Du 13 au 16 mai 2023
Après une nuit de transit passée à Brisbane, je prends mon avion pour la nouvelle Calédonie en ayant hâte de retrouver mon frère Samuel et sa copine Amélie qui y habitent depuis le mois de novembre. Ils sont tous les deux ophtalmologues et ils font des remplacements dans un cabinet à Nouméa pour environ un an. C’est l’occasion pour eux de vivre dans un lieu plus exotique que la métropole ainsi que de découvrir des pays proches de cette région du Pacifique alors que depuis l’Hexagone ce serait très loin et cher pour y accéder.
Lors de la phase de descente de notre avion sur l’aéroport de Tontouta, je découvre par le hublot une immense barrière de corail ceinturant la côte ouest de l’île principale de nouvelle Calédonie, appelée Grande Terre, et des petits ilots à proximité qui forment un archipel. Le spectacle est magnifique, on peut distinguer les lagons à l’eau bleu turquoise derrière les vagues blanches s’écrasant contre les récifs de coraux malgré les nuages qui couvrent le ciel.
Samuel m’accueille à l’aéroport, cela fait plaisir de le revoir après tous ces mois. Aussitôt, les automatismes reviennent et c’est comme si on s’était vu la veille. Il était là le jour de mon départ en voyage lors du dîner chez ma sœur à Meaux après m’avoir aidé avec ma famille à ranger mon appartement. Depuis, il a eu le temps de découvrir la Nouvelle Calédonie avec Amélie et ils y ont rencontré plusieurs amis. Le cadre de vie semble très agréable même si le coût de la vie est élevé, c’est quasiment au niveau de Paris à cause notamment des coûts d’importation de nombreux produits.
Je retrouve Amélie dans leur appartement qui est situé dans le même immeuble que leur cabinet, un étage en dessous : pratique ! C’est comme du télétravail en termes de distances à parcourir mais avec le relationnel en plus, tous les avantages sans les inconvénients.
Ensuite, nous dînons dans un bon restaurant français appelé « Marmite et Tire-Bouchon » avec un couple d’amis, rien qu’au menu sur la carte et la description des suggestions du jour récité par le serveur tel un poème, je sais que je suis dans un bon restaurant français qui entretient cet art de vivre, cette gastronomie riche et variée tout en incorporant des aliments et ingrédients locaux. Pour un plat, on croirait que c’est un menu complet, ce n’est pas fait à la va-vite dans un but fonctionnel de se nourrir rapidement comme dans les pays anglo-saxons, non, ici le palais et les papilles sont largement mis à contribution avec une large palette de saveurs grâce à la sélection des produits bruts puis leur préparation, à la cuisson, aux sauces, aux accompagnements. Notre regard est également séduit par le dressage et l’association des couleurs : c’est un art d’éveiller nos sens. Nous prenons la formule entrée plat dessert avec des bières à l’apéro et du vin rouge pour le plat bien sûr. J’ai perdu au moins huit kilos depuis le début de mon voyage après vérification sur la balance de Sam et Amélie qui me trouvaient maigrichon donc j’ai de la marge.
Le lendemain, nous faisons une randonnée avec le même couple d’amis du côté de Dumbéa au nord de Nouméa, dans l’intérieur des terres. Le chemin s’appelle les Marmites du Diable en référence à des cours d’eaux qui creusent dans la roche des sortes de cuves naturelles reliées par des petites chutes d’eau claire.
Dès le début du chemin, nous devons traverser une rivière à gué en jouant les équilibristes sur des cailloux dispersés puis nous devons nous résoudre à tremper les pieds. Il y a des moyennes montagnes recouvertes d’herbes tout autour. La Grande Terre de Nouvelle Calédonie est traversée tout en long par une chaine de moyennes montagnes verdoyantes à la pente raide avec des monts culminant jusqu’à 1600m formant une sorte de dorsale. L’explorateur James Cook qui fut le premier occidental à découvrir officiellement cette île la nomma en référence à l’ancien nom de l’Ecosse car ces paysages de montagnes vertes en bord de mer lui rappelaient son pays natal.
Le chemin est plutôt facile et agréable avec une pente douce et des paysages sauvages. Les montagnes ont parfois une balafre de terre rouge laissée par des explorations minières dans l’espoir de trouver des métaux comme le nickel qui est très répandu dans l’île.
Nous faisons une pause pic-nic sur des rochers en surplomb des fameuses « Marmites ». Malgré les nuages gris et un léger vent, je ne peux résister à la tentation des cuves d’eau claires dans ce bel environnement naturel et je me m’y plonge en maillot de bain : c’est frais mais ça fait du bien !
