Du 27 au 29 mai 2023
L’île d’Ouvéa fait partie de l’archipel des iles Loyautés avec Lifou, Maré et Tiga, situées à l’est de la Grande Terre, et qui sont elles-mêmes inclus dans l’archipel de la Nouvelle-Calédonie. Ouvéa est constituée d’un île principale étroite mais allongée avec une seule route qui la traverse du nord au sud.
Nous longeons encore une fois dans un hôtel très agréable appelé “paradis”, il est situé au sud de l’île et il dispose d’une immense plage de sable blanc et fin, complètement sauvage, l’eau est d’un bleu turquoise transparente magnifique.
Nous prenons nos quartiers dans notre maisonnette après le déjeuner alors que le ciel se couvre. On fait quand même une session PMT avec Amélie juste en face de notre logement. L’eau est limpide mais il y a peu de coraux, c’est du sable nu sur les cinquante premiers mètres puis des algues avec un peu de roche et parfois des coraux. Néanmoins, nous voyons de nombreux poissons qui nagent dans la même direction et proches les uns des autres comme s’ils suivaient une voie de circulation. Puis, lorsque nous apercevons un gros serpent d’eau de couleur noire qui remonte du sol vers la surface, on se dit qu’il est temps de rentrer. A peine nous sommes sous notre toit que des trombes d’eau tombent du ciel pendant plusieurs heures. On reste donc tranquillement à l’abris en profitant de notre logement et du restaurant sur place.
Le lendemain matin, nous avons rendez-vous avec un guide local dénommé Antoine, il va nous faire visiter à pied une “nurserie” de requins tout au nord de l’île avec une petite dizaine de touristes. Il s’agit d’une passe ou d’une petite baie à l’eau peu profonde et plus chaude où les femelles requins viennent déposer leurs œufs après s’être accouplées dans les parages au mois d’octobre.
Nous longeons une superbe plage de sable blanc pour y accéder et Antoine fait de petites pauses pour expliquer l’histoire de l’île d’Ouvéa et ses coutumes ainsi que de nous présenter sa flore.
Il y a la plante “faux tabac” qui permet de créer un remède sous forme de tisane contre la maladie du poisson appelée “la gratte” car elle provoque des démangeaisons sur la peau. Les poissons qui mangent certains types de champignons sous-marins peuvent transmettre cette maladie aux humains qui les mangent. Selon Antoine, pour s’assurer qu’un poisson est comestible sans risque d’être infecté, il faut donner le foie du poisson aux fourmis ou aux chats et, s’ils le mangent, on peut alors déguster le poisson. S’il n’y a pas de chats ou de fourmis à proximité, on peut aussi goûter avec sa langue le foie, s’il y a une petite décharge électrique alors il ne faut pas aller plus loin.
Antoine nous présente également une plante qui peut servir de crème solaire quand on trempe sa tige dans l’eau après avoir retiré les feuilles et qu’on la presse, il en sort en liquide visqueux à appliquer sur la peau.
La zone est infestée de moustiques qui nous dévorent même en plein jour et, pour s’en protéger, Antoine nous coupe des branches de petits arbustes pour se flageller le corps ou celui du voisin.
Antoine nous montre également l’ancienne limite de la plage il y a une quarantaine d’années qui a fortement reculé depuis à cause de la montée des eaux et du réchauffement climatique. En effet, l’île d’Ouvéa est menacée de disparition d’ici quelques décennies.
Nous finissons par arriver à la nurserie et nous apercevons quelques petits requins mais ce n’est pas la haute saison. L’endroit est tout de même magnifique avec ses eaux claires d’un bleu de piscine et il y a aussi parfois de fins bancs de sable qui s’avancent dans la mer comme une jetée naturelle et divise les flots en deux, c’est très beau et cela permet d’avoir un beau point de vue sur la plage.
Ensuite, nous allons déjeuner chez Antoine et sa femme. On entre dans leur jardin par une très belle allée de cocotiers puis ils nous installent sur une terrasse ombragée et ils nous servent de bons produits de leur jardin : salade de choux et bananes sautées en entrée, poissons pêchés le matin même avec du citron, du riz, de la papaye et des aubergines puis du pamplemousse en dessert, un régal et c’est une nourriture saine!
Dans l’après-midi, nous rejoignons un autre guide pour visiter les falaises de Lékiny, au sud de l’île. A cet endroit, l’ile principale de ouvea est séparée d’une autre île appelée Mouly et où se trouve notre hôtel. Les deux îles sont séparées par un étroit passage d’eau de mer qui se transforme ensuite en baie et les falaises de Lékiny bordent la côte est de cette baie. Il y a un pont pour relier les deux terres entre elles.
