Du 3 au 6 juin 2023

Au départ de Singapour, je prends pour la première fois un vol dans un A380 avec la compagnie aérienne Emirates, c’est très spacieux et confortable, je ne suis pas déçu ! J’ai un nouveau changement à Dubaï mais cette fois-ci je ne sors pas visiter la ville car j’ai la flemme et puis je n’ai que quelques heures d’attente tôt le matin. Donc je passe le temps en mettant à jour le blog, en lisant et en somnolant.

Ensuite, le plan de vol vers Sofia me fait passer à proximité du sud de l’Iran puis nous traversons l’espace aérien turc en diagonale, cela m’évoque quelques souvenirs de mon voyage aller qui me semblent à la fois proches et lointains, c’est une sorte de retour rapide dans le passé comme à Singapour avec des souvenirs du Viêtnam, de l’Inde et du Pakistan.

En arrivant à Sofia, le ciel est gris et il pleut, pas très chaleureux pour mon retour en Europe ! Finalement, je ne me sens pas trop dépaysé car j’ai déjà eu une phase de transition en Océanie occidentale après mon voyage en Asie. Je fais une sieste dans mon auberge puis je me promène rapidement dans la capitale bulgare que je connais déjà, je dîne au même restaurant que celui où nous avions été avec Sylvain, un jeune motard français rencontré sur la route au voyage aller. Je suis surpris que le soleil se couche aussi tard à plus de 21h, j’avais l’habitude sous les tropiques qu’il fasse nuit bien plus tôt !

Retour à Sofia

Le lendemain, je prends un bus en direction de la ville de Veliko Tarnovo afin de rejoindre le camp de motards où j’ai laissé ma moto pendant huit mois, j’espère qu’elle marche encore ! Je parviens à me faire comprendre du chauffeur pour qu’il me dépose à une intersection afin que je rejoigne le camp à pied car il est en pleine campagne. Le conducteur de bus me dit « Petleva », je croyais que c’était le nom d’une ville où il allait me laisser sortir mais en fait il me demandait cinq lev qui est la monnaie bulgare, cela correspond à environ deux euros cinquante.

Ça y est, j’arrive enfin au camp, cela fait plaisir d’y revenir après toutes ces péripéties, la première boucle du voyage est bouclée !

Je suis accueilli par un couple d’américains à la retraite, Greg et Melanie, qui parcourt le monde entier en moto et on découvre que nous étions dans le même avion en partant de Dubaï. Ils arrivent d’Indonésie où ils ont voyagé plusieurs mois sur une moto qu’ils ont revendue à d’autres voyageurs à leur départ. Ils ont l’habitude d’acheter une moto dans une région ou un continent qu’ils souhaitent visiter puis de la revendre. Par exemple, ils ont racheté une moto dans ce camp de motards en Bulgarie sans même l’avoir essayé, cela se base sur la confiance avec des réseaux de connaissances qui font office de garantie. Ils sont très sympathiques, avenants, décontractés, curieux et ouverts.

Je retrouve également Ivo, le co-propriétaire du site avec Polly, que je n’avais pas encore rencontrés et ils m’aident à sortir la moto du garage, nous voilà à nouveau réunis ! Elle aura besoin d’un bon lavage car je l’avais laissé telle qu’elle en partant après mon périple de trois mille kilomètres à travers l’Europe. Ivo me rend la batterie qu’il a conservée à part pour la charger et il m’aide à la remettre puis je tente de redémarrer ma moto mais ça ne marche pas, il n’y a aucun son. On revérifie que la batterie est bien branchée, que la moto est bien au point mort, je retire la béquille mais rien n’y fait. Est-ce qu’il y aurait une étape ou un branchement que l’on aurait oublié ?

Ivo appelle à la rescousse un bulgare d’un groupe de motards présents sur le camp, il vérifie tous les branchements, il retire aussi des composants électriques pour s’assurer qu’ils sont en bon état et il ne trouve rien d’anormal. Il finit par me demander s’il y a une sécurité sur la moto et là je me rappelle qu’il faut en effet que je désactive l’alarme de ma moto avec un bouton sur mon porte-clés avant de pouvoir la démarrer ! J’avais complètement oublié et, après l’avoir fait, ma moto démarre au quart de tour, je suis soulagé et un peu gêné de les avoir sollicités pour ça mais ils me gratifient d’une tape dans le dos et d’un large sourire. Ensuite, je nettoie ma moto qui en a bien besoin et je récupère le reste de mes affaires de motard ainsi que ma tente que j’installe dans le jardin.

Ce week-end, il y a un rassemblement de motards bulgares conduisant des « cruisers » (modèles de la catégorie des Harley Davidson) principalement de marques japonaises. C’est l’un d’entre eux qui nous a aidé avec Ivo. Ils ont tous un blouson avec l’écusson de leur groupe, cela fait une belle collection de motos bien alignées dans la cour !

En fin de journée, nous prenons l’apéro avec Greg et Melanie puis nous dînons d’un bon petit barbecue préparé pour Polly et Ivo.

Le lendemain, je pars en moto faire le plein et acheter quelques courses en prévision de mon départ le jour suivant. Je retrouve les sensations sur ma Tracer 900 GT, quelle puissance d’accélération malgré son poids total et quasiment sans faire de bruit, elle est également bien équilibrée et cela aide grandement pour prendre des virages, c’est un vrai plaisir de rouler à nouveau avec elle.

