Jour 140 (04/02/2023)

Encore une fois, je me lève très tôt pour partir en bus à cinq heures du matin car c’est le seul horaire de la journée pour un bus confortable dit « tourist bus ». Je commence à avoir l’habitude et je m’assoupis dès que je suis assis sur mon fauteuil malgré la route cahoteuse.

La brume du matin masque le paysage derrière des rangées d’arbres de chaque côté de la route et qui sont recouverts de poussières avec le passage des véhicules. Nous sortons de la brume en prenant de la hauteur sur un petit col puis elle se dissipe petit à petit. Désormais, c’est fini les champs plats et verdoyants, place au dénivelé et à de grands arbres.

Vers sept heures du matin, des clips de musique népalaise sont diffusés sur la télévision du bus qui me permettent de découvrir un nouvel aspect de la culture de ce pays, il s’agit de beaucoup de mélodrames.

Etant donné le mauvais état de la route, nous mettrons quasiment cinq heures trente pour parcourir cent soixante kilomètres… Je descends du bus à la ville de Narayangargh et le gérant de l’auberge que j’ai réservée vient me chercher en scooter car il reste une trentaine de kilomètres à parcourir. Sa conduite est assez sportive en doublant les véhicules dès que c’est possible et quelque soit le côté, frissons garantis ! Puis nous terminons par de jolies petites routes de campagne et un passage sur un pont de planches de bois étroit et qui semble peu solide mais ça passe.

Alors, ça passe en scooter?

Aussitôt arrivé, je dépose mon sac et je loue un vélo pour me promener. Le changement de paysage par rapport à l’Inde se confirme mais aussi les visages des habitants avec des traits d’Asie orientale. Je me pose au bord d’une rivière à côté d’un pont piéton qui permet de la traverser. L’endroit est paisible, il y a peu de personnes donc moins de bruit, on entend les oiseaux chanter, un crocodile se réchauffe au soleil au bord de la rivière tandis que des buffles s’y désaltèrent sous la surveillance des éleveurs.

Buffles s’abreuvant dans la rivière à proximité de mon hébergement

Ensuite, je reprends la route à vélo au milieu de champs et en passant à travers de sympathiques petits villages. Les gens sont souriants, certains portent de larges chapeaux de paille au sommet pointu un peu comme au Vietnam ou en Chine. Je rejoins un parc naturel protégé qui m’a été conseillé par le gérant de mon auberge où je peux me promener à vélo pour rejoindre un lac. Il est limitrophe du parc national du Chitwan donc il se peut que j’aperçoive des animaux sauvages et pas n’importe lesquels, comme par exemple des rhinocéros, des crocodiles ou pourquoi pas, un tigre ? Il y a des postes de sécurité à plusieurs endroits sur le chemin avec des gardes armés qui font également des patrouilles mais pour la première partie je me retrouve seul sur la route en me demandant ce que je ferais si je me retrouvais face à l’un de ces animaux. Je mets quelques pierres dans mon panier au cas où…

En me promenant, je vois deux larges troncs permettant d’accéder de l’autre côté du cours d’eau qui longe la route et je ne peux résister à le traverser à pied puis à emprunter un petit chemin à découvert afin de voir ce qu’il se cache derrière une butte. C’est un lac avec une barque en bois mais je me fais rappeler à l’ordre par des militaires à vélo qui me disent de revenir sur la route et de ne pas m’en éloigner donc je resterai sur les sentiers battus.

Je finis par rejoindre le fameux lac du parc où l’on peut s’y balader à pied sur une partie sécurisée et il y a de nombreux promeneurs venus principalement en voiture ou en moto. Je rencontre également de jeunes écoliers garçons et filles qui sont venus en bus et ils sont très enthousiastes de voir un touriste étranger. Par contre, le seul animal sauvage que l’on peut observer de loin est un crocodile qui a la gueule ouverte et se chauffe au soleil de l’autre côté de la rive du lac. Je ne l’aurais pas trouvé si on ne me l’avait pas montré.

