Jour 58 (14/11/2022)
Le matin, je me lève assez tôt car un long trajet m’attend en bus et je m’embrouille un peu dans les horaires entre les deux gares routières de la ville d’Ispahan. Je vais à celle du nord où j’étais arrivé en provenance de Kashan et d’où partent les bus pour Chiraz mais, finalement, ils font un arrêt à la gare routière du sud d’Ispahan donc j’aurais pu faire un trajet plus court en bus.
Le paysage qui défile sous mes yeux depuis la vitre est à nouveau désertique avec la route principale qui traverse le milieu d’un large plateau bordé de chaque côté par des chaînes de montagnes aux formes tranchantes. J’aperçois également plusieurs anciennes murailles de terre en ruine le long de la route dont je suppose que certains étaient d’anciens caravansérails. Nous croisons peu de villes ni même de villages sur la route de près de cinq cents kilomètres alors que c’était assez fréquent en Turquie, même dans les régions moins peuplées, et, en effet, l’Iran a une densité deux fois inférieure à celle de la Turquie (qui est assez proche de la France) pour une population totale quasiment équivalente. L’Iran est un pays très étendu, sa superficie est trois fois supérieure à la France métropolitaine pour seulement environ vingt millions d’habitants supplémentaires.
Nous arrivons en fin de journée alors qu’il fait nuit dans la ville de Chiraz après quasiment sept heures de trajet dont une pause déjeuner. Un de mes voisins de bus avec qui j’ai sympathisé me propose d’aller ensemble au métro pour me montrer le chemin. Je le suis donc et nous arrivons sur la seule ligne de métro de la ville mais qui est très étendue et encore une fois propre et moderne. Je remercie mon escorte en descendant à mon arrêt puis je me dirige dans le centre-ville historique où l’on m’a conseillé une auberge. Malheureusement, elle est fermée mais j’en trouve une autre assez facilement sur internet qui a de bons avis et qui est assez proche. Cette fois-ci, c’est bon, elle est bien ouverte et je peux enfin déposer mon sac dans le dortoir. Je file aussitôt pour marcher un peu en ville afin de m’aérer l’esprit après ce long trajet en bus et aussi pour trouver quelque chose à manger.
Je commence par visiter le sanctuaire Shahcheragh qui est situé en plein centre-ville à proximité de mon auberge. Il est ouvert le soir aux fidèles et on me laisse également entrer pour visiter ce lieu qui est très fréquenté. L’intérieur de la mosquée est recouvert de multiples petits morceaux de miroirs comme dans tous les sanctuaires chiites que j’ai visités en Iran. La beauté et la quiétude du sanctuaire ont été malheureusement ensanglantés par une terrible attaque terroriste il y a quelques semaines qui a coûté la vie à une dizaine de personnes. Des prières ont lieu régulièrement sur place en l’honneur de ces victimes avec des photos de leur portrait.
De retour à l’auberge, je discute avec un voyageur tchèque qui est venu plusieurs fois en Iran et qui vient rendre visite à des amis iraniens tout en découvrant des sites qu’il n’avait pas encore vus. C’est sa dernière soirée à Chiraz avant de partir vers le nord de l’Iran.
Jour 59 (15/11/2022)
Aujourd’hui, je prévois toute la journée pour visiter les principaux monuments de la ville de Chiraz et le lendemain, je compte visiter le site historique de Persépolis qui est à une cinquantaine de kilomètres.
Je visite une nouvelle fois le sanctuaire Shahcheragh, ce qui me permet d’admirer dans certaines salles de prière, les couleurs et les motifs des vitres qui se reflètent sur les minuscules morceaux de miroirs incrustés sur les murs et au plafond : c’est magnifique.
Le spectacle des lumières n’est pas fini car je me rends ensuite à la Mosquée Nasir-ol-Molk (ou également appelée « la Mosquée Rose ») qui est très connue pour ses vitres colorées dont les motifs et les couleurs se reflètent au sol grâce à la lumière du soleil. C’est une technique de décoration similaire à ce que j’avais vu dans une riche demeure de la ville de Kashan et il me semble que c’est très spécifique à l’art iranien. Dans cette mosquée, cet art est utilisé à large échelle dans une grande salle dont un côté entier est formé d’arches à colonnes en pierre dont les ouvertures sont recouvertes de vitres colorées soutenues par une armature et des portes en bois. Le dédoublement des décorations sur les tapis est grandiose et j’y reste une bonne demi-heure pour admirer chaque ouverture sous les arches qui a ses motifs et coloris qui lui sont propres.
