Jour 85 (11/12/2022)
Le dimanche est un jour chômé au Pakistan donc les rues sont peu fréquentées ce matin et nous circulons facilement dans Karachi avec Ameer et un chauffeur pour rejoindre la ville de Thatta, située à cent kilomètres à l’est.
Sur le chemin, nous visitons les tombes du site de Choukhandi qui ont été bâties pendant la période des moghols entre le quinzième et le dix-huitième siècles. Il ne faut pas les confondre avec les mongoles qui les ont précédés mais il y a quand même un lien puisque le fondateur de cet empire était à la fois descendant de Tamerlan, turco-mongole, et de Gengis Khan. Cette dynastie était initialement originaire d’Ouzbékistan mais sans y régner et elle a également subi des influences perses comme on pourra le voir dans certains monuments. Ils étaient de confession musulmane. A l’apogée de leur puissance, ils régnaient sur les territoires actuels du Pakistan, de l’Inde et du Bangladesh.
Choukhandi signifie « quatre coins » qui étaient utilisés pour porter les cercueils et les installer dans la tombe. Ces tombes sont sous forme de stèles rectangulaires surélevées à la couleur du sable et richement décorées avec de belles gravures. La hauteur de la stèle variait suivant le statut social de la personne et les décorations étaient différentes en fonction du genre: pour les hommes, il y a un turban sur le haut de la stèle et des gravures d’armes, ou de chevaux, pour les femmes, il y a des gravures de bijoux, colliers, bracelets et colliers. Le tournesol est représenté sur toutes les tombes et il était symbole de vie. Il y a également des minarets sur chaque coin de la stèle utilisés comme piliers et des sortes de corniches sur les deux petits côtés du rectangle de la stèle qui symbolisaient les brancards permettant de porter la stèle pour l’emmener au cimetière.
Les stèles sont très bien conservées et très nombreuses sur le site, on peut admirer la finesse des décorations dans un décor à ciel ouvert avec la lumière du soleil au matin qui embellit ces édifices et je vous laisse les découvrir sur ces photos, c’est une visite qui m’a beaucoup plu.
Il y a également des monuments funéraires encore plus grands sous des coupoles soutenues par des piliers pour des familles très importantes.
Nous continuons notre route qui longe la côte et passe à proximité d’un deuxième port maritime avec des industries métallurgiques et du charbon à proximité bénéficiant du soutien de la Chine. Ameer me fait remarquer que le Pakistan offre à la Chine une possibilité d’accéder à la mer d’Arabie où il y a un grand commerce maritime donc c’est un lieu géostratégique de haute importance.
En arrivant à la ville de Thatta, nous commençons par la visite de l’immense nécropole de Makli qui contient près de cinq cent milles tombes édifiées également sous l’ère moghol entre le quinzième et le dix-huitième siècles. Les monuments les plus intéressants sont plusieurs grands mausolées plutôt bien conservés même si les couleurs des peintures ne sont plus très visibles mais la pierre de couleur sable est très belle et les architectures des monuments sont fines et variées.
Après une pause déjeuner dans un restaurant de la ville, nous terminons les visites de la journée en allant à la Mosquée Shah Jahan datant du dix-septième siècle qui a été édifié sur la commande du célèbre empereur moghole du même nom qui est lui-même à l’origine de la construction du magnifique Taj Mahal.
La finesse et la richesse des décorations ainsi que l’architecture de cette mosquée me rappellent avec plaisir l’Iran. Les couleurs sont similaires, néanmoins je découvre de nouveaux symboles sur l’intérieur des toits des coupoles avec des formes plus arrondies mais le résultat est toujours aussi beau. C’est l’occasion également pour moi de découvrir une des méthodes d’enseignement du Coran à de jeunes enfants dans une école coranique (madrassa) située dans l’enceinte de la mosquée qui répètent à voix haute et à l’unisson les écritures sacrées afin de les mémoriser.
Par ailleurs, tout au long de la journée, j’ai droit à plusieurs séances photos avec des passants qui sont heureux de voir un étranger dans leur pays et d’en garder un souvenir. C’est fait avec le sourire et sans être trop insistant donc cela ne me dérange pas, au contraire, je suis content également que ma présence représente pour eux un signe d’intérêt pour leur pays et c’est bien le cas me concernant.
Cette journée fut donc très intéressante mais je me dois quand même d’indiquer que nous croisons régulièrement des groupes de jeunes enfants ou vieillards mendiants à l’entrée de ces sites touristiques tout comme en ville qui me rappellent que la vie est très difficile pour une partie de la population.
Sur la route du retour, Ameer fait arrêter la voiture pour que je puisse facilement prendre en photos les fameux camions pakistanais richement décorés et dont le chargement dépasse de tous les côtés, parfois avec la forme d’un turban.
De retour à l’auberge, je remercie vivement Ameer pour ses services qui m’ont donné une belle introduction au Pakistan dans de bonnes conditions et nous discutons avec lui et son fils ainé, âgé d’une vingtaine d’années, des possibilités de rendre l’activité de Ameer plus visible pour de futurs clients en utilisant notamment les réseaux sociaux. D’ailleurs, si vous comptez aller un jour au Pakistan je peux vous donner ses coordonnées ainsi que d’autres guides basés dans d’autres villes.
Le soir, je dîne à proximité de mon hébergement en choisissant un plat un peu au hasard mais qui contient le mot « chicken » et c’est très bon mais comme j’ai encore un peu faim j’achète un petit beignet frit avec des légumes et du poulet dans un magasin. Le beignet est refroidi donc le goût n’est pas très agréable mais, sûr de moi et gourmant, je le termine et je soupçonne que cet excès de confiance ait eu des effets bien désagréables pour la suite.
A suivre au prochain épisode 😊