un mauvais choix de logement, je m’en souviendrai pour les prochaines fois.

Jour 14 (01/10/2022)

Le matin, j’ai rendez-vous dans le centre de Sofia avec Lilyana, l’épouse de mon cousin Louis et originaire de Bulgarie, qui passe quelques jours dans la capitale avec sa famille. Je prends le tramway qui a un système très pratique pour payer le trajet directement avec sa carte bancaire sans impression de ticket et le contrôleur peut vérifier le paiement directement sur la carte. Je profite d’être en avance pour me promener dans la ville en direction de notre lieu de rendez-vous. Les rues de Sofia sont aérées avec des rangées d’arbres de chaque côté et la vue sur les montagnes que l’on aperçoit à de nombreux coins de rues donnent un air de rafraichissement.

On se retrouve avec Lilyana et nous déambulons dans les rues principales en visitant l’intérieur des nombreuses églises orthodoxes qui se trouvent sur le chemin. Il y a également les vestiges d’une ancienne cité romaine découverts lors de travaux pour agrandir une ligne de métro et qui sont accessibles à tous les passants soit en étant protégés par une verrière ou bien tout simplement à l’air libre où l’on peut s’y promener en imaginant la vie des occupants à l’époque. Au milieu de ces ruines se dresse une petite église médiévale en pierre, visiblement la Bulgarie est un pays chargé d’Histoire.

Lilyana me fait découvrir les spécialités locales pour le petit déjeuner avec des pâtisseries salées qui sont très proches des burecks et pitas mais que l’on appelle autrement ici et aussi une boisson sucrée dénommée Boza, qui est à base de céréales mais qui emporte moins mon enthousiasme. On se quitte sur les coups de midi car Lilyana a peu de temps à passer avec sa famille mais elle me donne de nombreux noms de plats typiques et de bonnes adresses à tester, on se reverra à mon retour !

Petit déjeuner bulgare avec Lilyana

Je continue de me balader dans les grands parcs en périphérie du centre puis je prends une salade Shopska constituée de concombres, tomates, fromage et oignons pour équilibrer avec le copieux dîner de la veille. Puis je rentre à mon hôtel faire une sieste, lire et alimenter mon blog qui trouve un certain intérêt auprès de mes proches pour mon plus grand plaisir.

Je reviens en fin de journée dans le centre avec ma moto cette fois-ci pour éviter une grosse dépense en taxi et je reparcours les rues de la capitale qui me sont désormais plus familières. Puis je dine en essayant une soupe froide à base de concombre et un plat de pommes de terre puis je rentre sagement me coucher après une nouvelle session de blog.

Cathédrale Saint-Alexandre-Nevski à Sofia

Jour 15 (02/10/2022)

 Je quitte mon hébergement dans la matinée pour rejoindre le camp de motards qui sera ma dernière étape à moto du voyage. Je décide de faire un léger détour pour passer un col à travers des montagnes et la route est très appréciable avec de beaux points de vue sur la vallée et les sommets environnants ainsi que les couleurs d’automne des arbres toujours aussi resplendissants. Je croise de nombreuses personnes qui ramassent des noix mûres tombées au sol et qu’ils chargent dans de grands sacs portés sur leur dos.

Cependant, il y a un vent très fort qui souffle et manque de peu de me déséquilibrer lorsque je fais une pause sur les hauteurs pour prendre des photos. Une fois arrivé au col de Troie à 1500 mètres, on peut rejoindre assez facilement à pied ou même en véhicule un sommet qui culmine à 1600 mètres d’altitude et sur lequel une arche célèbre la libération du pays en 1944 (photo de couverture de l’article). Je fais ma pause déjeuner avec les restes du dîner copieux à Sofia que je partage avec une chienne errante et maigrichonne qui me fait les yeux doux.

Vue grandiose sur la route à proximité du col de Troie avec un vent très fort

Lors de la redescente du col, je profite de ces derniers moments avec ma moto en prenant mon temps pour passer les virages, regarder le paysage et en faisant une sieste dans un champ à l’abri du soleil grâce à l’ombre protectrice de mon fidèle deux roues.

Puis je rejoins le fameux camp de motards « Moto camp Bulgaria » où je vais laisser ma chère moto pour plusieurs mois et continuer en transports en commun. A mon arrivée, je suis accueilli par un petit groupe de motards déjà sur place tandis que le propriétaire s’est absenté.

