Jour 115 (10/01/2023)
Je prends le bus en milieu de matinée à la gare routière juste à côté de mon auberge pour rejoindre la ville de Jaipur dans l’Etat du Rajasthan.
Nous quittons progressivement les tentacules brumeuses de New Delhi pour retrouver les nombreux champs de culture verdoyants et plats du nord de l’Inde, il y a peu de surface non utilisée par l’Homme dans cette région. Le ciel est bleu, des collines commencent à apparaître et la température augmente.
Je rejoins ma nouvelle auberge qui est idéalement située à proximité de la gare routière et, aussitôt après avoir déposé mon sac dans le dortoir, j’en profite pour aller admirer la vue depuis la terrasse sur le toit pendant le coucher du soleil. Comme d’habitude dans les villes indiennes que j’ai traversées, les habitants viennent sur le toit des immeubles pour lancer leurs cerfs-volants dans le ciel, il y en a toute une nuée et les gens mettent de la musique, s’interpellent joyeusement d’un toit à l’autre, c’est amusant.
Ensuite, je pars me promener en ville et je décide de me renseigner sur les locations de motos pour visiter le Rajasthan car cela fait un moment que je pense à retourner sur un deux-roues et la visite de cette région s’y prête bien car les lieux importants peuvent être visités en faisant une boucle en partant de Jaipur. Je me décide rapidement pour le choix du loueur de moto dès le premier essai car les gérants m’inspirent confiance, ils ont l’air sérieux en proposant des équipements de protections et en demandant des garanties, de plus, l’établissement a de bons commentaires sur internet. Enfin, la moto correspond à ce que je voulais, une Royal Enfield Bullet 350 et le prix rentre dans mon budget. Donc je réserve la moto pour au moins une semaine à partir du jour d’après.
Puis, je me promène dans la ville un peu au hasard dans les rues du bazar, je prends mon dîner dans une petite gargote et je continue ma marche jusqu’au Palais des Vents qui est un des monuments iconiques de la ville de Jaipur. Je rentre tôt dans la soirée à mon auberge car j’ai toute la journée du lendemain pour visiter la ville et j’en profite pour avancer sur le blog et passer des coups de fils à des proches.
Jour 116 (11/01/2023)
Ce matin, je reprends le chemin en direction du centre de la ville de Jaipur et je passe à nouveau à travers les rues du bazar. La lumière du jour me permet de mieux apprécier la vue sur de très belles maisons avec des couleurs ocres aux tons jaune, orange et rose. La ville de Jaipur a été fondée récemment par rapport aux autres villes indiennes, au milieu du XVIIIème siècle.
Le temps s’est nettement réchauffé par rapport à New Delhi et je suis à nouveau en t-shirt comme dans le sud du Pakistan et de l’Iran. Je visite l’extérieur d’un temple hindou sur le chemin sans trop savoir si je peux y entrer puis je repasse devant la façade du Palais des Vents qui est magnifique de jour comme de nuit.
En sortant de la visite d’un temple hindou, je suis sollicité par un groupe de jeunes indiens avec qui je prends au moins une dizaine de photos selfies en groupe ou en individuel. Puis, l’un d’entre eux m’invite à les suivre dans la visite du Palais des Vents. Ils sont gentils mais ils se prennent trop en photos ou vidéos à mon goût, parfois même en passant des appels vidéos en direct à des amis pour faire visiter le monument et me montrer en spectacle. J’ai l’impression d’être mené comme une bête de foire et je sens que ma patience diminue rapidement mais je tâche de rester souriant en me prêtant de moins en moins au jeux des photos souvenirs. Le groupe peut difficilement parler anglais donc cela réduit d’autant les échanges et finalement je suis soulagé lorsqu’ils me disent au revoir. Je suis content de faire des rencontres mais j’ai besoin de me sentir à l’aise avec les personnes, de partager des points communs et là, c’était compliqué de pouvoir communiquer.
Ensuite, je visite plusieurs monuments proches les uns des autres dans le centre historique de la ville. Tout d’abord un ancien site d’astronomie pour observer les astres mais aussi un immense cadran solaire qui permet de donner l’heure avec un précision à deux secondes !
Puis, je visite le Palais de Ville qui a une belle collection de peintures sur la vie à l’époque du Maharaja et sur l’histoire des dieux hindous mais, malheureusement, il est interdit de prendre des photos. J’en apprends un peu plus sur l’hindouisme et notamment sur la déesse Devi qui a été créée par tous les dieux hindous afin de combattre une armée de démons qu’elle finit par vaincre. Le dieux Krishna pour sa part a eu 16100 femmes et il avait la capacité de se démultiplier. Mais j’ai encore du mal à y voir clair dans la religion hindoue avec les nombreux dieux qui ont parfois plusieurs noms.
