Nous arrivons avec Julia à la cité portuaire de Townsville en fin de matinée après un trajet en bus de plusieurs heures sans encombre. On comptait initialement aller directement sur l’île Magnetic island qui est à une vingtaine de minutes en ferry mais il n’y avait pas de logements intéressants pour cette nuit donc on a choisi de rester à Townsville puis de rejoindre l’île de lendemain.
C’est une ville relativement importante en population avec quasiment deux cent mille habitants dont une importante garnison militaire sachant que cette ville fut une importante base pour les armées américano-australienne pendant la seconde guerre mondiale afin de planifier et lancer des attaques contre les forces japonaises qui stationnaient sur des îles proches et protéger l’Australie d’une invasion. Il y a d’ailleurs d’anciens forts sur les hauteurs de la ville, sur les côtes et sur l’île de Magnetic island.
Après avoir déposé nos sacs à l’auberge, nous commençons la visite par le centre-ville qui est tout petit et très peu animé puis nous longeons le front de mer, toujours aussi bien entretenu dans le style « Aussie » avec de nombreux parcs, des voies piétonnes, des jeux pour enfants, des plages surveillées avec filet de sécurité contre les méduses, des toilettes et douches publiques propres. Il y a également une piscine publique en plein air comme à Airlie beach, généralement dénommée « lagon » dans la plupart des villes australiennes côtières qui sont sous la menace de ces méduses.
La balade est agréable bien que l’on croise peu de monde, on remarque par contre avec Julia qu’il y a une communauté relativement importante de personnes d’origines aborigènes dans cette ville. C’est la première fois que j’en vois depuis que je longe la côte est de l’Australie et nous en verrons ensuite régulièrement dans les villes plus au nord.
Ensuite, nous nous dirigeons vers une montagne de granite rouge qui domine la ville à une altitude d’environ trois cents mètres. On peut la voir de loin, sa masse est impressionnante, c’est une sorte de rocher Uluru en bord de mer en guise de lot de consolation pour les voyageurs comme moi qui n’ont pas le temps de visiter ce site parmi les plus célèbres de l’Australie.
L’ascension est raide avec de hautes marches à gravir, le cœur bat à toute vitesse et le souffle se fait court mais nous avons l’habitude de marcher toute la journée donc nous arrivons à maintenir notre effort. A l’arrivée au sommet, nous découvrons les nombreux points de vue panoramique sur les alentours grâce à des plateformes et des chemins aménagés. Nous pouvons voir Magnetic island, une presqu’ile, le centre de Townsville et la vallée autour qui est entourée par une petite chaine de montagnes tandis que le soleil se couche.
Le soir, nous cuisinons à l’auberge et nous y faisons la connaissance d’un sympathique couple de jeunes anglo-irlandais qui travaillent et voyagent en Australie. Ils ont quitté Melbourne pour visiter la côte est et désormais ils cherchent un nouveau travail dans cette région. On entend pas de témoignages de voyageurs en Australie qui ont du mal à trouver du travail mais ils ont l’air confiant donc on leur souhaite bonne chance !
Le lendemain, nous rejoignons tôt dans la matinée l’île Magnetic island et nous faisons la connaissance de deux jeunes français sur le ferry, Markus et Emma, qui vont dans la même auberge que nous. Ils ont travaillé plusieurs mois dans un centre d’élevages de chevaux de compétitions grâce à leurs connaissances dans ce domaine et leur culot pour dégoter ce type de travail assez original. Ils nous décrivent les conditions de vie des animaux qui ne sont pas toujours réjouissantes car leurs propriétaires les voient davantage comme une valeur marchande plutôt qu’un être vivant et ils pensent aux profits bien avant leur bien-être mais ce fut visiblement une belle expérience malgré tout avec des animaux attachants et des collègues et patrons sympathiques.
Notre auberge est bien située et agréable, au bord de la plage avec des dortoirs de six ou huit lits dans des maisonnettes aux toits très pointus comme des tipis, une piscine et de grands espaces communs.
Avec Julia, nous partons à pied à la découverte de l’île en commençant par la côte sud-ouest qui est juste à côté. Les plages sont très tentantes mais il y a toujours un risque de méduses donc il faut se cantonner aux quelques zones protégées avec un filet, surtout que je n’ai pas de combinaison Télétubbies. Il y a un beau soleil et l’eau bleu turquoise est magnifique, Magnetic island a peu d’habitations, elle est recouverte de forêts et il y a beaucoup de rochers en bord de mer qui ressemblent à d’immenses galets polis par la mer.
