Suite et fin du jour 134 (29/01/2023)
Nous sommes serrés comme des sardines dans le train, je comprends maintenant pourquoi le billet était si peu cher. Il y a de fréquents arrêts et j’ai peu de place sur la banquette avec les personnes qui se rajoutent au fur et à mesure mais peu importe, je suis dans le train! Nous traversons à nouveau l’immense fleuve du Gange que j’aperçois à travers les grilles de la fenêtre.
Le voyage en train me permet de réfléchir notamment au sujet de la propreté en Inde, oui il y a de la saleté mais par contre il me semble qu’ils utilisent beaucoup moins d’emballages plastiques que nous et d’ailleurs je n’ai pas vu beaucoup de supermarchés mais ce n’est qu’une impression à confirmer par les chiffres (je mets ici l’extrait d’un des articles que j’ai trouvé sur le sujet mais sans vraiment approfondir le sujet). Les galettes de pain sont cuites sur place, les pots en terre sont jetés mais ils sont rapidement bio dégradables.
“Alors qu’un français produirait plus d’un 1 kg d’ordures ménagères tous les jours, un indien n’en produirait que 100 grammes dans les petites agglomérations. Depuis les 50 dernières années, le volume d’ordures aurait été multiplié par 10 et ce taux de croissance pourrait tripler d’ici 20 ans”
De plus, la plupart des indiens ne mangent pas ou très peu de viandes donc c’est un régime alimentaire moins polluant pour la planète. Un des enjeux importants pour l’Inde à mon avis est la collecte et le recyclage des déchets, il semble aussi que le gouvernement actuel milite pour une Inde plus propre via le mouvement “Swachh Bharat Abhiyan” (Mission pour nettoyer l’Inde) en promouvant l’usage des toilettes publiques, de ne plus cracher par terre…
Mais des problématiques plus concrètes et locales viennent me tirer de mes réflexions car, sur la fin du voyage en train, je commence à avoir très mal au postérieur à cause de la dureté de la banquette donc je suis soulagé d’arriver enfin à Gaya. Ensuite, je prends un tuktuk qui m’emmène dans la ville de Bodhgaya située à une vingtaine de kilomètres.
Là, c’est un changement de décor radical avec des temples bouddhistes à l’architecture d’Asie orientale qui sont à tous les coins de rue et de nombreux pèlerins ou moines en tenue traditionnelle de couleurs orange et rouge bordeaux qui se baladent dans les rues, mélangés à des touristes indiens. En à peine une demie journée, je suis passé d’un lieu saint de l’hindouisme à un lieu saint du bouddhisme, tous les deux très fréquentés.
Bodhgaya est une ville très touristique avec une succession de temples bouddhistes de différents pays: Thaïlande, Japon, Mongolie, Bhoutan, Bangladesh… et ils sont tous à entrée gratuite. Il y a également de nombreuses boutiques de souvenirs, d’ailleurs j’ai souvent pu constater que les marchands ne sont jamais loin des temples quelque soit la religion.
Il y a également une immense statue de Bouddha assis en tailleur, apparemment cela porte chance si on arrive à lancer une pièce et qu’elle reste dans sa main mais peu y arrivent et je n’en fais pas partie.
Ensuite, je quitte la petite ville pour visiter un stupa légèrement dans la campagne, ce qui me permet de voir de beaux paysages bucoliques et toujours aussi verdoyants. Je me promène dans les champs, c’est paisible en cette fin de journée même si les cultivateurs, hommes et femmes, travaillent dur en bêchant le sol avec le dos courbé ou en portant des charges sur la tête (notamment des choux fleurs) pendant que je prends des photos et que j’ai la chance de pouvoir simplement profiter du paysage en pensant à ce que je visiterai après.