Tout d’abord je rencontre Noel qui est irlandais, il approche de la cinquantaine et il a visiblement l’habitude de séjourner dans ce camp car c’est lui qui me fait visiter et m’explique les quelques règles comme par exemple il y a des boissons et de la nourriture à disposition dans une cuisine accessible à tous, on peut se servir soi-même et il suffit de le noter dans un carnet pour faire le compte à la fin. C’est entièrement basé sur la confiance et dès le début j’ai ressenti une ambiance de convivialité et de solidarité au sein de ce camp, une certaine camaraderie entre motards voyageurs que j’avais déjà observée lors d’un rassemblement de motards en hiver avec mon père sur le plateau des Millevaches.

Je fais également la connaissance de Daniel et Ana, un couple d’allemands, la trentaine, et qui voyagent avec chacun leur moto, des grosses cylindrées allemandes en trail qui leur permettent de passer par des pistes quand c’est possible.  Daniel est jardinier paysagiste et Ana travaillait en tant qu’ingénieure dans une société qui fournit des équipements médicaux comme les pacemakers. Tous les deux ont démissionné et vendu leur logement juste avant le covid, ils ont voyagé en Europe puis ils ont fait récemment la Turquie et l’Iran mais sont revenus à cause de soucis mécaniques et des difficultés à passer la frontière au Pakistan en raison des inondations. A présent, ils comptent prendre un avion pour Bangkok et voyager en Asie. Daniel me met le doute dans mes objectifs de voyage en me racontant des récits de motards actuellement bloqués en Iran au niveau du passage de frontière avec le Pakistan en raison des troubles dans cette région mais je préfère pour le moment attendre et me renseigner avant de décider, la situation pouvant évoluer.

Puis il y a Patrick, trentenaire allemand également, il travaillait dans une start-up et il avait obtenu des parts dont la valeur avait fortement augmenté et Patrick avait décidé de les vendre pour se financer un voyage d’au moins cinq ans d’après ses estimations. Pour le moment, il voyage en Europe mais il compte aller plus tard en Turquie, en Iran, en Asie puis dans les Amériques.

Enfin, le propriétaire dénommé Ivo, nous rejoint. Il est bulgare et c’est lui qui est à l’origine de ce camp créé il y a de nombreuses années et qui s’est développé progressivement jusqu’à acquérir une renommée internationale car il existe apparemment peu de camps de motards comme celui-ci.

Le camping des motards

Nous nous attablons pour continuer les discussions au sujet de nos voyages passés et futurs autour d’un verre et je prends conscience que mon expérience de voyages est pour le moment bien faible en comparaison de la leur donc je les écoute avec respect et intérêt. Il s’avère que Noel a vécu avec sa famille pendant onze ans sur un voilier et notamment plusieurs années en Indonésie où il a parcouru de nombreuses îles à moto, une Royal Enfield Himalayan. Par contre, nous n’évoquons pas beaucoup le bilan carbone de tous ces voyages et leurs alternatives possibles pour une empreinte plus faible, peut-être parce que les options actuelles ne permettraient pas la même autonomie (électrique) ni la même liberté de mouvement (transport en commun) ni d’aller aussi loin en si peu de temps et en évitant les zones à risque (pas d’avion). Mais nous n’en avons pas discuté donc ce ne sont là que mes simples hypothèses issues de ma réflexion sur ce sujet pour mon voyage. La nuit est fraiche avec un ciel dégagé où scintillent des nuées d’étoiles, je décide d’aller me coucher pour me lever tôt demain afin d’avoir le temps de préparer la suite de l’itinéraire.

Jour 16 (03/10/2022)

J’ai prévu une journée de repos au camp de motards pour prendre le temps de préparer mon sac à dos qui va être mon nouvel et un peu lourdaud compagnon de voyage. Je sais qu’il faut s’alléger au maximum mais pour le moment il m’est difficile de me séparer de certains objets ou vêtements qui me semblent tous être utiles en cas de besoin sur un voyage aussi long. Probablement le fait de porter le sac pendant plusieurs jours m’aidera à redéfinir mes critères de sélection !