A l’extérieur de cette pièce, il y a une cour qui a également de très belles colorations murales sur le thème des roses, c’est décidément un lieu très poétique.
Ensuite, je continue mon cheminement à pied pour rejoindre un jardin d’orangers dans une ancienne et riche habitation qui est désormais un musée. Dans le petit palais au bout du jardin, on peut contempler des peintures sur bois au plafond avec de jolies balustrades et toujours des miroirs. Je remarque qu’il y a un peu plus de touristes à Chiraz que dans les autres villes iraniennes avec une proportion importante de russes.
La suite est moins idyllique mais aucune ville n’est parfaite 😊 En effet, comme à Ispahan, la rivière asséchée nous laisse voir son triste lit de pierres et le bazar de Chiraz n’a pas non plus beaucoup d’intérêt architectural à mes yeux, la référence restant pour moi celui de Tabriz de par sa taille et sa beauté.
Après ma pause déjeuner, je découvre un nouveau sanctuaire qui est accessible au public non croyant dans une zone délimitée mais toujours gratuitement. Je suis accueilli par une croyante dénommée Fatima qui s’occupe des touristes étrangers, nous discutons un peu de la religion chiite et des pèlerinages notamment. Fatima m’explique également autour d’une tasse de thé que l’utilisation des petits morceaux de miroirs dans les sanctuaires est à la fois pour rendre hommage au martyr en illuminant le lieu à sa mémoire mais aussi pour faire preuve d’humilité de la part des croyants en évitant qu’ils admirent leur reflet dans les miroirs.
A proximité, se trouve un mausolée cette fois-ci dédié à un célèbre poète perse du quatorzième siècle dénommé Hâfez et originaire de la ville de Chiraz. Un tel monument pour un poète, c’est rare, et il y en a même deux à Chiraz avec celui du poète Sa’adi. Cela montre l’importance de la poésie persane dans la culture iranienne et encore de nos jours. L’édifice est assez sobre avec une simple coupole soutenue par des colonnes qui entoure la tombe du poète situé en haut d’un autel accessible par de larges marches. Le site est grand malgré tout avec un jardin, des boutiques souvenirs et une bibliothèque qui attire ma curiosité d’amateur de lecture.
Je décide d’entrer pour découvrir les livres qui s’y trouvent et je me retrouve face à de jeunes étudiants studieux qui sont attablés pour travailler dans ce lieu propice à la concentration. J’essaye de me faire discret en m’approchant des rangées de livres mais mon visage d’occidental ne passe pas inaperçu surtout avec mon regard qui balaie dans tous les sens cette salle inconnue et une jeune femme s’adresse à moi en anglais, me demandant ce que je fais ici. Je lui réponds à voix basse que j’étais simplement curieux de voir cette bibliothèque, un peu gêné de déranger mais elle me propose gentiment de me montrer quelques étagères de livres en m’indiquant les principaux genres littéraires et auteurs qui s’y trouvent. Nous sommes rapidement rejoints par une dame de l’accueil qui semble ravie de la présence d’un touriste étranger et nous échangeons tous les trois quelques minutes grâce à la traduction de ma guide. Elle s’appelle Sheida et elle suit des cours de graphiste. Nous sympathisons avec Sheida et nous nous proposons de nous revoir le lendemain en fin d’après-midi dans un jardin à proximité.
En ressortant de la bibliothèque, je cède à la tentation d’acheter un livre avec des poèmes de différents auteurs perses, ce qui est en contradiction totale avec mes efforts d’alléger mon sac mais mon insatiable curiosité l’emporte pour en savoir plus sur ces “lettres persanes” qui font visiblement partie de la culture de l’Iran et bien que je ne sois pas un grand amateur de poésie.
En cette fin d’après-midi, je décide de prendre de la hauteur sur une colline à proximité où j’ai repéré depuis la ville quelques monuments sur le sommet donc je suppose qu’ils sont accessibles à pied. En effet, en m’approchant, je découvre des escaliers puis un chemin peu fréquenté qui permet de rejoindre ces monuments et d’avoir une vue à la fois sur les montagnes et sur la ville de Chiraz. Cela me fait penser à la vue sur Grenoble depuis le fort de la Bastille. Je profite du lieu pour faire une pause lecture de mon nouveau recueil de poèmes afin de m’imprégner davantage de la culture locale. Le soleil finit par se coucher en colorant les montagnes et les nuages d’un mélange rose orangé pour conclure cette journée décidément riche en couleurs et en poésie !
