Jour 79 (4/12/2022)
Aujourd’hui, je n’ai pas prévu grand-chose, je consacre ma matinée à l’écriture des articles sur le blog et à faire une lessive puis je pars à pied, en début d’après-midi, pour visiter la ville de Chabahar. La maison de Vahid est située dans une zone pavillonnaire à l’écart du centre-ville donc il me faut une bonne heure pour rejoindre le centre sous un soleil de plomb et sans grand intérêt sur la route si ce n’est un petit parc. De même pour le centre-ville, il n’y a pas de monuments anciens, pas même le bazar qui est une simple succession de galeries commerçantes et les bâtiments ne sont pas bien entretenus, sans doute par manque de moyens. Ma déambulation aléatoire me mène devant un canal asséché remplis de déchets en plastique parmi lesquels des chèvres cherchent de quoi manger donc je fais demi-tour à la vue de ce spectacle désolant. Je mesure la chance que j’ai eu de rencontrer Vahid qui m’héberge dans son agréable maison lorsque je découvre l’hôtel que j’avais repéré sur internet et qui est dans un piteux état.
Je ne cherche pas à visiter davantage, je fais quelques courses et je rentre en taxi. Vahid est déjà rentré avec un ami, on se raconte nos journées puis son ami nous cuisine un bon repas.
Ensuite, je passe des appels à mes parents et à Thomas pour une séance de dépannage informatique avec partage d’écrans digne d’un service SAV de grande qualité en essayant plusieurs solutions d’un niveau de complexité augmentant graduellement pour finir par charger des images sur mon blog WordPress via FTP en utilisant un pluggin et un logiciel spécifiques…. Je suis perdu mais je fais confiance à l’expertise de Thomas et on finit enfin par y arriver après une bonne heure de support, quel soulagement ! Il est déjà tard et demain je me lève tôt pour visiter la côte avec un guide qui m’a été conseillé par Vahid donc je lance juste le chargement de photos sur la bibliothèque virtuel de mon blog et je les disposerai plus tard dans un article.
Jour 80 (6/12/2022)
J’ai donc rendez-vous ce matin avec Imran, un guide qui habite à Chabahar et qui est originaire d’un village à proximité du poste frontière avec le Pakistan que j’espère passer le lendemain. Etant au courant de mon projet, Imran me propose de passer la nuit dans l’auberge d’un ami afin de me rapprocher de la frontière sachant qu’elle est idéalement située sur le chemin retour de notre visite. Cela me semble en effet une bonne idée donc je fais mon sac et j’envoie un message de remerciements à Vahid en m’excusant de ne pas pouvoir lui dire au revoir.
Nous nous embarquons pour un petit « road trip » avec Imran le long de la côte baloutche en nous dirigeant vers le Pakistan qui restera un grand moment de ce voyage tellement les paysages que je découvrirai seront uniques et grandioses alors que je n’avais pas beaucoup d’informations sur cette région peu touristique.
Nous faisons un premier arrêt au bord d’une haute et longue falaise surplombant une immense plage qui me fait penser à l’Australie puis la route monte légèrement en hauteur en faisant des petits virages pour arriver à un nouveau point de vue sur une nouvelle grande plage.
Puis, nous visitons un village de pécheurs avec des bateaux décorés de joyeux dessins personnalisés qui aident sans doute à égaillé le moral de l’équipage lorsqu’ils partent en mer pendant trois mois.
Ensuite, nous nous arrêtons à une petite aire en bord de route face à un désert d’où l’on peut observer légèrement au loin les « montagnes martiennes » qui était l’unique point d’intérêt dont j’avais entendu parler dans cette région avec des pics rocheux resserrés et de toutes les formes. Nous avançons un peu plus loin sur la route pour être au plus près de ces fameuses montagnes lors d’un autre arrêt et je prends le temps d’admirer ce paysage martien si différent de ce que j’ai pu voir dans mes nombreux voyages.
La route côtière nous mène vers un autre petit port de pêche qui est entouré de falaises d’où l’on peut admirer une vue panoramique sur les environs avec d’un côté le port de pêches et, de l’autre côté, des falaises abruptes surplombant une longue plage qui me fait penser à la côte normande. Sur ce plateau rocheux sans arbres, il y a quelques groupes d’iraniens qui prennent un picnic sans même un chapeau ou un parasol. Cela me rappelle en rentrant de la visite du site de Persépolis lorsque nous avions croisé sur la route plusieurs groupes d’iraniens qui s’étaient garés en plein désert au bord de falaises et avaient installé leur tapis pour faire un picnic sous un soleil de plomb. Zon, le russe qui était avec nous, avait demandé à notre guide qu’est-ce qu’ils faisaient là et, lorsque le guide avait répondu “picnic”, son regard avait eu une expression de total incompréhension sur le choix de l’emplacement alors qu’il n’y avait pas une seule ombre sous laquelle s’abriter. Ils sont fous ces iraniens ! 😉
Nous faisons une petite pause sandwich avec Imran puis nous reprenons la route et là, je prends une nouvelle claque visuelle en nous enfonçant dans les terres vers le nord. La route passe au milieu d’une immense barrière de falaises et de pics rocheux dont une partie compacte me fait penser à une cathédrale avec des parois abruptes surplombant un premier niveau de lacets rocheux dont l’ensemble suit une pente droite qui semble avoir été tracé à la règle. Je suis époustouflé par cette vue et nous prenons notre temps avec Imran pour l’admirer en nous arrêtant au bord de la route.
Puis, nous traversons cette barrière naturelle avec de la musique baloutche entrainante, le temps semble suspendu et je profite de ce moment en repensant à ces paysages grandioses que je viens de découvrir dans la journée.
Nous traversons quelques petits villages où les tenues baloutches sont la norme et les habitations sont souvent sommaires, sauf pour l’auberge où je vais passer la nuit qui est très agréable, située dans le village de Nowbandian. Akim, le propriétaire des lieux et ami de Imran, a également pris l’initiative d’ouvrir une bibliothèque et d’inviter des professeurs ou des écrivains des grandes villes à venir passer plusieurs semaines dans son auberge afin d’enseigner aux enfants du village. C’est une belle action et lorsque nous nous promenons dans le village avec lui, Imran, et une locataire de son auberge, on sent qu’il est respecté et apprécié pour ce qu’il fait.
Puis, nous nous éloignons du village dans une sorte de brousse dont les paysages me font penser à la savane africaine que j’avais découverte en Tanzanie et la comparaison se renforce lorsque nous atteignons un campement de nomades qui ont construit des petites baraques en bois et en paille ainsi qu’un enclos pour leur troupeau tout comme le font les Massaï.
Ils nous offrent gentiment le thé et nous nous asseyons en tailleur sur leur tapis, Imran me prête pour l’occasion son écharpe baloutche que l’on peut nouer autour des jambes et du dos afin de pouvoir reposer le dos. Je profite de ces instants sachant que le lendemain, de nouvelles aventures m’attendent dans un nouveau pays mais pour le moment je pense encore à l’Iran, ce pays qui a été largement à la hauteur de mes espérances en terme de paysages, de monuments historiques et de rencontres humaines.
En faisant les comptes le soir dans ma chambre, je réalise que je suis déjà arrivé environ aux deux tiers de mon itinéraire avec un peu plus de dix mille kilomètres déjà parcourus !
Nous verrons ce que l’avenir nous réserve : cap à l’est !
Et en bonus pour clôturer ce si beau chapitre de l’Iran j’ai fait un petit montage vidéo de cette dernière et si belle journée dans la région du Baloutchistan avec une très jolie chanson baloutche que nous avons écoutée dans la voiture avec Imran.