Du 23 au 25 avril 2023
Après Byron Bay, je fais une étape d’une nuit dans la ville de Gold Coast où il y a une célèbre plage dénommée « surfer’s paradise » mais elle n’a de paradis que le nom et d’ailleurs il n’y a pas de surfeurs.
La ville est ultra moderne avec de hautes tours en verre au milieu de larges avenues remplies de magasins où déambule une foule cosmopolite pour acheter, boire et manger mais peu vont se baigner et encore moins surfer. De toute façon, les plages n’ont pas grand intérêt à mes yeux car elles sont étalées en longueur sans relief et balayées par le vent. Bref, j’ai décidé de ne pas y consacrer un article dédié et je vous déconseille de vous y arrêter ou alors simplement pour quelques heures.
On y retrouve quand même toujours la propreté et le bon aménagement côtier de l’Australie qui permet de se promener facilement en bord de mer et je vous mets ci-dessous quelques photos pour vous faire une idée.
Le lendemain, je patiente toute la journée dans mon auberge en attendant mon bus en fin de journée, j’en profite pour mettre à jour le blog et aller chez le coiffeur en demandant toujours la même coupe, classique. Je suis soulagé de quitter cette ville sans charme et je tâcherai de faire plus attention pour les prochaines fois. J’arrive à Brisbane sous la pluie, depuis que je suis arrivé en Australie il pleut très régulièrement en alternant brusquement avec le soleil, il faut toujours avoir un vêtement de pluie sur soi même si le ciel est bleu car la météo peut changer très rapidement, c’est comme en Bretagne.En arrivant à mon auberge, on me dit que je ne peux pas y entrer car c’est pour les jeunes de dix-huit à trente-cinq ans et j’ai tout juste trente-six ans depuis un mois. J’essaye de négocier mais le réceptionniste reste inflexible, heureusement il y a d’autres auberges à proximité. Cet épisode me donne un coup de vieux, je suis passé dans la tranche supérieure et je me demande parfois si ce type de voyage est de mon âge en voyant les autres pensionnaires des auberges qui sont en majorité plus jeunes, voir très jeunes notamment en Australie. Mais bon, chacun fait sa vie et pour moi c’était le bon moment, aucun regret.Finalement, ma nouvelle auberge est très sympa, elle a une vue géniale sur la ville de Brisbane avec ses tours du centre d’affaires illuminées le soir et il y a une immense terrasse avec piscine. La cuisine commune est dans les mêmes proportions, je recommence à me cuisiner des plats, très basiques pour le moment à base de pâtes et de sauce tomates et le midi c’est picnic. Je connais désormais les principales chaines de supermarché et je commence à identifier les produits locaux qui me correspondent, ça me change de la street food en Asie.
Le jour suivant est férié pour les australiens afin de rendre hommages aux forces armées du pays et aux anciens combattants. C’est le ANZAC day (Australian and New Zealand Army Corp). La date du 25 avril a été choisie car c’est le jour du débarquement de ce corps armée dans les Dardanelles (désignée comme la bataille de Gallipoli par les australiens) lors de la Première Guerre Mondiale avec pour objectif final de conquérir Istanbul pour prendre à revers les forces de l’Axe. Mais ils durent abandonner après de nombreux mois de combats meurtriers face à la résistance acharnée des turcs sous le commandement de leur future leader Atatürk.
J’arrive dans le centre-ville en plein préparatif pour le défilé, il y a de nombreux groupes disparates : des militaires en uniformes de tous types avec notamment des kilts, des anciens combattants en civils arborant leurs médailles militaires et accompagnés parfois par de la famille, il y a également des fanfares et de jeunes écoliers, tous en uniformes, des infirmières.
Le défilé commence sous le soleil et les applaudissements de la foule qui est nombreuse puis, une faible pluie tombe par intermittence mais les spectateurs restent en place et continuent de taper dans leurs mains, le flegme australien.
Je suis le défilé à pied pour découvrir en même temps le centre de Brisbane qui est moderne et qui a, comme à Sydney, de grands espaces pour les piétons et de la verdure.
Puis, je visite le jardin botanique qui est très agréable avec ses nénuphars et ses dragons d’eau.
Ensuite, je continue la visite en traversant la rivière Brisbane grâce à l’une des nombreuses passerelles piétonnes de la ville et je suis stupéfait de découvrir en plein centre-ville une immense piscine à ciel ouvert qui est accessible pour tous, gratuitement, avec une plage de sable et des palmiers. Clairement, « Paris sur Seine » est un niveau en-dessous et c’est une piscine qui est probablement ouverte toute l’année au vu des températures douces dans cette contrée, même en hiver.
Par contre, en m’éloignant un peu des zones fréquentées et touristiques, je trouve plusieurs campements de fortune dans des parcs avec des caddies qui me rappellent que tout n’est pas idyllique, surtout pour certains et même en Australie.
Yann m’avait indiqué que, pendant le ANZAC day, il était exceptionnellement autorisé de miser de l’argent dans certains bars en jouant à « pile ou face » qui s’appelle ici « heads or tails » (têtes ou queues de derrière). La règle du jeu est simple, chacun peut miser avec une autre personne une somme en liquide dont le montant varie généralement entre cinq dollars et cinquante dollars même si j’ai vu des mises plus élevées. Pour trouver une personne avec qui miser, il faut agiter le billet de la somme que l’on souhaite mettre en jeu en le posant contre son front si on veut parier sur « heads » ou au-dessus de la tête en criant « tails ». Si une autre personne est d’accord pour relever le défi, celle qui a misé sur « heads » garde les billets en attendant le résultat. Ensuite, une personne lance trois pièces de monnaie en l’air à une hauteur supérieure à sa tête et en s’assurant que les pièces tournent sur elles-mêmes puis un speaker au micro annonce quelle est la face qui a deux pièces de monnaies du bon côté et environ la moitié de la foule amassée en cercle autour cris de joie tandis que les autres restent silencieux. Puis, l’argent de la mise revient au vainqueur et le jeu recommence aussitôt dans un joyeux brouhaha. Les billets circulent d’une main à l’autre en toute confiance avec quasiment aucun personnel de sécurité, je ne suis pas sûr que cela pourrait se faire dans n’importe quel pays.
Grâce à un colocataire de mon dortoir, j’ai pu trouver un bar qui organisait ce jeu dans la journée et je suis très content de pouvoir y assister car c’est très amusant d’y assister. Après m’être fait expliquer les règles par un australien, je me lance en me fixant un montant total de mise à ne pas dépasser : vingt-cinq dollars. Je donne mes billets et je les prends à des inconnus en fonction de mon pari, chacun crie son « heads » ou « tails » lorsque les pièces sont lancées en espérant que cela puisse influer mais le hasard reste imprédictible. Une bière dans la main et les billets dans l’autre, je fais le calcul de mes gains et pertes qui évoluent aléatoirement mais il me reste toujours de quoi miser et, finalement, à quatre heures de l’après-midi, quand le jeu est terminé, je me retrouve avec cinq dollars supplémentaires que j’ai largement dépensés en bières. A noter que le jeu fut interrompu pendant cinq minutes dans un silence de cathédrale pour écouter un morceau de trompette en l’honneur des anciens combattants. Puis, le jeu repris de plus belle. Sacrés australiens !
Ensuite, je rentre sagement à l’auberge, je partirai le lendemain matin pour continuer ma découverte de la côte est : à suivre !