Du 3 au 6 mars 2023
Mes deux vols pour rejoindre Hanoï depuis Katmandou se sont bien passés avec une étape dans l’aéroport ultra moderne de Calcutta. J’arrive à 2h du matin à l’aéroport de Hanoï le vendredi 3 juin, le douanier me tamponne sans aucun problème mon visa pour une durée d’un mois puis je propose à un touriste indien de partager les frais de taxi pour rejoindre le centre-ville. Je constate que les routes sont modernes et en bon état avec des feux de signalisation, il n’y a personne sur la route à cette heure matinale donc nous avançons vite.
J’arrive ainsi à mon auberge de jeunesse vers 3h du matin, elle est située près de la « rue de la bière » et il y a encore à cette heure quelques fêtards occidentaux qui trainent dans les rues. De jeunes vietnamiens sont assis sur des tabourets et dégustent une soupe de nouilles servis dans la rue par une jeune femme assisse au milieu de ses marmites. L’ambiance est conviviale, on sent que les gens sont détendus et ils se lancent des plaisanteries d’une table à l’autre, j’observe qu’ils aiment rigoler et je verrai par la suite souvent un beau sourire sur leur visage, loin des stéréotypes que j’avais. Finalement, je prends moi aussi une soupe de nouilles sur un tabouret dans la rue pour profiter de cette bonne ambiance sachant que je n’ai pas réservé de lit pour cette nuit donc je finirai ma nuit allongé dans mon duvet sur un canapé du salon-restaurant de l’auberge comme le gardien de nuit. Je dors tant bien que mal puis je me lève tôt à cause des lumières et du bruit et je pars découvrir Hanoï de bon matin. Je tombe par hasard sur une grande procession de vietnamiens de tous âges avec en tête de jeunes garçons portant à deux un déguisement de dragons et suivis par des tambours puis des dames en costumes traditionnels colorés avec des éventails. C’est très beau et cela me plonge directement dans la culture vietnamienne qui est bien différente de celle du Népal.
Ensuite, je déambule dans les rues du vieux Hanoï qui est remplis de restaurants et de cafés de style plutôt occidental pour les touristes mais il y a aussi beaucoup de gargotes et de restaurants avec des plats typiques du Vietnam qui sont fréquentés par des locaux. Beaucoup de ces établissements disposent des tables basses et des petits tabourets dans la rue, parfois c’est une petite gargote éphémère pour servir un petit déjeuner traditionnel dans des bols avant que les magasins ouvrent. Je teste l’un d’entre eux, le plat est un peu gluant mais appétissant, je suis plutôt sucré pour le petit-déjeuner mais j’aime beaucoup cette ambiance vivante et conviviale avec des choses simples où les gens se parlent et sourient avant de commencer leur journée. Je sens que le Vietnam va me plaire !
Puis je continue ma découverte du centre-ville avec des petits temples disséminés dans les différents quartiers, un lac que l’on peut longer facilement à pied. Il y a beaucoup de deux-roues dans les rues et ils prennent beaucoup de place sur les trottoirs quand ils sont garés mais après avoir fait l’Inde je trouve que toutes les autres villes sont calmes et harmonieuses…
Je visite la cathédrale Saint Joseph de Hanoï qui a été construite par les français à la fin du XIXème siècle dans un style néogothique et elle possède de beaux vitraux. J’arrive pendant une messe donc je peux apprécier tout en visitant discrètement les beaux chants catholiques vietnamiens. Il y a une proportion relativement importante de catholiques au Vietnam (6% de la population donc environ 5 millions et demi de fidèles), notamment du fait que c’est une ancienne colonie française, et je verrai assez souvent des églises lors de mon voyage dans ce pays.
Je reviens ensuite à mon auberge pour installer mes affaires dans mon dortoir, elle est de très bonne qualité pour un prix correct et ce bon rapport qualité prix sera quasiment la norme tout au long de mon séjour au Vietnam, cela se voit que c’est un pays plus développé et plus touristique que les précédents pays que j’ai visités dans mon voyage.
Ensuite, je visite une ancienne prison construite par les français qui est désormais un musée de l’histoire des guerres d’indépendance du Vietnam. Tout d’abord contre les français de 1946 à 1954 puis contre les américains jusqu’en 1975 sachant qu’il y avait également des divisions au sein même du pays entre les communistes au nord et un agglomérat de royalistes, catholiques et bouddhistes au sud ou tout simplement anti-communistes.
Le musée décrit les conditions de détention des prisonniers politiques vietnamiens très dures à l’époque des français et les tentatives d’évasion parfois réussies puis la prison fut réutilisée par les nord vietnamiens pour y enfermer les prisonniers américains, notamment les pilotes dont les avions avaient été abattus lors de bombardements de Hanoï et sa région dans les années 70. Une exposition photo avec de nombreuses explications permet de présenter dans le détail les atrocités commises par les français puis par les américains notamment sur les prisonniers alors que la détention des prisonniers américains est présentée sous son meilleur jour avec du sport, des animations pour Noël avec de grands sourires sur les visages… Pourtant j’ai des souvenirs de détentions dans des conditions tout autant effroyables de prisonniers français et américains dans la jungle mais bon, passons. Par contre, je remarque sur les photos de la population vietnamienne qui a été durement éprouvée pendant cette longue période de guerres qui s’étale quasiment sur trente ans avec des atrocités, des bombardements intensifs, qu’on aperçoit malgré tout quelques sourires sur leurs visages lorsqu’ils déblaient leurs habitations détruites ou lorsqu’ils travaillent dans les champs tout en gardant une arme à proximité et je ne pense pas que cette fois-ci c’est de la propagande mais sans doute une réelle force de résilience collective. Toute la population était sollicitée dans cette lutte d’indépendance et il semble qu’ils gardaient quand même une bonne humeur et surtout une grande cohésion. Quand les prisonniers nord-vietnamiens seront libérés des camps d’internement du sud, ils enlèveront immédiatement leurs tenues de prisonniers pour rejoindre en caleçons leurs camarades du nord, encore une preuve de leur mental combatif.