En attendant, je passe la matinée à préparer la suite de mon itinéraire et notamment des billets de bus pour traverser le reste de la Bulgarie et rejoindre Istanbul. De toute façon il pleut dehors donc je n’ai pas de regrets à rester à l’intérieur dans un large salon cuisine aménagé au premier étage d’une grange en bois qui est décorée de cartes, photos, drapeaux et autres souvenirs des nombreux voyageurs qui sont passés par ce camp. Il y a même une statue de Lénine qui a été sauvegardée par Ivo, le propriétaire, lors de la chute du bloc de l’Est non pas par idéologie ou nostalgie mais plutôt pour garder une trace de ce pan de leur Histoire nationale. Et pour être définitivement accepté dans cet espace motards, Lénine a dû s’affubler d’un gilet jaune, d’un pin’s et d’anciennes lunettes de protection.

Le salon cuisine aménagé par et pour les motards avec au fond à gauche la statue de Lénine

En début d’après-midi, je pars visiter avec Patrick la ville de Veliko Tarnovo qui fut il y a plusieurs siècles la capitale de la Bulgarie. On se balade à pied dans une enfilade de petites rues pavées situées à flanc de coteaux avec d’anciennes maisons bien conservées. Il y a également des mannequins sculptés en bois et colorés qui représentent des personnages de la vie d’autrefois dans leurs costumes traditionnels.

Nous déjeunons sur place puis nous passons à la station de bus pour que je m’achète un billet en direction de la ville de Bourgas qui se situe au bord de la Mer Noire pour un départ le lendemain.

Centre-ville de Veliko Tarnovo

Sur le chemin du retour, nous faisons des courses pour le dîner, la pluie du matin ayant décalé le départ de Ana et Daniel, ils ont proposé de faire ensemble des burgers le soir au camp avec Noel qui est resté également.

Une fois au camp, le soleil étant revenu je mets à sécher mes vêtements que j’ai lavés cette fois-ci à la machine et c’est bien mieux ainsi. Puis, avec le clan des 5 motards nous préparons les ingrédients des burgers dans le salon cuisine tout en prenant l’apéro et nous savourons ce moment ensemble avant que chacun reparte sur sa route le lendemain non sans nous être échangés auparavant nos contacts afin de suivre l’évolution de chacun.

Le dîner burger du club des 5 motards, à gauche: Daniel et Anna, au centre: Patrick et à droite Noel

Jour 17 (04/10/2022)

Fort heureusement, il n’a pas plu dans la nuit donc ce sera plus simple de faire sécher ma tente avant de la replier pour la stocker avec ma moto car elle est trop lourde à porter et je ne suis pas sûr de pouvoir faire facilement du camping dans les prochaines destinations avec l’hiver qui approche même si j’apprécie ce mode d’hébergement.

Je fais le tri dans mes affaires mais, comme déjà indiqué dans un paragraphe précédent, je ne suis pas trop sélectif préférant tester d’abord avant de trancher. Chaque motard s’en va tour à tour et nous nous souhaitons une bonne route. Je suis le dernier à partir avec Ivo qui m’emmène à la station de bus après avoir fait les comptes et préparer l’entreposage de ma moto. J’étais un peu ému en la quittant après ces deux semaines passées ensemble où elle m’avait vaillamment transporté avec mon paquetage sur de si belles routes, il était temps désormais qu’elle se repose et je la sais entre de bonnes mains et en compagnie d’autres deux roues qui y font également leur hivernage.

Hivernage pour ma moto, c’est à moi de porter mon sac maintenant

Je fais mon picnic à la station de bus où je suis à nouveau sollicité par des chiens errants maigrichons qui me regardent avec envie mais tout en gardant leur distance sagement. Un homme patientant également sur un banc dans l’attente de son bus me demande de garder un œil sur son sac tandis qu’il s’absente et nous échangeons ensuite quelques mots à son retour dans un mélange de bulgare, de russe et d’anglais en espérant trouver des mots ayant des consonances universelles ou alors en cas de difficultés on fait des mimes ou on montre des photos. Je comprends qu’il est carreleur et qu’il voyage dans plusieurs pays d’Europe pour faire son métier, il a une femme et deux filles. Il semble plutôt sceptique sur la politique économique de son pays à cause notamment de la corruption.