Je rentre en prenant un tuktuk car la fatigue de ma longue journée se fait sentir et je dépose mon téléphone avant de me rendre sur le site Mahabhodi qui est gratuit mais les téléphones y sont interdits. C’est à cet endroit que Siddartha développa progressivement sa philosophie et devint Buddha, on appelle cette série d’évènements l’Eveil. Au centre de ce site, il y a une immense pyramide étroite en pierre aux parois raides et avec de nombreuses sculptures. Tout autour des pèlerins bouddhistes en majorité et quelques touristes étrangers ainsi que des visiteurs indiens se déplacent ou s’installent pour prier, c’est impressionnant. Il y a beaucoup de moines bouddhistes en tenue orange et rouge bordeaux, les gens prient en s’allongeant de tout leur corps au sol face contre terre puis se relèvent en joignant leurs mains au niveau de leur torse puis de leur tête et recommencent. Certains se déplacent autour du monument en faisant ces gestes de prière alors que de nombreux passants marchent à côté. J’entends dans la foule des “hums” et des “oh” de méditations et de prières bouddhistes, des gens sont assis et prient dans des tentes minuscules peut-être pour se protéger des moustiques qui sont nombreux en fin de journée ou aussi pour pouvoir plus facilement se concentrer. Beaucoup de personnes récitent les paroles d’un livre ouvert face à eux, il y a des écriteaux à différents endroits du site pour indiquer des lieux où se produisirent des évènements clés de la vie de Buddha. Par exemple, un lac où Bouddha avait l’habitude de prier et où il continua malgré un fort orage donc un immense cobra le protégea de la pluie et des éclairs en l’abritant dans sa gueule ouverte. Ce lac est décoré d’une multitude de fanions colorés, c’est très beau.
Le soleil se couche, des lumières illuminent le monument en alternant des couleurs qui mettent en valeur les formes des sculptures sur la pyramide. Il y a des groupes de moines avec des pèlerins qui chantent en étant assis tailleur alors que l’appel à la prière du muezzin retentit. A cet instant, je me fais la réflexion que l’Inde est un pays de liberté religieuse même s’il y a des critiques qui sont émises sur la présence d’ultras hindous au gouvernement, c’est ce que j’ai constaté dans plusieurs villes.
Quand la nuit tombe, je me dis que j’ai eu une journée très riche en spiritualité avec Varanasi au lever du soleil, haut lieu de l’hindouisme puis Bodhgaya au coucher du soleil, haut lieu du bouddhisme, c’est certainement une des journées les plus marquantes de mon voyage.
Le soir, je dîne avec Monique que j’avais rencontrée à Varanasi et qui m’avait parlé de cette ville, elle est accompagnée de Matteo et Alessandra, un couple d’italiens en voyage en Inde et qui comptent également rejoindre prochainement le Népal. Nous passons un bon moment et nous nous reverrons peut-être pendant la suite du voyage même s’ils partent le lendemain tandis que je compte rester un jour de plus car je m’y sens bien.
Avant de me coucher, je vais assister quelques minutes à un concert sous un chapiteau ouvert à tous, il y a une grande foule de jeunes adolescents très excités qui sautent dans tous les sens. La sonorisation, le décor et les effets lumières sont de bonne qualité et les chansons sont entrainantes mais je ne reste pas très longtemps car il y a beaucoup de poussière dans l’air à cause du sol non recouvert que foulent les nombreux spectateurs.
Jour 135 (30/01/2023)
Tôt le matin, je retourne au temple du Mahabodhi, la lumière sur le monument est superbe, je décide donc de payer pour me faire prendre en photo devant étant donné que les téléphones portables sont interdits et je suis très satisfait du résultat.
Puis, en me baladant tout autour du temple, je découvre des centaines, peut-être même des milliers de moines priant ou méditant. Ce spectacle est impressionnant et magnifique avec leurs vêtements aux couleurs orange et rouge bordeaux illuminés par la lumière du matin. Je reviens voir le photographe qui m’avait pris en photo et je lui demande de prendre des photos de plusieurs endroits que j’apprécie et dont je voudrais garder un souvenir et il accepte de me suivre, je suis très content du résultat. En plus il a vraiment fait un effort de prendre de belles photos en testant plusieurs angles de vue et, au final, il m’a fait un prix, sans doute fier de toutes les photos qu’il avait prises et qu’il ne se voyait pas effacer.