Le lac avant de faire demi-tour

Ensuite, je fais demi-tour et je vois quelques biches puis, je distingue au loin la silhouette d’un rhinocéros dans une clairière, près des arbres. Il est difficile à observer entre les herbes hautes et les arbres mais je suis déjà content de l’avoir vu alors que je me balade à bicyclette.

Après être sorti du parc, sur la route du retour vers mon hébergement, je croise cette fois-ci deux éléphants domestiqués. Puis je reviens au bord de la rivière à côté du pont suspendu pour faire des étirements sur l’herbe après mon long trajet en vélo tout en admirant le coucher du soleil. Demain, je passerai de l’autre côté du pont pour visiter à pied le parc national avec le gérant de l’auberge qui est également guide.

Jour 141 (05/02/2023)

Après un petit déjeuner à l’auberge tôt le matin, nous partons à pied avec Dilip, mon guide, vers le parc national du Chitwan qui est situé tout proche, de l’autre côté de la rivière. Nous empruntons le pont suspendu alors que la brume réduit la visibilité à une centaine de mètres. Nous ne croisons personne à cette heure, c’est comme si nous étions dans un songe. Dilip me montre des oiseaux migrateurs de Sibérie qui viennent profiter de la douceur du climat ici pendant l’hiver russe.

C’est parti pour la visite

Nous croisons quelques biches qui s’échappent à notre vue puis, j’identifie un rhinocéros légèrement caché derrière un arbre et de hautes herbes. Je suis tout excité de cette découverte alors que nous sommes à pied et séparés seulement d’une centaine de mètres, nous sommes vraiment dans un environnement sauvage et c’est agréable de pouvoir s’y déplacer à pied sans faire de bruit, on a l’impression de se fondre dans le décor. Le rhinocéros avance dans les hautes herbes en restant à distance de nous puis il monte sur notre chemin, ce qui nous permet de mieux l’observer. Il nous regarde un instant puis il quitte la piste en s’enfonçant à nouveau dans les hautes herbes.

Les biches
Le rhinocéros

Dilip connait bien le terrain, il y a de multiples chemins et il choisit son itinéraire sans hésitation, s’arrêtant parfois pour observer et humer l’air en quête d’animaux. Nous voyons ainsi furtivement deux grands cerfs avec leurs bois qui se soustraient aussitôt à notre regard pour aller se cacher dans les herbes hautes et la forêt. Ils appellent cela la jungle mais c’est sans ressemblances avec l’image que nous avons d’une végétation dense avec des cris constants des animaux. Ici, les arbres sont espacés et il n’est nullement nécessaire de se frayer un chemin à la machette, on entend parfois des mouvements d’animaux dans les forêts ou des chants d’oiseaux mais c’est relativement silencieux.

Dilip me montre des crottes d’éléphants (il y en a des sauvages dans le parc mais il y a aussi des éléphants domestiqués qui sont utilisés pour faire des balades avec les touristes), elles sont reconnaissables de part leur couleur et leur texture qui sont marrons et où l’on peut apercevoir des brins de pailles contrairement à celles des rhinocéros qui sont plus denses et sombres car les éléphants digèrent moins bien les herbes que les rhinocéros. Nous voyons également de belles crottes blanches provenant d’un tigre mais, d’après leur texture, elles sont anciennes.

Dilip est seulement armé d’un long bâton de bambou et il m’a indiqué la conduite à tenir en fonction de l’animal s’il s’avérait être agressif envers nous, ce qui est très rare car ils ont généralement peur de l’homme, cela peut arriver parfois quand ils veulent protéger leur progéniture. Dans le cas d’un rhinocéros, il faut essayer de grimper dans un arbre ou courir en zigzag en essayant de laisser un vêtement comme un leurre car ils ont un bon flair mais une mauvaise vue. Pour le tigre, il faut le regarder dans les yeux en faisant du bruit car il attaque par derrière mais c’est plus facile à dire qu’à faire! Pour l’ours, je crois qu’il faut adopter une attitude similaire à celle face au tigre et pour l’éléphant, je ne sais plus…

Sur le chemin, nous passons devant de hautes tours en bois généralement situées à côté de points d’eau et qui servent à la fois d’abris et d’observatoires pour les gardes du parc mais aussi pour des touristes venant y passer la nuit car certains animaux comme le tigre se déplacent et chassent généralement à ce moment.