Avec notre guide et d’autres touristes, nous traversons un bras étroit de la baie à marée basse mais nous nous enfonçons quand-même dans l’eau jusqu’à la taille, voir le bas des épaules pour certains. Ensuite, nous escaladons une échelle en bois qui nous permet d’accéder à un passage creusé naturellement à mi-hauteur des falaises. Il y a des stalactites de roches, c’est très beau et la lumière en cette fin de journée embellit ce paysage en laissant apparaitre la transparence de l’eau et son fond marin peu profond.
Le soleil nous chauffe doublement avec sa réverbération dans l’eau et nous avons hâte de nous baigner. Nous visitons d’abord une grotte a la pointe des falaises qui a été aménagée en chapelle avec une statue de la vierge puis nous descendons d’une autre échelle pour nous mettre à l’eau avec nos masques et tuba.
Nous nous dirigeons vers la pointe où les eaux de la mer se déversent dans la baie. L’eau est peu profonde et il y a un fort courant à cet endroit donc c’est très difficile de nager. Dommage, car la visibilité est bonne et il y a de beaux coraux mais certaines personnes de notre groupe se lèvent parfois pour marcher afin de se déplacer plus facilement, ce qui abîme ces pauvres êtres vivants. Bref, ce n’est pas mon endroit préféré pour faire du PMT mais la balade depuis les falaises est magnifique.
Nous rentrons en fin de journée à notre hôtel, juste à temps pour assister à la fin d’un magnifique coucher de soleil orangé depuis la plage.
Le lendemain, nous allons à la découverte des Pléiades du Nord qui sont un ensemble de petits ilots rapprochés les uns des autres. Nous sommes une dizaine de touristes un peu serrés sur un petit bateau de pêches avec cinq ou six kanaks dont trois jeunes garçons qui semblent être venus pour apprendre des plus expérimentés.
Les kanaks jettent des lignes de pêches en les faisant traîner à l’arrière du bateau pour compléter notre déjeuner mais, après plusieurs allers et venues entre différents îlots, cela mord peut à l’hameçon. Donc ils changent de tactique, ils posent l’ancre et se jettent à l’eau en combinaison de camouflages et un harpon à la main pour les adultes, les jeunes se contentent d’observer les alentours avec leurs masques et tubas tout comme nous les touristes. Les kanaks adorent la pêche et notamment en milieu sous-marin, c’est une grande passion. Pour l’anecdote, Amélie m’a raconté que l’une des premières préoccupations de l’un de ses patients kanaks après une opération de l’œil était de savoir s’il pouvait aller à la pêche sous-marine avec ses copains le week-end suivant.
Les kanaks qui nous accompagnent sont très forts en apnée, ils arrivent à plonger en profondeur et à s’immobiliser au fond pendant un long moment en attendant une opportunité. Généralement, ils visent un banc de poissons pour avoir plus de chances de réussite en restant à environ trois ou quatre mètres donc il faut bien viser tout en restant en apnée, ça ne doit pas être simple. Cette fois-ci, la pêche est bien meilleure et ils ramènent à bord plusieurs poissons au bout d’une trentaine de minutes.
La visibilité est excellente, on croise quelques requins à pointes blanches, il y a aussi quelques gros poissons et les fonds marins sont jolis avec des roches de différentes formes qui ont de nombreuses anfractuosités dans lesquelles peuvent se cacher les poissons.
Puis, nous remontons à bord et notre guide capitaine nous indique qu’il va nous emmener dans un lieu où l’on peut normalement croiser des raies manta! Nous sommes tout excités à l’idée de pouvoir découvrir ces immenses animaux marins et nous espérons qu’elles seront de sorties.
À peine le bateau est arrêté à l’endroit prévu qu’un plongeur kanak nous prévient qu’il y a une raie. Aussitôt, plusieurs d’entre nous sautent à l’eau. J’arrange mon masque et mes palmes à la va-vite et je plonge ma tête sous l’eau à l’affût. C’est un tout autre paysage sous-marin par rapport à ce que j’ai pu faire avant. Les récifs coraliens plongent rapidement à une profondeur inconnue dans un bleu très foncé où percent a peine les rayons du soleil. C’est le grand bleu, on appelle cette chute rapide dans les profondeurs un tombant. Des poissons sortent de ces ténèbres bleues et je vois quelques mètres plus bas une maman requin gris avec son petit qui la suit.
Je continue de nager vers le large avec d’autres plongeurs éparpillés autour de moi et je finis par apercevoir de loin la silhouette d’une raie manta mais elle disparait assez rapidement au loin. C’est impressionnant de nager dans cette masse d’eau bleu sombre qui semble sans fond, on s’attend à voir un animal gigantesque surgir des profondeurs de la mer mais heureusement la présence d’autres nageurs autour de soi rassure.