Les costumes et les visages de portraits d’époque me font penser au film Indiana Jones et le Temple Maudit, d’ailleurs, le fort d’Amber que je visiterai le lendemain a inspiré certains décors du film. L’architecture et les couleurs du palais ressemblent beaucoup à l’art moghol. Dans une cour intérieure, il y a de magnifiques portes aux décorations et couleurs représentant le paon.
La ville de Jaipur est très prisée des touristes, en majorité des indiens, sachant que c’est une ville proche de New Delhi mais il y a également beaucoup de touristes étrangers.
La température est douce en ce début d’après-midi, c’est agréable. Je me motive pour rejoindre à pied le fort Nahargarh situé tout en haut d’une colline. On peut y accéder en voiture mais sinon il y a un étroit chemin pavé et sinueux que j’emprunte et qui permet d’avoir une belle vue sur les toits de la ville tout en marchant. D’autres piétons mais aussi, et toujours, des deux roues utilisent ce chemin également.
La vue depuis le fort est belle et il y a quelques jolies décorations dans le palais avec des singes qui se baladent sur les toits. Les murailles s’étalent sur la colline sur de longues distances, cela me parait étrange et je m’interroge sur leur utilité pour couvrir un si large espace. On entend des chants et de la musique venant de la ville et les cerfs-volants commencent à s’élever du haut des toits des habitations.
Je redescends ensuite vers mon auberge et j’assiste à un beau spectacle de ballets de cerfs-volants avec de la musique diffusée par des enceintes et les voisins qui s’interpellent et se chambrent sans doute pour déterminer qui sera le plus habile.
Jour 117 (12/01/2023)
Ce matin, je laisse mon gros sac à dos dans l’auberge et je ne garde qu’un petit sac avec le strict nécessaire pour mon voyage à moto. Je récupère mon véhicule finalement en fin de matinée avec pas mal d’attente pour la préparation de la moto et de l’administratif.
Je profite d’être véhiculé pour aller visiter le fort d’Amber situé à quelques kilomètres au nord de la ville puis je repartirai en sens inverse pour rejoindre la ville de Pushkar. J’essaye de ne pas trop trainer car c’est ma première virée à moto en Inde et j’ai environ cent cinquante kilomètres à parcourir pour cette journée donc je préfère avoir de la flexibilité en cas d’imprévus.
Le fort Amber est immense et on peut voir ses murailles qui s’étendent à perte de vue. Il y a beaucoup de monde pour le visiter. On m’indique un parking en hauteur juste en bas des remparts pour accéder ensuite au fort. A l’intérieur, c’est un labyrinthe, le sens de la visite n’est pas toujours bien indiqué et il y a peu d’explications donc je n’y reste pas très longtemps. En plus, j’ai chaud en marchant dans le fort avec ma veste de motard et mon sac sur le dos.
Puis, j’enfourche à nouveau mon bolide pour rejoindre la ville de Pushkar avant la tombée de la nuit. Je redécouvre les sensations du voyage en moto avec le corps à l’air libre, la vue panoramique mais aussi je suis plongé en plein cœur de la circulation indienne avec ses bruits, ses véhicules dans tous les sens et de toutes sortes. Surtout en traversant les villes et celle de Jaipur est très fréquentée, il y a des tuktuks, des motos, des piétons et des voitures qui se croisent sans arrêt, je croise même un éléphant en plein milieu de la route ! De plus, je suis obligé de faire des petits arrêts pour vérifier sur mon téléphone la direction car ce n’est pas souvent indiqué en ville donc je suis soulagé quand j’arrive enfin à récupérer la route principale pour rejoindre Pushkar, ce sera plus facile ensuite car les directions sont bien indiquées.
Néanmoins, je galère à fixer mon sac sur le siège arrière avec le cordage que m’a prêté la société de location et je passe pas loin de la catastrophe avec la corde qui casse et mon sac qui est retenu miraculeusement par un bout de corde. Finalement, je fixe mon sac sur un petit porte bagage latéral situé sur la roue arrière à proximité des pédales et cela fonctionne, je garderai cette technique tout le long du voyage.
La route est monotone, plate et sans paysage intéressant mais le revêtement est plutôt en bon état et la circulation fluide donc je roule à une bonne vitesse sans savoir à combien car le compteur ne fonctionne pas tout comme celui du kilométrage. A ma surprise, il n’y a pas de péage pour les motos, il y a un passage étroit dédié sur la gauche qu’il suffit d’emprunter, cela me fera des économies 😊
Je commence à fatiguer sur la fin du trajet sans avoir déjeuner et sans m’arrêter pendant quasiment quatre heures. En arrivant sur la ville de Ajmer au coucher de soleil, la vue est agréable avec le lac et des collines avec quelques bâtiments anciens. Ensuite, je prends une route en lacets dans les collines pour rejoindre Pushkar, c’est très jolie. Je galère un peu pour trouver l’accès à l’auberge dans les petites ruelles et je suis soulagé d’y arriver enfin. Pour le lendemain, je m’octroies déjà une journée de repos sans trop de trajets pour visiter les environs.