Jour 38 (25/10/2022)
Grâce à l’aide de Hakan, j’ai pu accéder facilement à la station de bus pour rejoindre la ville de Mardin qui est cent kilomètres plus au Sud. C’est Sergül, mon hôte à Adana, qui m’avait conseillé de visiter cette ville et, en effet, quand j’avais vu les photos je m’étais demandé pourquoi il n’y en avait aucune mention dans les guides touristiques que j’avais lu. C’est peut-être le fait qu’elle soit située à trente-cinq kilomètres de la frontière syrienne et donc éventuellement jugée à risque du fait des nombreuses années de conflits qui ont ensanglanté ce pays ? Pourtant on se sent en sécurité à Mardin, il y a très peu de présence militaire et il y a beaucoup de touristes turcs qui viennent visiter cette ville magnifique.
Une nouvelle fois aidé par des passants, je prends un dolmuş qui m’emmène sur les hauteurs du centre-ville où se trouve ma chambre. Cette fois-ci, je n’ai réservé qu’une seule nuit par précaution et j’ai bien fait car, bien que mon logement soit situé en plein centre, c’est la première fois que j’ai des toilettes « à la turque » et surtout, en guise de douche, un saut d’eau à remplir au robinet avec une résistance électrique pour chauffer l’eau… Je profite quand même de la vue sur la ville depuis la terrasse et du wifi pour passer des coups de fils et mettre à jour le blog mais je réserve déjà un autre logement pour la deuxième nuit bien plus attrayant et pour quelques euros de plus seulement.
Puis j’arpente les rues en gravissant les marches des nombreux escaliers de la ville afin d’avoir une meilleure vue d’ensemble et j’arrive dans un cimetière en surplomb, juste en dessous d’une ancienne forteresse bâtie sur un pic rocheux qui est fermée au public. Cela me permet d’identifier des monuments que je rejoins par la suite dont notamment une ancienne école coranique. La plupart sont ouverts au public avec parfois un ticket d’entrée à faible prix.
L’architecture de la ville de Mardin a des similitudes avec la ville de Şanlıurfa en raison de ses ruelles étroites et sinueuses formées par une succession de maisons anciennes mais, avec cette fois-ci, des pierres de couleur ocre. De plus, les habitations de la vieille ville sont situées en hauteur à flanc de colline donc elles offrent de nombreux points de vue sur la vallée mésopotamienne ainsi que sur les collines rocheuses autour. Je me sens à nouveau en plein Moyen Orient.
Historiquement, ce fut une ancienne ville chrétienne et il reste encore quelques anciennes églises à visiter en ville ainsi que des monastères dans la campagne. Puis, au fil des siècles, après avoir été disputée par différentes armées, la ville est passée sous influence musulmane qui l’a étoffé de nombreuses mosquées ainsi que de quelques écoles coraniques dont la finesse des décorations sculptées dans la pierre sur les arches autour des portes et des fenêtres me rappelle l’Andalousie et le célèbre palais de l’Alhambra sur les hauteurs de la ville de Grenade.
Il y a également de magnifiques minarets qui s’élèvent vers le ciel et dont l’éclairage la nuit met très bien en valeur leurs ornements. Enfin, tous les bâtiments et maisons sont coiffés d’un toit plat dont une grande partie sont aménagés en terrasses et facilement accessibles afin d’apprécier sous tous les angles et avec une luminosité différente à chaque heure de la journée la vue grandiose sur la ville et la vallée environnante.
Lors de ma visite, je fais la connaissance d’une jeune turque habitant temporairement la ville en tant que « nomade digitale », c’est-à-dire qu’elle peut travailler à distance avec son ordinateur du moment qu’elle a une bonne connexion internet. Son prénom est Nuriye, elle fait partie du service client d’une célèbre plateforme en ligne qui permet d’écouter de la musique avec un large choix et voyage en Turquie au gré de ses envies. Elle avait également voyagé en Grèce auparavant. En parallèle de cette activité, Nuriye a aussi des projets personnels pour faire des reportages vidéo, peut-être même écrire un livre sur des sujets qui la passionnent.
Etant dans la ville plus longtemps que moi, elle me fait découvrir un café restaurant en terrasse avec une jolie vue sur le coucher de soleil puis nous nous séparons car Nuriye doit participer à un cours en ligne et moi aussi j’ai une activité de nomade digital qui m’attend avec la mise à jour de mon blog.
Jour 39 (26/10/2022)
Le matin, je prends un copieux petit déjeuner sur le toit d’un immeuble aménagé en terrasse avec des tapis et des coussins au sol et toujours une vue panoramique sur la ville et la vallée. Là, je me sens vraiment au Moyen Orient. Puis, je déménage mes affaires dans mon nouveau logement avant de continuer la visite de la ville qui recèle de trésors architecturaux que l’on ne peut découvrir qu’en marchant dans les rues sinueuses.
Je visite le musée de la ville qui est moins fourni que celui de la ville d’Adana mais qui permet d’observer des objets anciens, des pièces de monnaie datant de l’Antiquité ainsi que des vêtements et des coutumes de la population locale. J’apprends également que la ville de Mardin était située sur la route de la soie d’où son importance stratégique.
Ensuite, je me promène un peu plus bas en ville où se trouvent des rues commerçantes plus modestes avec des étals de marchandises et des ateliers d’artisans tandis que sur la rue principale du centre-ville ce sont plutôt des boutiques luxueuses qui vendent des bijoux ou bien des produits gastronomiques bien emballés à emporter comme souvenirs.
La région de Mardin est aussi connue pour ses vins, tout comme la Cappadoce, et je fais une dégustation en fin de journée dans une sympathique petite cave à vin suite à la proposition de Zehra, que j’ai rencontrée dans l’après-midi et qui est professeure des écoles dans une petite ville à proximité. Le gérant est très aimable et il nous fait découvrir des vins locaux: tout d’abord un rosé, puis un blanc et ensuite quelques vins rouges qui ont des goûts différents (certains plus taniques, d’autres plus fruités). Je cède à la tentation en achetant une bouteille d’un vin rouge qui a ravi mon palais et j’achète aussi un fromage qui est une sorte de Gouda au cumin, cet assortiment de vin et fromage me rappellera mon bon pays !
Ensuite, nous montons sur les hauteurs de la ville pour savourer ce repas en admirant les édifices éclairés par des lumières chaudes et tout en écoutant des chansons de rock turc diffusées par des terrasses de café et qui me sont désormais familières . La ville sublime de Mardin méritait clairement un petit détour dans mon itinéraire : merci Sergül !
Début du jour 40 (26/10/2022)
Pour ce jour, je me lève tôt car j’ai un long trajet en bus afin de rejoindre la ville de Tatvan au bord du lac de Van. Le propriétaire de mon logement n’étant pas disponible il m’avait indiqué un café où déposer les clés mais il n’est pas encore ouvert à cette heure. Finalement, je décide de donner la clé à un commerçant âgé qui se trouve juste en face du café et je comprends à son geste de la main sur le cœur et de l’expression de son noble visage que je peux lui faire confiance, c’est une question d’honneur et ce sera en effet le cas.
Cap à l’Est !