Fin du jour 49 (05/11/2022)
Le route au départ de Tabriz sillonne à travers les montagnes et passe à travers quelques tunnels pour limiter les détours. Cela a bien changé par rapport au récit de Nicolas Bouvier dans « L’usage du monde » qui est bloqué tout l’hiver à Tabriz avec son compagnon de voyage et qui eurent tous les deux bien de la peine à franchir les cols au printemps avec leur vieille Fiat 500 dans les années cinquante.
Puis, les montagnes prennent la forme de dunes de sables, lisses comme en Cappadoce avec différents tons de couleurs rouge, gris et ocre. J’aperçois également par la vitre quelques dromadaires puis des troupeaux de moutons et il y a désormais peu de virages.
A ma grande surprise, le chauffeur me dépose sur une aire d’autoroute en périphérie de la ville de Zanjan et il me fait comprendre qu’il faut que j’utilise la passerelle pour passer de l’autre côté et récupérer un taxi. Je pensais que l’on arriverait dans une gare routière avec un bus reliant le centre-ville ou des taxis à proximité. En plus, le soleil commence à se coucher donc je me presse, j’essaye d’utiliser l’application locale pour réserver un taxi dénommée Snapp mais il n’y en a pas de disponible donc finalement je trouve un taxi sur l’aire d’autoroute qui m’emmène à proximité d’un hôtel conseillé par Nasser et bien situé dans le centre. Je suis soulagé quand je dépose mon sac dans ma chambre et je pars me promener dans la rue centrale. La ville de Zanjan est connue pour la fabrication de couteaux et il y a plusieurs boutiques qui en exposent aux formes et aux tailles variées, il y a également un bazar à l’architecture assez similaire à Tabriz avec des petites briques mais il n’est pas aussi étendu. Je trouve de quoi dîner dans une gargote du bazar dédié à la nourriture avec du foie de mouton ou d’agneau cuisiné avec des légumes. Puis je m’achète quelques pommes afin d’avoir un peu de produit frais, le vendeur est heureux d’avoir un touriste comme client et nous faisons un « selfie » ensemble à sa demande. Très souvent les commerçants sont agréablement surpris et honorés d’avoir un touriste étranger et ils cherchent à m’aider malgré la barrière de la langue. Généralement ils pensent que je suis allemand, probablement en raison de mes yeux bleus et de ma grande taille…
Les passants dans la rue à qui je demande le chemin pour la gare routière ou autre sont également très aimables comme en Turquie et, fréquemment, ils me souhaitent la bienvenue dans leur pays. A Tabriz il y a même un commerçant qui m’a rattrapé dans la rue pour me donner le numéro d’un contact au cas où j’aurais besoin d’aide, c’est très appréciable.
Il est temps de rentrer à mon hôtel pour lire grâce à la liseuse électrique offerte par mes collègues qui m’est désormais très utile et aussi essayer de me connecter au réseau pour contacter mes proches.
Jour 50 (6/11/2022)
Je visite à nouveau le bazar de Zanjan le matin quand c’est plus calme puis, sur les conseils du gérant de l’hôtel, je prends un premier taxi pour rejoindre une place d’où je peux prendre un taxi collectif vers la ville de Sultaniyeh, située à une quarantaine de kilomètres et qui est connue pour son mausolée avec un haut dôme de couleur turquoise (le troisième plus haut dans le monde après Saint Paul à Rome et Sainte Sophie à Istanbul). Le monument est en complète rénovation de l’intérieur donc ce n’est pas très intéressant à visiter, il n’y a d’ailleurs personne à la caisse et on peut rentrer librement. Je fais quand même le tour de l’édifice et je monte rapidement sur les hauteurs du dôme afin de voir la vue en laissant mon lourd sac dans un coin.