Puis, je rentre à l’auberge à la tombée de la nuit en prenant au passage un sandwich crudités avec des falafels qui est une alternative bien appréciée au traditionnel kebap à base de pains et de viandes.
Je retrouve Raju qui vient d’arriver d’Ispahan ainsi qu’un nouveau voyageur russe que l’on peut surnommer « Zon » si je me souviens bien. Nous sommes tous les trois intéressés pour visiter le site de Persépolis qui se situe à une cinquantaine de kilomètres et nous nous mettons d’accord pour louer ensemble un taxi le lendemain. Gijs devrait nous rejoindre à l’auberge le lendemain en passant également par Persépolis, peut-être nous le croiserons.
Jour 60 (16/11/2022)
Ce matin, nous partons en ville avec Raju et Zon à la recherche d’un taxi pour visiter Persépolis alors que le tarif proposé par l’auberge nous semble élevé. Nous nous mettons d’accord avec un premier chauffeur dont Zon avait récupéré le contact mais, en l’attendant, nous trouvons un autre chauffeur qui propose un tarif plus bas donc nous annulons avec le premier, un peu gêné pour ma part. Après une pause petit-déjeuner sur la route où nous avons quelques difficultés de communication avec le gérant du café qui nous parle en nombre d’œufs alors que nous parlons en nombre d’omelettes nous finissons par rejoindre Persépolis sur les coups de midi.
Là encore, nous avons quelques problèmes de communication pour obtenir les tickets d’entrée au bon tarif (ce n’est pas le même pour les touristes étrangers et les iraniens) et nous finissons par arriver sur le site alors que le soleil est à son zénith et qu’il y a très peu d’ombre.
La superficie de Persépolis est très grande mais, comme dans la plupart des sites antiques que j’ai visités, il y a peu de structures qui ont survécu au temps et surtout aux hommes. Concernant Persépolis, c’est surtout l’incendie ordonné par Alexandre le Grand en représailles de celui d’Athènes par les armées Perses qui a causé le plus de dégâts. Il reste néanmoins quelques colonnes et des fondations de murailles pour se rendre compte de la grandeur de l’empire perse à l’époque mais, le plus intéressant, ce sont des escaliers monumentaux en pierre avec des gravures bien conservées de combats d’animaux et de personnages en procession représentant les différentes provinces et les sujets de l’empire venant rendre hommage au roi perse lors du nouvel an perse (« Norouz ») au premier jour du printemps, le 21 mars.
Il y a également des tombeaux des derniers rois de l’empire perse qui sont creusés directement dans la roche sur les hauteurs du site. Au-dessus de la porte accédant au tombeau, on peut apercevoir le symbole de la religion zoroastrienne sous forme d’un vieux sage barbu tenant dans sa main gauche un anneau et ayant de grandes ailes de chaque côté. Le zoroastrisme était la religion de l’empire perse avant la propagation de l’islam avec l’arrivée des arabes, je pourrai vous en dire plus lors de la visite de la ville de Yazd et de sa région qui abritent encore une communauté significative de croyants.
Pendant la visite, nous retrouvons Gijs qui est arrivé en moto depuis la ville de Yazd et qui se rend ensuite à notre auberge dans la ville de Chiraz. Il arrive assez souvent à négocier une baisse du tarif d’entrée dans les monuments en indiquant qu’il est étudiant et, par amusement, nous décidons de négocier également le prix d’entrée pour la visite d’autres tombeaux des rois perses (notamment les plus connus Darius et Xerxès), situés à cinq kilomètres de Persépolis. Nous argumentons auprès du gardien que le tarif nous semble trop élevé car il est identique à celui de Persépolis alors qu’il y a bien moins de choses à voir. Le gardien refuse mais, lorsque nous faisons mines de rebrousser chemin, il accepte finalement de diviser par deux le tarif avec un grand sourire, beau joueur. Bien que le site soit plus petit, il vaut le détour pour ses sépultures monumentales creusées à même la roche avec au-dessus de la porte d’entrée toujours le symbole ailé du zoroastrisme et, au-dessous, une procession de personnages représentant les différentes provinces de l’empire qui portent en triomphe le roi perse au-dessus de leurs têtes. Plus bas également, au niveau du sol, il y a des gravures dans la roche de célèbres batailles remportées par les rois perses en mettant en avant leur cavalerie.
