19/02/2023
Départ : Siri Kharka 4050m
Arrivée : Thorung Phedi 4500m
Dénivelé + : 600m
Distance : 15km
Marche : 6h
Ce matin, c’est la dernière fois que l’on peut apercevoir le massif du Tilicho, heureusement il fait encore beau et l’air est limpide donc nous pouvons prendre le temps de l’observer en lui faisant nos adieux. Peut-être que c’était en signe d’au revoir qu’une mini avalanche s’est déclenchée sur les pentes du massif du Tilicho, heureusement loin du chemin de randonnée pour accéder au lac.
Nous découvrons les ruines d’un village abandonné sur les hauteurs dominant le village de Khangsar. Cela me rappelle la découverte de l’ancienne ville caravansérail de Kharadaq en Iran qui était complètement désertée et dont les habitations étaient comme figées dans le temps. Qu’est-ce qui a pu être à l’origine de cet abandon ? Pourtant la vue est magnifique mais ce doit être autre chose d’y vivre à l’année.
La zone est fréquentée par plusieurs espèces d’animaux: un troupeau de yaks semble attendre quelqu’un pour leur apporter à manger, il y a également des chevaux qui broutent paisiblement à proximité et, plus loin dans le champ, des mouflons font de même. En haut d’une montagne, des gypaètes se partagent la dépouille d’une bête.
Puis, nous arrivons au niveau du croisement entre la vallée permettant d’accéder au lac Tilicho et celle permettant d’accéder au col du Thorung La. C’est, selon moi, probablement le plus beau point de vue panoramique que nous avons eu pendant ce trek, il permet d’observer quasiment tous les monts et massifs que nous avons pu admirer depuis notre départ. On voit encore le mont Tilicho puis les monts Annapurna 2, 3 et 4, le massif du Manaslu et le mont Pisang et on peut commencer à voir à quoi ressemble la vallée menant au col du Thorung La. Nous faisons une longue pause avec Bertrand et Dawa pour nous imprégner de cette vue, comme hypnotisés et cherchant à la graver dans nos mémoires. Nous prenons de nombreuses photos et vidéos mais cela ne peut remplacer le plaisir de respirer l’air frais tout en appréciant la palette de couleurs, les contrastes de lumière et les reliefs de ces paysages incroyables.
Cela me donne envie d’en savoir plus sur la géologie et la formation de ces différentes roches qui sont parfois situées à des distances très proches.
En regardant la date du jour par hasard, je me rends compte que cela fait cinq mois que je suis parti sur la route depuis mon appartement du Pré Saint Gervais, le dimanche 19 septembre en fin de journée, après avoir laissé les clés à mes locataires pour rejoindre ma famille à Meaux chez ma sœur Maud et son compagnon Ricardo. Le temps passe vite et j’en ai vu des paysages différents et grandioses depuis mon départ: la route ensoleillée de la Bavière et de l’Autriche avec ses lacs et montagnes, la Cappadoce, les déserts d’Iran, la vallée des Kalash au Pakistan, le Rajasthan et désormais le massif des Annapurnas.
Allez, trêve de rêveries, il faut repartir, on a encore un col à 5400m à franchir le lendemain avec nos sacs à dos, cela risque d’être notre journée la plus difficile donc il vaut mieux ne pas trop traîner. Nous entamons la descente dans la vallée puis nous traversons un beau pont suspendu qui nous permet de rejoindre le chemin de randonnée vers le Thorung La.
Puis nous reprenons des forces dans le village de Yak Kharka en mangeant des plats à base de viande de yaks. Je trouve la viande un peu trop sèche bien qu’elle a du goût, il faut la mastiquer longuement.
De retour en marche, nous avons chaud avec le soleil puissant qui nous assomme et l’absence de vent pour nous rafraîchir alors que nous sommes à la mi-février, le réchauffement climatique sévit partout. Notre souffle commence à se faire court alors que nous dépassons 4200m tandis que le soleil cogne toujours.
Puis, le vent se lève lorsque nous montons davantage en altitude et nous empruntons un nouveau pont qui nous fait passer sur le versant montagneux à l’ombre du soleil. Cette fois-ci, nous commençons à avoir froid avec le vent qui ne faiblit pas tandis que le sentier joue avec nos nerfs en faisant des montagnes russes.
Nous arrivons fatigués mais soulagés au camp du Thorung Phedi à 4500m, le souffle court mais pas de mal des montagnes. Le salon restaurant est spacieux, il n’y a personne quand nous arrivons, les chambres sont spartiates mais il y a quand même de l’électricité. Par contre, l’eau est rationnée car elle est portée dans des barils à dos d’hommes ou de mulets comme quasiment tous les vivres du camp !
Le soir, autour du poêle, nous rencontrons un américain de vingt-deux ans qui est venu jusqu’ici en vélo et qui compte passer le passer le col le lendemain : on croise toujours plus fous que soi en voyage!
Allez, il est temps d’aller se coucher vers vingt heures, demain nous nous lèverons à cinq heures pour passer le col pas trop tard dans la matinée afin d’éviter des vents violents suivant les recommandations de Dawa.