Jour 107 (02/01/2023)
Le matin commence avec un petit moment de panique lorsque je ne retrouve plus mon argent liquide en euros que je prévoyais de changer à la frontière en roupies indiennes pour les premiers jours en Inde. Normalement, il me restait cent euros mais impossible de les retrouver en défaisant tout mon sac.
J’aurais pu vérifier avant mais j’ai sans doute péché par excès de confiance en me disant que j’avais fait le plus dur dans mon voyage avec le passage en Iran et au Pakistan. Le chauffeur de tuktuk que nous avions utilisé avec Babar le vendredi m’attend comme prévu à l’hôtel à onze heures et je lui fais comprendre que j’ai besoin de faire un détour par la banque.
Donc, je retire à nouveau des roupies pakistanaises que je change ensuite en euros pour les rechanger plus tard en Inde en roupies indiennes… Bref, cela me coûte des frais mais bon je préfère assurer. J’ai pensé après que j’aurais pu demander si c’était possible de changer directement mes roupies pakistanaises en roupies indiennes mais cela ne m’est pas venu à l’esprit dans la précipitation.
Nous arrivons vers midi trente à la frontière Wagah dans la brume, cette fois-ci je ne peux pas apercevoir les immenses drapeaux flottant au loin et les grandes tribunes, heureusement que j’y suis allé avant avec Babar quand il faisait beau afin de pouvoir bien me représenter le décor. Un pakistanais me propose de monter dans sa voiture pour parcourir le dernier kilomètre qui me sépare du poste frontière, décidément du début à la fin de mon séjour les pakistanais auront fait preuve de beaucoup de bonté à mon égard!
Je passe assez facilement la frontière pakistanaise dans des locaux quasiment déserts, cela fait bizarre et j’en souris car je n’ai pas l’impression de passer une frontière. Visiblement ils n’ont pas l’habitude d’avoir beaucoup de monde.
Le passage entre les barrières est plus impressionnant et plus symbolique avec les deux gardes pakistanais et indien qui se font face sans passer la ligne de démarcation tout en se transmettant mon passeport d’une main à l’autre mais je ne ressens aucune tension. Une fois du côté indien, j’immortalise la scène avec le garde indien devant les tribunes désertes et je fais un geste amical au garde pakistanais.
Du côté indien, je suis bien reçu également. On nous transporte en bus avec un voyageur népalais pour nous emmener au bureau des douanes situé à un ou deux kilomètres. Décidément, je ne me suis pas bien préparé pour ce passage de frontière car j’apprends qu’il me faut un certificat de vaccin contre la polio mais heureusement ils peuvent m’en faire un sur place en me versant deux gouttes d’un liquide dont je n’ai aucune idée de ce que c’est mais je préfère ça à faire demi-tour!
Le personnel indien est aimable et, premier changement que je constate à mon arrivée en Inde, désormais je peux être face à du personnel féminin ou masculin et les femmes ne portent quasiment plus de voiles.
Ensuite, je dépose mes bagages à une conciergerie pour assister une nouvelle fois à la cérémonie du baisser de drapeau mais cette fois-ci côté indien. La foule est plus importante que du côté pakistanais et je trouve que c’est mieux organisé avec beaucoup moins d’attente et plus de personnel en proportion sauf par contre un point surprenant. Au moment de la fouille, il y a un garde qui vérifie le haut du corps puis vingt mètres plus loin un autre garde vérifie le bas du corps et de manière assez laxiste, j’aurais très bien pu dissimuler un objet dans une poche de pantalon à la première fouille puis la dissimuler dans une poche de ma veste avant la deuxième fouille…
Du côté indien, les hommes et les femmes sont mélangés dans les tribunes et le visage des femmes est désormais majoritairement visible. Les gradins se remplissent rapidement avec une foule nombreuse et, comme du côté pakistanais, beaucoup de personnes se sont grimées le visage et sont coiffées d’une casquette aux couleurs de leur pays.
Il commence à y avoir de la musique diffusée dans les enceintes puis les jeunes filles et les femmes sont invitées à rejoindre la route centrale au milieu des tribunes afin de mettre de l’ambiance en chantant et en dansant tout en agitant des drapeaux indiens, le public commence à s’échauffer.
Puis, c’est au tour d’un chauffeur de salle en uniforme qui est très bon dans son rôle en haranguant le public avec des mimiques drôles pour le provoquer en leur montrant qu’ils ne chantent pas assez fort, qu’en face ils sont meilleurs, qu’ils ne font que regarder et prendre des photos. L’effet sur le public est immédiat et il chante encore plus fort sur un fond musical rythmé et entraînant diffusé par les enceintes. L’ambiance est très festive et cette cérémonie me permet d’avoir une première vue de l’Inde.
Ensuite, les gardes indiens en uniformes d’apparat font leur entrée en descendant des escaliers centraux pour rejoindre la route en faisant de grands gestes avec les bras et les jambes comme les rangers pakistanais de l’autre côté et ils s’immobilisent au centre sous la clameur de la foule.
A ce moment, le chauffeur de salle reprend le micro pour scander des slogans patriotiques auxquelles la foule lui répond à l’unisson, c’est très impressionnant.
Puis, la troupe de militaires de parade s’élance à grandes enjambées vers la barrière et j’ai l’impression que le public serait prêt à les rejoindre pour passer de l’autre côté et provoquer leurs voisins mais, heureusement, les militaires font demi-tour pour se figer ensuite dans des poses d’intimidations en levant les bras.
Le point d’orgue se produit à l’ouverture des barrières, tout le monde se lève, les gardes indiens et pakistanais se rapprochent au plus près puis, soulagement, cela se termine par une poignée de main et l’on en reste aux poses théâtrales, le public est en fusion malgré la brume et le froid.
Ensuite, l’émotion redescend petit à petit, les drapeaux sont abaissés, repliés et enfin ramenés à leur base tandis que les barrières se ferment et le public quitte progressivement les tribunes. Je suis très content d’avoir vu la cérémonie de chaque côté car c’est toujours un spectacle impressionnant et cela permet d’avoir une vision d’ensemble.
Il est temps pour moi de récupérer mon sac et de trouver un moyen de rejoindre la ville de Amritsar où j’ai réservé un lit dans une auberge. Elle est située à une trentaine de kilomètres donc le trajet sera court. Je cherche un bus mais les indications ne sont pas très claires et, surtout, je n’ai pas pu échanger mes euros contre des roupies indiennes donc, finalement, je prends un tuktuk contre un billet de dix euros. Cela reste moins cher qu’un tarif officiel de taxi que j’avais vu à ma sortie du poste de frontière.
Dans mon trajet en tuktuk, j’ai le temps de repenser à tout le chemin parcouru jusqu’ici et j’en suis fier, notamment d’avoir franchis l’Iran et le Pakistan qui étaient les destinations pour lesquelles j’avais le plus d’interrogations. Désormais, il est temps de découvrir ce pays immense en taille, en culture et en Histoire qu’est l’Inde !
La suite au prochain article 😊
Namaste!