21/02/2023

Départ : Muktinath 3800m

Arrivée : Tatopani 1200m

Dénivelé : environ 100m sinon quasiment que de la descente et du plat

Distance : environ 18km

Marche : 5h puis 2h de 4×4

Nous partons à l’heure habituelle vers 8h du matin après avoir vu le couple de gallois avec leur guide nous devancer tandis que nous prenions notre petit-déjeuner.

Il fait froid au petit matin et le temps est légèrement couvert avec les nuages qui couvrent la moitié du ciel. Avec Bertrand, on ne s’attendait pas à grand-chose pour cette journée, pensant avoir fait la meilleure partie du parcours mais nous avions encore de beaux paysages à découvrir.

En effet, nous empruntons une route de terre qui devient rapidement un chemin étroit avec un beau panorama sur les montagnes arides de la région du Mustang, on dirait des steppes desséchées.

Paysage aride dans la région du Mustang

Par ailleurs, la présence partielle des nuages offre un beau spectacle d’ombres et de lumières mettant en valeur les reliefs des montagnes. On se tourne de temps en temps pour observer le passage par où nous sommes arrivés depuis le col du Thorung La.

La randonnée est facile et nous arrivons assez rapidement sur la crête de moyennes montagnes permettant d’avoir une vue à 360° sur toutes les montagnes environnantes dont le sommet du Dhaulagiri à 8167m. On en profite pour faire plusieurs pauses et poses photos avec Bertrand, on ne se lassera jamais de ces paysages !

Vue sur la ville de Muktinath et tout à droite le passage par lequel nous sommes descendus du Thorung La

Au moment d’entamer la descente vers la vallée qui nous mènera au village de Lupra, un renard passe devant nous puis s’échappe en courant à toute vitesse. Nous croisons un trekkeur coréen avec son guide, le pauvre a mal à la cheville et il boîte mais il tient à continuer la randonnée et il s’accroche tant bien que mal.

Ensuite, nous atteignons l’immense lit d’une rivière quasi asséchée à cette saison que nous traversons via un pont suspendu puis nous suivons le cours d’eau face à des falaises vertigineuses, c’est grandiose, on ne s’ennuie pas avec ces paysages différents !

L’immense lit de la rivière asséchée avec le pont suspendu

Nous faisons une halte dans le charmant village de Lupra pour déjeuner dans une maison comme si nous étions chez l’habitant et nous y retrouvons le couple de gallois puis le randonneur coréen, c’est sans doute le seul lieu de restauration à plusieurs kilomètres à la ronde. Les enfants de la maison sont scotchés sur l’écran de leur téléphone en zappant d’une vidéo à l’autre et cela éveille la curiosité des adultes autour d’eux.

Puis nous traversons le village rustique de Lupra avec ses maisons en pierres et leur toiture en bois avec des enclos de pierre pour les animaux de la ferme.

Nous retrouvons le lit de la rivière et nous longeons des grottes creusées dans de hautes roches qui servaient de lieux de méditations pour les moines bouddhistes, cela ressemble à la Cappadoce avec ses abris pour ermites et ses chapelles creusées dans la roche.

On aperçoit le village de Lupra sur la droite et les abris creusés dans la roche de l’autre côté de la rivière, sur la gauche

Puis nous rejoignons le lit d’une rivière encore plus grande, tout est immense dans cette région, ce n’est pas la même échelle que le reste du monde. Le vent s’engouffre dans ces larges couloirs de roches et nous décoiffe.

Juste avant d’arriver à la ville de Jomson, nous voyons des hommes et des femmes casser des cailloux au marteau, triste spectacle.

Puis, nous nous arrêtons devant un comptoir de réservation de tickets de bus. C’est le moment de prendre une décision. L’étape du jour a été courte et nous avons du temps devant nous, il est 15h. Nous avons toujours un jour d’avance sur le programme initial et Bertrand est motivé pour faire le point de vue de Poon Hill afin de voir le sommet de l’Annapurna 1. Pour se faire, il faudrait que l’on prenne un moyen de transport afin de nous emmener à la ville de Tatopeni, qui est environ à deux heures de route puis, il resterait normalement deux jours de randonnées assez intensifs avec un fort dénivelé positif le premier jour et une grande descente le deuxième. Une ex collègue l’a déjà fait il y a quelques années mais en prenant plus de temps pour les trajets par la route et le problème c’est qu’à cette heure tardive de la journée il n’y a pas de bus pour Totepani. Il faudrait attendre le lendemain matin. Sinon, il y a la solution du taxi 4×4 mais le tarif annoncé est élevé, plus de 100€ alors que le bus serait dix fois moins cher.