De retour à Chiraz, je retrouve comme prévu Sheida en fin d’après-midi dans un jardin public à proximité du mausolée de Hâfez où nous discutons de nos vies respectives et également de l’Histoire et de la culture de nos deux pays.
A la tombée de la nuit, je rejoins Gijs et Raju à l’auberge pour faire des courses à proximité et préparer le dîner dans la cuisine. Au menu : très bonnes omelettes aux champignons et tomates avec des pommes de terre, du fromage et des concombres.
Jour 61 (17/11/2022)
Pour ce jour, je n’ai pas prévu grand-chose si ce n’est de me renseigner sur les possibilités de me rendre plus au nord dans les montagnes avant de repartir à l’est vers la ville de Yazd qui sera ma prochaine étape. Sinon, l’itinéraire classique me ferait reprendre dans le sens inverse une bonne partie de la route qui m’avait mené de Ispahan à Chiraz. Et surtout, je sens l’appel de la montagne, du grand air, des espaces et des hauteurs avec des points de vue panoramiques. Le fait d’apercevoir les chaines de montagnes depuis la route m’a donné envie de m’en rapprocher pour les découvrir. Donc je vais dans plusieurs gares routières de Chiraz afin de chercher une ligne de bus qui pourrait m’y emmener. Malheureusement, on me répond à chaque fois qu’il n’y en a pas et qu’il faut prendre un taxi mais le tarif est élevé car il y a au moins deux cents kilomètres à parcourir. Je pourrais probablement tenter de faire du stop comme certains voyageurs mais cela me parait un peu trop ambitieux. Je me renseigne donc sur les tarifs de taxis collectifs appelés « savari » vers une destination plus proche en me disant que je pourrais éventuellement y aller à la journée avec Raju et Gijs s’ils sont motivés.
Ces recherches m’ont fait parcourir la ville du sud au nord et m’ont au moins permis de me rendre compte qu’il y a beaucoup de jardins et parcs publics dans la ville de Chiraz et, encore une fois, que les iraniens sont très aimables pour m’aider à trouver mon chemin, m’offrant parfois le trajet en bus.
Je retrouve à nouveau Sheida en fin d’après-midi pour continuer nos échanges dans un parc public à proximité de la bibliothèque du Mausolée de Hâfez où elle étudie, cela nous permet de partager davantage sur nos histoires personnelles et familiales avec nos réussites et nos échecs et de confronter nos avis. Puis, à la tombée de la nuit, je retourne à l’auberge pour dîner avec Raju et Gijs où nous commençons à avoir nos petites habitudes au marché et dans la cuisine.
Raju n’étant pas trop motivé pour faire une randonnée le lendemain, j’abandonne l’option du taxi collectif et je propose à Gijs de suivre un chemin dans des montagnes que j’ai repéré sur internet et qui est accessible à pied depuis le terminus de la ligne de métro. J’aurais préféré allez plus loin dans les montagnes et y rester plus longtemps mais ce devrait être déjà une bonne sortie et c’est plus simple à organiser.
Jour 62 (18/11/2022)
Aujourd’hui, c’est donc l’expédition randonnée sur le mont Derak avec Gijs. Après un petit-déjeuner copieux nous prenons le métro pour aller jusqu’au terminus au nord de la ville. J’emporte avec moi mes bâtons de randonnée car il devrait y avoir un peu de dénivelé. Nous ne prenons pas d’eau en pensant naïvement pouvoir en trouver facilement sur le chemin mais, à la sortie de la station de métro, nous ne trouvons pas de magasins ouverts (c’est vendredi) et nous décidons malgré tout de continuer sans connaitre la difficulté ni la longueur du parcours. En temps normal je ne l’aurais pas fait car je suis un grand buveur d’eau mais je suis trop impatient de gravir cette montagne loin du tumulte de la ville et le temps est plutôt frais.
Le point positif c’est que nous croisons d’autres randonneurs donc nous sommes sur le bon chemin et on peut facilement y accéder depuis le métro sans prendre de risque en traversant la route avec un pont puis un tunnel aménagés pour les piétons. La pente est assez douce pour le début du parcours puis elle se raidit fortement à un croisement de chemins et le terrain devient plus accidenté mais la vue sur les roches jaunes plongeant vers nous est impressionnante : ça y est, on est à la montagne ! Nous empruntons un chemin qui fait de nombreux lacets dans une pente raide afin de monter plus vite au sommet et redescendre par une pente plus douce. Nous ne passons pas inaperçus avec nos chevelures claires et plusieurs groupes de marcheurs nous souhaitent la bienvenue en Iran avec un grand sourire, agréablement surpris de nous voir ici.