Il y a également des zones de mangroves, notamment sur la côte ouest de l’île mais l’accès est plus difficile avec une route peu entretenue probablement en raison du faible nombre d’habitations de ce côté, la plupart des habitants ont un 4×4.
Ensuite, nous continuons notre balade en retournant vers le sud de l’île où l’on trouve un merveilleux endroit pour notre picnic à l’ombre d’un rocher avec vue sur la mer turquoise.
Puis on se sépare, je fais une longue randonnée dans l’intérieur des terres tandis que Julia retourne vers l’auberge tout en se promenant dans les environs. Mon chemin s’enfonce dans la forêt en enjambant les collines, je croise mon premier kangourou, heureux comme un enfant, même si c’est une espèce de kangourou dont la taille est petite par rapport à ses congénères de l’outback. Il y a quelques beaux points de vue très joli sur les côtes de l’île mais il faut marcher longtemps et je ne croise quasiment personne.
En fin de journée, on se rejoint à l’auberge avec Julia et nous allons à pied vers un point de vue panoramique sur le haut d’une colline pour admirer le coucher du soleil. Je me trompe de chemin et on se retrouve à marcher en Crocs pour moi et en claquette pour Julia dans des broussailles pleines de terre et à escalader des rochers en espérant ne pas croiser d’araignées ni de serpents. Finalement, on retrouve le chemin et nous arrivons juste avant pour le coucher du soleil, c’est beau mais sans être inoubliable, ce n’est pas faute d’avoir essayé plusieurs fois ces derniers jours ! Par contre, c’est un soir de pleine lune et on la voit nettement avec sa lumière qui trace une voie blanche brillante en se reflétant sur la mer.
Le soir, nous dînons à l’auberge et on prend un verre avec Marius et Emma qui ont loué chacun un scooter sur l’île pour deux jours. Nous avons décidé d’en louer également un chacun avec Julia le lendemain pour découvrir plus facilement l’île car il y a du dénivelé et ce sera un bon exercice pour Julia avant de continuer son voyage en Asie alors qu’elle n’a encore jamais fait de scooter.
Le lendemain, la gérante de l’agence de location de deux roues nous montre bien sur un plan les routes qui sont autorisées pour ses véhicules et indique la route à l’ouest que l’on ne pas emprunter car elle est en mauvais état. C’est embêtant car l’île est déjà petite et il n’y a finalement pas beaucoup de distance à parcourir. De plus, Emma et Marius nous ont dit qu’ils sont allés sur cette route la veille et ils s’en sont sortis sans casse.
Julia se fait expliquer les fondamentaux de la conduite par le mécano puis on fait un test autour d’un pâté de maisons avant de se lancer à la découverte de l’île. Les scooters sont minuscules, il y a de la place uniquement pour le conducteur, ils ont un style rétro assez sympa comme un vespa avec un phare avant rond et ils peuvent rouler à une vitesse maximale de cinquante kilomètres heures mais, dans les montées, je me traîne péniblement à trente.
Au bout d’une quinzaine de minutes nous avons déjà traversé l’île du sud au nord ! Nous retournons ensuite sur nos pas afin de faire une boucle à pied en suivant un chemin reliant d’anciennes fortifications et à travers un parc où nous croisons quelques koalas faisant la sieste dans les arbres.
La randonnée offre de beaux points de vue sur les criques de l’île entourées par la végétation et les roches polies, on pourrait se croire en Corse comme le dit Julia. Fort heureusement, les bunkers n’ont pas eu à servir contre une invasion japonaise et ils servent désormais de plate-forme panoramique pour les touristes.
Après avoir déjeuner sur une plage, nous allons en scooter sur une jetée en bord de mer qui permet de rejoindre un site où il y a toute une colonie de petits kangourous qui ont l’habitude d’être nourris à cet endroit. Ils ne sont pas aussi impressionnants que leurs grands cousins mais on les voient quand même sautiller de temps un temps et une femelle abrite un bébé dans sa poche avant.