Je profite de cette petite excursion pour visiter les ruines d’un château sur les hauteurs d’une colline qui domine la ville de Sevlieko, il ne reste plus grand-chose mais la longueur du rempart laisse imaginer que la superficie de la forteresse était immense.

Le soir, c’est bières et pizzas toujours avec Greg et Melanie puis nous prolongeons la soirée en compagnie de Ivo et d’un autre voyageur motard norvégien qui est en convalescence après une chute à moto. Je découvre plein d’histoires de motards baroudeurs et notamment de jeunes motardes qui n’ont pas froid aux yeux en traversant des continents entiers parfois dans des zones très peu habitées : quel courage et quelle passion ! On me parle également de la course de moto sur l’île de Man en Angleterre qui est apparemment mythique avec des vitesses folles sur de longues distances (soixante kilomètres en tout). La circulation sur l’île est fermée pour l’occasion donc elle se transforme en circuit géant pour motos, impressionnant, c’est apparemment l’une des courses à moto les plus dangereuses du monde !

Le lundi cinq juin, il est temps pour moi de partir, je remballe mes affaires, je remplis mes sacoches et je réinstalle mon gros sac à dos à l’arrière ne l’accrochant avec des tendeurs et une sangle comme avant. Je remets le compteur à zéro, j’avais fait à l’aller environ trois milles kilomètres, cela devrait être à peu près équivalent pour le retour. Je fais mes adieux à Greg et Melanie, nous nous souhaitons mutuellement un bon voyage, Ivo me remet un autocollant de son camp de motards et nous prenons ensemble une photo souvenirs, je vous recommande vivement cet endroit !

Allez, vroum vroum, c’est parti ! Le soleil est au rendez-vous, je bifurque assez rapidement pour prendre une petite route peu fréquentée en pleine campagne verdoyante, c’est très joli. Le revêtement est globalement en bon état, il y a de belles fleurs en bord de route et on aperçoit les montagnes au loin.  

Les champs en jachère sont tapissés de coquelicots rouge vif en cette saison, c’est très beau. Il y a peu de circulation sur la route donc je roule à un bon rythme et j’arrive tôt dans l’après-midi à mon auberge de Plovdiv après environ cent quatre-vingt kilomètres. Cela va me permettre de visiter cette ville qui m’avait été recommandé par d’autres voyageurs et, effectivement, je ne vais pas être déçu.

Le beau temps aide forcément à rendre attrayant un lieu mais ce n’est pas la seule raison. Le centre de Plodiv est très joli avec ses anciens édifices bien rénovés et fleuris, il y a de belles maisons avec de ravissantes peintures murales juste en dessous des toits et en encadrement des fenêtres, les couleurs sont d’un ton clair presque pâle, le trait est fin et les décorations ne s’étalent pas sur toute la surface, cela me plait, il n’y a pas de fioritures. Cet ensemble de grandes et riches demeures dans le quartier historique me fait penser à Kashan en Iran.

La ville de Plovdiv a été également une riche et importante cité romaine et elle en conserve encore quelques vestiges, là encore bien mis en valeur. Il y a tout d’abord un théâtre datant du premier siècle situé sur les hauteurs d’une colline en plein centre offrant une vue panoramique sur la ville. Ensuite, il y a des restes de gradins d’un stade du deuxième siècle qui avait une capacité de trente mille places, c’est dire l’importance de cette ville à l’époque de l’empire romain ! Enfin, il y avait à proximité une grande Agora avec des édifices publics, une bibliothèque.

Le théâtre romain de Plovdiv

L’ambiance en ce début d’été ensoleillé est détendue, il y a du monde qui se promène dans les parcs et sur les rues piétonnes ou boit un verre en terrasse, ça papillonne.

Le soir, je discute avec d’autres voyageurs sur le toit terrasse de notre auberge puis le lendemain matin nous avons droit à un super petit déjeuner en commun, c’est très bien présenté et c’est très bon, je suis bien content d’être passé par Plovdiv !

Il fait encore beau, le début de mon parcours est peu réjouissant en traversant des petites villes d’agglomération sans charme avec parfois des immeubles en béton décrépis de style soviétique mais ensuite le paysage commence à prendre du relief et il y a des villages pittoresques au pied de montagnes qui ont encore conservé un peu de neige sur leurs sommets. Désormais, la route est belle et agréable, le revêtement est encore en bon état. Je traverse des sortes de steppes de verdure sur de hauts plateaux, il y a toujours peu de circulation et je peux rouler facilement à vive allure en ayant une bonne visibilité.

Je fais un rapide détour pour visiter un château sur les hauteurs d’une colline, le chemin d’accès dans une forêt dense est très raide et au final l’enceinte est fermée, de toute façon la forteresse est quasiment en ruines mais elle offre une belle vue sur les alentours.

Ensuite c’est difficile de trouver un coin sympa pour faire un picnic, il n’y a pas vraiment d’aménagements et finalement je m’arrête sur un petit parking en bord de route dans la campagne où je reste debout en me servant de ma selle de moto comme d’une table.

Quelques kilomètres plus loin, le passage de frontière se fait sans difficultés, je vous raconterai mon étape en Macédoine du Nord dans le prochain article !