Mon bus pour Bourgas arrive, il s’agit en fait d’un minibus, dans l’ensemble confortable et les quatre heures de route se passent sans encombre avec une petite pause. J’arrive dans une gare routière en périphérie de la ville à la fin de la journée et j’en profite pour réserver mon billet de bus pour Istanbul le lendemain. C’est assez facile et il y a une large offre de services avec différents horaires, je m’assure que je puisse prendre le bus au départ d’une station plus proche du centre puis je me dirige à pied vers mon hôtel. La station où nous nous sommes arrêtées est à une bonne trentaine de minutes de marche et cela me donne l’occasion de prendre réellement conscience du poids de mon sac à dos que je trouve bien lourd. Je commence à ressentir des douleurs dans le cou, j’ajuste mes attaches pour mieux répartir le poids du sac tout en espérant que mon corps et surtout mes muscles s’adapteront à ce nouveau mode de transport sinon je devrai me libérer de certains objets ou vêtements moins importants.

Le minibus pour Bourgas

Je rejoins enfin mon hôtel dans le centre, il n’est pas cher mais bien sûr cela a un prix : le logement est vétuste et l’eau est froide mais au moins j’ai une chambre individuelle ainsi qu’une bonne connexion wifi et surtout je suis très proche du centre-ville et de la mer. Je profite des dernières lueurs du jour pour me promener en bord de plage puis je déambule sur une longue artère piétonne et commerçante à la recherche d’un restaurant pour manger un bon poisson grillé. Le centre-ville de Bourgas et le bord de mer est bien aménagé, on y circule facilement à pied et j’imagine que cette station balnéaire doit être très fréquentée l’été mais en ce milieu de semaine au début d’octobre c’est calme, on doit être hors saison comme le chante si bien Cabrel.

Je rentre à mon hôtel assez tôt pour continuer mon blog et je mets mon réveil tôt le matin dans le but de profiter encore de la mer avant de prendre mon bus à midi.

Jour 18 (05/10/2022)

Réveil sans trop de difficultés après une bonne nuit et j’ai hâte de revoir les rivages de la Mer Noire de jour avec le soleil après m’y être promené au crépuscule la veille. J’ai repéré une zone de plage avec des douches extérieurs à proximité donc je décide d’y retourner. Il ne fait pas encore très chaud mais le ciel est bien dégagé et il n’y a pas trop de vent donc je me décide à tenter la baignade. Les premiers pas dans l’eau froide me réveillent définitivement, la pente est faible donc cela permet d’immerger mon corps progressivement pour qu’il s’habitue à la température. Je m’apprête à plonger ma tête lorsque j’aperçois une grosse méduse à proximité et cela me contrarie dans mes envies de natation. Je regarde donc autour de moi à la surface de l’eau avec plus d’attention s’il n’y a pas d’autres de ses congénères puis je me lance en ouvrant les yeux dans l’eau salée afin d’éviter une mauvaise rencontre. Finalement la température de l’eau est supportable après quelques brassées et cela me rappelle mes fréquentes baignades dans des lacs en Bavière et en Autriche.

Vue sur la Mer Noire à la ville de Boursa

Les douches extérieures sur la plage fonctionnent et me permettent de retirer le sel avant de m’essuyer et de me sécher au soleil puis je retourne dans la grande rue commerçante pour faire quelques courses et prendre mon petit déjeuner. Ensuite, je retourne chercher mon sac à l’hôtel et j’attends mon bus à la station. Il s’agit cette fois-ci d’un grand bus d’une compagnie turque et je retrouve la qualité de service que j’avais découverte lors d’un précédent voyage en Turquie il y a 14 ans. Le personnel fonctionne en binôme alternant à tour de rôle la conduite et le service de boissons ou sucreries.

Lors de ce deuxième voyage en bus, je commence à réfléchir aux avantages et inconvénients en comparaison avec le voyage à moto mais ce n’est que le début de mon voyage en bus donc mes impressions seront probablement complétées ou modifiées au cours du temps.