On se concerte avec Bertrand, je sais qu’il a très envie de le faire et il a peu de temps contrairement à moi donc il est davantage prêt à payer ce prix si nécessaire. Il y a également la fatigue physique qui commence à s’accumuler et j’aurais bien fait une petite pause avant d’enchaîner mais bon, je ne vais pas me défiler, on en a déjà fait des randos de bourrins avec Bertrand donc si on est motivés on le fera!

Les prévisions météos pour les prochains jours sont bonnes donc les paramètres sont plutôt favorables à continuer l’aventure pédestre. Reste encore la question du prix, honnêtement je peux me permettre de payer le prix du taxi mais je rechigne un peu car cela ressemble à une solution de transport pour personnes fortunées alors que j’aurais bien aimé essayé la solution « backpacker ». Bon allez, on va négocier le tarif pour voir ce que ça donne, on passe de 15000 roupies à 13000, pas mal. Puis, on se fait rembourser par Dawa les billets de bus qui étaient prévus pour Pokhara ce qui nous permet de descendre à 10000 roupies. Mais on a un doute sur le tarif du taxi et visiblement il y a un monopole dans la ville de Jomson et on ne peut pas faire jouer la concurrence.

C’est là que la magie du hasard des rencontres entre en jeu, deux randonneurs en short avec des bâtons de bambou passent à pied devant nous et nous nous avançons vers eux dans l’idée de leur proposer de venir avec nous quand soudain, ils semblent me reconnaitre. En fait, il s’agit de deux jeunes anglais que j’avais rencontré dans une auberge à Pushkar en Inde il y a plus d’un mois. Ils viennent de passer le col du Thorung La un jour avant nous, quelle surprise ! Je leur explique la situation en précisant que nous sommes prêts de toute manière à payer le taxi mais si ils sont intéressés ils peuvent participer à hauteur de leur budget. Ils avaient prévu de prendre un bus mais qui les emmènerait moins loin donc finalement ils sont d’accord pour partir avec nous et leur participation nous permet au final de payer 7000 roupies donc nous avons quasiment diviser par deux le prix de départ : pas mal 😊

Ça y est, on est parti en 4 x 4 avec les deux anglais et Dawa et, heureusement que l’on a ce moyen de transport car l’état de la route est très aléatoire, il y a des portions bien goudronnées puis des passages en très mauvais état avec des nids de poules qui ressemblent à des trous d’obus et on roule parfois au bord de ravins comme dans la vallée des Kalash au Pakistan, sensations garanties ! On est secoués dans tous les sens mais on en rit comme dans une fête foraine.

Il commence à pleuvoir très fort donc heureusement que l’on est à l’abri.

Photo de groupe dans le 4×4 tandis que l’on est secoués de tous les côtés
Extrait vidéo de notre trajet épique en 4×4

Soudain, notre chauffeur s’arrête car la route est bouchée avec un attroupement. En s’approchant, nous découvrons l’épave d’un bus qui a été précipité en dehors de la route sur un pierrier en surplomb d’une rivière. C’est un spectacle effrayant, heureusement il n’y a eu pas de morts et on se demande comment en voyant l’état du bus, c’est un miracle même s’il y a quand même seize blessés. Apparemment le chauffeur voulait changer la musique et il a perdu le contrôle du véhicule…

Deux tractopelles sont en action pour dégager le bus dont l’un est piloté par un jeune d’à peine seize ans et un autre chaussés de tongs… Mais ils font des manœuvres précises et, petit à petit, ils parviennent à sortir la carcasse de bus du pierrier et à le déposer sur un côté de la route. La circulation est rétablie et nous continuons notre trajet toujours aussi épique.

La manœuvre habile des tractopelles pour sortir le bus du pierrier

Nous finissons par arriver à Totepani sain et sauf en remerciant chaleureusement le chauffeur pour sa conduite experte. Puis nous déposons nos affaires à l’hôtel et nous allons nous baigner dans les sources d’eau chaude naturelles qui cette fois-ci ne sont pas endommagés et heureusement la pluie a cessé, on aperçoit même quelques étoiles dans le ciel. C’est très agréable, on se baigne dans un grand bassin à ciel ouvert avec une eau vraiment chaude, plusieurs népalais y viennent en famille, c’est un endroit sympathique.

Ensuite, on passe notre dernier dîner tous les trois ensemble avec Dawa car il partira le lendemain pour Katmandou. En effet, il était prévu qu’il nous accompagne jusqu’à Jomson puis nous serions autonomes pour la suite sachant qu’il n’y a pas de difficulté particulière si ce n’est qu’il faut marcher longtemps. Le soir, nous dormons tous les trois dans la même chambre avant de se quitter le lendemain après le petit-déjeuner.