Jour 122 (17/01/2023)

Après une petite séance photo au pied des remparts de la vielle ville de Jaisalmer, j’emprunte une route assez facile et cette fois-ci je n’ai aucun problème avec mon pneu arrière tout neuf.

Je reprends le même chemin qu’à l’aller en passant devant des casernes militaires sachant que la frontière avec le Pakistan n’est pas loin, je croise également de longs convois militaires qui sont difficiles à doubler.

Convoi militaire indien

Le paysage prend du relief vers le tiers du chemin, il y a des petites dunes de sables, cela devient plus intéressant et je fais une petite pause pour monter en haut d’une dune et marcher dans le sable. Après désormais quatre jours à moto sur la route dans le Rajasthan, je suis assez serein, il faut bien sûr rester vigilant avec les dépassements intempestifs de chauffeurs routiers et les traversées d’animaux en tout genre mais, globalement, la route est en bon état et, mis à part en ville, c’est assez facile de se repérer.

Enfin, je me trompe quand même de route sur la fin du parcours avec de nombreux travaux de construction et de réparation de voirie et je me retrouve sur une petite route d’agglomération. Il y a de nombreuses carrières de pierre (de marbre notamment) sur le chemin et, parfois, on entend des explosifs pour creuser dans la roche.

Soudain, je découvre au loin un immense fort majestueux qui domine la ville du haut d’une colline, la vue est saisissante et je reste ébahi devant ce spectacle qui a surgit devant mes yeux dans un environnement bruyant et poussiéreux. Puis, le fort disparait derrière les immeubles aussi rapidement qu’il est apparu mais, fort heureusement, la route que j’emprunte suit les remparts et prend de la hauteur pour m’offrir une vue imprenable sur ce joyau de pierres. Cette fois-ci, je fais une pause pour avoir le temps de l’apprécier et prendre quelques photos.

Le fort de Jodhpur depuis la route

Je fais un second arrêt à proximité pour visiter le cénotaphe Jaswant Thada de marbre blanc pour honorer la mémoire des maharajas de cet ancien état princier, c’est là que leurs corps sont incinérés (j’ai découvert le mot cénotaphe lors de cette visite qui signifie un monument en l’honneur d’une personne décédée mais qui ne contient pas son corps, malheureusement je ne pourrais pas l’utiliser au scrabble car il y a trop de lettres). L’architecture est finement décorée et c’est un lieu sur les hauteurs de la ville avec un jardin, loin du bruit de la circulation donc je profite du calme avant de retourner dans le vacarme.

Je rejoins sans trop de difficultés mon auberge dans le centre-ville, celle-ci a une terrasse sur le toit avec une vue superbe sur le fort et la ville, c’est impressionnant. Je profite des dernières lueurs du jour pour me promener dans l’ancien bazar de la ville avec une tour horloge en plein milieu puis j’arpente les ruelles commerçantes toujours vives en couleurs avec les vêtements que portent les femmes ou qui sont disposées dans les vitrines: du rouge, du rose, du vert, du orange… C’est aussi l’occasion pour moi de me racheter une serviette de bain car j’ai oublié la mienne dans une auberge.

Le soir, je m’installe sur la terrasse de l’auberge et je rencontre d’autres voyageurs d’Australie, de Hollande, d’Afrique du Sud et aussi plusieurs indiens qui sont en séjour dans la région pour le travail ou le tourisme. J’invite également à nous rejoindre Alice et Elyasse, que j’avais rencontrés à Jaisalmer et qui sont désormais à Jodhpur, et nous prenons tous ensemble un verre puis nous dînons dans un restaurant avec la vue sur le fort illuminé. C’est encore un décor magique du Rajasthan.

Dîner à Jodhpur avec des pensionaires de l’auberge, Elyasse et Alice étaient déjà partis

Jour 123 (18/01/2023)

Le matin, je pars à pied pour visiter le palais sur les hauteurs, l’escalier qui m’y mène longe les remparts dont la hauteur est impressionnante.