Ce lieu m’impressionne fortement, je ne suis pas trop attiré par la méditation ou la récitation des prières à répétition en se levant puis en se couchant au sol mais je ressens une grande ferveur sur ce site tout en étant paisible. On peut facilement se déplacer ou même s’assoir car il y a de l’espace, on peut s’y rendre plusieurs fois dans la journée car l’entrée est libre, c’est très agréable. Cela me fait penser au Temple d’Or d’Amritsar qui était un lieu très beau et paisible malgré la foule.
Ensuite, je prends un petit déjeuner trop gras avec des samosas froids et des fruits pas mûrs achetés sur des stands de nourriture à proximité du temple, je pense que les fruits étaient destinés à des offrandes plutôt qu’à être mangés…
De retour à mon auberge, je dis au revoir à Monique, Matteo et Alessandra qui s’en vont vers un autre lieu saint du bouddhisme, Kushinagar, où est décédé Bouddha. Je retourne visiter la grande statue du Bouddha en faisant une belle photo avec un groupe d’indiens en tenues traditionnelles. Ce mélange de cultures riches en spiritualité et en couleurs me plait beaucoup.
Sur le chemin, je visite quelques temples bouddhistes de différents pays dont celui du Bhoutan qui est richement décoré à l’intérieur avec de belles peintures.
Puis, je me repose dans ma chambre et je prépare mon voyage au Népal, notamment pour trouver des treks de montagne avec de beaux points de vue tout en étant accessibles à cette saison, je me plonge donc dans les cartes et les revues de guides.
En milieu d’après-midi, je repars à pied vers les champs de culture que j’avais découvert la veille et qui m’avaient beaucoup plu. Cette fois-ci, je vais plus loin en traversant un champ puis un petit village où les habitants me regardent avec curiosité et les enfants viennent à moi avec un grand sourire que je leur rends, parfois en demandant aussi de l’argent que je décline un peu gêné.
En rejoignant la petite route en goudron qui traverse le village, je croise une procession de villageois qui défilent derrière une remorque tirée par un tracteur diffusant de la musique avec des enceintes. Dans la foule, ce sont principalement des mamans et leurs enfants ainsi que de jeunes filles en saris colorés qui dansent tout en marchant avec le sourire. Je les suis pendant quelques centaines de mètres car elles vont dans la même direction qu’un temple bouddhiste que je souhaitais visiter.
Nous rejoignons un rassemblement probablement d’habitants d’autres villages qui dansent sur de la musique par petits groupes de filles et de femmes uniquement tandis que les garçons et les hommes les regardent danser. La foule est nombreuse et joyeuse, on m’apprend que c’est pour un mariage car, comme au Pakistan, l’hiver est la période la plus propice pour ces célébrations avec des températures plus douces.
Le temple bouddhiste a peu d’intérêt et je retourne à travers champs vers mon logement pour déposer mon portable puis aller une dernière fois au temple du Mahabodhi au coucher du soleil. Le spectacle est toujours aussi envoûtant avec un belle lumière de fin de journée puis les éclairages de nuit qui mettent très bien en valeur le monument.
Je dîne ensuite dans un restaurant tibétain avec un bon plat local, appelé “momos”, qui sont des sortes de ravioles asiatiques fourrés aux légumes ou à la viande que l’on trempe dans de la sauce épicée et parfois dans un bol de soupe. C’est très bon et, apparemment, c’est un plat très répandu au Népal donc j’aurais l’occasion d’en goûter à nouveau.
Demain je continue ma route pour rejoindre le Népal d’ici deux à trois jours. A suivre!