Tout d’abord, le voyage en bus est évidemment moins cher et aussi moins polluant qu’à moto ce qui est non négligeable. Il permet également de pouvoir se reposer, éventuellement lire ou écrire si la route le permet ou consulter ses messages et préparer la suite du voyage. Cependant, c’est un mode de transport passif mis à part la recherche des trajets et la réservation. Ensuite, j’éprouve un peu de frustration en passant par une belle route car même si on peut apprécier le paysage avec les larges vitres, cela ne remplace pas le plaisir de la vue panoramique sur la moto avec une simple visière qui vous sépare de l’extérieur. Sur un deux roues on peut également s’arrêter quand on le souhaite pour prendre des photos, se balader ou même changer d’itinéraire si une route ou un lieu identifié vaut le détour. Par contre, le bus permet de faire de plus long trajet en déléguant la fatigue de la conduite aux valeureux chauffeurs et je m’évite également d’avoir à gérer des réparations de ma moto qui arriveraient forcément sur un long voyage et qui seraient difficiles à effectuer dans les pays que je compte traverser.

Je mets en suspens cette analyse comparative lorsque nous arrivons à la frontière turque.

La suite au prochain épisode !

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Europe

Serbie

Jour 10 (27/09/2022)

C’est forcément subjectif et soumis au hasard de la météo, des rencontres et du temps alloué mais la Serbie est mon coup de cœur de ce début de voyage (en gardant bien entendu un très bon souvenir de la route de Nancy à la Slovénie sous le soleil).

Pourtant, les premiers kilomètres en Serbie ne m’ont pas enchanté, le paysage était plat, le ciel gris et les villages traversés sans réel attrait, j’observais également un niveau de vie plus modeste au vu de l’état d’entretien de la route et des bâtiments. C’était l’occasion de réutiliser mes rudiments d’alphabet cyrillique appris en cours de russe au lycée afin de déchiffrer les panneaux même si pour les principales villes de Serbie il y a également la dénomination en lettres latines.

Les effets du charme de la Serbie ont commencé à opérer dans la ville de Novi Sad lors d’une belle éclaircie alors que je me garais près du centre-ville entièrement piétonisé pour faire ma pause déjeuner, constitué bien entendu de pitas.  En flânant dans les rues, j’ai pu découvrir plusieurs passages couverts comme à Paris avec des boutiques et qui donnent parfois sur des petites places qui servent de terrasses à des restaurant en toute intimité et à l’abri de l’agitation de la ville. Il y a également des balcons élégants avec des balustrades en colonnes ou en fer sur lesquels sont accrochés de nombreux pots de fleurs et le tout protégé par un toit en verre avec des armatures en fer d’un style raffiné.  De l’autre côté de la rive du Danube, il y a une ancienne forteresse d’envergure et bien entretenue qui domine la ville.

Place au bout d’un passage couvert dans la ville de Novi Sad

Je serais bien resté une journée dans cette ville mais je préfère avancer pour faire mon premier jour sans moto à Belgrade, la capitale du pays. J’ai réservé pour l’occasion une chambre individuelle dans une auberge de jeunesse qui est située sur les flots du Danube et légèrement excentrée du centre-ville mais la marche est agréable dans un grand parc avec des voies aménagées pour les piétons et bien éclairées la nuit. Je gare ma moto en face de l’embarcadère qui permet d’accéder à l’auberge et j’utilise mon cadenas pour davantage de sécurité.

Vue sur le Danube et la forteresse de Belgrade de puis mon auberge

Je me dépêche d’installer mes affaires dans ma chambre puis je me dirige à pied vers le centre de Belgrade que je suis impatient de découvrir. Le ciel s’est découvert et projette ses derniers rayons de soleil avant de se coucher, c’est souvent mon moment préféré de la journée où la lumière est la plus belle et donne une tonalité plus chaleureuse au paysage. La vue sur la vielle ville étant barrée par des péniches, je me précipite dans l’une d’entre elle en commandant une bière afin de pouvoir profiter du spectacle.

Puis j’emprunte le pont traversant le Danube et, instinctivement, je me dirige vers la forteresse qui se situe à l’extrémité nord de la ville et qui surplombe la jonction de la rivière Sava avec le fleuve du Danube. Le soleil a disparu mais une ligne orangée apparait encore à l’horizon, le chemin longe les remparts illuminés par des projecteurs dans un grand parc isolé des voitures. Il y a de nombreux passants qui se promènent ou s’installent sur un banc ou sur la muraille afin de profiter de la vue en silence ou en parlant doucement, sans doute subjugués comme moi par la beauté du spectacle. C’est un lieu de rendez-vous idéal pour les amoureux de cœur ou de la nature avec ses contrastes entre les lumières des projecteurs et l’ombre derrière les remparts, avec de multiples ouvertures pour accéder à cet espace magique mais protégé par de hautes et épaisses murailles. Serait-ce une métaphore de la vie avec ses moments de joie mais aussi de difficultés de tout ordre où il faut trouver l’accès pour les surmonter quitte parfois à les contourner pendant un certain temps ?