Le soir, je découvre l’ambiance folle de la « rue de la bière » avec une succession de bars qui diffusent de la musique et qui ont chacun leurs tables en terrasse qui sont remplis de touristes occidentaux et de vietnamiens, c’est très animé ! Je n’y reste pas très longtemps car je n’ai pas fait de connaissances pour le moment et c’est tout de même plus sympa d’y aller à plusieurs. Il y a également plusieurs concerts organisés en pleine rue donc je ne m’ennuie pas.
Le lendemain, je pars en croisière sur bateau pendant deux jours pour découvrir la baie d’Ha Long qui est à environ trois heures de route puis une petite heure en bateau de Hanoï. Je voulais absolument la visiter mais la plupart des agences de voyage proposent des formules assez chers sur des bateaux luxueux, je me serais bien contenter d’un voyage plus simple et moins onéreux avec plus de temps pour nager et faire du kayak mais je manquais de temps pour faire une analyse détaillée et j’avais une opportunité à mon auberge pour partager les frais d’une chambre avec une autre pensionnaire de l’auberge (avec deux lits séparés, je précise) donc j’ai finalement choisi cette option.
Là j’ai découvert le grand sens de l’organisation des vietnamiens qui se confirmera par la suite dans une logistique bien orchestrée et optimisée pour récupérer en bus les touristes à leurs hôtels puis nous déposer au port d’embarcation tandis que notre bus est aussitôt réutilisé pour ramener des touristes à Hanoï. Il en sera de même pour le bateau qui est utilisé dans un roulement de groupes de touristes incessant.
C’est en voyant la nuée de touristes agglutinés dans le port permettant d’accéder à la baie d’Ha Long que je prends conscience que le Vietnam est un pays très touristique et je réalise le plaisir et la chance que j’ai eu de visiter des pays beaucoup moins fréquentés auparavant.
Néanmoins, la croisière est plutôt agréable, le bateau a une taille relativement modeste par rapport aux autres avec une quinzaine de passagers et l’équipage est aux petits soins pour nous, avec Abigale, une anglaise avec qui nous partageons la chambre mais pas le même lit je précise à nouveau, nous nous amusons de cet environnement luxueux où l’on nous sert deux entrées puis deux plats bien présentés comme dans un restaurant haut de gamme.
On fait une petite sortie en canoë puis on se baigne au milieu de la baie mais j’aurais aimé avoir davantage de temps pour faire ces activités et explorer les différents îlots de la baie par moi-même.
Le soir, on sympathise avec les autres voyageurs de la croisière lors de l’apéritif, nous sommes un petit groupe donc c’est plus facile pour faire connaissance et l’ambiance est bonne.
Le lendemain matin, on se lève tôt pour faire un petit cours de taï chi tandis qu’un soleil rougeoyant se lève, la baie d’Ha Long à cette heure est d’un calme apaisant. Nous faisons la visite de plusieurs grottes sur une barque puis notre bateau retourne doucement vers le port, cela nous donne du temps pour continuer d’apprécier la vue sur la baie depuis les nombreux transats disposés sur le pont supérieur.
De retour à Hanoï en fin de journée, je prends un verre dans une rue très spéciale où une voie de chemin de fer passe tout au milieu et le train frôle de très près les consommateurs installés en terrasse, il faut avoir confiance.
Le jour suivant, je visite l’ancienne cité impériale qui était basée à Hanoï avant d’être déplacée à Hué au XIXème siècle (photo de couverture). Puis je rentre à l’auberge pour mettre à jour le blog et je fais la connaissance de Antoine, un jeune belge de 23 ans qui vient tout juste d’atterrir au Vietnam pour un voyage d’une vingtaine de jours. Le courant passe bien entre nous et je lui propose de se balader dans le centre-ville avant de revenir pour le happy hour à l’auberge où les bières sont servies gratuitement pendant une demi-heure. Cela nous laisse le temps d’en boire quelques-unes puis on part dîner dans le quartier avec un bon « barbecue » dans la rue qui consiste en une sorte de réchaud sous une casserole dans laquelle on fait cuire des morceaux de viandes et de légumes trempés dans du beurre et de l’huile. C’est très bon et on accompagne tout cela avec de la bière forcément puis on continue sur notre lancée alcoolisée dans la fameuse « beer street » qui est toujours animée même un lundi soir. Nous terminons la soirée dans un bar plein de touristes occidentaux qui dansent au son de tubes de musiques dans une ambiance survoltée : parfait pour conclure mon séjour à Hanoï !