Suite et fin du jour 51 (7/11/2022)

Le bus me dépose à la gare routière ouest de Téhéran sur les coups de midi et je décide de prendre un taxi pour rejoindre l’auberge de jeunesse « Hostel Heritage » située en plein centre et que j’ai réservée pour deux nuits. Cela me permettra de progressivement prendre le pouls de cette ville immense dont l’agglomération concentre seize millions d’habitants.

Je négocie un peu le prix du taxi pour un tarif probablement bien au-dessus du standard mais là je préfère jouer la sécurité et puis cela me permettra de découvrir la capitale à l’avant du taxi. D’ailleurs, je profite du trajet pour demander au chauffeur de s’arrêter quelques minutes sur l’immense rond-point devant la tour Azadi afin de prendre une photo de ce lieu symbolique de Téhéran comme la place de l’Etoile avec l’Arc de Triomphe à Paris.

Tour Azadi de Téhéran

La circulation est dense et les véhicules se frôlent à la limite du contact en se doublant les uns les autres et il m’a semblé que certaines voies étaient dédiées aux deux-roues motorisés mais apparemment ce serait des voies réservées aux bus que les deux-roues utilisent pour circuler plus facilement. J’observe attentivement l’extérieur, c’est animé comme dans les grandes villes avec beaucoup de piétons circulant sur les trottoirs, les petites boutiques se côtoient avec de grands magasins.

Mon taxi me dépose devant l’auberge et, en ouvrant la porte, j’entre dans un espace agréable et rassurant, il y a beaucoup de jeunes qui discutent joyeusement autour d’une grande table près de la cuisine partagée et les deux jeunes filles de l’accueil me reçoivent avec un grand sourire. La décoration est moderne tout en ayant une touche d’architecture locale avec un jardin privé situé à l’arrière où coule une fontaine au milieu avec des bancs et des coussins pour se prélasser autour. Je dépose mes affaires dans mon dortoir puis, après quelques renseignements pris auprès de l’accueil, je pars à pied pour chercher à manger dans le quartier. Finalement, je trouve un restaurant qui sert de larges portions de riz avec une sorte de ragoût très bon avec de la viande et des haricots que j’accompagne d’une salade et du pain pour à peine cinq euros.

Puis, je rentre à mon auberge pour me reposer l’après-midi dans le jardin. C’est l’occasion pour moi de rencontrer beaucoup de voyageurs avec des profils et des projets différents, c’est très intéressant et rassurant de savoir que je ne suis pas le seul. Je rencontre notamment Gijs, un jeune hollandais de vingt-et-un an qui a décidé de rejoindre le Népal avec sa moto Honda 500 qu’il a achetée à peine un mois après avoir eu son permis! Il profite d’une longue période de vacances dans ses études pour faire ce voyage. Je suis impressionné par sa témérité et il me raconte son périple de manière très posée avec un grand sourire comme si c’était une simple promenade. Je prends une belle claque et cela me permet de relativiser les défis qui m’attendent pour mes prochaines étapes. On discute aussi de nos itinéraires passés et surtout futures, cela pourrait me donner des idées pour la suite.

Il y a également Ingo, un jeune allemand de vingt-quatre ans qui voyage en bus ou en auto-stop jusqu’en Inde donc nous échangeons également sur nos itinéraires mais aussi sur nos manières de voyager et de partager avec nos proches. Ingo fait des petits clips vidéos avec ses photographies, Gijs met à jour son carnet de bord sur l’application Polarsteps qui est très prisée des voyageurs.

Puis je rencontre la doyenne de notre auberge, Conchita, originaire de Barcelone et qui voyage dans le monde entier depuis qu’elle a pris sa retraite, particulièrement dans des pays peu touristiques alors qu’elle approche des soixante-quinze ans ! Comme quoi, il n’y a pas d’âge pour voyager. Conchita est très ouverte sur les autres et elle fait de nombreuses rencontres comme par exemple ce jour-là, elle avait invité à l’auberge deux jeunes iraniennes qu’elle avait rencontrées au bazar. Je suis bluffé, cette auberge me fait l’effet d’une oasis après plusieurs soirées passées seul à l’hôtel et sans avoir rencontré d’autres étrangers sur mon chemin.

Il y a également quelques iraniens qui séjournent temporairement à l’auberge et aussi des jeunes des pays voisins comme le Pakistan, l’Afghanistan et l’Irak. C’est l’occasion d’en savoir un peu plus sur ces pays que je connais peu car je n’ai pas eu souvent l’occasion de rencontrer des ressortissants de ces pays. Il y a notamment dans ce groupe Azaan, un pakistanais de vingt-six ans qui est très sociable et qui crée beaucoup d’animation dans l’auberge en faisant le lien avec chacun des groupes. De plus, il prépare chaque soir un repas avec ses amis où il invite les autres locataires de l’auberge qui le souhaitent et c’est ainsi que nous partageons un dîner pakistanais (épicé) dans cette auberge de Téhéran avec des pakistanais, des afghans, des iraniens, des irakiens et les quelques européens qui représentent chacun leur pays. Je ne m’attendais pas à un tel accueil !