Peut-être mon imagination débordante me joue des tours et si vous venez vous n’aurez pas la même impression, surtout avec l’effet de surprise en moins après ce descriptif mais je vous invite quand même à découvrir cette ville si vous en avez l’occasion.

Ensuite je reviens dans le monde moderne en parcourant de larges avenues piétonnes mais sans grands intérêts avec des magasins ou restaurants au style universel moderne avec peu de monuments historiques. Belgrade a été malheureusement conquise et détruite de très nombreuses fois pendant les siècles passés, étant un point clé pour sécuriser ou étendre les empires à proximité. Je découvre néanmoins la présence de plusieurs cafés et bars au détour de certaines ruelles qui pourraient être sympathiques à fréquenter si j’étais avec des amis, j’essayerais d’en tester demain mais pour cette journée j’ai besoin désormais de me reposer et je rentre à l’auberge.

Jour 11 (28/09/2022)

Le lendemain, pour la première fois depuis le début de mon voyage je n’ai pas à changer de lieu d’hébergement et c’est bien pratique. J’en profite donc pour flâner dans Belgrade de jour avec un point de destination finale à visiter, comme par exemple la monumentale église Saint-Sava qui est excentrée au sud de la ville, et je me laisse guidé par ce qui attire mon regard sur le chemin : une ruelle ombragée, un monument historique, un parc, une manifestation… Cela me permet de découvrir plusieurs cafés ou restaurants chics et branchés à l’écart des grandes avenues, j’en repère notamment un qui me plait bien et qui est proche de la forteresse, j’y retournerai le soir pour boire un verre après ma balade sur les hauteurs de la forteresse.

Eglise Saint-Sava de Belgrade

Je rentre dans l’après-midi pour faire un nouveau lavage à la main de mes vêtements encore peu concluant et je profite du soleil pour les faire sécher dans le parc avec ma tente tout en lisant un livre. Puis, je fais une petite sieste avant de continuer mon blog et je m’offre ensuite une bière en récompense sur la terrasse de l’auberge sur le Danube.

En début de soirée, je me dirige à nouveau dans le centre-ville à pied en mangeant une pita qui me restait de mon déjeuner. Je longe à nouveau les remparts de nuit dans une atmosphère toujours aussi poétique puis je vais dans un bar que j’avais repéré dans l’après-midi. Il y a déjà du monde et comme je suis seul on m’indique une table haute et ronde qui est partagée avec d’autres petits groupes. Je commande un verre et j’observe la clientèle autour de moi en me demandant si je vais réitérer une tentative de discussion comme à Ljubjlana. Ce sont visiblement tous des serbes, il y a un groupe de trois jeunes filles à ma gauche et deux binômes d’hommes à ma droite mais je ne me sens pas très inspiré donc je sirote mon verre tranquillement. Les groupes autour de moi changent et lorsque je m’apprête finalement à partir, j’entends à ma droite un couple parler en anglais pour demander le menu, je saisis l’occasion pour leur tendre le mien et échanger quelques mots. Je sens qu’ils sont ouverts à la discussion et nous nous présentons. C’est un jeune couple de turcs qui se sont mariés il y a quelques mois et ils passent une semaine de vacances à Belgrade et dans les alentours. Le mari s’appelle Kaan, il vient tout juste d’avoir trente ans et il travaille dans le transport maritime, sa femme s’appelle Ecem et elle est pianiste. Nous discutons de nos impressions sur Belgrade, de la vie dans nos pays respectifs et de nos projets. Le courant passe bien et nous reprenons un verre ensemble. Je leur indique mon intention de passer en Turquie et ils me font des suggestions de villes à visiter, notamment la leur, Bursa, qui pourrait être une étape intéressante entre Istanbul et Ankara : à suivre !

Nous nous quittons après avoir échangé nos contacts Instagram (c’est désormais la norme et cela permet d’en savoir un peu plus sur la personne et de suivre son activité) et en faisant une petite photo souvenir en espérant se revoir.