Les remparts et le fort de Jodhpur

Le fort appartenait à la dynastie des Rathore qui prétendent descendre du dieux Rama, avatar de Vishnu. Il contient plusieurs salles de réceptions richement décorées ainsi que des peintures présentant la vie à l’époque du maharaja, notamment des jeux de polo qui étaient populaires à la cour du maharaja dès le début du XIXème siècle. Il y a également des exemplaires d’anciens fauteuils installés sur le dos des éléphants qui étaient fréquemment utilisés par les seigneurs comme symbole de prestige et de nombreux éléphants étaient également entrainés pour participer aux batailles. La visite est intéressante mais, après avoir vu tant de forts en si peu de jours, je commence à me lasser et je préfère finalement les admirer de l’extérieur.

Puis, je me promène dans les rues aux maisons bleus qui sont à flanc de colline juste en dessous du fort, cela aurait plu à Maxime Le Forestier 🙂 Cette couleur a été choisie pour se protéger de la chaleur mais aussi des moustiques, à voir pour ces derniers si c’est réellement efficace… Quoi qu’il en soit, cette couleur offre une belle décoration sur les maisons et c’est aussi ce qui fait l’originalité de Jodhpur après la ville jaune de Jaisalmer et la ville rose de Jaipur !

Ensuite, je rentre à l’auberge pour mettre à jour le blog dans un super cadre depuis le toit terrasse et je suis rejoint par Mehit, qui partage le même dortoir que moi, nous avons passé la soirée ensemble la veille. Il habite Mumbai et il voyage actuellement dans la région du Rajasthan pour démarcher des clients dans le domaine des bijoux. Quand je lui dis que je compte aller visiter les jardins de Mandore dans l’après-midi il est très intéressé et nous partons ensemble à moto.

La vue sur le fort depuis la terrasse de l’auberge tandis que je mets à jour le blog

Dans la ville, je me trompe de route sur un croisement d’échangeurs routiers et nous nous retrouvons à emprunter de minuscules ruelles au revêtement inexistant, parfois en longeant une voie ferrée, c’est un vrai dédale, heureusement que Mohit me guide avec son téléphone.

Nous finissons par arriver aux jardins et nous évitons de justesse un assaut de mamans singes dont les yeux brillent à la vue de nos sachets de popcorn dont nous en jetons quelques-uns dans leur direction pour les calmer. Il y a de jolis palais dans un espace de verdure au calme, c’est agréable.

Jardins de Mandore

Nous montons à pied sur les hauteurs d’anciens monuments en ruine pour assister au coucher du soleil et nous faisons la connaissance de trois jeunes indiens puis d’un australien venus également admirer la vue. Mohit nous sert d’interprète avec les jeunes qui ne parlent pas beaucoup anglais et ils sont surpris d’apprendre que je ne suis pas encore marié alors que j’ai déjà trente-cinq ans, ils me demandent pourquoi. Cette question m’était très souvent posée au Pakistan et cela continue en Inde, avec également l’envie de savoir pourquoi je voyage seul, c’est déroutant pour eux qui se déplacent très souvent avec leurs familles ou leurs amis. L’un des jeunes a à peine dix-huit ans et il est déjà marié et ce n’est pas un cas isolé en Inde tout comme au Pakistan où les mariages arrangés par les parents sont encore fréquents. Je leur explique qu’en France on se marrie plus tard et parfois on ne se marie même pas, leur silence avec un regard interrogateur en dit long sur la différence de nos sociétés sur ce sujet.

Le soleil se couche peu à peu et toute une tribu de singe, quelques chiens et deux paons nous rejoignent sur les hauteurs comme si eux aussi voulaient profiter de la vue. Nous continuons notre discussion sur différents sujets avec notre petit groupe en faisant quelques blagues et nous immortalisons l’instant avec une photo.

La tribu de singes

Puis, nous rentrons chacun de notre côté et, cette fois-ci, je ne me trompe pas d’itinéraire avec Mohit, nous passons une soirée assez tranquille à l’auberge et je me couche tôt pour être en forme le lendemain avec une nouvelle route à moto.