Premier dîner à l’auberge de Téhéran avec Gijs puis Ingo à ma gauche et Azaan tout à droite

Jour 52 (8/11/2022)

Le matin, l’auberge met à disposition un buffet pour le petit déjeuner qui se compose de tomates, de concombres, de pains, des confitures, d’œufs et du thé disponible toujours à volonté. C’est l’occasion pour moi de faire le plein de crudités ! Je retrouve quelques voyageurs de la veille ainsi qu’un français qui termine son voyage en Iran après deux semaines passées dans le sud du pays sans encombre.

Puis je pars visiter le musée national d’archéologie qui est situé à une vingtaine de minutes à pied de l’auberge. J’apprends à traverser les avenues avec prudence et célérité en observant les autres piétons ou parfois tout simplement en les suivant. Il faut être vigilant car la priorité aux piétons n’est pas vraiment respectée, les conducteurs daignent seulement ralentir un peu à notre approche et c’est au marcheur de libérer le passage.

Je trouve un large quartier piéton à proximité du musée national d’archéologie avec d’autres musées et bâtiments officiels dans des anciens monuments et j’en profite pour en admirer l’architecture sans craindre de me faire percuter par un véhicule.

La visite du musée est intéressante même s’il y aurait pu avoir un peu plus de panneaux explicatifs pour satisfaire pleinement ma curiosité pour la riche Histoire de ce pays donc je complète avec quelques recherches sur internet. Je suis notamment intéressé par la période de l’empire perse sous la dynastie des Achéménides en découvrant des statues du roi Darius puis de son fils Xerxès qui lui succéda et qui luttèrent tous deux contre les cités Grecques lors des guerres médiques au cinquième siècle avant JC. L’une des statues présente le roi Darius auquel il manque malheureusement sa tête mais sur le socle on peut voir des gravures de personnages en dévotion qui représentent chacun un royaume ou une région vassaux de l’empire perse que l’on peut identifier en fonction des habits et des coiffures que les personnages portent. C’est une œuvre qui représente bien selon moi la puissance et de la grandeur de l’empire perse qui atteint son apogée à cette époque.

Dans un deuxième bâtiment, il y a des objets et des œuvres d’art de l’ère islamique avec notamment de nombreuses ornementations en stuc.

Photo du roi Darius dans le musée national d’archéologie de Téhéran

Puis, je prends un déjeuner dans un des nombreux stands de fast food situés dans une rue à proximité du musée où l’on peut manger principalement des hamburgers et des döner kebaps de toutes sortes.

Ensuite, je rejoins à pied le palais du Golestan qui est assez proche, il a servi de demeure aux derniers rois d’Iran mais aussi une partie fut utilisée comme un musée afin d’exposer différents tableaux ou œuvres d’art offertes au souverain. Il est très luxueux avec de nombreuses tapisseries, des miroirs jusqu’au plafond et des meubles en bois très distingués.

Entrée dans les anciens appartements royaux du palais du Golestan

En sortant du palais, je profite pour visiter le bazar de Téhéran qui est juste à côté et je constate les mêmes arches et murs en petites briques comme les bazars des villes iraniennes précédentes ainsi que la même architecture de place carrée avec quatre portes sur chaque point cardinal et la mosquée avec sa coupole derrière la porte au sud.

A proximité du bazar, il y a également de grands centres commerciaux avec des boutiques modernes dans lesquelles on peut visiblement trouver de nombreux articles à la mode.

Le soir à l’auberge, nous dînons à nouveau ensemble avec de nombreux locataires de l’auberge grâce au charisme de Azaan.

Deuxième et dernier dîner à l’auberge, à ma gauche Ingo, au centre le chef Azaan et à droite notre doyenne Conchita

Début du jour 53 (9/11/2022)

Je me lève un peu plus tôt ce matin car je prévois de visiter la ville de Qom avant de rejoindre la ville de Kashan pour y passer deux nuits dans une nouvelle auberge. Gijs a prévu de faire le même itinéraire en moto et je rencontre également Raju, un pensionnaire indien de l’auberge qui prend le même bus que moi et qui prévoit d’aller directement à Kashan.

Cette fois-ci, je décide de tester le métro de Téhéran car il permet de relier rapidement mon auberge à la gare routière du sud. Le métro fonctionne bien, il est moderne avec une bonne fréquence de passage et il n’y pas trop d’affluence à l’heure où je l’utilise donc tout se passe bien. A noter qu’il y a certaines rames dédiées aux femmes.

Lorsque je descends du métro, un agent de sécurité se propose naturellement de m’emmener jusqu’au comptoir de bus à la gare routière où je peux facilement acheter un billet pour un bus partant dans la demi-heure. Je quitte donc la capitale du pays comme je l’ai rejointe, sans difficultés.

La suite au prochain article !