Suite et fin du du jour 42 (28/10/2022)
J’arrive en milieu d’après-midi dans mon nouveau logement, c’est encore une chambre dans un appartement que j’ai loué sur Airbnb sauf que cette fois-ci, il n’y a qu’une chambre et mon hôte dormira sur le canapé. C’est un peu gênant comme situation et je n’avais pas fait attention à ce détail dans l’annonce mais mon hôte est très sympathique et il me met à l’aise. Il s’appelle Murat, il a vingt-huit ans et, de ce que j’ai compris, il donne des cours pour des personnes handicapées.
Sa bibliothèque me plait, il y a des livres variés avec notamment des grands classiques de la littérature comme Cervantes, Dostoïevski, Dumas, Kakfa et Stendhal mais aussi des livres plus récents qui traitent de différents sujets comme l’Histoire ou des romans. Je suis passionné par la lecture grâce à mes parents et quand je rentre chez des gens je suis toujours intéressé de jeter un œil aux livres qui sont dans leur bibliothèque, non seulement car cela me permet d’en savoir un peu plus sur leurs goûts et si nous en partageons certains, mais aussi par simple curiosité de découvrir un nouvel auteur ou un livre au titre intrigant. Je vous laisse donc imaginer mon sentiment quand je rentre dans une librairie…
Après avoir fait une petite pause à l’appartement, je pars découvrir la ville de Van avant qu’il fasse nuit et c’est là que je me rend compte que c’est une ville très étendue et surtout qu’il n’y a pas vraiment de quartier historique, il y a simplement un ancien château sur un rocher à proximité du lac mais il est situé à quasiment une heure de marche ! Ce n’est clairement pas comme à Tatvan où, même s’il n’y avait pas non plus d’anciens bâtiments, on pouvait accéder rapidement au lac et à de belles vues sur les montagnes. Néanmoins, mon logement se situe dans le centre-ville avec beaucoup de magasins et de restaurants et il y a aussi de nombreux dolmuş qui circulent donc je n’aurai pas de difficulté pour trouver à manger ou me déplacer. Pour aujourd’hui, je préfère continuer la visite de la ville à pied et, en rejoignant une grande avenue, j’aperçois une majestueuse chaîne de montagnes au loin qui rougit de la révérence que lui fait le soleil. Ce spectacle me captive et je décide de me rapprocher en espérant trouver une vue plus dégagée mais la ville est décidément très étendue et, finalement, le meilleur poste d’observation que je trouverai sera un monticule de terre dans un terrain vague qui me permettra de prendre un peu de hauteur et de faire quelques photos souvenirs comme ci-dessous.
Puis, je rentre à l’appartement, Murat me rejoint un peu plus tard et nous discutons autour d’un thé en utilisant Google traduction, notamment du football dont il est fan et il suit avec attention les résultats des différents championnats tout en misant quelques sommes pour des paris en ligne. Le Paris Saint Germain lui plaît mais à ses yeux notre étoile tricolore Mbappé est trop interessé par l’argent et Murat préfère les deux autres célébrités du club, Messi et Neymar. Espérons que ce sera la bonne année pour la ligue des champions !
Ensuite, mon hôte me propose gentiment de me commander un kebap alors qu’il doit s’absenter pour quelques temps. J’accepte volontiers car je deviens un peu plus casanier le soir et surtout si c’est pour dîner seul au restaurant. Cela me permet de continuer la mise à jour du blog et demain je pourrais me consacrer à la découverte de la ville de Van pendant la journée. Lorsque Murat revient à l’appartement, nous regardons le film Jumanji avec l’acteur Robin Williams, c’est toujours aussi distrayant que dans mes souvenirs d’enfant : l’histoire est originale, le suspens tient en haleine, il y a de très bonnes scènes comiques et les effets spéciaux de l’époque sont encore crédibles. Bref, un très bon film des années 90 à revoir sans modération!
Jour 43 (29/10/2022)
La ville de Van est connue pour ses copieux petits déjeuners donc j’en profite pour faire un brunch avant d’aller visiter l’ancien château. Mon logement étant situé en plein centre, je trouve assez facilement un café qui propose ce type de petit-déjeuner et, en effet, c’est très complet avec du pain, des fromages, des olives, tomates, concombres, des œufs et une sorte d’omelette à la tomate, des confitures, du miel et bien entendu un thé pour digérer tout ça !
Ensuite, je prends un dolmuş qui m’emmène à proximité de l’ancienne forteresse située sur le sommet d’un rocher proche du lac. Elle a été construite par l’ancienne civilisation ourartéenne dont je découvre l’existence. Elle a dominé la région pendant plusieurs siècles en bataillant régulièrement avec ses voisins les assyriens. Désormais, il ne reste de leur présence dans la ville que cette forteresse à moitié en ruine et quelques fondations d’anciennes habitations autour.
Cependant, ce site permet d’avoir une très belle vue sur la chaîne de montagnes que j’avais aperçu la veille et également sur le lac de Van. Il y a un peu de condensation brumeuse dans l’air au loin donc on a du mal à distinguer toutes les montagnes autour du lac, par temps clair le spectacle doit être encore plus grandiose. Je prends mon temps car je n’ai pas grand-chose d’autre à visiter, je suis peu intéressé pour m’enfermer dans un musée avec ce beau temps et l’île de Akdamar sur laquelle a été bâtie une très belle église arménienne est à une cinquantaine de minutes de route donc je n’aurai pas assez de temps et cela me coûterai cher en taxi. J’opte pour me rapprocher à pied du lac afin de faire une pause puis revenir à la forteresse pour admirer la vue pendant le coucher de soleil.