Comme il est encore tôt et qu’il n’y a plus grand chose à faire, on décide d’aller en scooter dans la “zone interdite” à l’endroit où nous avons été la veille dans les mangroves car nous savons que la route est peu accidentée. Julia passe devant et se débrouille très bien en prenant soin d’éviter les nids de poules et en roulant doucement. Je fais attention aussi car, avec mon poids, j’ai l’impression que le châssis du scooter se rapproche dangereusement du sol.
Nous y arrivons sans problème et, encouragés par ce succès sachant que Emma et Marius sont allés au bout de la route interdite, nous décidons également de franchir le Rubicon tout en restant prudents. Cette fois-ci, la route est nettement plus endommagée, il y a de nombreux nids de poules, voir de gros trous qu’il faut contourner prudemment et des passages à niveaux heureusement non inondés. Nous ne croisons que des 4×4 dans le sens opposé qui sourient en voyant nos frêles montures mais nous tenons bons et cela permet à Julia d’être dans des conditions proches de certaines routes d’Asie.
On arrive finalement au bout de la piste avec une plage en récompense, nous sommes fiers de nous. Le retour se fait sans problème, nous espérons juste que l’agence de location n’a pas d’informateurs car ce sont les seuls à louer des scooters sur l’île et ils ont chacun un nom à l’avant.
Puis nous retournons à la plage du nord pour voir un assez beau coucher de soleil malgré des nuages.
Le soir, nous dînons avec Emma et Marius dans un excellent restaurant mexicain avec un serveur local très particulier comme vous pouvez le voir sur la photo.
Nous sommes fiers de leur annoncer que nous avons fait la route interdite mais ils nous font une grimace. En effet, ils ont rendu leurs scooters en fin de journée et la gérante a découvert qu’ils y avaient été et ne leur a pas rendu la caution de cent dollars chacun. C’est la douche froide, on tente d’en savoir plus sur comment elle a pu savoir mais ils n’ont pas bien compris ce qu’elle leur a dit. On inspecte nos scooters mais on ne trouve rien d’abîmé, j’hésite à les laver à l’éponge mais je ne les trouve pas très sales à la lumière des lampadaires en comparaison à ce que j’ai pu voir en Asie donc je me dis que ça devrait aller, mauvaise décision…
En effet, le lendemain matin, après une rapide observation des scooters par la gérante, elle nous demande d’un ton innocent si nous avons été dans la zone interdite et nous répondons tout autant innocemment que non. Peu convaincue, elle nous demande d’une voix sèche pourquoi ils sont plein de poussière. On ne s’attendait pas à cette question en pensant qu’elle s’appuierait sur une éventuelle casse de matériel mais on demande à voir. Alors, elle touche du doigt l’arrière des gardes boues où l’on voit des traces en précisant que cela n’arriverait pas si nous étions restés sur les routes autorisées. Nous maintenons quand même notre version en arguant que toutes les routes ne sont pas si propres que cela mais d’un ton moins assuré et elle réitère fermement ses accusations en haussant la voix tout en refusant de nous rendre nos cautions. On propose de laver les scooters nous-même mais elle indique qu’il faut démonter certaines pièces et donc cela ne peut être fait que par des personnes expérimentés avec un coût de main d’œuvre et d’immobilisation à la clef. Nous finissons par abandonner piteusement, c’était le prix à payer pour avoir été dans cette zone mais je m’en veux de ne pas avoir laver un minimum les scooters, peut-être que ce serait passé inaperçu.
Ensuite, on prend le ferry pour retourner à Townsville avec Julia. En attendant notre bus pour Cairns, nous nous promenons à nouveau dans le centre-ville qui est bien plus animé que la dernière fois. C’est le dimanche, une avenue principale est entièrement piétonnisée pour accueillir un marché. Il fait beau, ce qui rend plus attrayant la ville et son bord de mer, notamment avec la présence de ses habitants qui se baignent dans les zones prévues, font picnic, du sport, c’est pas si mal comme ville finalement.
A noter lors de notre trajet en bus pour nous emmener à Cairns, un arrêt intéressant dans une petite ville dénommée Cardwell qui est située en bord de mer avec une belle plage sauvage où l’on a le temps de se dégourdir les pattes, c’est le meilleur arrêt de bus de mon voyage en Australie !
J’espère que tu n’as pas laissé les coordonnées de ton blog à la gérante 😉