26 mai 2023

Je m’installe dans un nouveau camping en face de la mer juste avant le coucher du soleil, il n’y a personne d’autre. La plage est belle, c’est la marée basse donc je peux m’y promener facilement en passant sous des rochers voûtés avec des racines d’arbres qui pendent dans le vide.

Le lendemain, il fait beau, ce sera plus facile pour ranger mes affaires sans les salir. Je suis plus efficace pour le pliage de la tente deux secondes même si je préfère m’y reprendre à deux fois par précaution.

Ensuite, je règle la propriétaire du camping et je dis au revoir au chat qui était le seul avec moi hier soir puis je pars en voiture. Les kanaks me saluent amicalement de la main lorsque l’on se croise comme dans le nord, qu’ils soient à pied ou en voiture.

La route est en mauvais état avec de nombreux et gros nids de poules, il y a aussi des dos d’ânes étroits et élevés sans toujours être indiqués, j’entends un bruit inquiétant lorsque j’en passe un trop vite, j’espère qu’il n’y a rien de cassé…

Cette région de la Nouvelle-Calédonie semble peu touristique, je n’ai pas vu de restaurants ni de supermarchés ou même un simple snack depuis une cinquantaine de kilomètres et je n’en retrouverai pas avant d’avoir terminé ma boucle dans le sud, une soixantaine de kilomètres plus loin.

Je m’arrête à la tribu de Goro dont le nom désigne à la fois le groupe d’individus kanaks qui sont rassemblés autour d’un chef et de plusieurs familles mais aussi le village dans lequel ils habitent. Celui-ci est situé en bord de mer, il y a quelques habitations, un terrain de sport et un grand hall en bois qui semble servir de marché aux habitants. Il y a aussi des sapins très hauts et très fins avec des branchages clairsemés.

La tribu représente un lien social très important pour les kanaks, ils vivent plus ou moins en autarcie avec leurs fruits et légumes du jardin en plus des prises de la chasse ou de la pêche. Ils ne cherchent pas à produire davantage pour vendre leurs excédents et il y a donc peu de fruits et légumes locaux disponibles dans les grandes surfaces ou alors à des prix élevés.

Un peu plus loin, je découvre la cascade de Goro qui est très belle avec ses roches rouges.

Ensuite la route de terre rouge suit le bord de la mer sur plusieurs kilomètres, je ne croise quasiment personne. Parfois, je me demande si je suis sur la bonne route au vu de son état mais de toute façon il n’y en a qu’une. Parfois, des sortes de barrières de sécurité improvisées par les habitants avec ce qu’ils ont sur la main sont installées sur la route : des pierres, un pneu, un pare-chocs de camion…

Je traverse quelques passages à niveaux avec une fine couche d’eau, le paysage devient aride avec des petits arbustes secs et des montagnes rouges et rocailleuses. Depuis un point de vue, je peux apercevoir la célèbre « île des Pins », réputée pour ses plages paradisiaques et une piscine naturelle intérieure. Il y a des récifs et des îlots coraliens un peu partout, cette zone est protégée et classée à l’UNESCO pour sa biodiversité, le lagon sud.

Il est bientôt midi, beaucoup de salariés en pick-up semblent pressés de rentrer chez eux ou de déjeuner et ils sont une bonne dizaine à me doubler successivement sur une route étroite avec des nids de poules. Malheureusement, je roule dans l’un d’entre eux un peu trop vite, encore un choc dont le son est inquiétant. Je sors pour examiner la voiture et j’aperçois avec dépis une assez grosse éraflure sur le bas du pare-chocs avant, la peinture est enlevée, difficile de faire mine qu’il ne s’est rien passé. Ah le con, j’aurais dû faire plus attention, cela risque de me coûter cher !

Cette mésaventure me refroidit, j’ai le choix à une intersection entre continuer de longer la côte sud sur une route que peu de voitures empruntent et qui est signalée avec beaucoup de nids de poules, quand j’avance sur quelques dizaines de mètres j’aperçois un passage à niveau avec plus de profondeur d’eau que ceux que j’ai traversés auparavant donc je décide de ne pas prendre plus de risques et je continue sur l’autre route à l’intérieur des terres qui me fait terminer plus rapidement ma boucle.

Après avoir fait mes courses pour le déjeuner, je remarque une trace de liquide sous la voiture, il y a une légère fuite de liquide, ah la la c’est pas bon. Cela me convainc d’abréger ma balade. Je fais un pic-nic en bord de mer sans trop regarder le paysage puis je rentre sur Nouméa. Je décide de jouer la franchise à moitié en prévenant que j’ai touché le parechoc avant mais sans parler de la fuite, on verra bien s’ils la remarquent. Finalement, ils me font payer une surcharge pour la réparation qui n’est pas très grave mais cela me fait quand même doubler le prix de la location, soyez prudents sur les routes de Nouvelle-Calédonie !