Le lendemain, je découvre une partie de Nouméa avec Amélie: la belle plage de la Baie des Citrons puis celle du Château Royal où eut lieu une attaque mortelle de requin il y a quelques mois qui a entraîné l’interdiction de se baigner qui est toujours en cours donc nous restons sur le sable en admirant la couleur de l’eau. Nous faisons quand même une pause baignade dans une magnifique piscine d’un hôtel à proximité puis nous allons tout en haut de la colline de Ouen Toro qui offre un beau point de vue sur la baie tout autour de Nouméa avec ses nombreux ilots et ses montagnes à proximité dont le Mont-Dore qui culmine à 770m.
Le jour suivant, je réserve une excursion sur les conseils de Amélie à l’île du Phare Amédée. Nous sommes une dizaine de personnes sur une petite embarcation moteur, il y a du vent et de la houle donc notre capitaine tente de les contourner en traçant des diagonales et nous finissons par arrivée sur l’île sans que personne n’ait eu besoin de rendre son petit-déjeuner par-dessus bord.
L’île est minuscule avec un phare au milieu, elle est entourée par des récifs coraliens à proximité et l’eau est d’un bleu turquoise magnifique, j’ai l’impression d’être dans un petit coin de paradis. Effectivement, on en est proche car il y a des serpents (appelés « tricots rayés ») qui s’y promènent sur le sable et dans l’eau, heureusement je n’ai pas prévu de fruit pour mon pic-nic. Un autre bateau nous rejoint avec une dizaine de touristes supplémentaires mais il y a largement de la place pour tout le monde. Chacun s’installe sur le sable ou sur des transats avec une bonne vingtaine de mètres de distance entre chaque groupe, c’est le grand luxe.
Puis, je me lance à la découverte de la vie sous-marine en PMT (Palmes, Masque, Tuba), j’ai découvert cet acronyme en Nouvelle-Calédonie, avant j’utilisais l’expression anglaise « snorkeling » mais je l’ai désormais adopté. Donc, je plonge à l’eau qui doit être environ à vingt-six degrés et là, j’en prends plein la vue. A peine éloigné à une cinquantaine de mètres du rivage, je rejoins les coraux et je tombe sur une grande tortue, j’ai les yeux écarquillés, fasciné par cet animal si atypique avec sa belle carapace, ses quatre pattes nageoires qui semblent si petites par rapport à sa taille imposante et sa tête ronde avec un grand bec, on dirait que c’est un animal d’un ancien monde.
Je finis par la laisser tranquille et à continuer de m’éloigner du rivage pour avoir plus de profondeur et, au détour d’un rocher couvert de coraux où une multitude de poissons se faufilent, je découvre la queue d’un requin allongé sur le sable à l’ombre du rocher. Je ne m’attendais pas à cette rencontre ! Il ne bouge pas, la curiosité me pousse à plonger pour l’observer en entier tout en restant à distance, c’est un requin à pointes blanches (son aileron et ses nageoires ont une pointe blanche) qui doit mesurer entre un mètre cinquante et deux mètres donc normalement peu dangereux pour l’Homme si on reste prudent. Mais, quand j’en vois un deuxième nageant à proximité, je ne peux m’empêcher de sursauter à la vue de sa nage ondulatoire et son regard froid et perçant ainsi que de sa taille qui font instinctivement penser à un prédateur. Cependant, il nage au milieu des poissons sans chercher à en croquer un seul, je n’ai d’ailleurs jamais vu un poisson en attaquer un autre, ils semblent tous en harmonie paisible mais c’est probablement plus agité la nuit.
Je vois ensuite d’autres tortues plus petites que la première qui nagent à basse profondeur et remontent à la surface pour respirer de temps en temps. Certaines ont un poisson appelé « Rémora » qui se colle à leur carapace grâce à des ventouses qu’il a au-dessus de sa tête, cela lui permet de se déplacer en fournissant moins d’efforts. Apparemment, ce poisson peut se coller également à des requins, des raies et même parfois à des bateaux ou à des plongeurs.
Ensuite, je fais une pause pic-nic sur la plage puis je me promène à pied, je peux même voir des tortues en trempant à peine mes pieds dans l’eau, cet endroit est fantastique, c’est l’une de mes meilleures découvertes en PMT, un vrai petit coin de paradis.
Décidément, je n’en finis pas dans ce voyage de m’émerveiller à chaque destination de ce voyage et je sens que la Nouvelle Calédonie va être un nouveau coup de cœur grâce également à la présence de Samuel et Amélie, que l’on surnomme affectueusement Samélie.
La suite au prochain article !