De retour au château en fin de journée, une personne vient à ma rencontre pour faire ma connaissance voyant que je suis un touriste. Il parle assez bien anglais et il me fait des éloges sur l’ouverture d’esprit des français qu’il a rencontrés notamment sur ce site car il y travaille. En apprenant que je suis à pied il me propose de me montrer un chemin qui m’éviterait un long détour afin de retrouver la route principale où passent les dolmuş. En effet, l’entrée du site n’est pas pratique quand on est en transport en commun donc cela m’arrangerait et en plus je découvrirais un autre chemin. Néanmoins je trouve bizarre qu’il se propose de m’accompagner alors qu’il a un travail ici mais peut-être que c’est juste pour le début du parcours. Pour le moment, je m’installe sur une large plateforme au point le plus haut pour regarder la vue et lire en attendant le coucher du soleil alors que mon interlocuteur s’éloigne. Puis, sur le retour, je le croise à nouveau et il me propose de le suivre pour me montrer le fameux chemin. Cela commence par une descente assez pentue mais gérable avec de bonnes chaussures, nous ne sommes que tous les deux à emprunter cette voie et nous arrivons sur une plateforme où il y a apparemment d’anciennes tombes creusées dans la roche et protégées par des grilles. Il me propose de les visiter mais je commence à être sur mes gardes car la situation est étrange même s’il fait tout pour se montrer souriant et aimable. Puis nous arrivons à un passage qui est cette fois-ci bien plus technique, il faut désescalader en s’aidant de ses mains et de ses jambes en étant face à la pente afin de bien voir les prises. Ce n’est pas non plus trop risqué car il y a de bonnes prises, j’ai de bonnes chaussures et j’ai fait de l’escalade dans le passé mais je commence à avoir encore plus de doutes qu’il me suive aussi loin alors qu’il est sensé s’occuper de la fermeture du site. Il passe devant pour me montrer les prises, je le suis et il devient de plus en plus pressant, s’inquiétant que je ne place pas mes mains et mes pieds aux bons endroits et me donnant plein d’indications que je n’arrive pas à comprendre. Tout à coup, il pose sa main sur ma poche de jean qui contient mon portefeuille et il s’y agrippe quelques secondes soi-disant pour éviter qu’il tombe de ma poche. Je ne m’y attendais pas du tout et je pouvais difficilement bouger dans la position où j’étais mais je pousse un cri de colère et je remonte en hauteur, là, je sens que je ne maîtrise plus la situation. Il continue de m’expliquer qu’il a fait ça pour m’aider et éviter que mon portefeuille tombe et il me propose de le ranger dans mon sac, ce que je fais sans penser que dans le peu de temps qu’il a eu la main dessus il ait pu prendre quoi que ce soit. J’hésite à repartir en arrière mais il faudrait encore remonter la pente raide alors qu’à ce niveau on semble proche d’avoir fini la partie difficile. Donc je continue de descendre avec lui mais en prenant mes distances et en parlant peu. Je suis encore sous l’effet de la surprise et j’ai du mal à analyser ce qu’il se passe mais clairement il y a quelque chose qui ne va pas alors qu’il essaye toujours de me rassurer en me disant qu’il voulait m’aider. J’accélère le pas pour sortir de cette situation au plus vite en regardant autour de moi s’il n’y avait pas des complices ou un risque que je sois isolé car dans ma tête il n’a pas eu le temps de me voler mais cela pourrait arriver. Nous croisons cette fois-ci quelques promeneurs donc ma tension redescend peu à peu et nous arrivons enfin en bas. Je lui laisse un petit billet de l’équivalent de 1€ et je m’en vais avec le sentiment très désagréable que la situation m’a échappé.
En rentrant à l’appartement j’essaye de me changer les idées avec mon hôte Murat, nous commandons ensemble un repas chez lui et nous écoutons de la musique, j’essaye en parallèlle d’apprendre une chanson turque qui me plaît beaucoup.
Ce n’est que le lendemain matin lorsque je ferai les comptes de ce qu’il me reste comme argent que je me rendrai compte qu’il me manque plusieurs billets pour une somme d’environ une trentaine d’euros. Donc je me suis bien fait voler, il a été efficace car cela a duré peu de temps, il avait peut-être déjà repéré où étaient mes billets quand j’avais ouvert mon porte feuille pour payer l’entrée du site et sans doute qu’il a profité de la situation de la désescalade quand j’étais concentré sur mes prises pour bien se préparer et se lancer au bon moment. Cependant, en y réfléchissant à tête reposée, j’aurais dû me douter que c’était louche avec tous les signaux d’alertes que j’avais auparavant mais je n’y ai pas prêté suffisamment attention en pensant pouvoir gérer la situation.
Je préviens Murat de ce qu’il s’est passé pour qu’il puisse éventuellement informer les gérants du site et la police ou au moins les prochains touristes qu’il accueillerait.
Cela me servira pour les prochaines fois !