Ecem, Kaan et moi-même dans un bar de Belgrade

Je retourne à pied vers mon auberge, satisfait de cette belle rencontre par un heureux hasard. Sur le chemin, de l’autre côté de la rive du Danube, je longe des péniches qui sont très animées malgré le fait que nous ne sommes que le mercredi soir et je me décide d’aller sur l’une d’entre elle, attiré par la musique rock qu’elle émet. Il s’agit d’un groupe de jeunes musiciens serbes qui reprennent des grands classiques anglosaxons mais aussi des chansons serbes qui semblent très populaires également. L’ambiance est survoltée avec un jeune public serbe plein de vitalité à l’image du groupe de rock et je passe une très bonne fin de soirée à bouger au rythme de la musique tout en me joignant aux acclamations du public.

Au bout d’une heure, le concert prend fin et cette fois-ci je rentre me coucher même si les péniches continuent de diffuser de la musique à tue-tête : ils sont fous ces belgradois !

Concert de rock sur une péniche à Belgrade

Jour 12 (29/09/2022)

Je quitte Belgrade pour une longue étape à moto de plus de trois cents kilomètres car je me suis finalement décidé à faire un détour d’une centaine de kilomètres afin de découvrir les gorges des Portes de Fer sur les conseils d’un ancien collègue. Et, en effet, je ne vais pas être déçu.

Je rejoins assez rapidement la campagne et les paysages sont agréables à observer, surtout sans la pluie cette fois-ci. Par contre, il n’y a qu’une seule voie avec beaucoup de poids lourds donc le trafic est ralenti. Puis, lorsque la route rejoint et longe le Danube avec la Roumanie sur l’autre rive, le spectacle est grandiose avec les fameuses gorges des Portes de Fer qui sont impressionnantes. Et, comme c’est la basse saison qui commence et que la route ne passe pas par des villes importantes, je croise très peu de véhicules. Je retrouve les sensations de liberté et d’euphorie grisante comme sur la route des premiers jours en France, en Bavière et en Autriche.

Les gorges des Portes de Fer

J’arrive dans un camping à la ferme proche de la frontière bulgare, du côté de la ville de Negotin. Je suis le seul client et je suis accueilli par le fermier avec un verre de Slivovitz ou un équivalent, puis un deuxième verre comme j’ai terminé un peu trop vite le premier, pensant faire honneur à mon hôte. J’installe ensuite le campement puis je vais m’assoir au bord du Danube au coucher du soleil, c’est apaisant.

Ensuite, lorsque je sors de la douche, j’aperçois une seconde tente et je fais la rencontre de Tom, qui est parti de chez lui en Angleterre pour rejoindre Istanbul à vélo ! Il a déjà fait six semaines de vélo et il compte arriver d’ici deux semaines. Je suis impressionné car cela demande beaucoup d’énergie et de motivation mais il en est très content. Même s’il a eu quelques galères, dans l’ensemble il a fait de belles rencontres et il a pu faire aussi des pauses dans des capitales avec des amis qui l’ont rejoint pour quelques jours. Tom a démissionné tout comme moi pour faire ce voyage et il pense continuer ensuite plusieurs mois vers de plus lointaines destinations comme l’Asie avec un sac à dos.

Le voyage à vélo est un rêve pour moi depuis de nombreuses années après avoir lu divers récits de voyageurs cyclistes. C’est un moyen de transport qui permet de parcourir de grandes distances à la force de ses mollets en comparaison de la marche et qui représente un défi physique et mental bien plus important que la moto où il me suffit de tourner la poignée de gaz pour accélérer sans difficultés même si cela demande quand même de la concentration et génère de la fatigue au bout de quelques heures. J’ai déjà fait dans le passé quelques voyages itinérants en vélo mais je ne me sentais pas de le faire sur une aussi longue distance jusqu’au Népal. Ce sera pour un autre voyage. En attendant, bravo Tom et go go go !

On dîne ensemble au camping puis Tom part se coucher tandis que je passe des coups de fil et alimente le blog. Demain je passerai la frontière bulgare pour découvrir un nouveau et dernier pays européen !