Il y a également d’immenses fourmilières qui se dressent comme des gratte-ciels. La brume se dissipe petit à petit et la lumière du soleil donne de l’éclat aux couleurs de la végétation. Nous longeons également de nombreux lacs qui sont souvent recouverts de végétaux, ce qui permet aux animaux d’avoir à la fois à boire et à manger, pratique ! De là, nous pouvons voir au loin des biches ainsi que des cerfs noirs s’abreuver tandis que des oiseaux pêchent du poisson avec leur bec ou alors en les attrapant dans leurs serres. Le ciel est désormais entièrement dégagé et le décor naturel avec ses différentes nuances de verts et avec le bleu du ciel qui se reflète dans l’eau des lacs est très beau. Cela me fait du bien d’être dans la jungle naturelle après la jungle humaine !

Un autre lac avec toutes les nuances de vert et du bleu

Dilip a une bonne vue, il me permet de repérer certains animaux au loin ou d’identifier des traces de pattes d’ours ou de tigre dans la boue. Au milieu de la matinée, il m’offre le choix du chemin du retour entre, d’un côté, l’assurance de voir des crocodiles ou, de l’autre, avoir une faible chance d’observer un tigre. Bien entendu je serais ravi de voir un tigre sauvage qui est un spectacle rare mais je me doute que la probabilité est faible et je choisis donc d’aller voir les crocodiles au bord de la rivière.

Nous en trouvons une bonne petite vingtaine qui se réchauffent au soleil, il y en a deux espèces : l’une avec une longue et fine gueule qui se nourrit uniquement de poissons tandis que l’autre a une gueule plus large mais moins longue et mange de tout, y compris parfois des petits de l’autre espèce même si sur cette photo nous pouvons les voir mélangés les uns aux autres.

Les crocodiles

Finalement, le choix des crocodiles s’est avéré le bon car, alors que nous nous apprêtions à partir, nous entendons dans la forêt des bruits de branches écrasées par de lourds pas et nous voyons surgir un pachyderme guidé par un gardien du parc et suivi par sa progéniture. Nous sommes ravis de ce spectacle attendrissant et nous prenons de nombreuses photos et vidéos tout en les observant longuement à proximité.

L’éléphante et son petit avec un gardien du parc

Ensuite, le garde les emmène s’abreuver dans la rivière puis ils la traversent tout en profitant de l’occasion pour prendre un bain, c’est ravissant. Dilip m’explique que la maman éléphant renâcle un peu à traverser la rivière car elle a peur des crocodiles pour son bébé et celui-ci se place à son côté opposé au sens du courant pour être protégé des prédateurs. Heureusement, les crocodiles préfèrent bronzer sur la plage donc les éléphants pourront traverser sans encombre sous l’œil vigilant du gardien.

L’éléphante et son petit traversent la rivière

Puis, nous rentrons, nous aurons marché en tout environ 4h30 à un pas rapide avec maximum trente minutes de pause pour probablement une vingtaine de kilomètres parcourus donc je me repose l’après-midi en faisant des étirements au bord de la rivière puis je passe quelques coups de fils à des proches tout en préparant la suite du voyage sachant que ma prochaine destination sera mon premier objectif de ce voyage qui est désormais à seulement une demi-journée de bus : Katmandou !

Le soir, je commence à regarder le film indien “La famille indienne” que j’ai trouvé sur internet et dont j’avais lu de bonnes critiques. Il date de 2001 et il y a de grandes vedettes de Bollywood qui jouent dans ce film dont notamment Shahrukh Khan qui joue encore et joui d’un grand prestige en Inde. J’ai trouvé le film très intéressant, à la fois l’histoire et le jeux des acteurs mais surtout je suis impressionné par les nombreuses chorégraphies avec un grand nombre de participants portant de beaux costumes dans des décors soignés et variés comme une grande comédie musical. Cela donne envie de retourner en Inde.