On sent que les gens sont détendus et heureux de prendre l’air à la montagne, certains se lâchent en criant ou en chantant et d’autres leur répondent en écho parfois du versant opposé, c’est très amusant. Par contre, la pente est bien plus raide et le dénivelé à gravir bien plus important que nous ne le pensions. Nous mettons quasiment deux heures pour arriver au sommet et la soif se fait sentir cruellement quand nous arrivons à une plateforme qui relie notre chemin à celui qui a une pente plus douce pour redescendre. Il y a des cabines de toilettes et je pose une question faussement innocente s’il y a de l’eau potable à un randonneur ayant un grand sac à dos qui se désaltère devant la vue panoramique. Il me répond que non mais en grand prince persan il nous fait don d’une bouteille d’eau et d’une pomme grenade. Nous le remercions vivement et nous savourons chaque gorgée d’eau et chaque graine du fruit, c’est très rafraichissant. A proximité de la plateforme, légèrement plus bas, il y a deux petites pièces en béton qui peuvent servir de refuges ou de salles de picnic avec des tapis au sol.
La descente est plus rapide et bien plus facile après nous être désaltérés, nous croisons encore de nombreux iraniens en ce jour de week-end, visiblement la randonnée est populaire.
En arrivant devant la station de métro, nous achetons aussitôt de l’eau et un jus de fruit dans un kiosque et nous nous félicitons de cette belle marche qui a duré plus de trois heures pour probablement six cents mètres de dénivelé positif.
Ensuite, je retrouve à nouveau Sheida en fin d’après-midi dans le même parc proche du Mausolée de Hâfez. Nous avons bien sympathisé et nous avons pris goût à nous retrouver quotidiennement pour discuter de tout et de rien même si ce sera la dernière après-midi car je compte partir le lendemain pour la ville de Yazd. Nous devenons des habitués dans ce jardin public et c’est l’occasion pour moi d’observer les gens tout comme ils m’observent par curiosité pour la nouveauté, l’inconnu. Il y a des passants de tous les âges, certains discutent simplement en marchant ou en étant assis sur un banc, d’autres font un picnic sur un tapis, plusieurs jouent au volley, au badminton ou font du vélo et certains se déplacent même en moto en roulant doucement et sans casque, d’un air paisible. Assez souvent nous sommes interrompus dans notre conversation avec Sheida par des inconnus, généralement des hommes seuls, qui sont curieux de savoir qui je suis et bien souvent ensuite ils nous racontent leur propre histoire, sans doute heureux d’avoir un auditoire international. C’est à la fois déroutant et amusant pour moi car cela leur semble tout naturel de s’adresser à des inconnus et voir même de couper une conversation alors que je doute que cela aurait lieu dans un jardin public en France, il semble y avoir moins de barrières virtuelles entre les gens en Iran pour s’adresser l’un à l’autre.
Puis, comme d’habitude, mais cette fois-ci pour la dernière fois, je rentre à l’auberge à la tombée de la nuit après avoir fait mes adieux à Sheida pour prendre un dernier dîner ensemble avec Raju et Gijs avant que nos chemins se séparent le lendemain.
Début du jour 63 (19/11/2022)
De bon matin, je vais chercher du pain avec Gijs dans l’une des nombreuses boulangeries du quartier. Nous en connaissons deux sortes et nous optons pour notre préféré avec une pâte plus épaisse. La pâte à pain est mise sous forme rectangulaire légèrement arrondie sur les angles puis étalée directement sur des cailloux chauffés par un four. En ressortant le pain une fois cuit, il faut faire attention à bien retirer tous les cailloux restés collés au pain sous peine de perdre une dent ! Le résultat est savoureux et il accompagne très bien nos œufs sur le plat avec des morceaux de tomates.
Après le petit-déjeuner nous nous serrons la main chaleureusement avec Gijs et Raju en se souhaitant une bonne continuation de voyage. De mon côté, je pars à la gare routière pour prendre un bus avec pour destination la ville de Yazd. Comme j’ai un peu de temps avant le départ du bus, j’en profite pour aller chez un coiffeur barbier qui est installé dans la gare routière. Alors le résultat capillaire n’est plus la coupe Tintin mais je ne sais pas trop comment l’appeler, avis aux suggestions ! 😉
La coupe surprise 😲, la coupe aventure ou découverte alors 🙂
Du bonheur de la contemplation