Tom le cycliste et moi le motard au départ du camping avant de rejoindre la Bulgarie
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Europe

Croatie

Suite et fin du jour 8 (25/09/2022)

Après le passage de la frontière, je rejoins assez rapidement Zagreb pour faire ma pause déjeuner et, bonne nouvelle, le soleil est revenu. Je trouve par chance un parking moto proche du centre-ville et non payant, comme c’est le cas généralement lorsque je visite une ville depuis le début de mon voyage, autre avantage de la moto. Je déambule dans la ville sans trop savoir où aller car je n’ai pas de guides à part mon téléphone. Dès que je trouve une rue ou une place piétonne je suis cette piste car cela mène souvent aux lieux importants à visiter. Je prends un casse-croûte dans une boulangerie et je m’installe sur un banc dans un jardin public puis je monte à pied sur les hauteurs de la ville.
La capitale de la Croatie est intéressante à découvrir mais je n’ai pas de coup de cœur et je ne regrette pas de continuer ma route pour avancer sur l’itinéraire. A peine je suis réinstallé sur ma selle qu’il recommence à pleuvoir et la suite de la route sera à nouveau sans intérêt notable, j’ai hâte de finir l’étape. Je me suis fait plaisir en louant une petite maison à bas prix dans la campagne au milieu des vignobles. Cela me permettra de me reposer, de passer des coups de fils et d’avancer sur mon blog. La propriétaire m’accueille chaleureusement avec des raisins de ses vignes et des pâtisseries locales dont je reparlerai plus tard. Il y a même un poêle à bois qui me permettra de faire enfin sécher mes vêtements lavés à la main la veille.

Ma petite maison louée pour la nuit du côté de Budrovac dans la campagne croate

Jour 9 (26/09/2022)

La nuit dans la maison a été très agréable, j’ai apprécié d’autant plus qu’il pleuvait dehors. Je profite d’une accalmie pour installer mes bagages sur la moto et je reprends la route. Le ciel s’en aperçoit et me tombe dessus avec une pluie continue mais je suis bien équipé et cela ne me dérange pas tant que cela. Le paysage a peu d’intérêts, les villages se ressemblent avec leurs petites maisons individuelles en briques recouvertes par du crépi de couleur fade et, fait remarquable, chaque maison a son petit pont en béton pour enjamber le ruisseau de chaque côté de la route. La gérante de mon prochain camping m’expliquera que c’est en raison des fortes pluies au printemps ou tombées de neige en hiver et ce système facilite l’évacuation de l’eau ainsi qu’il limite les risques d’inondation. En effet, je confirme qu’il y a de régulières averses dans cette région !

Les fameux ponts pour chaque maison dans les villages croates
Je résiste à la pluie grâce aux vêtements de Monique et Philippe et aux sacs poubelles pour mon sac à dos

J’ai prévu une petite étape pour cette journée et je m’arrête dans la ville de Osijek pour déjeuner avant de m’installer au camping qui n’est pas très loin. C’est là que je découvre un plat de la région que l’on appelle Burek en Croatie et Pita en Serbie. C’est une pâte feuilletée en forme de longue saucisse fourré avec, au choix, de la viande, des pommes de terre, du fromage ou des épinards. Mention spéciale au Burek à la pomme de terre qui me rappelle le succulent pâté de pommes de terre de Sancoins que nous avons l’habitude de déguster avec ma famille côté maternel. Après recherches sur internet, ce plat est originaire de Turquie et a été importé dans les Balkans lorsque ces pays faisaient partis de l’empire ottoman. Bonne nouvelle donc je devrais en retrouver sur ma route !

Bureks à déguster

Ensuite, je fais quelques courses et le plein puis j’installe mon campement. Il y a un parc naturel à proximité avec des marais (photo en couverture de cet article) donc je pars me promener à pied étant donné que j’ai du temps mais l’orage approche donc je retourne en vitesse à ma tente pour faire la sieste. Le soir, je rencontre le propriétaire du camping qui est très chaleureux et m’offre à boire une liqueur d’alcool à base de prunes appelée Slivovitz et il me laisse aussi une bouteille de rosé : cela va m’aider à trouver l’inspiration pour le blog.

Rédaction du blog avec l’alcool local

Début du jour 10 (27/09/2022) 

Je pars à nouveau sous la pluie et en suivant une route sans intérêt jusqu’à la frontière serbe pour découvrir un nouveau pays.

Cap à l’Est !

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