Puis, en revenant à l’emplacement où m’avait déposé le taxi collectif pour en prendre un autre afin de rejoindre la ville de Qazvin, je fais la rencontre d’un jeune homme iranien qui parle un peu anglais et qui semble très enthousiaste de me rencontrer. Il me demande si j’ai visité un jardin apparemment connu dans sa ville, je sais que les jardins persans sont célèbres mais je n’ai aucune information dans mon guide sur celui-ci. Peu importe, j’ai du temps et puis c’est l’occasion de rencontrer des iraniens donc j’accepte de le suivre après quelques minutes de discussion. Un ami à lui nous y emmène dans sa voiture. En fait, il s’agit d’un jardin privé avec quelques arbres fruitiers sans intérêt et je finis par comprendre, au détour de ses multiples compliments sur les lieux comme par exemple « look this big beautiful garden » pour un modeste verger aux herbes hautes, « look, animals ! » pour quelques biquettes, qu’il cherche à me faire dormir sur place dans une chambre d’hôte d’un de ses amis… Je lui explique que je ne suis pas intéressé pour passer la nuit ici mais que l’on peut discuter un moment autour d’un thé, malgré tout il persiste à me faire des suggestions de visites sans intérêt dans le but que je reste. Son ami me fait visiter une chambre d’hôte dans laquelle il y a quelqu’un qui dort par terre enroulé dans un tapis, je pense une fraction de seconde à un cadavre mais apparemment c’est son père qui fait une sieste. A ce moment, je leur dis que je m’en vais en souriant poliment mais fermement et je reprends mon sac sur le dos. Ils me demandent de faire quelques photos souvenirs pour essayer d’amadouer d’autres touristes puis je pars à pied en refusant leur offre de taxi. Mon encombrant guide local me suit à pied mais je ne fais plus d’efforts pour continuer la discussion et je le quitte sans un au revoir.
Je retourne à la place des taxis collectifs, c’est une petite ville et il y a peu de clients partant dans ma direction donc au bout d’une dizaine de minutes j’accepte de payer le prix complet du trajet en taxi afin de rejoindre une gare routière. Sur la route, on récupère un autre passager qui partage une partie des frais et ensuite je récupère un bus qui m’emmène à Qazvin. C’est un peu usant cette succession de petits trajets avec de multiples correspondances et j’ai un peu la nostalgie des dolmuş turcs mais c’est probablement le temps que je m’adapte aux moyens de transport de l’Iran.
Je trouve un hôtel en centre-ville à bon marché qui était conseillé sur l’application iOverlander et je pars visiter la ville avant la tombée de la nuit. En rejoignant le bazar, qui semble être un lieu incontournable de chaque ville iranienne, je trouve d’abord des galeries récentes avec des toits en tôle métalliques puis je tombe par hasard sur une grande place carrée accessible via quatre portes impressionnantes disposées de chaque côté avec des décorations ciselées dans la pierre aux multiples couleurs. On peut également apercevoir, derrière l’un des murs, une coupole monumentale de couleur turquoise comme à Sultaniyeh. Certains monuments sont surmontés d’un petit toit dont l’architecture me font penser à la Chine ou au Japon.
Ensuite, je découvre un autre bazar adjacent qui est plus ancien et bien mieux entretenu avec des cafés et des boutiques modernes et chics prisés par les jeunes. C’est une belle surprise avant que je me trouve un petit restaurant qui sert des brochettes de viandes au foie ou simplement avec du gras. J’aurais bien mangé quelques légumes mais je n’ai pas trouvé beaucoup de restaurants à proximité et la plupart servent uniquement de la viande.
Début du jour 51 (7/11/2022)
Sur les conseils de la gérante de mon hôtel je trouve un petit restaurant qui sert un petit déjeuner typique iranien à base de lentilles appelé Adassi, c’est un peu gluant mais appétissant !
Puis je prends un bus à destination de la capitale Téhéran qui sera ma prochaine étape pour deux nuits. Lors du trajet nous parcourons un paysage désertique où se dressent des montagnes et des pylônes électriques.
Merci Hugues de nous faire voyager avec tes folles aventures! J’avoue que je n’aurais sûrement pas osé suivre un inconnu insistant dans une voiture comme toi, mais au moins ça fait des choses à raconter 😅