Ça y est, une raie manta apparait et nage dans ma direction puis continue sur sa trajectoire en passant dessous moi à seulement quelques mètres. Je décide de la suivre car elle avance à faible allure. Ses mouvements sont amples et majestueux, c’est vraiment un animal à part, elle mesure au moins quatre mètres de large et entre deux et trois mètres de long mais son corps est très fin, sa gueule est large et aplatie et se termine par deux protubérances de chaque côté qu’elle peut enrouler ou dérouler suivant son besoin pour ramener plus facilement de la nourriture ou améliorer son glisser plus facilement dans l’eau. La raie manta a également une longue queue en pointe à l’arrière, son corps a la forme d’une soucoupe volante mais très agile avec ses nageoires qui se meuvent gracieusement telles les ailes d’un oiseau au ralenti.
La raie me mène vers un rocher isolé du récif et recouvert de coraux qui sert de “station de lavage” pour les raies manta. Elle y rejoint trois autres de ses congénères et elles tournoient ensemble lentement en passant tout près du haut du rocher. Des petits poissons viennent à leur rencontre pour manger les parasites des raies mantas qui sont sur leurs corps. C’est un spectacle magnifique de les voir tournoyer harmonieusement telle une danse. Heureusement, j’ai pu récupérer une très bonne vidéo d’un nageur de notre groupe, Romain Tesson (avec ce nom de famille, on ne peut faire que de grandes choses !), qui a réussi à rester longtemps en profondeur sans bouger en se tenant au rocher : bravo à lui !
Ensuite, nous nous posons sur une très belle plage d’un îlot des pléiades nord et le groupe de kanak s’occupent de la cuisson des poissons avec du bois et des coques de noix de coco. Ils complètent le déjeuner avec du riz, des bananes grillées, de la salade de papaye, du reste de poissons fumés ainsi que d’une sorte de rillettes. Nous savourons ces plats sur cet îlot paradisiaque avec un beau soleil puis nous reprenons le bateau pour faire une nouvelle plongée le long d’un nouveau récif coralien.
Je suis un des premiers à sauter à l’eau et j’aperçois rapidement au loin trois requins gris dont l’un me semble plutôt grand par rapport à ceux que j’ai vu auparavant, peut-être deux mètres cinquante de long. Ils nagent en profondeur en longeant le récif, la transparence de l’eau permet de les observer à distance et je préfère ne pas trop m’en rapprocher.
Nous longeons ensuite le haut du récif à faible profondeur avec Amélie, Samuel nous suivant derrière. Il y a encore de beaux coraux multicolores et de jolis poissons, je savoure ces moments car c’est probablement ma dernière plongée en mer en Nouvelle-Calédonie. Il y a un passage où tous les coraux sont morts, complètement blanchis, on dirait un cimetière, c’est sinistre. Puis, nous retrouvons des lieux vivants et peuplés de créatures, les trois requins gris rodent toujours le long du récif dans les eaux profondes, on dirait qu’ils patrouillent. Clairement, le plus grand d’entre eux pourrait tenir dans sa gueule mon avant-bras mais ils restent heureusement à distance de nous et semblent nous ignorer.
Ensuite, nous revenons au rivage en toute fin de journée, la tête plein d’images de ces fonds marins grandioses et des êtres vivant qui la peuplent, c’est sans hésitation ma meilleure sortie en PMT : merci Amélie d’avoir organiser cela!
Nous rentrons à notre hôtel, heureux mais un peu fatigués, la nage en mer prend de l’énergie. Nous dînons tôt sachant que c’est ma dernière soirée avec Amélie car, ensuite, je partirai pour deux jours avec Samuel découvrir une autre partie de la Grande Terre avant de prendre mon avion. Le temps est passé si vite ! Je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer avec toutes ces activités organisées par Amélie et Samuel, je n’avais qu’à me laisser guider et à m’émerveiller de la beauté de cet archipel. Cela fait plaisir aussi de pouvoir partager ces moments ensemble, c’est plus facile à les faire revivre et à conserver leurs mémoires ou alors il faut faire un blog 😉
La nuit est agitée, nos estomacs sont en fusion et nous obligent à faire des visites régulières aux toilettes. Après un petit sondage auprès d’autres participants de notre excursion aux iliades nord, de forts soupçons pèsent sur les rillettes. Nous prenons l’avion le lendemain matin pour rejoindre la Grande Terre. Nous sommes un peu vaseux et les perturbations dans les airs qui secouent l’avion ne vont pas aider à dissiper nos nausées, bien au contraire ! Il nous faudra attendre au moins vingt-quatre heures avant d’être complètement rétablis.
En rejoignant l’appartement, je remplis mon sac avec toutes mes affaires car je n’y reviendrai plus et je dis au revoir à Amélie qui somnole dans son lit en lui souhaitant de se rétablir au plus vite. On se rappellera ces anecdotes avec amusement à nos retrouvailles cet été !